

1960 - Cyprus: « L'espoir ne meurt jamais »
Par Andrew Stallybrass
06/05/2021
Rares sont les problèmes dans le monde qui n'ont pas trouvé un écho dans les conférences et les rencontres organisées à Caux depuis 1946. En 1960, Chypre a obtenu son indépendance, après plusieurs années de conflits parfois violents entre ses communautés grecque et turque et ses dirigeants britanniques. Le premier drapeau de la nouvelle république à être arboré officiellement à l'étranger fut envoyé à Caux par le président, l'archevêque Makarios, et hissé le jour de l'indépendance, le 16 août.

Ce cadeau était un hommage au travail discret de personnes du Réarmement moral (RAM, aujourd'hui Initiatives et Changement) qui avaient agi dans les coulisses des négociations entre la Grande-Bretagne et les différentes parties du conflit : la majorité chypriote grecque, dont la plupart voulait l'enosis (union avec la Grèce) ; la minorité turque qui voulait une partition de l'île pour garantir ses droits, et bien sûr la Grèce et la Turquie.

soldats britanniques en arrière-plan
En 1954, l'archevêque Makarios, qui était à la fois le leader religieux et politique de la communauté grecque, avait séjourné dans le centre londonien du RAM, avant d'être envoyé en exil par les Britanniques deux ans plus tard.
Un grand éditeur et journaliste turc, Ahmet Emin Yalman, s'était rendu à Caux en 1946 et avait utilisé sa plume pour tenter de rapprocher les communautés. En 1958, Yalman écrit dans un article largement diffusé dans les médias grecs : « Chypre n'est pas censée être un point de division. Elle est destinée à être le pont de la compréhension ». Les connexions facilitées par le RAM ont joué un rôle dans l'accord de compromis signé à Londres en mars 1959 par Makarios, qui sera élu président en 1960.
En 1959, deux suisses engagés dans le travail du RAM se marient et, au début de 1960, quittent Caux dans un minibus pour soutenir le travail croissant du RAM à Chypre. Marcel et Theri Grandy avaient prévu de rester à Chypre pendant trois mois, mais, comme Marcel l'a écrit plus tard, ils y sont restés pendant « trois décennies extraordinaires ». Au fil des ans, ils ont effectué d'innombrables visites en Grèce, en Turquie et au Liban, projeté des films du RAM, accueilli des groupes de visiteurs avec des pièces de théâtre et des comédies musicales, et organisé la visite de délégations à Caux.
Ce que nous ne savions pas alors, c'est que trois mois à Chypre allaient devenir trois décennies extraordinaires.

« Theri et moi sommes arrivés dans un pays en pleine ébullition », écrit Marcel. Dans cet environnement, écrit Theri, ils ont dû s'adapter à « la vie de couple, à une toute nouvelle culture méditerranéenne, à un emploi du temps extrêmement chargé, bien que non planifié, et à la vie dans une petite communauté du RAM composée de jeunes gens assez fougueux ». Chaque jour, des Chypriotes venaient chez eux avec des cadeaux : des oranges, des pommes de terre, du céleri, des invitations dans leurs maisons et leurs villages, des offres de promenades en voiture et même un poulet vivant. Nombreux étaient ceux des deux communautés qui espéraient guérir les blessures de leur île.

Après l'indépendance, les tensions communautaires ont persisté, malgré de nombreux efforts pour rétablir la confiance. En 1974 a lieu un coup d'État contre Makarios, mené par des partisans du régime militaire grec de droite qui souhaitaient une union avec la Grèce. Cela provoque une invasion de la Turquie et une division de facto de Chypre. Environ un tiers de ses habitants sont devenus des réfugiés dans leur propre pays.

Au cours des années qui ont suivi, les Chypriotes ont continué à œuvrer pour faire tomber les barrières, instaurer la confiance et lutter contre la corruption. L'un d'entre eux est Spiros Stephou, qui s'est rendu pour la première fois à Caux en décembre 1960, alors qu'il était un jeune fonctionnaire des douanes dans le port de Famagouste.

Il avait été membre du mouvement de guérilla grec, l'EOKA, dans les années 1950, posant des bombes dans le port dans le but de chasser les Britanniques de Chypre. Sa femme, Maroulla, travaillait avec lui, mais se désespérait de ses jeux d'argent et de sa consommation d'alcool.
À Caux, Spiros semblait plus intéressé par le bar situé près du centre de conférence que par les réunions. Mais dans l'avion du retour, il prend conscience de la situation : « Si je continue ma vie chaotique, je vais détruire non seulement ma vie mais aussi celle de mon île ».
Au cours des mois suivants, il établit une nouvelle relation avec Maroulla, parle à son patron des marchandises qu'il avait volées à la douane et rembourse petit à petit ses dettes. Il se fait connaître pour sa prise de position contre la corruption et termine sa carrière comme directeur adjoint des douanes.
Si je continue ma vie chaotique, je vais détruire non seulement ma vie mais aussi celle de mon île.

La division de Chypre se poursuit aujourd'hui, malgré les efforts infructueux des Nations Unies et d'autres organisations pour apporter une solution durable. Après sa dernière visite à Chypre, trois ans avant sa mort en 2006, Marcel écrivait : « La situation à Chypre est loin d'être prometteuse. Pourtant, en parlant et en renouant nos amitiés, de nouvelles lueurs d'espoir sont apparues. Nous savons combien il est difficile, dans une situation politique stagnante, de garder l'espoir et la foi. Mais, comme nous le savons nous-mêmes, et comme tant de nos amis l'ont expérimenté, avec un changement de motivation et de direction dans la vie d'une personne, l'espoir ne meurt jamais ».
Marcel et Theri Grandy ont quitté Chypre après que Marcel ait été appelé à devenir président d'Initiatives et Changement Suisse. Il a occupé ce poste pendant dix ans, de 1989 à 1999.
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Regardez la vidéo de nos archives de la célébration du jour de l'indépendance de Chypre à Caux, 1960
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Vidéo Cyprus Independance Day at Caux: Initiatives et Changement
- Cyprus 1959-1960: An unfinished story, Daniel Dommel, Caux Books, 1998
- Photos et citations: Hope never dies: the Grandy story, Virginia Wigan, Caux Books, 2005
- Relecture: Claire Fiaux-Martin
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1961 - Patrick Colquhoun: Cette semaine qui a changé ma vie
Par Michael Smith
06/05/2021Patrick Colquhoun arrive à Caux le 7 août 1961, après avoir terminé ses études à Oxford. « Les articles sur le Réarmement moral (aujourd'hui Initiatives et Changement) qu'un ami m'avait envoyés au cours des trois années précédentes finissaient invariablement à la poubelle, » raconte-t-il. « Mais au cours de mon dernier trimestre, j'ai réalisé que les critères d'honnêteté, de pureté, de désintéressement et d'amour du RAM faisaient partie intégrante de la politique, de la philosophie et de l'économie que j'avais étudiées ».
Son arrivée à Caux coïncide avec le jour où Frank Buchman, le fondateur du RAM meurt à Freudenstadt, en Allemagne.
Le message de Buchman était simple : « Si vous voulez changer le monde, commencez par vous-même ». Patrick se souvient : « Tout le monde parlait de cet homme que je n'aimais pas, parce que je savais que, si ses idées s'avéraient justes, ma manière de vivre devrait changer ».
Je savais que, si ses idées s'avéraient justes, ma manière de vivre devrait changer.
Dans le cadre des investigations faites avant de se rendre à Caux, Patrick était allé voir Sir Richard Jackson, commissaire adjoint de la police métropolitaine et président d'Interpol. Ce dernier lui avait conseillé de « s'en tenir aux faits, de voir s'ils sont efficaces et s'ils vivent ce dont ils parlent ».
Patrick raconte: « Par conséquent, de nombreuses personnes que j'ai rencontrées à Caux ont reçu le troisième degré de ma part et se sont demandées pourquoi j'étais si négatif. Mais cette semaine-là a changé ma vie. J'y ai rencontré un homme politique britannique qui m'a suggéré de donner ma vie à Dieu, ce que j'ai fait » .
Patrick a prolongé son séjour à Caux pour se joindre à un train spécial qui emmenait les participants à la conférence au service funéraire de Buchman à Freudenstadt en Allemagne.
« Pendant ce voyage, deux choses mémorables se sont produites. Un jeune Ghanéen assis à côté de moi a expliqué, à propos de la recherche de la direction de Dieu, pourquoi il était important d'être au bon endroit au bon moment. Je me souviens aussi très bien du sourire de la jeune femme qui servait des rafraîchissements. Je ne la connaissais pas, mais 10 ans plus tard, Frances Cameron est devenue mon épouse ».
Ainsi, bien que surpris par la direction que prenait ma vie, ils savaient qu'ils pouvaient me faire confiance.
Patrick raconte: « De retour chez moi, je me suis excusé auprès d'un frère que j'avais toujours maltraité. J'ai été honnête avec mes parents sur des aspects de ma vie qui leur avaient été cachés jusque-là. Cela a confirmé certaines de leurs craintes et en a soulagé d'autres. Ainsi, bien que surpris par la direction que prenait ma vie, ils savaient qu'ils pouvaient me faire confiance. »

Depuis lors, Patrick a consacré sa vie à des activités caritatives à plein temps. En 1980, avec quelques collègues du RAM, il a fondé l'Anglo-Nordic Productions Trust, pour réaliser One Word of Truth, un film basé sur la conférence non prononcée du prix Nobel de littérature 1970 du dissident russe Alexandre Soljenitsyne. Le film met en lumière les valeurs morales et spirituelles essentielles à la liberté. Disponible en 17 langues, il est utilisé notamment dans l'enseignement.
En 1990, après la chute du rideau de fer, Patrick a fondé Medical Support in Romania pour travailler avec les Roumains à la réforme des soins de santé de leur pays, en pilotant des changements au grand hôpital du comté de Salaj à Zalau. L'organisation caritative a permis à 268 médecins britanniques de se rendre à l'hôpital, à leurs propres frais, pour livrer du matériel médical et former le personnel : 514 voyages au total. Le personnel de Zalau a effectué 106 visites de formation au Royaume-Uni.

L'équipe de Patrick a pris fermement position contre la corruption dans les soins de santé, courante dans tous les anciens pays communistes à l'époque.
En 1998, il a été fait citoyen d'honneur de Zalau et en 2010, il a été décoré par le Prince Charles. Il a effectué sa 80e visite en Roumanie en 2019, année de ses 80 ans.
Regardez le film One Word of Truth sur le discours du prix Nobel de littérature non prononcée par Alexandre Soljenitsyne en 1970
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- Photos Solzhenitsyn, Romania, en haut: Patrick Colquhoun
- Photo F. Buchman: Initiatives et Changement
- Photo service funéraire: Arthur Strong
- Video One Word of Truth: Solzhenitsyn Centre (sur Youtube)
- Relecture: Claire Martin-Fiaux
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Diana Topan
Diana Topan travaille avec diverses ONG au niveau international depuis 2012, après avoir acquis de l'expérience en tant que cheffe de projet aux Pays-Bas et en Roumanie ainsi qu'en tant que responsable des médias sociaux en freelance avec des clients en Europe, au Moyen-Orient et aux États-Unis. Elle a étudié la psychologie et est passionnée par la photographie et les arts numériques.


1959 – Lennart Segerstråle: « L'art doit représenter un danger pour le mal »
Par Mary Lean
04/05/2021

En 1959, une vaste fresque - Au fil de la vie - est dévoilée sur le mur de la salle à manger du Caux Palace. Son créateur, l'artiste finlandais Lennart Segerstråle, a choisi l'image universelle de l'eau pour représenter sa vision de Caux : un lieu où les gens viennent à la source pour étancher leur soif intérieure, puis apportent l'eau de la vie à un monde assoiffé. Au centre, un personnage sombre se penche pour voir son reflet dans le puits et se relève, transformé, rayonnant de vie.
Alors âgé de 68 ans, Lennart Segerstråle était le peintre animalier le plus célèbre de Finlande, connu pour ses fresques et ses peintures murales monumentales. La Galerie nationale finlandaise, qui possède 105 de ses œuvres, décrit la « juxtaposition du bien et du mal » comme un thème central. « Les œuvres de Segerstråle traitent de nombreuses questions morales de l'après-guerre, comme les problèmes des pays en développement, les conflits raciaux et les questions environnementales », peut-on lire sur son site web. Segerstråle lui-même affirmait que « l'art du futur doit représenter un danger pour le mal ».

Juste avant la Seconde Guerre mondiale, Segerstråle avait pris part à une conférence du Réarmement Moral (aujourd'hui Initiatives et Changement) à Aulanko, en Finlande. Cette rencontre avait permis de réconcilier des personnes amèrement divisées par la guerre civile finlandaise, 20 ans auparavant. Et cette réconciliation avait contribué à la réunification du pays avant l'invasion de la Russie soviétique, survenue plus tard cette même année. Segerstråle a déclaré qu'il avait peint la fresque à Caux en remerciement de ce que le Réarmement Moral avait fait pour la Finlande.
Parmi les œuvres les plus connues de Segerstråle figurent les fresques de la Banque de Finlande à Helsinki et celles de l'église principale de Varkaus. Cette dernière, d'une superficie de 242 mètres carrés, est considérée comme la plus grande fresque de Scandinavie.
Si le travail sur une fresque est interrompu ne serait-ce que quelques heures, toute la section doit être refaite - mais il était prêt à prendre ce risque.
Un ami du Réarmement Moral, Paul Gundersen, a rendu visite à Segerstrale pendant qu'il y travaillait : « Le peintre utilisait un échafaudage posé sur des rails de chemin de fer pour se déplacer d'avant en arrière le long du mur. Il venait d'interrompre son travail et parlait à une femme, qui était venue lui demander une aide personnelle. Si le travail sur une fresque est interrompu ne serait-ce que quelques heures, toute la section doit être refaite - mais il était prêt à prendre ce risque. »

En 1970, Segerstråle a fait partie d'un groupe d'artistes représentant de nombreuses disciplines et réunis à Caux. La conférence a donné lieu à un livre, New Life for Art, auquel Segerstråle a contribué par un article. « Le fait le plus fondamental en matière d'art est que l'homme et l'art sont une seule et même personne », a-t-il déclaré. Des facteurs personnels tels que la peur des critiques ou une « ambition dévoyée » peuvent miner la créativité : « Je peux avoir de nombreux ennemis intérieurs qui abîment mon travail ».
Le fait le plus fondamental en matière d'art est que l'homme et l'art sont une seule et même personne.
Pour illustrer cela, il a donné l'exemple d'un travail où il collaborait avec une assistante sur une fresque d'église. « Un jour que nous faisions des essais de couleurs pour la prochaine surface et que nous en avions fait chacun quelques-uns et les avions comparés, j'ai tout de suite vu que les couleurs de ma collègue étaient meilleures que les miennes, mais j'ai décidé que nous devions continuer avec mon choix. Ma collègue a acquiescé en silence. Mais il n'y avait plus de joie dans tout cela. Le travail d'équipe n'était pas fluide. Le résultat s'est visiblement aggravé ». Le troisième jour, il a finalement avoué sa jalousie à sa collègue, s'est excusé et a demandé à leur maçon horrifié de refaire le mur pour qu'ils puissent recommencer.

En tant que chrétien, Segerstale considérait son art, quel que soit le thème, comme une expression de sa relation avec Dieu. Il était généreux dans son soutien au Réarmement Moral, offrant les honoraires d'une de ses commandes - près de la moitié du revenu d'une année - pour le doublage du film Freedom en swahili. Gundersen maintient que sa loyauté envers le Réarmement Moral, à une époque controversée, lui a coûté une récompense présidentielle.
« On peut comprendre que certains proches de Lennart aient eu l'impression que son engagement chrétien occupait trop de son temps », écrit Gundersen. « Lennart m'a dit un jour que ces critiques ne saisissaient pas ce qui était la source la plus profonde de son inspiration ».
Cette source est également le centre de sa fresque à Caux.
Au fil des ans, des artistes de toutes disciplines ont été inspirés par le concept de Lennart Segerstråle d' "art dangereux pour le mal". Nombre d'entre eux et elles se préparent à célébrer cette année les 75 ans de rencontres de Caux. Une série d'événements artistiques sera lancée avec un événement en ligne le 29 mai. Restez connecté-e-s et surveillez cet espace pour une variété de performances, de présentations artistiques et d'ateliers tout au long de l'année !
L'art reflète l'esprit du temps. Il fait partie du présent, mais il est aussi tourné vers l'avenir et contribue à le façonner. Il rend compte du destin de l'humanité.
Lennart Segerstråle
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A gauche :
Au centre de la fresque, un personnage se regarde dans le miroir du puits de la vie et se voit rempli de ténèbres. Un changement s'opère dans son cœur et il se lève, rayonnant de lumière, les yeux ouverts sur un monde nouveau et une vie nouvelle. Derrière lui, cinq personnages transportent l'eau vive vers les cinq continents.

A droite :
Les antilopes au premier plan et les personnages portant des bols représentent les millions de personnes qui aspirent à atteindre le puits. Au premier plan, un Africain offre son bol d'eau à un homme blanc malade : un symbole de l'Afrique apportant la guérison à un monde occidental qui a perdu son chemin.

A gauche :
Des personnes de races et de continents différents affluent vers l'eau, tendant leurs mains en signe de réconciliation. Les enfants tiennent une palme représentant la paix.

A droite :
Les quatre serpents dans le coin inférieur droit représentent les ennemis intérieurs qui empoisonnent le cœur des gens. La mère et le père protègent leurs enfants en brandissant une lance pour les attaquer. Ils prennent ainsi position dans la bataille entre le bien et le mal, la vérité et le mensonge.
Découvrez la déscription complète des différentes scènes de la fresque.
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Incorrigibly Independent, Paul Gundersen, Caux Books, 1999
- New Life for Art, Victor Sparre Grosvenor Books, 1971
- Portrait teaser Jan Franzon
- Photo 1970 à Caux avec des amis: Lars Rengfelt
- Photo en haut, portrait, L.S. en train de peindre, devant la fresque: Initiatives of Change
- Photos 4 scènes: Cindy Bühler
- Relecture: Claire Martin-Fiaux
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2009: Rajmohan Gandhi – Des ponts entre l'Inde et le Pakistan
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...

2008 : Apprendre à être un artisan de paix - « Une révélation pour le monde »
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1958 - Angela Elliott: À l'école à Caux
24/04/2021
Les années 1950 et 1960 ont été une période d'expansion pour le Réarmement moral (aujourd'hui Initiatives et Changement), avec des équipes de personnes travaillant dans le monde entier pour la réconciliation et la paix au lendemain de la Seconde Guerre mondiale. Des pièces de théâtre et des spectacles musicaux ont fait le tour du monde et des centres de conférence ont été créés en Amérique latine, en Inde, au Japon et dans plusieurs pays d'Afrique (voir Notre histoire).
Parmi les personnes travaillant à plein temps pour le Réarmement moral (RAM) se trouvaient des couples avec de jeunes enfants. Une école a été ouverte à Caux pour permettre aux parents de voyager lorsque cela était nécessaire - parfois sur d'autres continents - et pour offrir aux enfants une stabilité et une éducation. À une époque où les voyages en avion étaient chers et rares, de nombreux enfants ne voyaient pas leurs parents pendant des mois, voire des années.
C'était un grand sacrifice pour les parents comme pour les enfants. Si certains enfants ont gardé de bons souvenirs de leur passage à l'école de Caux, pour d'autres, ce fut une période très difficile.
Mary Lean et Elisabeth Peters écrivent :

Angela Cook (plus tard Elliott) est arrivée à Caux en 1958, à l'âge de quatre ans. Elle y a passé les cinq années suivantes, tandis que ses parents travaillaient avec le MRA en Allemagne, en Asie et aux Etats-Unis. Elle fait partie des quelques 40 enfants qui ont vécu à Caux à différents moments entre 1955 et 1965, et qui ont fréquenté une petite école dans un chalet situé à la montagne, à proximité du centre de conférence.
Pour Angela, cette séparation a été facilitée par les « soins tout à fait satisfaisants » prodigués par la jeune Anglaise qui s'occupait d'elle, Jill Dunn (plus tard Loughman). Pour d'autres, cette séparation était presque insupportable.


Qu'est-ce qui pourrait inciter une mère ou un père à laisser un jeune enfant pendant une période aussi longue ?
Une partie de la réponse réside dans l'urgence de la tâche qu'ils voyaient devant eux. La plupart des parents pouvaient se souvenir de deux guerres mondiales, et la crainte d'une troisième était réelle.
La mère d'Angela lui a dit des années plus tard qu'elle avait cru que leur travail pouvait contribuer à éviter une autre guerre : une motivation puissante pour quelqu'un qui avait grandi dans l'Allemagne d'Hitler.
La mère d'Angela lui a dit des années plus tard qu'elle avait cru que leur travail pouvait contribuer à éviter une autre guerre.
Les travaux de John Bowlby sur les dangers psychologiques de la séparation des jeunes enfants d'avec leur mère commençaient tout juste à être connus à cette époque, et il est peu probable que les parents - ou les enseignants ou ceux qui prenaient soin des enfants, tous volontaires - en aient eu connaissance. Les parents pensaient qu'ils laissaient leurs enfants dans un endroit sûr, où ils recevraient une bonne éducation et que c'était eux qui faisait un sacrifice, pas les enfants.

Et la plupart des souvenirs d'Angela sont ensoleillés : la cueillette de narcisses sauvages au printemps, les randonnées et les pique-niques en été, s'endormir au son des cloches de vaches, descendre en luge une route de montagne sinueuse près de l'école, survoler à ski un paysage étincelant de blancheur. A cette période, les conférences se tenaient toute l'année, et les interactions avec des personnes du monde entier ont ouvert aux enfants de larges horizons.
Enfant, je n'ai jamais remis en question le rythme de ces journées. Ce n'est que plus tard que j'ai commencé à comprendre le coût de nos longues séparations, pour moi et mes parents.
« Enfant, je n'ai jamais remis en question le rythme de ces journées », dit Angela. « Je ne connaissais rien à quoi les comparer. Ce n'est que plus tard que j'ai commencé à comprendre le coût de nos longues séparations, pour moi et mes parents ».


D'autres enfants ont eu moins de chance. L'absence de leurs parents, les changements fréquents parmi ceux qui prenaient soin d'eux et les exigences de la vie dans un centre de conférence très fréquenté ont jeté une ombre sur leur enfance et leur vie d'adulte. Les frontières entre la maison et l'école étaient floues, et ils n'avaient pas la possibilité de rentrer chez eux vers quelqu'un pour qui ils auraient compté plus que quiconque.
Lorsque Marion Porteous (née Manson) a visité Caux en 2006 avec son mari et ses filles adultes, elle a écrit dans le livre d'or : « Malgré ce merveilleux travail de réconciliation, les enfants ont souffert. Peut-être notre histoire sera-t-elle entendue un jour ».
En 2009, Caux Books a répondu à cette demande en publiant Stories of the Caux School 1955-65, dans lequel des enfants, des membre du personnel et des éducateurs partagent les souvenirs, à la fois joyeux et douloureux, de ces années passées à Caux.
En savoir plus sur l'école à Caux.
_____________________________________________________________
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos: Stories of the Caux School 1955-65, Caux Books, 2009
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1957 - Jessie Bond: «J'ai vu sa grandeur»
Par John Bond
18/04/2021
Pendant la Seconde Guerre mondiale, mon père a servi dans des endroits difficiles - derrière les lignes ennemies en Birmanie, puis au milieu des conflits violents au Waziristan, ce qui était alors la frontière entre l'Inde et l'Afghanistan. C'était des expériences très dures pour un jeune homme sensible qui venait de sortir de l'université et il en a payé le prix. Son tempérament explosif, au cours des années qui ont suivi, était probablement un symptôme de ce que nous appelons aujourd'hui le syndrome de stress post-traumatique.


Ma mère a trouvé cette situation difficile à supporter. Médecin de formation, elle avait été enrôlée dans l'armée et envoyée en Inde. Elle y a rencontré mon père et ils se sont mariés à la fin de la guerre. En 1957, luttant pour faire face à quatre enfants à élever et aux fréquents accès de colère de son mari, elle envisageait sérieusement de le quitter. Cette année-là, ils se sont rendus à Caux.
Une conférence battait son plein, et ils ont vécu toute cette expérience, même si ma mère était toujours aux prises avec son désespoir. Un matin, elle était dans leur chambre, prenant le temps de se recueillir. Mon père était sur le balcon, regardant le lac Léman. Ils pouvaient entendre un participant musulman faire ses prières dans une pièce voisine. Peut-être que cela leur rappelait les moments heureux de leurs fiançailles et de leur mariage dans ce qui est maintenant le Pakistan.
Je l'ai vu dans toute sa grandeur, et j'ai su que je ne le quitterais jamais.
Quoi qu'il en soit, lorsque mon père est revenu dans la pièce, ma mère m'a dit qu'elle le voyait soudainement sous un jour nouveau. Alors qu'elle avait été préoccupée par ses défauts, maintenant - comme elle l'a décrit: « Je l'ai vu dans toute sa grandeur, et j'ai su que je ne le quitterais jamais ».
Elle a appris à ne pas laisser ses explosions la déprimer. Et il y en eu moins, car mon père avait découvert une nouvelle paix du cœur. Le résultat fut une plus grande harmonie dans notre foyer. Cela m'a beaucoup impressionné, à l'âge de sept ans.
Au cours des années suivantes, mon père, toujours officier dans l'armée, a eu sa part de missions stressantes et dangereuses. Mais il les a affrontées différemment. Sa foi chrétienne était réelle pour lui, et son amour pour ma mère, et réciproquement le sien pour lui, était inébranlable. Cela a probablement été un facteur considérable dans ma décision, en tant que jeune homme, de me consacrer au travail du Réarmement moral (aujourd'hui Initiatives et Changement). Je savais de première main que les blessures de l'esprit pouvaient être guéries.

Je doute que j'aurais pu y faire face si je n'avais pas vu mes parents s'en sortir
Dans mon travail, j'ai pris part à de nombreuses initiatives qui ont contribué à réconcilier des communautés en conflit et à faire progresser la justice sociale. Rien de tout cela n'a été facile. J'ai dû faire face à des revers et à des défis de toutes sortes, parfois à des événements traumatisants.
Je doute que j'aurais pu y faire face si je n'avais pas vu mes parents s'en sortir. Pendant leur vie de couple, ils ont travaillé dans dix pays sur quatre continents. Ils ont affronté les difficultés, le danger et la maladie, mais n'ont jamais perdu leur joie de vivre, ni leur esprit d'appréciation qui leur a permis de nouer des amitiés chaleureuses par-delà les différences culturelles.
Caux a joué un rôle dans tout cela, et j'en serai toujours reconnaissant.

John Bond est le secrétaire d'Initiatives et Changement International. Il vit à Oxford, en Angleterre, et a travaillé avec Initiatives et Changement dans plus de 30 pays. Pendant cinq ans, il a coordonné le Forum de Caux pour la sécurité humaine. Auparavant, il était le secrétaire du comité australien du National Sorry Day, qui a mobilisé un million d'Australien-en-s dans des initiatives visant à surmonter le préjudice causé aux Australien-en-s aborigènes par des politiques passées cruelles et malavisées. Pour cela, il a été décoré de la médaille de l'Ordre d'Australie. Son dernier livre, Sorry and Beyond, coécrit avec le leader aborigène Brian Butler, raconte l'histoire de cette campagne.
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Photos: John Bond
- Relecture: Claire Martin-Fiaux
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Une question me hantait : « Suis-je en sécurité ? »
16/04/2021
Temantungwa Ndlangamandla est née au Swaziland mais vit actuellement à Taïwan. En 2017 elle participe au Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) qu'elle décrit comme une expérience qui a changé sa vie. Elle aime les discussions sur la place des femmes dans les sociétés, la culture, la langue et comment ces dernières façonnent les sociétés. Elle nous partage son histoire :
Je ne me suis jamais sentie en sécurité en tant que femme dans la société dans laquelle je vivais. Dans ma culture il existe la tradition suivante : un garçon suit la fille sur laquelle il a jeté son dévolu jusque chez elle en lui déclarant son amour. Il s'agit d'une coutume ancienne selon laquelle un homme gagne l'amour d'une femme en l'épuisant. Pour la femme, il s’agit là souvent d’une expérience éprouvante et effrayante. Je dis cela parce que, en tant que femme, dès qu'un homme vous suit jusque chez vous, la peur de ce qui pourrait se passer ensuite ne vous quitte plus.
Je me souviens de cette épreuve. Un garçon de mon quartier s'intéressait à moi. Je lui ai fait comprendre que ce n’était pas réciproque, mais il insistait. J'ai continué à refuser ses avances, mais il semblait sourd à ma demande. Je me suis arrêtée, je l'ai regardé dans les yeux en essayant de lui expliquer aussi calmement et poliment que possible que cela ne marcherait jamais entre lui et moi. Ma culture m'avait appris que chaque fois que je m'adressais à un homme, je devais être polie, respectueuse et faire preuve d’humilité.
Je suis rentrée chez moi, persuadée d'avoir mis fin à son fantasme. Mais à ma grande surprise, alors que je sortais faire les courses le lendemain matin, il m'a à nouveau suivie. Cela a duré trois mois. Je me sentais harcelée, mais c’est ainsi que ma culture fonctionnait. Je n’ai pas eu d’autre choix que d’en parler à mes frères. Ils m’ont ri au nez.
Je suis en colère parce que personne ne m'a écoutée, personne ne m'a prise au sérieux.
Au sein de ma communauté, je ne pouvais pas raconter tous les détails à mes frères. Je ne pouvais pas leur parler des insultes que je devais subir chaque fois que je refusais ses avances. Je n'ai pas pu leur dire qu’il avait trouvé l’adresse de mon internat, où il s’était rendu pour demander à me voir, qu’il avait mon numéro de portable et m’appelait pour me menacer. Quand enfin j'ai osé parler de tout ça, on s’est moqué de moi.
Mes frères m'ont dit qu'ils allaient s'en occuper « d’homme à homme », mais ils ne l’ont jamais fait. J'ai enduré ce harcèlement pendant un an, jusqu'à ce que garçon déménage. Je pensais avoir réussi à surmonter cette épreuve jusqu'à ce que je le revoie en ville un beau jour. J’étais paralysée. Mon corps était raide, je transpirais abondamment. J'avais l'impression que ce moment durait une éternité. Je suis restée ainsi jusqu'à ce qu'il parte. J'ai pris un autre bus pour rentrer chez moi car j'étais hébergée chez ma tante et je ne voulais pas qu'il connaisse ma nouvelle adresse. Je n'ai pas pu fermer l’œil de la nuit. Une question me hantait : « Suis-je en sécurité ? ».
J'aimerais que notre monde dispose de plus d'espaces sûrs pour les femmes et les hommes, afin de travailler ensemble à la construction de communautés au sein desquelles chacun-e puisse se sentir en sécurité.
Je suis toujours en colère lorsque le nom de ce garcon est évoqué dans une conversation. Je suis en colère parce que personne ne m'a écoutée, personne ne m'a prise au sérieux. On aurait dit que personne ne se souciait de ma sécurité, et je pense à toutes les femmes qui ressentent la même chose.
Ce n'est que lorsque je suis allée à Caux que j'ai trouvé les mots. J'ai découvert comment m'élever contre ces traditions injustes et créer des espaces sûrs pour que les femmes puissent parler des problèmes culturels qui les touchent. Grâce au travail de réflexion et aux dialogues à cœur ouvert, j'ai découvert qu'il existait pour les hommes et les femmes des possibilités d'aborder les stéréotypes culturels qui les affectent.
J'aimerais que notre monde dispose de plus d'espaces sûrs pour les femmes et les hommes, afin de travailler ensemble à la construction de communautés au sein desquelles chacun-e puisse se sentir en sécurité.
Vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet ? Découvrez une conversation entre hommes autour de la dynamique des genres et de la sécurité.
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Les conversations en ligne du Programme de Caux pour la paix et le leadership, les « CPLP Talks », offrent un espace en ligne privilégié où l'on partage des histoires et où se créent des liens. Cette série de conversations en anglais a vu le jour grâce aux alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP). Ces discussions, loin d’être à sens unique, sont l'occasion d'écouter de jeunes leaders du monde entier, de s'inspirer et de s'engager.
Les CPLP Talks auront lieu sur Zoom. Si vous souhaitez participer à la conversation de suivi en ligne qui aura lieu le samedi 1 mai 2021 à 13:00 GMT, vous pouvez vous inscrire ici:
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Tinotenda Mhungu, Zimbabwe
Je suis un pur produit du patriarcat. Le simple fait d’être un homme impliquait qu’on me respecte.. Toute mon éducation était basée sur la place privilégiée des hommes dans la société.
Cela s’accompagne pour moi d’un fort sentiment de culpabilité. Je m’en veux lorsqu’une parole ou un acte de ma part provoque de la tristesse ou de la douleur auprès d’une femme, uniquement par ce qu’on m’a mis, en tant qu’homme, sur un piédestal. Cela m’attriste de constater que les femmes doivent si souvent se battre pour leur propre sécurité. Mais l’espoir est bien réel car chaque nouveau jour me confronte à un choix, et donc à la possibilité de faire mieux et d'apprendre de mes erreurs ou maladresses.

Antoine Chelala, Liban
En tant qu'homme, je suis fier d'avoir été élevé et éduqué par des filles et des femmes extraordinaires qui m'ont aidé à façonner ma personnalité et ma vision du le monde. Grâce à cette perspective féminine, je suis mieux à même de comprendre la dynamique des genres dans notre société.
Les conversations à cœur ouvert avec des amies m'ont ouvert les yeux sur les privilèges que la société patriarcale m'accorde et m'ont aidé à comprendre que j'ai un rôle à jouer dans la lutte contre les inégalités entre les sexes. La plupart du temps, j'ai suffisamment confiance en moi pour défendre cette cause et briser le cycle d’une masculinité toxique. Cependant, il m'arrive de trahir l'homme meilleur qui est en moi : je n’ai pas toujours le courage de dénoncer une blague sexiste. Il m'arrive de rire maladroitement d'une blague qui ne correspond pas à mes valeurs. Je trouve également difficile de remettre en question les plaisanteries de corps de garde.
Je crois qu'il est important d'avoir des espaces sûrs où les hommes peuvent parler de leurs préoccupations, exprimer leurs sentiments et célébrer leurs progrès. Mais un tel espace peut aussi facilement se transformer en un espace masculin toxique qui dégrade les femmes de manière inacceptable. Je suis convaincu que ma responsabilité est d'assumer le rôle de « rabat-joie » et de défendre les valeurs morales auxquelles je crois. Ces espaces doivent être sûrs, afin que cette sécurité puisse se propager au sein de la communauté dans sa globalité.

Sebastian Hasse, Allemagne
Je suis toujours surpris par les difficultés auxquelles les femmes sont confrontées à travers le monde, simplement en raison de leur sexe. Il ne tient qu’à moi d’en avoir davantage conscience. Je pense aussi que nous vivons dans un monde dominé par une poignée de mâles dominants riches, ce dont la plupart des hommes et des femmes semble souffrir.
Sachant que je ne suis pas et ne veux pas être un mâle alpha, je me sens impuissant face à cette situation. Mais en prenant la parole et en reconnaissant les discriminations dont nous sommes témoins, nous pouvons adopter un comportement exemplaire aux yeux des autres et impulser un changement aussi bien dans les comportements que dans les mentalités.

Omar Madani, Syrie
Je pense que tous les hommes qui défendent l'égalité des sexes se sentent coupables des injustices que nos ancêtres masculins ont pratiquées envers les femmes au cours des siècles. En tant qu'hommes qui respectent et honorent les femmes aujourd'hui, nous pouvons être considérés comme innocents, mais l’identité masculine de nos ancêtres nous amène aujourd’hui à réparer le passé. L'égalité des sexes est la voie évidente et saine que chacun-e doit suivre pour construire une société harmonieuse et productive.
Vous souhaitez en savoir plus sur ce sujet ? Découvrez notre article Une question me hantait : « Suis-je en sécurité ? ».
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Les conversations en ligne du Programme de Caux pour la paix et le leadership, les « CPLP Talks », offrent un espace en ligne privilégié où l'on partage des histoires et où se créent des liens. Cette série de conversations en anglais a vu le jour grâce aux alumni du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP). Ces discussions, loin d’être à sens unique, sont l'occasion d'écouter de jeunes leaders du monde entier, de s'inspirer et de s'engager.
Les CPLP Talks auront lieu sur Zoom. Si vous souhaitez participer à la conversation de suivi en ligne qui aura lieu le samedi 1 mai 2021 à 13:00 GMT, vous pouvez vous inscrire ici:
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Photo top: Paula Mariane
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