Comment rendre une visioconférence plus humaine et plus efficace

De Annika Hartmann de Meuron

11/04/2021
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De Annika Hartmann de Meuron

 

Il y a un an, la visioconférence devenait la nouvelle norme dans nos vies professionnelles. Elle offrait un espace sûr pour se retrouver et travailler en équipe. Cela semblait si facile. Il suffisait en effet d'inviter quelqu'un à rejoindre un appel et de continuer comme si l’on était dans la même pièce. Mais avec le temps, nombre d'entre nous ont commencé à se sentir déphasé-e-s. Des visioconférences à répétition et trop longues exigeaient beaucoup d’énergie, d’être ultra performant-e-s en toute circonstance et mettaient à mal notre sens de la connexion aux autres.

Cela s'explique notamment par le fait que notre cerveau n'est pas conçu pour se concentrer sur autant de visages à la fois. Les visioconférences sont donc beaucoup plus fatigantes que les réunions en présentiel, où nous pouvons nous concentrer sur une seule personne à la fois. Dans la vie réelle, la personne en face de nous nous envoie des signes  facilement interprétables. Nous pouvons nous serrer la main pour entrer en relation et instaurer la confiance, nous avons accès à l’ensemble du langage corporel d'une personne et nous pouvons même aller jusqu’à percevoir des signaux olfactifs. Le fait d'être ensemble physiquement nous oblige à être attentifs et attentives. Seul-e-s dans nos bureaux improvisés, il est tentant de faire plusieurs choses à la fois, au détriment de notre capacité d’attention, de connexion à l’autre et de productivité.

Lors des Talks sur le Leadership éthique dans le business d'Initiatives et Changement, en février dernier, nous avons posé la question suivante : que pouvons-nous changer à une visioconférence pour être totalement à ce que nous sommes en train de faire, pour remettre l’humain au cœur de la discussion et rester productif ? Voici quelques pistes.

 

Pour commencer

  • Avant de prévoir un appel vidéo, demandez-vous si vous si un simple email ou appel téléphonique ne seraient pas suffisants. Par exemple, avez-vous vraiment besoin de voir la personne pour lui communiquer des informations concrètes ?
  • Si l'appel vidéo s’impose, assurez-vous que toutes les personnes invitées ont une bonne raison d'être présentes et savent ce qu'on attend d'elles. Les participant-e-s qui se retrouvent dans le rôle d'« auditeur passif » et « d’auditrice passive » risquent d'être frustré-e-s et de finir par faire plusieurs choses à la fois.
  • Présentez les points de l'ordre du jour sous forme de questions. Par exemple : Comment pouvons-nous augmenter les réservations du Centre de conférences ? Demandez aux participant-e-s de rédiger leurs réponses dans un document en ligne partagé quelques jours avant la réunion. Cela permet de préparer la réunion et de gagner du temps pendant la visioconférence, car la discussion peut être articulée  autour des réponses fournies en amont.
  • Évitez les PowerPoints, car ils ont tendance à mettre à mal la connexion entre les participant-e-s et sont de plus rarement compréhensibles. Invitez plutôt les participant-e-s à envoyer leurs documents écrits à l'avance et demandez-leur de les commenter et de donner leur avis une fois en ligne.

 

Online computer, credit: Dylan Ferreira on Unsplash
Photo: Dylan Ferreira sur Unsplash

 

Le timing est essentiel

Vous êtes chargé-e de la modération d’une visioconférence ? Faire respecter le temps accordé à chacun des points de l’ordre du jour est un exercice difficile. Il est pourtant crucial de respecter le temps imparti, car la plupart des participant-e-s auront plusieurs visioconférences au cours de la journée et besoin de pauses entre chacune d’elles. Quand on est en télétravail, les déplacements ne prennent que quelques secondes et l’on passe  trop de temps assis. En tant qu'organisateur ou organisatrice de réunion, il vous revient de prévoir dans l'ordre du jour une pause d'au moins 5 minutes toutes les 50 minutes pour permettre aux participant-e-s de faire quelques exercices d’étirement. Vous trouverez ici quelques exemples.

 

Des chiffres réalistes

Il est non seulement important de bien réfléchir à qui doit participer à une réunion en ligne, mais aussi au nombre de participant-e-s maximum pour qu’une réunion reste productive.  En effet, si, comme l’explique Jeff Bezos avec sa  « règle des deux pizzas », l’on ne peut pas nourrir une équipe avec deux pizzas, c'est qu'il y a trop de participant-e-s. Cependant, si vous vous réunissez toujours avec les mêmes personnes, vous risquez de ne plus être capable d’aller au-delà des sentiers battus et de ne pas être conscient-e des besoins d’autres groupes de personnes. L’utilisation de salles de discussion (« breakout room ») peut s’avérer une excellente solution pour rester efficace et productif malgré un grand nombre de participant-e-s. En effet, une discussion en plus petit groupe, offre à chaque participant-e-s la possibilité d’exprimer son opinion. Ces idées pourront ensuite être partagées dans la réunion principale après une séance de débriefing. Nombreuses et nombreux sont les participant-e-s à apprécier ce temps en petit groupe. Ils permettent en effet de nouer des liens et d'accomplir des choses ensemble, ce qui nous manque lorsque nous sommes seul-e-s dans nos bureaux, chacun-e chez soi.

 

Posez des règles de base

Si vous vous réunissez régulièrement avec le même groupe de personnes, il est essentiel de convenir de règles de base afin de créer un espace sûr. Voici quelques questions que vous devez vous poser : Voulez-vous que les caméras soient allumées ou éteintes, et les micros activés ou non ? Est-il acceptable d'arriver en retard ou de quitter la réunion plus tôt ? Voulez-vous inviter les participant-e-s à faire des commentaires et à poser des questions ? Allez-vous autoriser les PowerPoints ? Comment pouvez-vous empêcher un participant-e de monopoliser la conversation ? Ces règles de base doivent être établies par tou-te-s les participant-e-s aux réunions régulières et revues de temps en temps pour s'assurer qu'elles sont toujours pertinentes.

 

Online computer, credit: Photo by Gabriel Benois on Unsplash
Photo: Gabriel Benois sur Unsplash

 

 

Le rôle des modérateurs et modératrcies

Véritable gardien-ne du temps, le modérateur ou la modératrice doit également veiller à ce que chacun-e participe et se sente connecté-e. Préparez-vous en prévoyant du temps entre les réunions, pour faire des étirements, vous octroyer un moment de calme, vous connecter à vos émotions, et vous demander quelle image vous souhaitez donner de vous et ce que vous désirez apporter à celles et ceux qui rejoignent la réunion. Plusieurs études ont par exemple démontré que le rire permettait aux personnes d’établir une relation, regardez peut-être quelque chose qui vous fera sourire avant de commencer la réunion. Il peut également être utile de cacher votre vidéo, car voir son image à l’écran peut être source de distraction et vous faire agir de manière peu naturelle.

 

Quelques conseils pour une modération réussie:

  • Lorsque les participant-e-s rejoignent la réunion, accueillez les personnellement et prévoyez 5 minutes de conversation informelle. Pour encourager la participation active pendant la réunion, il est important de laisser chacun-e s'exprimer brièvement au début. Vous pouvez essayer quelques trucs et astuce pour briser la glace et lancer une discussion animée.
  • Lors de réunions plus longues, vous pouvez accroître l'attention et la participation en attribuant des rôles aux participant-e-s, par exemple en les chargeant de la modération dans les salles de discussion, du chronométrage ou du suivi de l'humeur. Vous pouvez également demander aux personnes de donner leur avis, mais laissez-leur toujours la possibilité de s'abstenir, car il ne s'agit pas de mettre quelqu'un sur la sellette. Pour éviter la pensée de groupe, posez régulièrement des questions : Qui a une autre réponse ? Cela crée un peu de suspens et capte l'attention de chacun-e.
  • S'il y a des décisions ou des questions importantes à aborder, accordez un temps de réflexion silencieuse ainsi qu’un tour de table pour partager les idées. Dans un espace virtuel, il est beaucoup plus difficile de ressentir l'ambiance d’une réunion. Ainsi, le fait d'offrir à chacun-e un temps de réflexion peut permettre à des idées non exprimées de faire surface. Vous pouvez également utiliser des outils comme Mentimeter pour évaluer l'atmosphère d’une réunion. Commencez et terminez toujours la réunion en vue Galerie, afin que chacun-e puisse voir une dernière fois l’ensemble du groupe et se sente intégré-e.

Enfin, prenez le temps avec vos collègues, de temps en temps, de faire le point sur leur expérience du travail à distance et de la visioconférence. Cela vous aidera à définir ensemble quelle formule vous correspond le mieux pour favoriser une présence attentive, une relation humaine et atteindre les objectifs fixés.

 

 

Annika Hartmann

Annika Hartmann de Meuron est la responsable du programme Leadership éthique dans le business et elle développe toute l’année des activités associées aux pratiques éthiques dans le business, qui offrent aux entreprises l’opportunité d’établir des relations avec leurs homologues, de découvrir les lignes directrices associées et de faire l’expérience de l’approche éthique spécifique de I&C Suisse. Elle a travaillé pendant de nombreuses années en tant que consultante en responsabilité sociale des entreprises pour la Fondation Philias, et dans la communication pour le Forum humanitaire mondial et l’agence de relations publiques Rochat & Partners.

En savoir plus sur Leadership éthique dans le business

 

  • Photo en haut et teaser: Chris Montgomery sur Unsplash
  • Cet article a été initialement publié sur LinkedIn.

 

 
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1954 - Saidie Patterson: « Enterrer la hache de guerre ou enterrer les morts »

Par Andrew Stallybrass

07/04/2021
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Par Andrew Stallybrass

 

Lorsque Saidie Patterson, une syndicaliste d'Irlande du Nord, prend la parole à Caux en 1954, elle tient à souligner que le Réarmement Moral (aujourd'hui Initiatives et Changement) n'avait pas affaibli son esprit combatif. « Je pensais que c'était quelque chose qui vous ramollissait, et j'ai lutté contre cela pendant très, très longtemps. Mais croyez-moi, mes amis, j'ai découvert qu'il est beaucoup plus difficile d'aimer une personne que de la haïr ».

A 14 ans Saidie est devenue soutien de famille, s'occupant de ses sept frères et sœurs et de son beau-père invalide après que sa mère soit morte en couches parce qu'ils n'avaient pas les moyens de payer le médecin. Elle a travaillé dans une usine de lin et, en 1940, a pris la tête d'une grève pour réclamer la syndicalisation complète des employées. Deux ans après ce discours à Caux, elle est devenue la première femme à présider le parti travailliste d'Irlande du Nord.

Croyez-moi, j'ai découvert qu'il est beaucoup plus difficile d'aimer une personne que de la haïr.

Elle a déclaré à son auditoire de Caux qu'elle était en contact direct avec quelque 90 000 femmes par le biais du mouvement syndical et ouvrier. Elle a ensuite décrit une expérience qu'elle venait de vivre lors de la conférence. « L'autre jour, une personne m'a dit quelque chose qui m'a beaucoup fâchée. Vous savez comment les Britanniques ont parfois l'habitude de dire une chose juste, mais au mauvais moment ! Celui-là a eu de la chance de ne pas recevoir une taloche! » Mais, après un moment de réflexion solitaire elle s'est excusée de sa réaction. Après son départ de Caux, il était prévu qu'elle rencontre des membres du cabinet britannique. « Si j'étais incapable de m'excuser ici, je n'aurais eu aucune réponse à leur apporter à mon retour ».

Une autre fois, prenant le thé au centre de conférence, elle s'est retrouvée à parler à qui voulait l'entendre du comportement des Américains en Irlande du Nord pendant la guerre. « Une fois de plus je critique les Américains et je découvre que les quatre dames avec lesquelles je prends le thé sont toutes américaines ! Puis elles me disent que tous leurs grands-parents étaient venus d'Irlande. Ils venaient donc en quelque sorte d'être exportés! Je n'ai jamais oublié cette leçon ».

 

Saidie Patterson plants a memorial Peace Cross for her great-nephewin Belfast in 1979. Photograph from the Bleakley Collection.
Saidie Patterson plante une Croix de la Paix commémorative pour
son petit-neveu, Belfast 1979 (photo: Bleakley Collection)

 

Saidie avait récemment pris la parole lors d'une conférence du parti travailliste où elle avait été choquée par la haine exprimée contre l'Allemagne et les Allemands. Elle avait raconté comment elle avait été invitée à se rendre en Allemagne avec le Réarmement Moral en 1950. « Je ne voulais pas y aller. Ma propre maison avait été détruite. Un de mes neveux avait été tué le jour de son 21e anniversaire et j'avais un énorme ressentiment dans mon cœur ; mais mes amis m'ont dit que le ressentiment n'allait pas aider à reconstruire une nouvelle Allemagne. Là-bas, j'ai rencontré beaucoup de femmes dans des situations semblables à la mienne. L'une d'elles avait été placée dans un camp de concentration pour ses convictions syndicales et ses deux fils avaient été tués par les Britanniques. J'ai raconté cette histoire à la conférence et je leur ai dit : Il vous faut plus qu'une arme à la main. Il vous faut une idée ».

Si j'étais incapable de m'excuser ici, je n'aurais eu aucune réponse à leur apporter à mon retour

En 1973, après avoir pris sa retraite de son travail comme syndicaliste, Saidie est devenue présidente de Women Together, s'efforçant de remédier aux divisions entre protestants et catholiques dans son pays. « Il n'y a pas de larmes "orange" ou "vertes" (les couleurs des deux communautés); nous pleurons tous ensemble », dit-elle. « Nous devons décider ce que nous préférons, enterrer la hache de guerre ou enterrer les morts ».

L'année précédant son discours à Caux, Saidie avait été décorée par la reine Elizabeth pour son travail. Lorsque la reine lui a demandé comment les choses se passaient pour les femmes, Saidie a répondu :  « Eh bien, madame, autrefois nos femmes n'étaient que des paires de mains. Aujourd'hui, madame, ce sont des âmes royales comme vous ! ».  

 

Découvrez l'article de BBC News sur la remise d'une plaque commémorative pour Saidie en 2018 et regardez la vidéo de Belfast Live.

 

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

 

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1953 – Mohamed Masmoudi: « Arrête de maudire les Français »

Par Andrew Stallybrass

05/04/2021
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Par Andrew Stallybrass

 

Dans les années 1950, le « vent du changement » souffle sur le continent africain. De nombreux pays connaissent des troubles, avec des mouvements nationalistes militants, notamment les territoires français d'Afrique du Nord, l'Algérie, le Maroc et la Tunisie. Au début de la décennie, 10 pays d'Afrique sont indépendants. À la fin de la décennie, en 1960, ils étaient 26.  

En 1953, Mohamed Masmoudi, un jeune nationaliste tunisien, vient à Caux. Il n'a pas encore 30 ans. Il est alors le principal représentant en France du mouvement nationaliste Néo-Destour et mène une existence semi-clandestine. C'est d'ailleurs plus ou moins clandestinement qu'il avait passé la frontière suisse.

Masmoudi a de bonnes raisons de détester la France et le peuple français. Il a passé du temps en prison et, à Caux, il apprend que son frère a été arrêté. Mais c'est aussi à Caux qu'il rencontre des Français « qui étaient différents" et a eu des « conversations honnêtes » avec eux.

Prie pour que Dieu me bénisse, mais arrête de maudire les Français.

Le troisième jour, inspiré par ce qu'il a entendu au sujet des réconciliations entre Français et Allemands à Caux, il s'adresse à la conférence:  «J'étais méfiant, peu confiant et très susceptible... Ma mère m'a dit dans une lettre qu'elle priait pour que Dieu me bénisse et maudisse les Français (certains policiers français l'avaient menacée en disant qu'ils projetaient de me tuer). Je lui ai répondu : 'Prie pour que Dieu me bénisse, mais arrête de maudire les Français.' A mon avis, c'est là, le début du changement". (voir un extrait de son discours à Caux ci-dessous).

 

Masmoudi letter
                       

 

À Caux, il perd sa haine du peuple français. Il retourne à Paris et, au centre du Réarmement moral (aujourd'hui connu sous le nom d'Initiatves et Changement) de cette ville, autour d'un repas, il rencontre Jean Basdevant, alors responsable des affaires tunisiennes au ministère français des affaires étrangères. Une relation de confiance s'instaure entre eux. Basdevant et Masmoudi deviennent des membres clés des délégations qui négocient l'indépendance, que la Tunisie obtient en 1956.

Lorsque l'impasse menace, ils se retirent tous les deux dans le jardin du ministère pour un entretien privé. Un historien français de l'époque parle d'un « contrat de confiance" entre eux. Un commentateur suggère même que les deux hommes avaient plus de mal avec leurs propres délégations qu'entre eux. Plus tard, Masmoudi devient le premier ambassadeur tunisien en France après l'indépendance.

Lorsque l'impasse menace, ils se retirent tous les deux dans le jardin du ministère pour un entretien privé.

En 1956, alors qu'il dirigeait la première délégation tunisienne post-indépendance auprès des Nations unies à New York, le président Bourguiba déclara : "Le monde doit savoir ce que le Réarmement moral a fait pour notre pays ».

L'homme d'État français Robert Schuman a écrit à Buchman : « Il ne fait aucun doute que l'histoire de la Tunisie et du Maroc aurait été différente s'il n'y avait pas eu le Réarmement moral ». 

Quant à Masmoudi, il affirme : « Sans le Réarmement moral , nous serions aujourd'hui engagés en Tunisie dans une guerre à mort contre la France [...]. La Tunisie serait aujourd'hui une seconde Indochine ».

Au cours de ces années, le centre de conférences à Caux a accueilli des délégations de nombreux autres pays africains en chemin vers l'indépendance vis-à-vis des puissances coloniales occidentales, notamment le Ghana et le Nigeria, le Kenya et le Cameroun.  

 

Mohamed Masmoudi (centre), Si Bekkai
Mohamed Masmoudi (centre) avec Si Bekkai (gauche) à Caux

 

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1952 - Elsbeth et Adam McLean: Un mariage à Caux

Par Mary Lean

18/03/2021
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Par Mary Lean

 

Lorsqu'Elsbeth Spoerry travaillait à remettre en état un Caux Palace passablement abîmé pour y accueillir les premières conférences en 1946, elle était loin de se douter que, six ans plus tard, elle s'y marierait avec plus de 1000 invités qui participaient à la conférence.

Elsbeth épousa Adam McLean le 9 août 1952. Adam, un fier Écossais, portait son kilt, et les huit demoiselles d'honneur d'Elsbeth, originaires de différents pays, arboraient leurs costumes nationaux. Quatre ministres du culte, appartenant à trois confessions différentes officiaient : « Nous étions solidement mariés! », écrit Adam dans son autobiographie.

Le mariage était également inhabituel pour d'autres raisons. Elsbeth avait grandi à Zurich, dans un milieu privilégié, en tant que membre de l'une des grandes familles industrielles de Suisse. Le père d'Adam était mineur à Musselborough, près d'Edimbourg. Adam avait quitté l'école à 14 ans, poursuivant son éducation dans des cours du soir. Elsbeth avait fréquenté les universités de Zurich, Genève et Fribourg, et  obtenu un diplôme de docteur en droit.

 

McLean wedding with pageboy

 

Ils ont tous deux rencontré Initiatives et Changement (alors connu sous le nom de Réarmement Moral ) dans les années 1930 : Elsbeth par l'intermédiaire d'Hélène Mottu, qui, avec son mari Philippe, a ensuite été l'une des personnes à l'origine de  l'achat du Caux Palace, et Adam grâce à son patron dans le garage où il travaillait comme mécanicien. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Elsbeth travaille dans l'une des usines de son père et suit une formation d'ambulancière.

Le déclenchement de la guerre surprend Adam en Amérique du Nord, où il participait à une campagne du Réarmement Moral. Il reste aux États-Unis, où il s'efforce de remonter le moral des troupes et d'améliorer les relations industrielles, notamment dans l'industrie aéronautique. Lorsque les États-Unis entrent en guerre, il est appelé et combat en Italie, où il est blessé et décoré pour son héroïsme. Après la guerre, il reste en Italie pendant 14 ans, travaillant avec le Réarmement Moral à une époque où les conflits entre le fascisme et le communisme étaient féroces. Il fait la connaissance d' Elsbeth, qui parlait quatre langues, lorsqu'elle servait d'interprète aux délégations qu'il amenait à Caux.

Voici ce qu'Adam écrit au sujet de sa première visite à Caux, au volant d'une grosse voiture américaine :« Les tuiles brillantes des toits et des tourelles étincelaient au soleil. Grâce à la puissance sous le capot de la Buick américaine, je n'avais eu aucune difficulté à gravir la route très raide et sinueuse, mais j'ai découvert que c'était un test pour les conducteurs de petites voitures de l'immédiat après-guerre que d'arriver au sommet sans faire bouillir ou éclater les radiateurs. Je ne pense pas que l'on aurait pu rêver d'un endroit plus parfait pour se retirer de l'agitation de la vie et réfléchir tranquillement »*.

Ils avaient dû descendre au village le plus proche à dos d'âne et avaient réussi à y trouver un ami quii possédait une petite voiture.

Leurs fiançailles ont eu lieu par correspondance : Adam était en Italie et Elsbeth aux Etats-Unis. Lorsqu'elle accepte, un dirigeant syndical communiste organise une fête pour Adam, et le beau-père ex-fasciste du dirigeant syndical, pour ne pas être en reste, invite Adam à dîner chez lui. Au cours de la soirée, Adam se rend compte que la colline qu'il aperçoit de la fenêtre de son hôte lui est familière. Il s'était battu sur cette colline sous le feu des snipers pendant la guerre. « Savez-vous d'où le sniper tirait ?» lui demande son hôte. « De cette chaise sur laquelle tu as posé ton pied !»

 

McLean wedding group

 

Tous ceux qui étaient à Caux en 1952 pour les conférences d'été ont participé aux célébrations du mariage, mais certains sont venus spécialement. Parmi eux, un professeur et homme politique socialiste italien, Umberto Calosso, et sa femme.

« Ils sont arrivés à Caux visiblement fatigués par leur voyage, écrit Adam, car ils n'avaient  reçu l'invitation que le jour précédent, alors qu'ils étaient en vacances dans les montagnes du Piémont. Ils avaient dû descendre au village le plus proche à dos d'âne et avaient réussi à y trouver un ami quii possédait une petite voiture. Le camarade Umberto avait joyeusement invité son ami à notre mariage et, en conduisant toute la nuit, ils étaient arrivés à temps pour le service et les festivités, pour notre plus grande joie. »

Adam et Elsbeth ont partagé leur vie pendant 46 ans, jusqu'à la mort d'Elsbeth en 1999. Adam est décédé en 2008. Leur couple est l'une des nombreuses unions  forgées et consacreés à Caux au cours des 75 dernières années.

 

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Arthur McLean portrait as soldier

Adam McLean était un conteur né. C'est d'abord pour ses petits-enfants qu'il a écrit le récit de ses aventures de jeune homme qui l'ont conduit des rives du Firth of Forth à Hollywood, des usines de construction de Boeing, à l'armée américaine et finalement à l'Europe. Découvrez un extrait de son autobiographie ici :

Alors qu'il s'efforçait de reprendre conscience, McLean entendait les brancardiers discuter pour savoir s'il était possible de le transporter jusqu'aux sentiers de montagne malgré les bombardements.

« Prenez Scotty et retournez-y », insiste son camarade Rocky.

« On ne peut pas traverser ce terrain découvert jusqu'à la montagne. ».

“« Ramassez-le maintenant. »  Ils hésitaient encore lorsqu'Adam entend le bruit de la culasse du fusil de Rocky.

« Ramassez Scotty, ou vous ne ramasserez plus jamais personne. »

Ils l'ont donc ramené... et c'est ainsi que McLean est arrivé à Rome, où il a passé la majeure partie des vingt années suivantes, nouant des amitiés avec des personnes de tous horizons.

 

Pour en savoir plus sur les aventures d'Adam, lisez son livre Whatever next

 

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • * Whatever Next (Linden Hall, 1992)
  • Photo en haut: Initiatives et Changement
  • Photo Adam & mariage: McLean
  • Relecture: Claire Martin-Fiaux

 

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1951 - Maurice Mercier: « Pas un cri de haine »

Par Eliane Stallybrass

18/03/2021
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Par Eliane Stallybrass

 

Jean-Jacques Odier n'est pas très impressionné lorsqu'il rencontre pour la première fois Maurice Mercier, l'homme à l'origine des grandes délégations industrielles françaises qui visitent Caux en 1951. Il aurait semblé tout à fait à l'aise, servant derrière un bar au coin de la rue, écrit Odier à propos de leur rencontre dans les bureaux de la fédération française des travailleurs du textile Force ouvrière. « Mais au cours des semaines suivantes, en apprenant à mieux le connaître, nous avons découvert un être humain exceptionnel ».

Mercier avait commencé à travailler dans l'industrie textile à l'âge de 13 ans et avait gravi tous les échelons de la CGT, la fédération française des syndicats. Il avait été communiste et un membre courageux de la résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. À la fin de la guerre, il estime que le syndicat fait passer la politique avant la lutte pour les droits des travailleurs. Il quitte le syndicat, mais la camaraderie de la lutte et l'idéologie qui l'avait motivé lui manquent.

 

Maurcie Mercier Lille big reso
Maurice Mercier pendant un rassemblement à Lille, France

 

Lorsque Jean-Jacques Odier, fils d'un banquier genevois et active à temps plein pour Initiatives et Changement (anciennement connues comme Réarmement Moral), et son ami britannique, Bill Porter, le rencontrent en 1950, il est cynique et découragé. Mais ils sont frappés par la rapidité avec laquelle il s'approprie l'idée d'un changement de comportement et d'une énergie créatrice au-delà de la lutte des classes. Lors d'une visite à Caux cet été-là, il déclara : « Pas un cri de haine, pas une heure de travail perdue, pas une goutte de sang versée : voilà la révolution à laquelle le Réarmement moral invite patrons et ouvriers ».

Il avait cette marque de tous les vrais révolutionnaires - une vision, et il m'a aidé à trouver une vision aussi.

Odier et Porter invitent Mercier à participer à une conférence du Réarmement moral sur l'île de Mackinac, aux États-Unis, en juin 1951. Ils pensaient que cela pourrait élargir ses horizons, mais ils n'avaient aucune idée de la difficulté d'obtenir un visa pour un syndicaliste ayant 11 ans de communisme clandestin derrière lui. Tout s'arrange, et Mercier rencontre Frank Buchman à la conférence.

Un pasteur luthérien de Pennsylvanie ne parlant pas français, et un ouvrier français qui n'avait jamais quitté son continent : c'est une étrange rencontre des cœurs et des esprits. Buchman voit l'humain dans l'athée militant, et Mercier le révolutionnaire dans le chrétien convaincu. Mercier dit de Buchman : « Il avait cette marque de tous les vrais révolutionnaires - une vision, et il m'a aidé à trouver une vision aussi ».

 

Maurice Mercier in Caux with William NKomo, François Bekoungou and Harry Wickham
Maurice Mercier (2e à gauche) à Caux avec William Nkomo, François Bekoungou et Harry Wickham

 

Inspiré par les délégations d'entreprises américaines qu'il a rencontrées à Mackinac, Mercier décide d'œuvrer pour des rencontres similaires à Caux à son retour en Europe. Il parcourt tout le nord de la France en encourageant les ouvriers à venir à Caux et à faire financer le voyage par leur direction. Les conférences de Caux sont prolongées cette année-là pour accueillir ces délégations, et à l'automne 1951, 80 entreprises françaises, principalement de l'industrie textile, envoient des groupes en Suisse.

 

Maurice Mercier, Robert Carmichael, Henri Desbrueres, Henri Macaux, Leonida Macciotta in Caux 1952
Maurice Mercier (à gauche) in Caux avec Robert Carmichael, Henri Desbrueres, Henri Macaux et Leonida Macciotta

 

Un industriel du textile raconte : « J'ai fini par me rendre compte que je traitais mon entreprise comme ma propriété personnelle. Il me semblait tout à fait normal de demander aux ouvriers de faire des courses pour moi, de me servir en charbon à l'usine pour chauffer ma maison... J'ai décidé de changer complètement ma façon de vivre ».

Une atmosphère de confiance s'est créée.

Un opérateur de machines-outils déclare: « Je pensais que les bourgeois et les patrons étaient arrogants et mauvais, qu'ils ne pensaient qu'à dominer le prolétariat et à nous maintenir à terre. Je ne pouvais pas les imaginer en train de surmonter la barrière qui nous séparait et de travailler à la construction d'un monde nouveau ».

« Une atmosphère de confiance s'est créée », commente Mercier la situation. Cela a conduit à un accord sectoriel en 1953, qui a transformé les conditions de travail et les relations industrielles dans les 7'000 usines textiles françaises, qui employaient 648'000 personnes. 

 

Ecoutez un discours de Maurice Mercier à Caux (1958)

 

Regardez un entretien avec Maurice Mercier, filmé en 1971 (17'09 - 18'40)

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • * Jean-Jacques Odier, Nous rêvions de changer le monde (Editions Ouverture)
  • ** anciennement connues comme Réarmement Moral
  • Enregistrement: Initiatives et Changement, remastérisé numériquement par Leif Söderlund en 2020
  • Photo en haut M. Mercier: Danielle Maillefer
  • Photos texte: Initiatives et Changement
  • Vidéo: Crossroad of Nations, 25 years of Caux de IofC & For a new world Archives
  • Relecture: Jean Fiaux

 

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Etre bien dans ma peau

CPLP Talks 4

11/03/2021
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CPLP Talks 4

 

CPLP Tino

Tinotenda Dean Nyota est originaire de Gweru, au Zimbabwe et participe en 2018 au Programme de Caux pour la paix et le leadership. Il est diplômé en économie et se décrit comme un citoyen actif, passionné par l'entrepreneuriat et le développement.

« J'ai grandi dans le Zimbabwe post-colonial, dans une société où tout ce qui était étranger et blanc était considéré comme supérieur à ce qui était local et noir.

Les meilleures écoles de mon pays, que tout enfant rêve de fréquenter, sont les écoles privées, perçues comme des « écoles blanches ». Les meilleurs quartiers, les plus sûrs, où nous souhaitons vivre, sont dominés par une structure culturelle différente, que nous percevons une fois de plus comme étant blanche. Le fait de parler couramment l'anglais est synonyme de richesse et d'intelligence. Nous voulons tous nous habiller comme les personnes blanches, manger et vivre comme elles. Et tout cela alors que le pays est indépendant depuis plus de 40 ans !

La première fois que je me suis tourné vers la découverte de soi, c'était lors de ma participation au CPLP, en 2018. C’était l’époque de la Coupe du monde de football, et je soutenais l’équipe de France car Paul Pogba jouait habituellement pour Manchester United, mon équipe préférée. Je peux vous en dire plus sur Manchester que sur ma ville natale. Je suis plus calé sur la première league anglaise de foot que sur celle du Zimbabwe. Ma langue de prédilection, mon code vestimentaire et mes habitudes alimentaires étaient tous inspirés par des figures de personnes et d'institutions blanches.

C’est désormais une autre image que je vois de moi dans le miroir, Je me sens de plus en plus à l'aise dans ma peau

Durant le CPLP à Caux, chacu-e d’entre nous a été amené-e à partager sa propre histoire. Les participant-e-s venaient de plus de 40 pays et cultures différents, étaient tous très fières et fiers de ce qu'ils et elles étaient. Leurs récits révélaient l’estime que toutes et tous avaient pour leur langue, leur nourriture ou encore leur style vestimentaire. J’ai alors realisé une chose qui m’a fait me sentir mal à l’aise : je me sentais plus britannique que zimbabwéen.

Lorsque je suis retourné chez moi après ce séjour à Caux, je me suis senti poussé à animer une discussion dont le sujet était : « Etre jeune et noir au Zimbabwe ». Cela m'a fait réaliser que je n'étais pas le seul à vivre la réalité isolante d'une crise identitaire. Ces dernières années, j'ai pu constater un changement dans l'attitude des jeunes, pour qui être noir et originaire du Zimbabwe est positif. C’est désormais une autre image que je vois de moi dans le miroir, Je me sens de plus en plus à l'aise dans ma peau et j’aime mes cheveux noirs et bouclés. Ils sont beaux, tout simplement. Le mouvement « Black Lives Matter » ne pouvait pas arriver à un meilleur moment, alors que nous, jeunes du Zimbabwe, cherchons à retrouver notre identité dans un Zimbabwe indépendant. »

 

Découvrez plus d'article des CPLP Talks sur le thème de la culture et son impact sur notre vie:

 

Les conversations en ligne du Programme de Caux pour la paix et le leadership, les « CPLP Talks », offrent  un espace en ligne privilégié où l'on partage des histoires et où se créent des liens. Cette série de conversations en anglais a vu le jour grâce aux alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP). Ces discussions, loin d’être à sens unique, sont l'occasion d'écouter de jeunes leaders du monde entier, de s'inspirer et de s'engager.  

Les CPLP Talks auront lieu sur Zoom. Si vous souhaitez participer à la conversation de suivi en ligne qui aura lieu le samedi 13 mars 2021 à 14h00 CET  (13:00 GMT) avec les alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership, vous pouvez vous inscrire ici:

 

 

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En ligne ou en personne?

 

Depuis 75 ans, Caux est le lieu où nous rassemblons des gens du monde entier pour qu’ils puissent réfléchir, partager leurs histoires et trouver l’inspiration pour prendre des initiatives pour un monde juste, en paix et durable. 

La pandémie COVID-19 nous a donné l’opportunité de mettre notre offre en ligne et ainsi de pouvoir accueillir beaucoup plus de participant-e-s. Maintenant que nous l'avons fait, nous voulons réfléchir à l’impact de ce changement. En partenariat avec le Département fédéral des affaires étrangères suisse, nous tentons de mieux comprendre les différences entre les événements en personne et en ligne, en nous concentrant particulièrement sur le contexte de la consolidation de la paix. 

Pour ce faire, nous avons besoin des opinions des membres de notre communauté qui ont participé à nos événements en ligne et en personne à Caux. Si vous êtes l'un-e d'entre eux/elles, aidez-nous en répondant à cette enquête avant le 16 mars 2021. L'enquête prendra seulement 15 minutes de votre temps. Pour répondre en français, vous pouvez choisir la langue de votre choix en cliquant en haut à droite.

Vos réponses nous aideront à exploiter les points forts de chaque modalité pour la création de nos futures événements et programmes. 

Pour faciliter l'analyse des résultats, cette enquête est disponible uniquement en anglais et en français, les deux langues dans lesquelles se sont déroulés les événements du Caux Forum Online 2020. Toutefois, il est possible de répondre aux questions ouvertes en allemand si nécessaire. Les résultats de cette enquête seront communiqués publiquement, y compris sur notre site web. 

Merci pour votre aide !

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