Etre bien dans ma peau
CPLP Talks 4
11/03/2021
Tinotenda Dean Nyota est originaire de Gweru, au Zimbabwe et participe en 2018 au Programme de Caux pour la paix et le leadership. Il est diplômé en économie et se décrit comme un citoyen actif, passionné par l'entrepreneuriat et le développement.
« J'ai grandi dans le Zimbabwe post-colonial, dans une société où tout ce qui était étranger et blanc était considéré comme supérieur à ce qui était local et noir.
Les meilleures écoles de mon pays, que tout enfant rêve de fréquenter, sont les écoles privées, perçues comme des « écoles blanches ». Les meilleurs quartiers, les plus sûrs, où nous souhaitons vivre, sont dominés par une structure culturelle différente, que nous percevons une fois de plus comme étant blanche. Le fait de parler couramment l'anglais est synonyme de richesse et d'intelligence. Nous voulons tous nous habiller comme les personnes blanches, manger et vivre comme elles. Et tout cela alors que le pays est indépendant depuis plus de 40 ans !
La première fois que je me suis tourné vers la découverte de soi, c'était lors de ma participation au CPLP, en 2018. C’était l’époque de la Coupe du monde de football, et je soutenais l’équipe de France car Paul Pogba jouait habituellement pour Manchester United, mon équipe préférée. Je peux vous en dire plus sur Manchester que sur ma ville natale. Je suis plus calé sur la première league anglaise de foot que sur celle du Zimbabwe. Ma langue de prédilection, mon code vestimentaire et mes habitudes alimentaires étaient tous inspirés par des figures de personnes et d'institutions blanches.
C’est désormais une autre image que je vois de moi dans le miroir, Je me sens de plus en plus à l'aise dans ma peau
Durant le CPLP à Caux, chacu-e d’entre nous a été amené-e à partager sa propre histoire. Les participant-e-s venaient de plus de 40 pays et cultures différents, étaient tous très fières et fiers de ce qu'ils et elles étaient. Leurs récits révélaient l’estime que toutes et tous avaient pour leur langue, leur nourriture ou encore leur style vestimentaire. J’ai alors realisé une chose qui m’a fait me sentir mal à l’aise : je me sentais plus britannique que zimbabwéen.
Lorsque je suis retourné chez moi après ce séjour à Caux, je me suis senti poussé à animer une discussion dont le sujet était : « Etre jeune et noir au Zimbabwe ». Cela m'a fait réaliser que je n'étais pas le seul à vivre la réalité isolante d'une crise identitaire. Ces dernières années, j'ai pu constater un changement dans l'attitude des jeunes, pour qui être noir et originaire du Zimbabwe est positif. C’est désormais une autre image que je vois de moi dans le miroir, Je me sens de plus en plus à l'aise dans ma peau et j’aime mes cheveux noirs et bouclés. Ils sont beaux, tout simplement. Le mouvement « Black Lives Matter » ne pouvait pas arriver à un meilleur moment, alors que nous, jeunes du Zimbabwe, cherchons à retrouver notre identité dans un Zimbabwe indépendant. »
Découvrez plus d'article des CPLP Talks sur le thème de la culture et son impact sur notre vie:
- Charlotte Rémie: Le meilleur de deux cultures
- Sebastian Hasse: Culture, origines et liberté
- Abeda Nasrat: «.Afghanistan m'a donné des racines et le Danemark des ailes»
Les conversations en ligne du Programme de Caux pour la paix et le leadership, les « CPLP Talks », offrent un espace en ligne privilégié où l'on partage des histoires et où se créent des liens. Cette série de conversations en anglais a vu le jour grâce aux alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP). Ces discussions, loin d’être à sens unique, sont l'occasion d'écouter de jeunes leaders du monde entier, de s'inspirer et de s'engager.
Les CPLP Talks auront lieu sur Zoom. Si vous souhaitez participer à la conversation de suivi en ligne qui aura lieu le samedi 13 mars 2021 à 14h00 CET (13:00 GMT) avec les alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership, vous pouvez vous inscrire ici:
Nous avons besoin de vous !
En ligne ou en personne?
08/03/2021
Depuis 75 ans, Caux est le lieu où nous rassemblons des gens du monde entier pour qu’ils puissent réfléchir, partager leurs histoires et trouver l’inspiration pour prendre des initiatives pour un monde juste, en paix et durable.
La pandémie COVID-19 nous a donné l’opportunité de mettre notre offre en ligne et ainsi de pouvoir accueillir beaucoup plus de participant-e-s. Maintenant que nous l'avons fait, nous voulons réfléchir à l’impact de ce changement. En partenariat avec le Département fédéral des affaires étrangères suisse, nous tentons de mieux comprendre les différences entre les événements en personne et en ligne, en nous concentrant particulièrement sur le contexte de la consolidation de la paix.
Pour ce faire, nous avons besoin des opinions des membres de notre communauté qui ont participé à nos événements en ligne et en personne à Caux. Si vous êtes l'un-e d'entre eux/elles, aidez-nous en répondant à cette enquête avant le 16 mars 2021. L'enquête prendra seulement 15 minutes de votre temps. Pour répondre en français, vous pouvez choisir la langue de votre choix en cliquant en haut à droite.
Vos réponses nous aideront à exploiter les points forts de chaque modalité pour la création de nos futures événements et programmes.
Pour faciliter l'analyse des résultats, cette enquête est disponible uniquement en anglais et en français, les deux langues dans lesquelles se sont déroulés les événements du Caux Forum Online 2020. Toutefois, il est possible de répondre aux questions ouvertes en allemand si nécessaire. Les résultats de cette enquête seront communiqués publiquement, y compris sur notre site web.
Merci pour votre aide !
Le meilleur de deux cultures
CPLP Talks 4
05/03/2021
Charlotte Rémié a découvert Initiatives et Changement pour la première fois en 2012 grâce à ses parents. C’est pourtant seulement en 2016 qu’elle franchit le pas et participe, d'abord en participant au Caux Interns Programme et, en 2017, au Programme de Caux pour la paix et le leadership. Après une telle expérience dans la découverte de soi et des autres, impossible revenir en arrière ! Après 3 années au Comité international de la Croix-Rouge, inspirée parles rencontres faites à I&C, Charlotte décide de prendre un peu de temps pour se consacrer à elle-même et découvrir quelle sera sa prochaine aventure.
Je suis originaire du Rwanda mais je suis née et j'ai grandi en Suisse. J'ai passé mon enfance et mon adolescence dans des milieux où la diversité était absente. J'étais essentiellement en contact avec la culture suisse à l'extérieur de chez moi, et avec la culture rwandaise à la maison. Cela m’a donné l’impression qu’il n’existait rien d’autre en dehors de cela surtout que je n’avais pas vraiment d’autre option que de choisir entre l’une ou l’autre de ces cultures.
Or ces deux cultures sont très différentes voire même contradictoires sur certains aspects. Et pour quelqu’un qui, comme moi, était en train d’essayer de se construire et de trouver sa propre identité, c’était parfois vraiment perturbant. La seule solution que je croyais avoir à l’époque était de choisir entre ces deux cultures, choisir celle qui serait « la meilleure » et allait représenter, pour moi, « la vérité ». Mais en faisant cela je délaissais une partie de moi-même. Et même si je ressentais très bien que cette solution ne me convenais pas totalement, je n’en voyais pas d’autre à ce moment-là.
Cet exercice m’a fait prendre conscience que je n’avais pas à choisir entre les deux cultures qui me constituaient,..., que cette dualité ne constituait pas un fardeau mais bien une richesse et que j’avais de la chance de pouvoir prendre le meilleur de ces deux cultures.
Après avoir grandi dans un environnement culturellement dichotomique autant dire que mon expérience à Caux fut marquante mais surtout enrichissante. Elle m’a donné l’occasion de remettre en question et en perspective mon interprétation de la culture. C’était la première fois que je me trouvais entourée de personne de tout âge, venant du monde entier et chacun-e avec son histoire propre et sa raison d’être là. Je me souviens tout particulièrement d’un exercice lors d’une après-midi avec les participant-e-s du CPLP. Il s’appelait « Map of the World ». Cet exercice avait pour but de démontrer que rien n’était tout blanc ou tout noir, que la perspective que l’on avait sur une chose était influencée par beaucoup d’informations et que la culture dans laquelle on grandissait en était l’une d’elles. Cet exercice m’a fait prendre conscience que je n’avais pas à choisir entre les deux cultures qui me constituaient, qu’aucune d’elles ne détenait vérité absolue, que cette dualité ne constituait pas un fardeau mais bien une richesse et que j’avais de la chance de pouvoir prendre le meilleur de ces deux cultures.
Toutes les cultures que j’ai pu côtoyer et apprendre à mieux connaître associées aux outils acquis lors des ateliers du Caux Interns Programme et du CPLP m’ont aidé à accepter ces différences qui cohabitaient en moi et qu’il n’y avait rien qui soit vraiment juste ou faux mais, que tout était une question de perspective. C’est en prenant conscience de cela que je peux bâtir ma propre culture / philosophie de vie / identité, en combinant les belles choses que j’observe dans les différentes cultures qui m’entourent.
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Les conversations en ligne du Programme de Caux pour la paix et le leadership, les « CPLP Talks », offrent un espace en ligne privilégié où l'on partage des histoires et où se créent des liens. Cette série de conversations en anglais a vu le jour grâce aux alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP). Ces discussions, loin d’être à sens unique, sont l'occasion d'écouter de jeunes leaders du monde entier, de s'inspirer et de s'engager.
Les CPLP Talks auront lieu sur Zoom. Si vous souhaitez participer à la conversation de suivi en ligne qui aura lieu le samedi 13 mars 2021 à 14h00 CET (13:00 GMT) avec les alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership, vous pouvez vous inscrire ici:
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75 ans de récits
Alors que nous lançons une série de 75 histoires, célébrant le 75e anniversaire d'Initiatives et Changement à Caux, Yara Zgheib du Liban réfléchit sur cet endroit spécial qui a changé la vie de nombreuses personnes du monde entier:
75e anniversaire d'Initiatives et Changement à Caux
Le combat de Maria pour mettre fin au suicide à Manizales
Par Elodie Malbois
18/02/2021
Maria del Pilar était l'un des « livres humains » de la conférence en ligne Leadership créatif qui a eu lieu en juillet 2020. Elle est une ancienne participante du Programme de Caux pour la Paix et le Leadership et a pris part au programme « Mandela Mile » de 2020. Elle raconté sa passion pour le leadership et sa lutte contre le suicide dans sa ville natale de Manizales en Colombie à Elodie Malbois.
Il y a deux ans, Maria del Pilar sortit danser avec une de ses amies, Laura, « la personne la plus drôle » qu'elle connaissait. Deux semaines plus tard, Laura se donna la mort. Maria ne comprenait pas comment une personne aussi jeune et pleine de vie pouvait vouloir mettre fin à ses jours. Elle fut horrifiée lorsque des ami-e-s qui la soutenaient dans son deuil lui confièrent qu'ils et elles avaient eux-mêmes et elles-mêmes tenté de se suicider ou qu'ils et elles avaient même des pensées suicidaires à ce moment-là. La prise de conscience soudaine de la prévalence du suicide chez les jeunes de sa ville fut comme une douche froide pour Maria. Elle découvrit alors que Manizales avait le taux de suicide le plus élevé de Colombie, mais que rien n'était fait pour prévenir ces nombreux décès prématurés.
Beaucoup de personnes dans sa position auraient pensé qu'il n'y avait rien qu’ils et elles puissent faire pour prévenir le suicide des jeunes dans leur ville, mais pas Maria. Elle se souvient d'un atelier auquel elle avait participé après la mort de Laura. Elle fut invitée à réfléchir à ce qu'elle pouvait le plus regretter de ne pas avoir fait lorsqu’elle aurait 50 ans. « J'ai commencé à pleurer », dit-elle. « Ce que je devais faire m’apparut si clairement. Je voulais créer une entreprise pour soutenir les jeunes de ma ville qui pourraient se suicider. Je ne connaissais rien de la santé mentale. Cependant, je savais que les outils de leadership que je maitrisais bien pouvaient aider les jeunes. »
Maria ne se voyait pas ne rien faire. Elle fit le bilan de ce qu'elle avait pour aider : dix ans de bénévolat auprès des jeunes et la participation à d’innombrables ateliers de leadership. Les outils qu'elle y avait appris avaient transformé non seulement sa propre vie, mais aussi celle des jeunes de la maison de correction où elle travaillait alors bénévolement. « Avec les bons outils, les jeunes commencent à instaurer des changements dans leur vie et s'épanouissent, quelle que soient leur situation », dit-elle. Elle mit donc sur pied un atelier qu'elle commença à animer dans un lycée de Manizales et constata rapidement que les élèves se confiaient à elle et lui parlaient de leur vie et de leurs sentiments. « Ils et elles pouvaient s'identifier à moi parce que je suis une jeune femme. Lorsque les adolescent-e-s ont quelqu'un à qui parler chaque semaine, qui les soutient et les aide à découvrir et à développer leurs talents, alors ils commencent à s’épanouir. »
Ils et elles pouvaient s'identifier à moi parce que je suis une jeune femme. Lorsque les adolescent-e-s ont quelqu'un à qui parler chaque semaine, qui les soutient et les aide à découvrir et à développer leurs talents, alors ils commencent à s’épanouir.
Elle nomma son atelier « Académie de la vie ». Il fut rapidement identifié par l'Université de Columbia aux États-Unis comme une initiative sociale ayant un fort impact dans le monde. Maria fut alors invitée à New York pour découvrir comment améliorer ses processus, sa méthodologie et son évaluation. À son retour, elle formalisa son plan d'atelier et demanda au secrétariat de l'éducation la permission officielle de mener 12 ateliers en un semestre dans l'école de la ville ayant le taux de suicide le plus élevé. À la fin du semestre, elle put constater que ses ateliers avaient permis de réduire les tendances suicidaires de 91 %.
Enthousiasmée par ce succès, elle décida de développer son initiative. Elle est aujourd’hui entourée d’une équipe de dix bénévoles. Elle est pour l’instant la seule rémunérée, mais elle prévoit de faire de son académie une entreprise sociale entièrement durable dans les prochaines années et de pouvoir offrir ses ateliers de leadership à l'ensemble des 35 000 étudiants de sa Manizales. Suite à la pandémie COVID-19, son équipe a également mis les ateliers en ligne et espère que d'ici l'année prochaine, ils seront disponibles à toute personne parlant espagnol ou anglais.
En plus de l’Académie de la vie, Maria a développé une nouvelle initiative, « Salvemos Vidas » (« Sauver des vies »), avec le soutien du coach et de son camarade de soutien du programme Mandela Mile. Au printemps 2020, elle a lancé un appel à volontaires à travers une campagne sur les réseaux sociaux auquel plus de 100 personnes ont répondu. Ces volontaires ont été formé-e-s à l'écoute active et au soutien des personnes ayant des tendances suicidaires. Ces bénévoles appellent désormais tous les quinze jours les élèves des deux lycées présentant les taux de suicide les plus élevés pour prendre des nouvelles et les soutenir. Si un ou une bénévole constate qu'un ou une élève est à risque, il ou elle commence à le voir plus souvent ; si le risque est élevé, la famille est informée, afin que l'élève puisse bénéficier d’un suivi psychologique. Si ce projet pilote est un succès, ils espèrent pouvoir l'étendre à tous les lycées de la ville.
La but de Maria à long terme est de pouvoir réunir l'Académie de la vie et Salvemos Vidas pour parvenir à mettre fin au suicide à Manizales. En attendant, elle se rendra au Royaume-Uni pour des études de commerce. Elle entend proposer le programme de l’Académie de la vie à Londres, où le taux de suicide est également élevé. De plus, chaque école britannique qui paiera pour l'atelier soutiendra également une école secondaire de Manizales.
Je n'ai plus peur. Je vois les défis comme des opportunités pour aller de l'avant.
Au début, Maria ne connaissait rien à l'entrepreneuriat social, mais elle ne s'est pas laissé abattre pour autant. « Quand vous lancez une entreprise, vous vous retrouvez face à beaucoup de craintes, mais j'ai aussi beaucoup d'ami-e-s. Je confronte mes craintes avec mes amis qui me donne le soutien dont j’ai besoin. Quand vous essayez de changer le monde, vous avez vraiment besoin de votre équipe de soutien. » Rien ne peut désormais l'arrêter : « Je n'ai plus peur. Je vois les défis comme des opportunités pour aller de l'avant. Je sais qu'il y aura beaucoup de défis. Mais je me réjouis de les relever. »
Manifestement, les ateliers de leadership auxquels Maria a participé ont été efficaces : sa passion et sa confiance sont palpables. Elle explique : « Le leadership est un engagement que l’on prend envers soi-même de mieux se connaître chaque jour, d’accueillir tout ce que l'on est et de trouver la force d'être tout cela et de servir le monde. Cela vous donne confiance en vous. Et lorsque ce n’est pas le cas, le leadership vous donne les outils qui vous permettront de retrouver la confiance en vous afin que vous puissiez partager votre superpouvoir avec le monde entier. » Son superpouvoir à elle, c'est son extraordinaire quantité d'énergie. Elle dit la gérer avec soin, en se concentrant sur les activités et les personnes qui l'alimentent plutôt que celles qui la drainent.
Si vous ne savez pas quel est votre superpouvoir, voici ce qu’elle vous conseille : « D'abord, vous devez croire que vous avez bel et bien un superpouvoir. Commencez par faire davantage de choses que vous aimez ou celles que vous appréciiez quand vous étiez enfant. Cela vous guidera vers votre passion. Vous pourrez ensuite l'utiliser pour servir le monde. Je suis une grande rêveuse et je vois les choses en grand, mais si vous préférez, vous pouvez commencer par de petits pas. Commencez par aider votre famille, votre quartier, votre ville. Il suffit d'une personne pour commencer à changer le monde. Croyez en votre superpouvoir et allez le partager avec le monde. »
Photos: Maria del Pilar
A vous de trouver votre propre style de leadership
Par Elodie Malbois
18/02/2021
C’est lors de sa participation au Caux Interns Programme (aujourd'hui connu comme le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2016 que Maria Paula Garcia Romero a eu l’idée de créer une bibliothèque dans une communauté isolée de Colombie, son pays d’origine. Elle confie à Elodie Malbois ce que cette expérience lui a appris sur le leadership.
« Avant de me rendre à Caux, je pensais que ma vie était tout ce qu’il y a de plus normal et que c’était bien ainsi, » a-t-elle confié. « Caux a rompu la monotonie. J'ai réalisé que je pouvais m’engager et agir pour un monde meilleur. »
De retour chez elle, Maria Paula Garcia Romero savait qu'elle voulait faire quelque chose. Peu à peu, l'idée est née de créer une bibliothèque à La Guajira et rendre ainsi l'éducation plus accessible aux habitant-e-s de cette communauté isolée du nord de la Colombie. Au cours de ce projet, elle a pu appliquer ce qu'elle avait appris à Caux sur le leadership créatif, qui consiste non pas à avoir de l’emprise sur les autres, mais au contraire à établir des liens avec les autres, à les respecter, à respecter leurs idées et à mettre à profit leurs talents. Maria Paula Garcia Romero a co-créé le projet avec la communauté locale, s'assurant ainsi que ses valeurs et sa culture soient respectées et que le projet puisse être mené de manière autonome. Elle a également eu l’idée d’impliquer famille et ami-e-s.
Aujourd'hui, ce sont environ 35 personnes qui participent à ce projet. Des responsabilités spécifiques ont été confiées à chacune d’entre elles en fonction de leurs compétences et talents. Avant le lancement du projet, plus de 60 % des enfants de la communauté étaient analphabètes. Trois ans plus tard, tous les enfants de la communauté savent désormais lire et écrire, aussi bien en espagnol que dans la langue de leur communauté, le wayuunaiki. Dans le cadre du projet, une série de livres a été créé avec des histoires écrites par les enfants dans les deux langues. Les efforts de ces enfants ont été récompensés. En effet, grâce à ces livres, ils ont réussi à faire connaître leur propre culture. Maria espère pouvoir reproduire ce projet dans d'autres communautés.
Si vous reprenez le modèle de leadership de quelqu'un d'autre, cela ne marchera pas. Vous devez trouver celui qui vous convient et qui correspond à la situation en mettant vos compétences au cœur de ce leadership.
Maria explique à toutes les personnes désireuses de s’engager pour devenir actrices du changement qu’il est important, en premier lieu de se fixer un objectif en identifiant ce dont une communauté a le plus besoin. « Cela vous permettra de vous fixer un objectif. Ensuite, vient l’élaboration d’un plan réaliste : Que voulez-vous faire ? Comment allez-vous impliquer la communauté ? Comment obtiendrez-vous les ressources nécessaires à la réalisation du projet ? Pour cela, vous aurez besoin de soutien. Identifiez les personnes qui ont des talents que vous n'avez pas et co-créez le projet avec ces dernières et la communauté, » ajoute-t-elle.
« N'ayez pas peur de créer un projet. Imaginez ces projets comme des passerelles d'opportunités afin que les personnes que vous touchez deviennent à leur tour acteurs et actrices du changement. Plus important encore, vous devez créer votre propre modèle de leadership. Nous sommes toutes et tous différent-e-s. Si vous reprenez le modèle de leadership de quelqu'un d'autre, cela ne marchera pas. Vous devez trouver celui qui vous convient et qui correspond à la situation en mettant vos compétences au cœur de ce leadership. ». Puis elle conclut : « Soyez cohérent dans votre travail et tenez vos engagements. »
Photos: Maria Paula Garcia Romero
Vidéo: Biblioteca Suuralairua - Comunidad Wayuú