Andrew Lancaster : Responsabilités sans frontières
18/01/2022
L'ancien président du Conseil d'I&C Suisse, Antoine Jaulmes, s'est entretenu avec Andrew Lancaster qui vient de mettre un terme à ses fonctions auprès du Conseil.
Depuis 16 ans, les membres du Conseil d'Initiatives et Changement Suisse ont apprécié l'écoute et le soutien amical d'Andrew Lancaster. Les trois derniers présidents du Conseil d'I&C Suisse – et je pense pouvoir parler sans risque au nom de mon prédécesseur et de mon successeur – ont apprécié son aide efficace et sa disponibilité indéfectible.
Andrew est également le responsable du comité du Fonds Silvia Zuber, qui, au cours des dix dernières années, a subventionné la participation de nombreuses personnes originaires d’Asie et d’Afrique aux programmes de Caux et/ou leur participation aux programmes régionaux proposés par I&C.
Ce n’est là qu’un aperçu de sa collaboration de longue date auprès d’Initiatives et Changement. Donnons-lui la parole.
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Andrew, comment as-tu découvert Initiatives et Changement, et dis-nous comment a commencé cet engagement de toute une vie ?
Permets-moi d'avoir recours pour cela à quelques instantanés pour illustrer mes premières expériences avec Initiatives et Changement :
D'aussi loin que je me souvienne, mes parents ont toujours observé un temps calme tôt le matin.
Nous avions très souvent la visite de personnes du Réarmement moral (MRA/aujourd'hui Initiatives et Changement) qui parfois restaient même chez nous pour une longue période de temps. Ils nous parlaient de vies qui avaient radicalement changé
Lors d'une conférence du MRA en 1965, la pièce de Peter Howard, We Are Tomorrow, a été produite. J'y avais le seul rôle muet. La pièce a ensuite été jouée dans divers endroits du Victoria et de la Tasmanie.
J'ai alors ressenti un appel à reporter mes études de génie civil afin d’en devenir le régisseur. Cette décision, ainsi que des décisions similaires prises par d'autres personnes, ont permis à la pièce de rayonner dans le Queensland, puis en Nouvelle-Zélande.
En 1966, une grande conférence internationale de l'ARM s’est tenue à Canberra, au cours de laquelle une nouvelle comédie musicale, Sing Out Australia, a été jouée pour la première fois. Le lendemain de cette première, Rajmohan Gandhi nous a invité-e-s à l'accompagner en Inde durant six mois pour le soutenir, ses collègues et lui-même, dans leur effort de « construire une Inde forte, propre et unie ». L'audace de sa vision a retenu notre attention et quatre mois plus tard, un groupe intergénérationnel de 52 personnes, principalement des Australien-ne-s et des Néo-Zélandais-es, arrivait en Inde.
Un groupe de jeunes Indien-ne-s était en train de monter leur propre production, India Arise. Un certain nombre d'entre nous les ont rejoint-e-s lors de leur tournée en Inde. En l'espace d'un an, India Arise arrivait à Caux, avant d'être présentée dans plusieurs pays européens. C'est dans ce contexte que je me suis rendu à Caux pour la première fois.
À la fin de cet été passé à Caux, j'ai été invité au centre du MRA dans le nord-ouest de l'Angleterre afin de me remettre d'une hépatite contractée en Inde. J'y ai rejoint pour deux ans une petite communauté très active. Je me suis ensuite installé dans le centre de Londres pendant les quatre années qui ont suivi. C'est là que j'ai fait la connaissance de celle qui allait devenir mon épouse, Margaret.
Immédiatement après notre mariage, nous sommes allés passer huit mois au Canada afin de nous engager dans le travail continu de reconstruction de l'équipe du MRA sur place. En 1981, nous sommes retournés au Royaume-Uni pour 18 mois, cette fois avec nos deux fils aînés, en étant à nouveau basés à Tirley Garth. En dehors de ces séjours à l'étranger, nous avons vécu à Canberra, en Australie.
J'ai également co-édité avec John Bond le mensuel MRA/I&C World Bulletin à partir de 1991 et pour 12 ans.
Tu étais donc géographiquement très loin de Caux.....
Absolument. Notre maison à Canberra a été l'une des « antennes » des activités d'I&C en Australie. Entre autres choses, nous avons noué des amitiés avec des parlementaires fédéraux et des membres du corps diplomatique, et nous avons hébergé des collègues d'I&C venu-e-s d'autres régions d'Australie et de l'étranger. Nous avons également participé à la planification d'une série de conférences internationales I&C en Australie.
Quand as-tu commencé à travailler à Caux et qu’y faisais-tu exactement ?
En 1996, le Japonais Yukihisa Fujita a organisé à l’occasion du 50e anniversaire de Caux une conférence sur le thème de l'Agenda pour la réconciliation (AfR) . Un politicien japonais de haut rang a alors proposé d'organiser une table ronde politique à Caux faisant écho aux conférences de l’AfR. On m'a demandé de la coordonner, ce que j'ai fait pendant cinq ans. Les conférences de l'AfR sont ensuite devenues le Forum de Caux pour la sécurité humaine sous la direction de Mohamed Sahnoun.
En 2005, j'ai été invité à rejoindre le Conseil de la Fondation de Caux (maintenant I&C Suisse). En 2008-2009, Antoine, toi, et moi avons dirigé Caux Review. La mission du Fonds Silvia Zuber (FZS) est arrivée quelque temps après. Ayant connu Silvia, j'ai beaucoup apprécié la mise en œuvre de son legs visionnaire à la Fondation. En dix ans, nous avons accordé près de 650 subventions. L'une de nos plus grandes satisfactions a été de rencontrer à Caux un certain nombre de ces personnes - principalement des stagiaires et des boursiers et boursières de Caux - qui n'auraient pas connu Caux sans le soutien du Fonds Silvia Zuber.
Combien de temps passiez-vous à Caux pour pouvoir accomplir tout cela ?
Entre 1996 et 2009, nous passions en moyenne chaque année trois semaines à Caux.
Quelles personnes ou quels événements t’ont le plus marqué ?
Il y en a eu tellement depuis cette première visite en 1967 ! J'ai été profondément frappé par la passion de William Nkomo et Philip Vundla, tous deux originaires d'Afrique du Sud. Didacienne Mukahabeshimana, également originaire d'Afrique, a témoigné de son expérience pendant le génocide rwandais.
Assaad Chaftari, un ancien commandant phalangiste originaire du Liban, a partagé son histoire aux côtés d'un musulman libanais.
Le récit de Kevin Rudd sur sa décision, en tant que premier ministre, de présenter des excuses publiques, au nom du gouvernement et du pays, aux indigènes d'Australie pour les politiques qui ont conduit aux générations volées, reste un moment inoubliable.
La liste complète est très longue, mais je ne peux omettre le récit émouvant de Philippe Mottu, en 1996, sur la façon dont il a acquis Caux et sur les raisons pour lesquelles il était convaincu que Caux était l’endroit idéal.
Merci Andrew d'avoir partagé ces souvenirs marquants.
Je te souhaite une bonne continuation en Australie auprès d’I&C et d’heureux moments à passer avec vos enfants et petits-enfants. Tu ne dois pas être mécontent que ta participation aux réunions en ligne à des heures indues touche à sa fin (à cause du décalage horaire de 10 heures entre l'Europe et l'Australie) !
Tous nos meilleurs vœux !
- Photos: Initiatives de changement