2016: Diana Damsa – « J'ai eu le sentiment que je comptais »
Par Mary Lean
15/12/2021
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première fois en huit ans, elle n'avait aucune responsabilité dans les coulisses. « J'ai pu prendre du recul et profiter, plutôt que de courir partout comme une folle et de devoir régler des situations », dit-elle.
Ce souvenir se distingue également pour une autre raison. Diana a rencontré Initiatives et Changement (I&C) pour la première fois en 2004, lors d'un séminaire de Fondations for Freedom (F4F) dans son pays d'origine, la Roumanie.
Deux des formateurs étaient un couple de Néerlandais, Kees et Marina Scheijgrond. « Ils ont toujours été des personnes particulièrement chères à mon cœur, car ils m'ont ouvert la porte d'un nouveau monde », dit-elle.
Les Scheijgrond sont venus à Caux en décembre 2016 avec tous leurs enfants adultes et leurs familles. « Kees était déjà malade, raconte Diana, « et il est décédé en mars 2017. Ce fut ma dernière occasion de parler avec lui, et de rencontrer sa famille. »
En avril 2004, lorsqu'elle participe à F4F (Foundation for Freedom), Diana est une jeune diplômée en droit, déçue par son expérience du monde de l'entreprise. Elle ne peut pas accepter les ragots et la corruption qu'elle y a rencontrés et se prépare à entamer une nouvelle carrière comme professeure de musique.
« Je venais d'une société qui avait connu un régime totalitaire. Il n'y avait aucun encouragement à penser par soi-même, à s'exprimer ou à poser des questions. À F4F, de grandes questions étaient abordées : Qui suis-je ? Que puis-je apporter à la société et au monde ? Nous étions encouragés à penser et à nous exprimer et quoi que nous disions, la réaction était positive. J'ai senti que je comptais et que je pouvais apporter ma contribution. J'ai senti que c'était ce dont mon pays avait besoin. »
Que puis-je apporter à la société et au monde ?
Cet été-là, Diana s'est rendue à Caux pour la première fois. L'expérience est bouleversante. « Mon anglais était correct mais pas bon, et à la fin de chaque journée, j'avais mal à la tête ». Elle ne se rappelle rien de la conférence à laquelle elle a participé, mais elle a été frappée par la gentillesse, l'ouverture et la diversité des gens. « Je ne faisais pas partie de la foule, j'étais quelqu'un dont on se souciait. »
Je ne faisais pas partie de la foule, j'étais quelqu'un dont on se souciait.
Lorsqu'une femme a découvert que le voyage de retour en bus de Diana durerait 40 heures, elle lui a donné un coussin de soutien pour le cou, afin de rendre son voyage plus supportable. « Cela m'a tellement touchée. Je ne faisais pas simplement partie de la masse, j'étais quelqu'un dont on prenait soin.»
Désireuse d'en découvrir davantage, Diana s'est inscrite à Action for Life, un programme intensif de formation d'Initiatives et Changement, qui durait neuf mois et qui l'a emmenée en Asie et lui a appris plus, dit-elle, que 18 années d'éducation conventionnelle. Elle a passé l'année 2007 à faire du bénévolat avec IofC en Australie, en Nouvelle-Zélande et aux Fidji.
À son retour en Roumanie, elle s'est mise au travail, organisant des Creators of Peace Circles pour les femmes et le Club for Young Leaders, qui se réunissait deux fois par semaine et proposait des formations, des intervenants et des retraites. Pour stimuler l'intérêt, et élargir les horizons, elle a organisé des visites de membres du réseau international d'I&C. En 2015, elle a créé avec ses collègues une ONG, le Center for Social Transformation, pour poursuivre ce travail.
Elle s'est également engagée dans la lutte contre les préjugés à l'égard de la minorité rom de Roumanie. « Je me suis assurée que, dans tout ce que je faisais, il y avait un représentant de la communauté rom, qui pouvait parler en son nom. Beaucoup de gens ont changé d'attitude grâce à ces interactions. Mon rôle n'est pas d'"aider" les Roms, mais d'influencer la majorité à penser et à agir différemment. »
Mon rôle est [...] d'influencer la majorité à penser et à agir différemment.
Parallèlement, elle s'est engagée à Caux - passant deux étés dans la cuisine des régimes spéciaux et cinq dans le bureau de la répartition. Depuis 2017, elle dirige les équipes qui gèrent Pour relancer une Europe inachevée et la conférence qui lui succède, Des outils pour les acteurs et actrices de changement, dont elle était la directrice générale. Lorsque la pandémie a frappé en 2020, elle et son équipe ont mis la conférence en ligne. Elle était également vice-présidente de Creators of Peace International.
« Chaque fois que je vais à Caux, j'apprends quelque chose de nouveau, dit-elle, pas seulement dans le domaine des compétences, mais aussi dans celui des relations humaines et du travail d'équipe. Il y a des frictions et des conflits. Cela m'amène à me demander si j'aurais pu trouver de meilleures manières de dire les choses, montrer plus de compassion, prendre le temps d'écouter. Je me forme constamment à travers ces interactions. J'ai parfois été profondément blessée, mais j'ai appris à ne pas prendre chaque désaccord comme une attaque personnelle ».
Pour moi, Caux représente ce que le monde serait s'il était au mieux de sa forme.
« Pour moi, Caux représente ce que le monde serait s'il était au mieux de sa forme. Dans nos conférences, nous cherchons à inspirer les gens mais aussi à les interpeller. J'espère que leur expérience à Caux aura un impact sur leur vie personnelle : qu'ils regarderont en arrière, comme je le fais en pensant à ma première visite, et qu'ils considéreront cette première expérience comme un point de départ. »
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Photo en haut: Initiatives et Changement
- Photo été à Caux, Rajmohan Gandhi: Diana Damsa
- Toutes autres photos: Diana Topan
- Relecture: Claire Fiaux-Martin