En 2013, Christophe Barman est âgé de 29 ans et CEO d’une société prospère. Lors d’une soirée organisée par son entreprise, il apprend qu’un plan de fusion a été orchestré par l’un des actionnaires. Ne se reconnaissant pas dans les valeurs et la vision de l’actionnaire en question, axée sur le profit et le développement à grande échelle, il décide de quitter son poste et de cofonder Loyco, une entreprise d’outsourcing.

« J’ai pu m’en sortir car mes valeurs étaient très claires » déclare le jeune entrepreneur lors de son intervention à la conférence « Leadership éthique dans le business », dans le cadre du Caux Forum 2018. Il explique que Loyco « s’est créée à partir de la capacité des gens à se fédérer autour de valeurs collectives ». Ces valeurs : plaisir, intelligence collective, flexibilité et inspiration. Aujourd’hui, Loyco compte une centaine de collaborateurs et collaboratrices, et son chiffre d’affaire s’élève à 13 millions de francs suisses. Plus important encore : 73 % du capital est détenu par ses employé-e-s. En effet, Loyco a récemment choisi d’implémenter l’Holacracy, ou plutôt la Loycocratie, comme on l’appelle en interne : un système de gouvernance horizontal basé sur la suppression de tous les échelons hiérarchiques, le partage du profit, et l’autonomie des salarié-e-s dans la prise de décision.

De son côté, Jonathan Normand a travaillé pour des grandes organisations internationales dans le domaine du Risk Assessment. En 2006, en pleine crise des subprimes, il décide lui aussi de quitter un poste de direction, avec l’envie de « donner du sens » à son travail. Il rejoint ensuite B Lab, qui est à l’origine du programme de certification globale B Corp (B Corporation) pour les entreprises « responsables ». À ce jour, plus de 60 000 compagnies dans le monde, dont 900 en Suisse, ont effectué une évaluation de leurs impacts sociaux et environnementaux grâce à ce programme. Le rôle de Jonathan Normand au sein de l’organisation : rencontrer les entrepreneurs qui se retrouvent dans les valeurs de B Lab, pour qui la notion de leadership éthique est importante et signifie « faire du profit pour l’intérêt général ».

Pour ces deux entrepreneurs, concilier éthique et quête du profit paraît aujourd’hui essentiel : « On ne peut plus se permettre d’entreprendre comme il y a 20, 30 ou 40 ans. Le monde a changé, le monde va vite, le monde est en crise environnementale, sociétale » explique Christophe Barman. Il s’agit donc de redéfinir la notion de performance d’une entreprise en répondant aux importants défis sociaux et environnementaux de notre temps. C’est pourquoi Initiatives et Changement (I&C) encourage les entrepreneurs et entrepreneuses à prendre des décisions construites sur des valeurs d’intégrité et d’honnêteté, et à contribuer à un monde plus juste et plus durable. Et c’est dans cette optique que s’inscrit l’histoire de Christophe et Jonathan : celle de deux entrepreneurs devenus acteurs du changement.

Le succès d’entreprises tel que Loyco, ou des sociétés certifiées par B Corp, nous prouve qu’il est possible de réaliser du profit tout en restant fidèle à ses valeurs. Car la demande change aussi : la recherche de sens donné à un produit ou à un service se reflète dans les choix des consommateurs. Éthique et profit ne sont plus antinomiques. Allier ces deux aspects n’est donc plus seulement une question de philanthropie, réservée à une minorité d’organisations, mais une réalité et une nécessité économique.

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De Lucie Wirz, stagiaire communications 2018

Les technologies telles que l’intelligence artificielle, la robotique, la réalité virtuelle, l’impression en 3D et la technologie blockchain, ont transformé notre monde en créant un impact sur notre façon de travailler, de vivre et d’établir des relations les uns avec les autres. Lors de l’événement Leadership éthique dans le business du Caux Forum, les participant-e-s et les intervenant-e-s se sont penché-e-s sur la manière de diriger à une époque marquée par les innovations technologiques de rupture. Du 28 juin au 1er juillet, les leaders de divers pays et de multiples secteurs ont appris comment le leadership éthique peut être le moteur de l’innovation et peut favoriser la résilience, renforçant ainsi les performances organisationnelles tout en faisant avancer la société.

Christophe Barman, ancien directeur général de Loyco, a décrit comment son entreprise, en introduisant une hiérarchie horizontale, avait augmenté l’engagement et la responsabilité du personnel, et établi une culture d’entreprise innovatrice basée sur la résilience.

L’un des plus gros défis engendré par les innovations de rupture est celui des potentielles restructurations professionnelles à grande échelle, étant donné qu’un plus grand nombre de postes de travail sont automatisés que créés. L’ambassadeur Christian Dussey, directeur du Centre de politique de sécurité de Genève, a souligné que nous actualisons constamment nos téléphones mais que nous devrions nous demander combien de fois nous actualisons notre façon de penser. Alors que nos compétences numériques et autres compétences techniques nécessitent une mise à jour constante, il est également crucial de travailler sur nos comportements afin de pouvoir saisir les opportunités se présentant dans un environnement en constante évolution.

Japman Bajaj, cadre en télécommunications venant de Calgary, au Canada, a soutenu que la capacité d’adaptation est la plus importante des compétences, et doit être associée au sens de l’humour, à l’intégrité et à la capacité de « voir le monde de 19 perspectives différentes ». Angelica Kiboro, principale adjointe du Strathmore Institute de Nairobi au Kenya, a déclaré que les leaders ne doivent pas oublier que les compétences techniques ne sont pas les seules qui comptent, mais doivent également considérer les compétences d’un ordre plus diplomatique (ou « soft power ») telles que le comportement, la communication et l’esprit d’équipe. En fin de compte, les leaders d’entreprises doivent s’assurer que leurs employé-e-s possèdent les compétences et les comportements nécessaires pour réussir sur le marché du travail.

Diriger à une époque marquée par les innovations de rupture exige des chefs d’entreprise non seulement de suivre les tendances, mais également d’anticiper l’impact des technologies qu’ils sont en train de développer ou d’utiliser.  Eric Salobir, un prêtre catholique fondateur du réseau OPTIC et consultant auprès du Saint-Siège, a souligné que la technologie ne peut pas être neutre : « Elle sert toujours un objectif. » Il est donc crucial que divers-es représentant-e-s de la société, y compris du monde des entreprises, construisent une vision commune du rôle de la technologie. La société doit, par exemple, définir quel rôle et quelles responsabilités elle souhaite donner aux robots. La célèbre professeure Nadia Magnenat-Thalmann experte dans le développement de robots, a déclaré que les robots sociaux pourraient atténuer l’impact négatif des populations vieillissantes en prenant soin des personnes âgées, mais que la société doit garantir l’utilisation de la technologie pour le bien commun.

Leadership éthique dans le business a permis aux participant-e-s d’explorer de nombreux autres aspects de l’éthique dans le monde des entreprises et dans le domaine des nouvelles technologies, ainsi que notre rôle en tant qu’êtres humains à l’ère de la machine, et les manières de renforcer la résilience personnelle et professionnelle. L’événement a été le point de départ pour des conversations et des actions conjointes. La communauté de Leadership éthique dans le business sur LinkedIn vise à continuer à partager des pratiques susceptibles d’aider les chefs d’entreprises.

Inscrivez-vous pour rester informé sur les webinars, les rencontres et les autres évènements à venir.

Leadership éthique dans le business 2019 aura lieu du jeudi 27 juin au dimanche 30 juin 2019.

Avec les contributions de Mike Smith, Anna Luliza Behrens et Annika Hartmann

• Vous trouverez toutes les photos de l’événement sur Flickr
• Regardez l’interview avec Christophe Barman et Jonathan Norm

Les 5^ème et 6^ème éditions des Rencontres enrichissantes ont eu lieu au courant du mois de mai 2018. Celles-ci ont mis en avant des récits de vie de quartier, un outil pour construire la confiance entre les habitants, en utilisant une version de la bibliothèque humaine.

Il s’agit de donner le choix au public d’écouter 2 orateurs, chacun pendant 10 minutes suivi par 10 minutes de questions. Chaque histoire est indiquée par une étiquette de couleur et à la fin de la période d’écoute les participants sont invités à retrouver des individus possédant des couleurs différentes et partager ce qu’ils ont entendu. Cette technique permet une intégration des histoires, la création de l’empathie chez les participants et un partage entre des personnes de tous horizons vivant à Genève.  

Tout d’abord, la 5^ème édition du 18 mai, était une collaboration avec la Ville de Genève et l’Antenne Sociale de Proximité des Eaux-Vives Cité/Champel. Trois femmes, Munna Bunna, Eva Jacques-Kolbig et Giannina Chaffo, ont témoigné lors de cette bibliothèque humaine faisant partie du projet « Ô Vives les Vollandes ». Celui-ci a été lancé en 2017 après que des tensions ont eu lieu dans le quartier, notamment à cause de nuisances sonores et aux incivilités ayant lieu sur le préau des Vollandes. Il a permis aux habitants du quartier de se rencontrer sur le préau de manière conviviale en participant à diverses activités. Il y a eu une trentaine de participants de tous âges.

Ensuite, le 31 mai nous avons organisé la 6^ème édition en partenariat avec le Centre de la Roseraie, un centre qui accueille, forme et anime des groupes de personnes migrantes de Genève. Celle-ci a eu lieu le soir avec 5 intervenants, Akam Majid, Jacques Guido-Stern, Anne Divorne, Natacha Spedaletti et Mirzet Cirak partageant leurs récits  de vie. Mirzet, un stagiaire de la Roseraie, a partagé son expérience au centre ainsi que l’histoire de son départ de la Bosnie et son arrivée en Suisse avec sa famille. Il y a eu une cinquantaine de participants et l’événement s’est terminé autour d’un repas syrien.

Les participants de ces deux événements ont eu la chance d’écouter des histoires personnelles diverses qui leur ont peut-être provoqué une réflexion sur certains de leurs préjugés ou expériences personnelles.

Nous sommes en train de planifier les prochaines rencontres enrichissantes pour l’automne en Suisse-allemande, n’oubliez pas de revenir voir notre site internet pour voir les dates !

Le 31 mai 2018 s’est tenue à Genève une séance plénière du dialogue informel « Migrant-e-s et réfugié-e-s à l’ère des pactes mondiaux : pour que personne ne soit laissé pour compte » organisé par la Commission internationale catholique pour les migrations (ICMC) en partenariat avec le Action Committee et sous l’égide d’I&C Suisse.

Cet événement a rassemblé des représentant-e-s de la société civile, de gouvernements et d’organisations internationales afin d’échanger sur les quatre points majeurs en amont du Global Compact for Safe, Orderly and Regular Migration (GCM) et du  Global Compact for Refugees (GCR) : flux migratoires mixtes, réfugié-e-s au-delà de la Convention de Genève de 1951, victimes de catastrophes naturelles (soudaines), détérioration (progressive) de l’environnement et changement climatique, et enfin migrant-e-s vulnérables, tout particulièrement celles et ceux en situation irrégulière.

En tant que facilitateur, I&C Suisse a permis un dialogue ouvert et honnête invitant chacune et chacun des participant-e-s à exprimer son point de vue sur ces quatre thèmes majeurs et à partager son expérience pratique. Un document a vu le jour sur la base de ces échanges et propose un nouveau langage et de bonnes pratiques aux deux Global Compacts et sur lequel les participant-e-s pourront s’inspirer pour les négociations et plaidoyers à venir.

La première retraite destinée aux femmes organisée par l’équipe de La gouvernance équitable pour une meilleure sécurité humaine (JGHS) était centrée sur le rôle des femmes en tant que moteurs de changement positif dans leurs communautés. Quinze femmes ont participé à la retraite qui s’est tenue au mois d’avril à Caux, en Suisse.

Elles ont exploré les Six Piliers de la sécurité humaine, un concept sur lequel s’appuie la conférence La gouvernance équitable, et qui est associé aux Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies. Shontaye Abegaz, directrice de JGHS, a souligné que les femmes ont un rôle clé à jouer dans la mise en œuvre des Six Piliers : l’inclusion sociale, la durabilité, la sécurité alimentaire, la guérison de la mémoire, l’économie inclusive et la bonne gouvernance.

Le format de la retraite est unique à Caux. Chaque matin commence par un moment de réflexion en silence, sur des sujets tels que la manière dont les actions individuelles peuvent créer des changements au sens plus large dans les communautés et au niveau mondial. Chaque séance de discussion est ensuite centrée sur un des Six Piliers, le lien entre chacun d’eux et les ODD correspondants. 

Lors de la séance Guérison de la mémoire, par exemple, une participante roumaine s’est exprimée avec gravité et retenue sur les décrets pernicieux forçant les femmes à avoir au moins cinq enfants à l’époque de Ceausescu. Quelques 10 000 femmes ont perdu la vie en raison d’avortements mal exécutés. Les autres femmes l’ont encouragée à donner son témoignage en écrivant un livre sur le sujet.

Au cours de la séance Bonne gouvernance, une participante ukrainienne a parlé des tensions qu’elle a connues dans le domaine de l’autorité de la loi, de la paix et de la justice dans les institutions de son pays. Une participante rwandaise a fait un récit poignant sur sa fuite après l’effondrement des institutions lors du génocide.

Lors de la discussion sur l’Inclusion sociale, Marianne Spreng, conseillère suisse de l’équipe JGHS, a défini l’exclusion actuelle des réfugiés en Suisse comme un « préjudice structuré non remis en question ». Fiona Goggins, présidente et facilitatrice de la retraite, a parlé de la stigmatisation et de l’exclusion des femmes porteuses du VIH en Côte d’Ivoire. Face à ces défis ardus, la facilitatrice Elizabeth Hall a offert une solution possible, basée sur sa propre expérience : « Comment puis-je améliorer cette situation? Quelle action, si petite soit-elle, pourrait faire une différence ? »

Qu’emporte-t-on avec nous lors que nous descendons de la montagne ? La retraite a donné à ces femmes le temps d’interagir de certaines manières qui seraient improbables pendant la période de la conférence d’été. Elles ont partagé leurs repas, interagi les unes avec les autres pendant les séances et ont quitté la retraite inspirées et pourvues des outils nécessaires pour aider ceux et celles qui participeront à la conférence au mois de juillet. 

Shontaye Abegaz a remercié les donateurs et donatrices qui ont rendu possible cette retraite, et qui apportent leur soutien à la conférence d’été.

Elle a également rendu hommage à la qualité et à la profondeur du travail effectué par l’équipe JGHS et les huit bénévoles des Nations Unies qui préparent la conférence d’été. L’équipe travaille également sur un livre numérique sur le lien direct entre les Six Piliers et les ODD. Le livre numérique sera utilisé lors du forum d’été et sera également disponible au public.

De Cathy Crétier, Equipe Communication, I&C Suisse

Ornella Nana, une jeune Irlandaise de 22 ans, a participé au Programme des jeunes ambassadeurs organisé en marge de la conférence « Pour relancer une Europe inachevée » qui a eu lieu lors du Caux Forum 2017.

Lorsque j'ai postulé au Programme des jeunes ambassadeurs (YAP), je ne savais pas trop à quoi m'attendre. J'imaginais que ce serait comme tous les autres rassemblements de jeunesse auxquels j'avais participé par le passé, à savoir une occasion de réseauter et de discuter de sujets importants avec des jeunes venus du monde entier. Mais le YAP, ce fut bien plus qu’une rencontre pour résoudre les problèmes de la planète et établir des contacts avec d’autres personnes de mon âge.

Pour moi, ce qui a différencié le YAP des autres rassemblements de jeunesse, c'est le lien profond que j’ai pu nouer avec des personnes dont je n'aurais jamais entendu parler autrement. Tout au long du programme, les participant-e-s ont eu le temps et l'espace nécessaires pour libérer leur esprit et raconter leur histoire sans peur d'être jugés ou mal compris. Nous avons écouté leur version de cette histoire, leurs expériences personnelles, mais aussi ce qu’ils et elles ont ressenti.

Participer au YAP a changé ma vision de l’existence. Nos histoires, nos routes et nos expériences avaient beau être différentes les unes des autres ; j’ai réalisé que nous avions tous un point commun plus essentiel et qui était la souffrance, la peur, la déception, le pardon, la vulnérabilité ou même le succès. Ce sont tous ces éléments qui nous unissent en tant qu'êtres humains.

Comprendre le cheminement des autres m'a donné le courage d'affronter mon propre voyage avec audace et sans crainte de me fourvoyer. Cette expérience m'a poussée à rester fidèle à ce que je suis et m'a fait prendre conscience que je pouvais avoir un impact à tous les niveaux et à toutes les étapes de ma vie. J'ai compris que, même si nos réalités et notre compréhension de l’existence divergeaient, quelque part dans les tréfonds de notre conscience, nous éprouvions tous ce même sentiment de vulnérabilité. Or c’est justement dans cette vulnérabilité que nous pouvons puiser notre plus grande force.

Venir à Caux a été un tel voyage de découverte ! On ne savait jamais à côté de qui on serait installé au petit-déjeuner, au déjeuner ou au dîner. L'ambiance et l'atmosphère étaient si paisibles et bienveillantes. D’un côté, on avait de vraies conversations avec des personnes âgées au sujet de leur existence ; de l’autre, on écoutait les incroyables histoires de jeunes gens ayant fait preuve d’une bravoure extraordinaire dans leur travail. Plus important encore, on pouvait aussi encourager un-e autre participant-e en lui racontant sa propre histoire ou tout simplement en restant soi-même.

L'une des habitudes les plus salutaires que j'ai développées à Caux est de prendre, chaque matin, un moment pour moi. Je réfléchis au jour qui vient et à ma vie en général ; cela me permet de trouver l’inspiration pour cette nouvelle journée, au cours de laquelle tout est possible. Le programme m'a appris à devenir une vraie leader et m'a fait comprendre que le leadership et l'impact véritables commençaient par soi-même. J'ai réalisé que chaque conversation était importante, pas uniquement parce qu’elle me permettait de connaître l’histoire de mon interlocuteur ou de mon interlocuteur, mais surtout parce qu’elle me disait qui j'étais, où je me trouvais et ce que je pouvais changer.

Je me suis rendue compte que peu importe ma place dans le monde : si je commence à apporter de vrais changements positifs à mon existence, alors je peux contribuer à changer certaines choses. Si je veux que plus de gens sourient, je peux y parvenir en étant la première à sourire. Si je veux qu’il y ait plus de paix dans le monde, je dois d’abord atteindre la sérénité intérieure et la partager avec celles et ceux qui vivent autour de moi. On ne peut pas toujours modifier le cours des choses. Mais choisir de vivre sa vie de la meilleure manière possible peut avoir un impact sur un plus grand nombre de personnes que l’on aurait pu imaginer à première vue.

Je suis heureuse qu'il existe un lieu où chacun-e puisse venir avec curiosité pour en apprendre plus sur soi-même et sur les autres et atteindre sa sérénité intérieure.

Le mardi 20 mars, lors de la conférence annuelle de l’ICVA (Conseil international des agences bénévoles), I&C a facilité une session interactive au Centre International de Conférences (CICG) de Genève. La conférence visait à définir comment naviguer dans la sphère de l’humanitaire, du développement et de la paix, et avait également pour but de présenter les unes aux autres des personnes engagées dans ces différents secteurs afin qu’elles puissent apprendre les unes des autres.

La séance d’Initiatives et Changement (I&C), intitulée « Comprendre nos avantages comparatifs » a été facilitée par Rainer Gude, responsable des partenariats stratégiques, et Sofia Mueller, coordinatrice de projet pour I&C Suisse. Plus de 130 participant-e-s ont été invité-e-s à choisir un-e des douze raconteurs et raconteuses d’histoires à écouter. I&C était également représenté par Angelo et Daphrose Barampama de Femmes Artisans de paix. Ils ont tous deux partagé des histoires sur la façon dont ils ont commencé à travailler avec I&C, ainsi que sur le travail qu’ils effectuent pour la paix et le développement au Burundi.

Les participant-e-s ont ensuite été invité-e-s à former des groupes de trois, avec des personnes ayant écouté différent-e-s raconteurs et raconteuses d’histoires. On leur a demandé de réfléchir à la question suivante : « Qu’êtes-vous en train d’apprendre dans vos discussions de groupe sur le travail dans la sphère? » Dans le cadre de la sphère du développement, de la consolidation de la paix et de l’humanitaire, on a demandé aux participant-e-s de partager leurs impressions sur les histoires qu’ils et elles avaient écoutées et de réfléchir au lien avec leur propre travail. À la fin de la séance, les facilitateurs ont demandé aux participant-e-s d’écrire sur un post-it un des points clés appris lors de la séance et de le coller sur un tableau de conférence avant de quitter la pièce. Nombreux sont les participants et participantes qui ont apprécié le style dynamique de la séance, ainsi que les discussions plus intimes, prouvant que les conférences peuvent également être un lieu de conversations profondes et pleines de sens.

Photo : ICVA

Quel est le point commun entre les cyclones, les ouragans, ou encore les tremblements de terre et l’impact de la quatrième révolution industrielle en marche ? Disons que la révolution technologique sans précédent que vit le monde actuel peut être ressentie comme une catastrophe naturelle, un tsunami, qui impacte nos vies et notre être en profondeur. 

La collecte intrusive de données, les analyses ainsi que les prévisions comportementales mettent à mal notre conception de la vie privée et de notre identité. Sur le marché du travail, nous nous retrouvons face à des machines capables d’apprendre à une vitesse fulgurante, et qui remplacent de plus en plus le travail humain. Le nombre croissant de personnes durablement sans emploi représente un nouvel enjeu pour la cohésion sociale et la paix en général. Le phénomène n’en est qu’à ses débuts, de nouvelles innovations sont en marche et synonymes à la fois d’opportunités et de risques. Le moment est venu de faire place à la résilience dans le monde professionnel et au cœur de notre société.   

Puisque l’on trouve des similitudes entre les innovations de rupture et les catastrophes naturelles, il est possible de tirer un enseignement des programmes de résilience dont l’objectif est de réduire les risque de catastrophes naturelles grâce à la prévention, à la préparation et à la mise en place de systèmes d’alerte précoce, et les transposer au monde de l’économie.

Prévention : dans le monde des entreprises, la mesure clef en matière de prévention consiste à promouvoir le développement de solutions innovantes ascendantes qui favorisent une certaine souplesse et donc la résilience. Pour pouvoir innover et créer rapidement à tous les niveaux, les entreprises sont appelées à développer une culture de travail éthique favorisant la créativité, l’ouverture aux autres et à la nouveauté et une écoute active. Les innovations respectueuses de l’éthique seront capables de stimuler la créativité des individus dans le milieu du travail. Comment est-ce possible ? La créativité a tout autant besoin de limites que d’une certaine ouverture d’esprit pour s’épanouir et laisser germer de nouvelles idées. Les produits et les services respectueux de standards éthiques viennent améliorer la résilience économique, la bonne réputation des entreprises et garantir les licences d’exploitation.

Préparation : disposer de compétences est un élément essentiel au développement de la mobilité et de l’adaptation au niveau personnel, organisationnel ou sociétal. Il est toutefois important que les entreprises mettent en place et soutiennent les partenariats avec les secteurs public, universitaire et de la société civile pour proposer à chacun-e l’opportunité de se former tout au long de la vie. Mais soyons réalistes, il y aura toujours des personnes exclues de l’économie numérique. Il est nécessaire de développer pour la société un modèle qui établisse un revenu de vie indépendant de toute situation professionnelle, comme le revenu universel.

Systèmes d’alerte précoce : on entend par là bien plus qu’une simple anticipation d’éventuelles ruptures entraînées par l’innovation technologique. Ces systèmes consistent à reconnaître les opportunités qui découlent de ces innovations et seront bénéfiques à une entreprise et à la société en général. Les entreprises peuvent par exemple inciter leurs employé-e-s à devenir des « athlètes de la résilience » et jouer à ce titre un double rôle : identifier les opportunités et les lacunes en matière de résilience au sein de l’entreprise et développer des solutions en collaboration avec les employé-e-s, et enfin échanger avec leurs homologues du monde entier sur les tendances et évolutions actuelles, et ainsi prévenir à temps des risques et opportunités qui se profilent.  

S’inspirer de la gestion de risques liés aux catastrophes naturelles est une ressource précieuse qui permet de mieux faire face aux incertitudes d’un monde qui évolue à une vitesse exponentielle et aux innovations de rupture qui touchent le monde entier.

Annika Hartmann de Meuron est la Directrice opérationnelle du programme Leadership éthique dans le business, Initiatives et Changement, Suisse.

Vous sentez-vous également dépassé-e et en même temps plus fort-e grâce à la transformation technologique ? Personnellement, de nombreuses innovations me fascinent, par exemple l’intelligence artificielle (IA), qui peut aider à localiser des enfants disparus ou à identifier la maladie d’Alzheimer cinq ans avant son diagnostic. Malheureusement, cette technologie a également un côté inquiétant car elle peut être utilisée pour des causes moins nobles, par exemple les systèmes d’évaluation sociale des citoyens.

Au vu de l’avancée rapide des innovations, nous n’avons pas beaucoup de temps pour identifier l’éventuel impact à long terme des nouvelles technologies. A l’heure actuelle, nous ne pouvons pas savoir quels emplois ou modèles d’entreprise seront détruits les cinq prochaines années. Le temps nous le dira. Mais comment pouvons-nous nous préparer, et préparer la prochaine génération, pour l’avenir ?

Lorsque les changements se produisent rapidement et à grande échelle, pouvons-nous encore compter sur une législation qui exige beaucoup de temps afin de garantir que les nouvelles innovations ne nuisent pas à l’humanité ? L’enjeu est très important dans le domaine des innovations technologiques. Quel type de leadership est donc nécessaire aujourd’hui afin de garantir que les innovations rendent plus fortes les entreprises et la société ?

Nous devons promouvoir la résilience au niveau personnel et organisationnel, car elle renforce notre capacité d’adaptation aux changements et notre capacité à rebondir rapidement après des difficultés. En tant qu’individus, tout autant que dans les entreprises, nous pouvons également renforcer notre résilience en travaillant sur nos comportements vis-à-vis de l’inconnu.

Étant donné que les solutions du passé ne sont probablement pas la réponse correcte dans le contexte actuel, nous devons voir ce nouveau monde avec les yeux du débutant. Tel des explorateurs, nous pouvons découvrir les nouveautés du monde d’aujourd’hui et développer des solutions destinées à nous aider à nous adapter facilement à de nouvelles situations, par exemple le développement d’idées innovatrices pour l’éducation et la formation de la future main-d’œuvre. Je pense que le gouvernement de Singapour a développé avec les parties prenantes concernées une approche très intéressante.

Transformer l’inconnu en quelque chose de familier implique d’être constamment connecté-e et d’écouter ceux et celles qui innovent et ceux et celles qui sont affecté-e-s par les innovations. L’écoute active nous connecte aux besoins des autres, à leurs idées et à leurs rêves.

L’abondance d’opinions diverses nourrira la créativité des entreprises et donnera une direction indiquant quels produits et services sont importants pour innover. Mais l’écoute active ne concerne pas seulement les autres : il est tout aussi important de se connecter à soi-même.

Observer un moment de silence chaque jour est une façon merveilleuse de recharger nos batteries. Cette pause peut également devenir une source d’idées et d’inspiration, ou nous permettre de trouver une réponse que l’on cherche depuis longtemps. Cela permet également d’augmenter la résilience personnelle pour changer et nous permettre de saisir des opportunités, tout en développant des solutions pour minimiser les risques.

Annika Hartmann de Meuron est directrice de l’événement Leadership éthique dans le business pour Initiatives et Changement Suisse.