Au fil de la vie - Quand la fresque de la salle à manger de Caux invite à la réflexion
Un événement artistique à l'occasion du 75e anniversaire
15/09/2021
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Un événement artistique à l'occasion du 75e anniversaire
Lorsque vous entrez dans la salle à manger du Centre de conférences et de séminaires de Caux, la première chose qui frappe aux yeux est sans doute la vue magnifique qui s’offre à vous à travers la baie vitrée. La seconde est la fresque colorée qui orne un pan entier de mur.
Cela m'a vraiment fait penser à la chaîne sans fin dans laquelle tout le monde est connecté d'une manière ou d'une autre.
- Morenike Onajobi, Royaume-Uni -
Cette année, les célébrations des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux ont été l'occasion de regarder de plus près ce magnifique chef-d'œuvre, sa symbolique et ce qui nous touche, lui qui a été le témoin de tant de dîners et de discussions profondes au fil des ans.
Segerstråle a intitulé cette fresque « Au fil de la vie ». Elle représente ce qu’est pour lui le centre de conférences de Caux : un lieu où l’on vient se ressourcer.
Nous pouvons nous juger dans les ténèbres ou nous pouvons lever les yeux vers la lumière et nous pouvons laisser l'eau vive nous trouver, couler à travers nous, nous purifier, nous libérer. Où et quoi est ma source d'eau vive ? Suis-je prêt à la partager avec les autres ?
- Lotty Wolvekamp, Pays-Bas -
Les arts ont toujours eu le pouvoir de défier, de transformer et de subvertir. Des artistes de toutes disciplines ont participé aux célébrations de cette année, inspire-e-s par la fresque de Segerstråle et le thème de cette dernière.
Lors de l’ouverture de la Journée de la gratitude, le 1er août 2021, cinq hommes et femmes de différents horizons ont partagé leurs réflexions sur des sections spécifiques de la fresque. Au fur et à mesure que chaque personne s'exprimait, les participant-e-s pouvaient voir apparaître la partie concernée de la peinture sur leurs écrans via Zoom.
La force d'une famille réside dans la combinaison de la diversité des personnes qui la composent.
La colle qui maintient l'unité d'une famille, malgré tous ses hauts et ses bas, est l'amour.
- Vivek Asrani, Inde -
Nous avons eu la chance de pouvoir écouter les interventions de Vivek Asrani (Inde) et Morenike Onajobi (Royaume-Uni), tous deux membres du Conseil de la Fondation I&C Suisse, ainsi que celle de Lotty Wolverkamp (Pays-Bas), qui a siégé à ce Conseil et qui est membre du réseau I&C depuis de nombreuses années. Liz Weeks (Australie), qui a passé de nombreux étés dans les cuisines de Caux, et Hamza Ghandour (Liban), un ancien participant du Programme de Caux pour la paix et le leadership et qui a travaillé dans la salle à manger de Caux nous ont également apporté leur témoignage et interprétation de cette fresque.
Nous avons tous un passé, nous vivons dans le présent, et le futur est là pour être exploré, expérimenté, découvert, imaginé, renaissant. Et puis au-delà, il y a le grand inconnu spirituel, peut-être une bénédiction qui attend l'humanité.
- Liz Weeks, Australie -
À l’issue de chaque réflexion, les intervenant-e-s ont pu poser quelques questions auxquelles les participant-e-s ont pris le temps de répondre lançant des ponts entre le message de la fresque et leur expérience personnelle. Une musique créée par le compositeur norvégien Sveinung Nygaard accompagnait cet événement.
Je crois que pour créer un monde meilleur, pour créer la paix (...) chaque contribution peut être un élément de soutien pour pouvoir aller de l'avant.
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La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
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Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
1990 : Le roi Michel de Roumanie - « Le mal ne peut durer indéfiniment ».
Par Andrew Stallybrass
14/09/2021
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Par Andrew Stallybrass
Au cours de l'été 1990, six mois après le renversement du régime communiste dans leur pays, 30 jeunes Roumain-e-s sont venu-e-s à Caux. C'était la première fois qu'ils et elles sortaient du bloc de l'Est, et le groupe avait hésité à venir, ne sachant pas trop ce qu'ils et elles allaient trouver. Le groupe a été bouleversé par l'endroit.
Quelques jours après leur arrivée, nous leur avons demandé s'ils et elles souhaitaient rencontrer le roi de Roumanie en exil, qui avait souvent visité Caux avec sa femme, la reine Anne, et leurs filles. Leur réponse enthousiaste nous a montré à quel point le roi Michel était populaire parmi ceux qui avaient grandi sous le communisme. Plusieurs de ces jeunes sont revenu-e-s année après année pour aider dans divers départements des conférences à Caux.
Les liens de la famille royale de Roumanie avec le Réarmement moral (maintenant Initiatives et Changement) remontent à bien avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque Frank Buchman a rencontré la grand-mère du roi Michel, la reine Marie, à Bucarest.
Le roi Michel rencontra à nouveau Buchman dans les années 1950, après qu'il eut été déposé par les communistes. « Avec ma tristesse et mon malheur d'avoir perdu mon pays, mon amertume s'était accrue en raison d'un sentiment de non-appartenance », a-t-il déclaré. « Après notre rencontre, j'ai senti que mon esprit et mon âme étaient soulagés d'un grand poids. J'ai compris qu'aucun problème n'était trop grand ou trop petit pour Frank. Le plus grand ou le plus petit problème dans la vie de quelqu'un d'autre recevait la même attention affectueuse de sa part ».
J'ai senti que mon esprit et mon âme étaient soulagés d'un grand poids.
Par la suite, lui et sa famille se rendent fréquemment à Caux depuis leur domicile près de Genève et participent à diverses activités du Réarmement moral. La Reine Anne se sentait plus à l'aise dans la cuisine de Caux que dans les réunions et il existe un certain nombre d'histoires sur le choc de ses collègues cuisiniers lorsqu'ils ont réalisé qui elle était.
Michel est devenu roi de Roumanie en 1940, à l'âge de 18 ans, lorsque le Premier ministre, Ion Antonescu, eu forcé son père, le roi Carol, à abdiquer pour rallier le pays à l'Allemagne nazie. Le roi Michel n'a pas pu empêcher cette manoeuvre, mais son opposition à toute rafle systématique des Juifs a permis à l'importante communauté juive de Roumanie de moins souffrir que dans n'importe quelle autre puissance de l'Axe.
En août 1944, le jeune roi pluttôt timide accède soudainement à la célébrité internationale lors d'un coup d'État qui fait basculer la Roumanie du côté des Alliés. Sachant que l'armée roumaine était loyale au roi, même si elle était commandée par Antonescu, le roi Michel convoqua Antonescu au palais et exigea sa démission. Devant son refus, la garde du palais l'arrêta.
« Antonescu poussa des hurlements à faire trembler le palais », m'a dit le roi Michael dans une interview en 1992. « Ils l'ont emmené au premier étage, alors qu'il les menaçait d'être exécutés, et ils l'ont enfermé dans la chambre-forte qui avait été construite pour abriter la collection de timbres de mon père ».
Les membres du gouvernement fasciste ont été convoqués un par un, et arrêtés à leur arrivée. L'armée a reçu l'ordre de cesser les combats, et un gouvernement provisoire fut formé. Le pays est en partie sauvé de la destruction, mais une autre lutte s'engage. Après la guerre, dans le cadre de la division de l'Europe décidée par Churchill et Staline, un gouvernement communiste prend le pouvoir. En 1947, il exige l'abdication du roi Michel, menaçant de fusiller 1 000 étudiants et jeunes gens s'il refuse.
Il quitta la Roumanie sans aucune ressource et dut travailler pour subvenir aux besoins de la reine Anne et de leurs cinq filles. Il a créé une exploitation maraîchère en Angleterre, puis travailla pour une entreprise aéronautique américaine, avant de s'installer à Genève, où il monta une entreprise d'électronique. Il a également travaillé comme agent de change.
« Je ne pouvais pas imaginer que l'exil durerait si longtemps », dit-il. « Je pensais que ce ne serait qu'une question de mois. L'Ouest m'a laissé tomber comme une patate chaude. Mais je n'ai jamais perdu espoir. Le mal ne peut pas durer indéfiniment ».
Je ne pouvais pas imaginer que l'exil durerait si longtemps. Mais je n'ai jamais perdu espoir.
À Genève, la famille reçoit un flux constant de visiteurs roumains. Puis, soudainement, en décembre 1989, le flot se transforme en inondation, et les médias veulent savoir ce que le roi pense de la révolution qui se déroule dans son pays. Des millions de personnes regardent à la télévision le renversement du régime communiste.
Dans la nouvelle Roumanie, le roi Michel est reconnu comme un ancien chef d'État et reçoit une pension. Les biens royaux sont restitués à la famille. Un sondage d'opinion réalisé en janvier 2012 le place comme la personnalité publique la plus digne de confiance en Roumanie, loin devant les dirigeants politiques. En octobre de la même année, une place de Bucarest est rebaptisée à son nom, pour célébrer son 91e anniversaire. Il est décédé en 2018.
Ulrike Ott Chanu a visité Bucarest avec Andrew et Eliane Stallybrass en 1990, 11 mois après la chute du communisme.
Ma première impression de Bucarest est l'obscurité. Les ampoules électriques ne sont pas disponibles pour le moment. Parfois, l'ampoule orange est absente des feux de signalisation - un citoyen débrouillard l'a « privatisée ».
Une visite d'une semaine ne fait pas de nous des experts de la Roumanie, mais au moins nous commençons à comprendre ce que cela signifie d'y vivre : les files d'attente devant les magasins, les allusions lâchées dans les conversations. La crainte des parents que la jeune génération quitte la Roumanie pour vivre à l'étranger. La frustration d'un jeune dirigeant parce que le changement est lent. La désillusion d'une rédactrice en chef de journal confronté à la corruption. « Nous, les personnes âgées, sommes un peu fatiguées », dit mon hôtesse.
Nous rencontrons trois hommes âgés qui ont assisté à une conférence du Groupe d'Oxford (plus tard Réarmement moral et maintenant Initiatives et Changement) à Lausanne en 1937. Ce n'est que maintenant qu'ils ont pu rétablir le contact. L'un d'entre eux nous raconte dans un français parfait (« Je ne l'ai pas parlé depuis 50 ans ») l'impact que cette conférence à Lausanne a eu sur sa vie.
Au moment de mon départ, je suis bloquée à l'aéroport de Bucarest pendant plus de 6 heures en raison d'un épais brouillard. J'ai tout le temps de réfléchir à la semaine écoulée - pleine de nouvelles expériences, de conversations, de découvertes et de rencontres.
Nous avons été accueillis avec une hospitalité sans limite, chaleureuse et généreuse, nous avons beaucoup ri et beaucoup appris. Je sais que ce ne sera pas ma dernière visite en Roumanie. Un pays n'est pas seulement une entité géographique ou politique : ce sont des personnes.
Ulrike, Eliane et Andrew sont retournés en Roumanie plusieurs fois après cette première visite. Ils sont toujours en contact avec les ami-e-s qu'ils se sont faits en 1990.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits» qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos en noir et blanc : Initiatives de changement (photo du haut : Rajmohan Gandhi, Dalai Lama, le roi Michel, la reine Anne
Photo King's Palace et amis roumains : Eliane Stallybrass
Photo place de l'université, scène de rue, pique-nique, église, famille d'accueil : Ulrike Ott Chanu
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
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Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
Au printemps 1946, lorsque le premier petit groupe de Suisses a visité l'hôtel abandonné de Caux qui allait devenir le centre de conférence d'Initiatives et Changement (I&C), ils ont réalisé que sa salle de bal pouvait devenir un théâtre. En quelques années, sa conversion était terminée, avec de la place pour stoker les décors, un atelier, une scène entièrement équipée, une galerie suspendue et dans la salle, des sièges en gradins.
De nombreuses pièces ont été produites dans le théâtre de Caux, et de petites armées d'acteurs et d'équipes de scène y ont oeuvré. En 1989, l'une de ses nombreuses vedettes, Michel Orphelin, est revenu de tournée avec son one-man-show sur saint François d'Assise, Poor Man, Rich Man. Sa version française, Un Soleil en Pleine Nuit, avait été mise en scène pour la première fois à Caux en 1980.
Je ne suis qu'un travailleur, je fais ce que je peux.
Michel est un mime, chanteur, cabarettiste et acteur français, engagé dans ce que son fils François appelle « le théâtre de la pauvreté ». Selon Orphelin, la véritable avant-garde réside dans la grande simplicité. « Ce qui manque souvent aux productions compliquées, c'est qu'elles ne savent plus parler au cœur ».
Le théâtre, selon lui, doit créer et transmettre une relation d'amour. Il doit traiter de la réalité, être simple, sans être simpliste. « Je ne suis qu'un travailleur », dit-il, «je fais ce que je peux. »
Jeune, il n'a jamais osé s'avouer à lui-même, ni à ses parents, qu'il voulait devenir artiste. Il est donc allé à l'école hôtelière. C'est là qu'il a formé avec deux amis un groupe, Les 3 Horaces, qui a fini par devenir professionnel. Pendant 12 ans, ils font des tournées ensemble et passent plus de 70 fois à la télévision. Mais Michel ressent toujours un manque de sens dans sa vie.
Les choses ont commencé à changer lors de vacances en Bretagne, où, alors qu'il était en plein bouleversement émotionnel, regardant le soleil se coucher dans la mer, il ressent une certitude qui l'envahit. « Dieu existe, dit-il. « Je l'ai rencontré. Il était là pour moi ».
Il a découvert que sa nouvelle foi ne résolvait pas automatiquement les problèmes relationnels de longue date dans son travail, et avec sa mère qu'il aimait, mais avec laquelle il se disputait continuellement.
C'est en voyant une pièce de théâtre lors de sa première visite au centre de conférence de Caux qu'il a trouvé le but de sa vie. « C'est comme si j'avais vu la Croix sur scène. C'était un appel à transmettre une Croix lumineuse aux gens ». Il a reconstruit sa relation avec sa mère, qui a aussi trouvé une foi.
Puis des amis lui demandent de jouer dans la revue musicale Anything to Declare? qui l'emmène en Inde. Il accepte, même si ce n'est pas facile d'être loin de sa femme, violoniste, de son fils et de sa fille.
Il se souvient très bien de cette tournée où, après une représentation, un jeune homme est venu dire à l'un des membres de la troupe qu'il avait renoncé à son projet de tuer la personne qu'il tenait pour responsable de la mort de son cousin. Il avait été ému par un sketch qui mettait en scène l'expérience réelle du pardon d'Irène Laure. Peu d'acteurs peuvent savoir, comme lui, qu'ils ont participé à une production qui a sauvé une vie.
Peu d'acteurs peuvent savoir, comme lui, qu'ils ont participé à une production qui a sauvé une vie.
Poor Man, Rich Man a été écrit spécialement pour lui par Hugh Steadman Williams, un dramaturge britannique engagé avec I&C. Michel a joué la pièce dans une douzaine de pays au cours des années 1980, la rejouant fréquemment à Caux pendant les rencontre d'été.
Les tournées, avec leurs fréquents voyages et leurs nuits tardives, ont eu leurs moments plus légers. Dans une petite ville, le directeur musical commande un piano à un magasin de musique et découvre à la livraison que certaines cordes sont cassées. « Mais êtes-vous absolument sûr que vous avez besoin de jouer ces notes ? » lui demande demande le livreur.
Partout où elle est passée, la pièce a profondément touché les gens. Après une représentation, une religieuse a déclaré : « Vous m'avez aidée à redécouvrir ma vocation pour la pauvreté ».
En Belgique, un couple est venu le voir avec un dilemme : ils avaient adopté trois enfants - devaient-ils en adopter un quatrième ? Quelques nuits plus tard, dans une autre ville située à plusieurs centaines de kilomètres de là, ils étainent à nouveau là. Ils avaient fait le grand saut, disaient-ils, mais au lieu d'un enfant, on leur avait demandé d'adopter un frère et une sœur. Ils allaient les nommer en l'honneur de saint François et de son homologue féminin, sainte Claire.
« Qui suis-je pour toucher des gens comme ça ? » dit-il. « Je ne suis qu'un tuyau par lequel l'eau vive du Créateur coule vers un public assoiffé. Tout ce que je peux faire, c'est d'essayer d'être un tuyau propre. Il est essentiel d'avoir des tuyaux, mais ce ne sont que des tuyaux ».
Comme le saint qu'il incarne, Michel a toujours été clair sur la source de son don. C'est pourquoi il n'a jamais été assez fou, dit-il, pour s'imaginer qu'il est lui-même l'eau.
Cette histoire est la dernière de notre série 75 ans d'histoires parlant de personnes qui ont trouvé une nouvelle orientation et une nouvelle inspiration grâce à notre centre de conférence de Caux, une pour chaque année de 1946 à 2021. Si vous souhaitez en savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme Pour un Monde Nouveau (For a New World).
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1988: Joe Hakim et Marie Chaftari: « Je ne suis pas une victime »
Par Mary Lean
10/09/2021
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Par Mary Lean
L'été 1988 à Caux a commencé par un Dialogue méditerranéen, auquel ont participé des personnes de toute cette région, suivi d'une « session de formation pour les jeunes » de 10 jours. L'un des groupes les plus nombreux à participer à ces événements provenait des communautés chrétiennes et musulmanes du Liban, engagées dans une guerre civile depuis 1975.
« Même se rendre à l'aéroport pour prendre l'avion pour la Suisse comportait des dangers. J'ai dû passer par plusieurs points de contrôle, dont certains appartenaient à nos soi-disant 'ennemis', se souvient Joe Hakim, alors âgé de 22 ans. Ce n'était pas très sûr pour moi. Mais j'étais convaincu que je devais y aller car Initiatives et Changement avait commencé à changer ma vie ».
C'était le premier voyage de Joe hors du Liban. Il s'est fait des amis de nombreux pays. « Venant d'une situation de guerre, vous avez l'impression d'être le centre du monde. Mais j'ai commencé à voir les choses d'une manière différente : Le Liban et moi-même n'étions plus le centre. J'ai réalisé que je n'avais pas besoin de m'apitoyer sur mon sort. Je ne suis pas une victime. Au contraire, je suis responsable ».
J'ai réalisé que je n'avais pas besoin de m'apitoyer sur mon sort. Je ne suis pas une victime. Au contraire, je suis responsable.
À Caux, Joe a fait la connaissance d'un Libanais musulman, Munir Al Khatib. « Une fois rentrés chez nous, nous avons commencé à construire des ponts avec mes amis et ses amis. C'était risqué à plusieurs niveaux. Nous avons rassemblé des personnes d'horizons et de communautés différents, pour découvrir l'autre qui avait été perçu, à un moment donné, comme l'ennemi. »
Pour Marie Chaftari, la visite à Caux est arrivée à une période sombre de sa vie. Pendant dix ans, elle avait été chargée de communication pour la milice chrétienne : son mari, Assaad, était le commandant en second de son unité de renseignement. Puis, en 1985, une scission au sein de la milice chrétienne les a contraints à quitter Beyrouth avec leur petit garçon. « En une nuit, nous sommes passés du statut de héros à celui de traîtres », dit-elle. Ils ont perdu leur maison et se sont retrouvés à vivre parmi des étrangers, dans la crainte constante d'être assassinés
En 1988, un prêtre a demandé à Marie quand elle s'était confessée pour la dernière fois. « Qu'est-ce que j'ai à confesser ? - rétorqua-t-elle - je suis la victime! » Elle lui raconta combien elle s'était sacrifiée pour la cause des chrétiens du Liban. Il répondit : « Et l'amour ? La seule cause est l'amour. » - « Quelque chose s'est transformé en moi, et je me suis mise à pleurer. »
Cette rencontre a conduit Marie à se rendre à Caux cet été-là, accompagnée de son fils de trois ans. « C'est là que je suis revenue à moi, dit-elle. Je me suis demandé comment je pouvais être chrétienne et haïr ? J'ai commencé à réexaminer mes opinions ».
De retour au Liban, le changement de Marie a eu un impact sur son mari, Assaad. Il s'est rendu à une réunion d'IofC avec un pistolet caché sous sa ceinture et deux gardes du corps qui attendaient dehors. La réunion l'a poussé à faire le point sur sa vie. « Tout ce que j'ai vu, c'est un chemin plein de sang ».
Deux ans plus tard, Assaad a pris part à son premier dialogue avec des musulmans. Il y est allé armé d'une liste de doléances - et a été déconcerté de voir qu'un musulman avait apporté une liste encore plus longue. « J'ai découvert beaucoup de choses lors de ces réunions. J'ai découvert que les musulmans avaient de vrais noms, qu'ils avaient des familles, des rêves et des attentes, et que si nous n'avions pas les mêmes opinions politiques, nous pouvions au moins nous respecter les uns les autres ».
J'ai découvert beaucoup de choses lors de ces réunions. J'ai découvert que les musulmans avaient de vrais noms, qu'ils avaient des familles, des rêves et des attentes, et que si nous n'avions pas les mêmes opinions politiques, nous pouvions au moins nous respecter les uns les autres.
En 2000, Assaad a écrit une lettre ouverte d'excuses dans les médias libanais pour son rôle dans les atrocités commises pendant la guerre civile. Le New York Times l'a décrit comme le seul participant majeur à la guerre civile libanaise à s'être « vraiment excusé ». Avec d'autres anciens non-combattants, musulmans et chrétiens, il a fondé Fighters for Peace (« Combattants pour la Paix »), qui s'efforce de convaincre les jeunes que la guerre n'est pas une solution.
Avant 1988, dit Marie, « l'autre » pour elle était le musulman. Aujourd'hui, l'une de ses amies les plus proches est une musulmane chiite, Lina Hamade. Ensemble, elles ont fondé Linaltaki (« rencontrons-nous »), une organisation qui rassemble des femmes et organise des camps d'été pour les enfants de différentes communautés.
Joe Hakim, lui aussi, a consacré sa vie à construire des ponts. Aujourd'hui directeur des opérations d'une grande entreprise spécialisée dans la propriété intellectuelle, il affirme que le volontariat dans la salle à manger de Caux lui a appris le sens du leadership serviable.
« J'ai appris à soutenir, à aider, à servir, à écouter, à comprendre, à apprécier - à travailler ensemble avec des personnes de milieux, de communautés, de perspectives, d'âges et de générations différents. » Il se sent particulièrement appelé à aider les jeunes à trouver leur but dans la vie. « J'offre mon amitié, ma camaraderie - et cela m'aide en même temps. »
Dans les jours sombres que traverse à nouveau le Liban, des flammes comme celles-ci, allumées à Caux au fil des ans, apportent des étincelles de chaleur, d'espoir et de lumière.
J'ai appris à soutenir, à aider, à servir, à écouter, à comprendre, à apprécier. J'offre mon amitié, ma camaraderie - et cela m'aide en même temps.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos Marie, Linaltaki, Fighters for Freedom : John Bond (photo du haut : Marie Chaftari (à droite) avec Iman Al Ghafari de Syrie et Lina Hamade)
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et...
En 2020, le Caux Forum a été mis en ligne en réponse à la pandémie. Ses organisateurs ont constaté que cela avait mis la rencontre à Caux à la portée de personnes du monde entier qui n'auraient pas pu...
Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Caux Palace (qui deviendra plus tard le centre de conférence d'Initiatives et Changement en Suisse), a servi de refuge aux juifs et juives fuyant la Shoah. Au fi...
Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
Lisbeth Lasserre est originaire de Winterthur, où ses grands-parents, Hedy et Arthur Hahnloser, avaient constitué une collection d'art privée dans leur maison, la Villa Flora. Parmi leurs amis artiste...
Catherine Guisan est professeur associé invité à l'université du Minnesota, aux États-Unis. Elle a écrit deux livres sur les fondements éthiques de l'intégration européenne. En 2014, elle est interven...
L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
Lorsque Merel Rumping, originaire des Pays-Bas, s'est rendue à Caux pour la première fois en 2012, elle avait un objectif en tête : « explorer comment je pourrais contribuer à un monde plus juste à t...
Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...
1987: Mère Park Chung Soo- « Une nouvelle porte a commencé à s'ouvrir"
Par Mary Lean
09/09/2021
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Par Mary Lean
Mère Park Chung Soo, une religieuse bouddhiste Won, a été surnommée la « Mère Teresa de la Corée du Sud ». Elle était déjà engagée dans le travail humanitaire en Corée lorsqu'elle est venue à Caux en 1987, mais une rencontre là-bas a ajouté une nouvelle dimension à sa vocation.
Pendant 35 ans, de 1910 à 1945, le Japon a occupé la Corée. Mère Park est née en 1937 et a gardé un souvenir douloureux des tentatives du Japon d'effacer la culture coréenne. « Nous n'étions pas autorisés à utiliser notre propre langue », dit-elle. Nous avons dû changer notre nom de famille. « Nous avons travaillé dur dans les champs mais nous n'avions pas le droit de manger ce que nous produisions. Nous devions manger des pommes de pin et les cosses des haricots ».
Lorsqu'elle est arrivée à Caux, Mère Park a été touchée par le soin que son hôtesse suisse, Sylvia Zuber, avait mis à rendre sa chambre accueillante, avec des fleurs, du chocolat et des cartes. « Je pouvais sentir de tout mon être que tout cela avait été préparé par Sylvia avec son amour pour nous », a-t-elle écrit plus tard.
Sylvia a persuadé Mère Park de déjeuner avec deux jeunes Japonais, Kiyoshi Nagano et Yuki Miura. « Kiyoshi Nagano a essayé de parler en coréen, se souvient-elle. Son attitude a fait disparaître les sentiments de haine dans mon cœur ».
« En larmes, elle nous a raconté toutes les souffrances qu'elle avait endurées pendant la colonisation japonaise de la Corée », se souvient Kiyoshi. Je traduisais pour mon amie japonaise. Nous nous sommes tous mis à pleurer. « Ces larmes ont lavé mon amertume », nous a-t-elle dit.'
Son attitude a fait disparaître les sentiments de haine dans mon cœur.
« Les deux jeunes Japonais ont demandé pardon pour les erreurs de leurs ancêtres comme s'ils les avaient eux-mêmes commises », a écrit plus tard Mère Park. Elle s'est rendu compte qu'elle ne pouvais plus les blesser sans éprouver de la peine. « Une nouvelle porte s'est ouverte pour les accepter comme un frère et une soeur proches ».
Mère Park était entrée dans l'ordre bouddhiste Won à l'âge de 19 ans : « Quand j'avais neuf ans, ma mère me disait que je devais aider les gens tout au long de ma vie. C'était ma vocation. Le voyage a été magnifique, même s'il n'a pas été facile. »
En 2010, elle a été nominée pour le prix Nobel de la paix, et s'est retrouvée dans les dix premières places sur un total de 237 candidats. Son travail humanitaire, par le biais de la Relief Foundation qui porte son nom, s'étend à 55 pays.
Quand j'avais neuf ans, ma mère me disait que je devais aider les gens tout au long de ma vie. C'était ma vocation. Le voyage a été magnifique, même s'il n'a pas été facile.
En Corée, elle s'est attachée à former des aveugles à l'autonomie, à soutenir les lépreux du village catholique de St Lazare et à créer deux internats, l'un pour les adolescents exclus des écoles ordinaires et l'autre pour les adolescents ayant fui la Corée du Nord.
Elle s'est rendue trois fois en Corée du Nord, afin de se rendre compte par elle-même des conditions de vie sur place, et a envoyé des secours aux victimes d'inondations et aux réfugiés de ce pays.
Alors que le Cambodge émergeait de plusieurs décennies de guerre, elle a collecté 100 000 dollars pour le déminage, envoyé de nombreux conteneurs de vêtements et de médicaments, et financé des pompes à eau et des puits. Elle a collaboré avec la Croix-Rouge pour fournir des membres artificiels aux victimes de mines terrestres en Afghanistan et a envoyé des fournitures médicales dans 15 pays africains.
En 1992, elle a créé un internat au Ladakh, dans le nord de l'Inde, pour les élèves qui devaient auparavant parcourir des centaines de kilomètres vers le sud pour recevoir une éducation , les obligeant à vivre éloignés de leurs parents pendant de longues périodes. En 2017, il comptait 835 élèves.
Bien qu'étant l'un des plus grands districts de l'Inde, le Ladakh ne disposait que d'un seul hôpital public, dans sa capitale, Leh. Les patients étaient souvent envoyés à Delhi ou Chandigarh - un long et coûteux voyage que peu pouvaient se permettre. En 1996, Mother Park a apporté le financement initial d'un hôpital caritatif, qui dessert les patients de Leh et fournit des soins médicaux aux villages éloignés.
Son expérience à Caux a donné à Mère Park une vision de ce que le Japon et la Corée pourraient offrir ensemble au monde; elle l'a exprimée lors de la conférence d'Initiatives et Changement au Japon en 2002 : « Si les Coréens et les Japonais pouvaient ouvrir leur cœur, nous pourrions devenir de bons amis. Ce serait merveilleux si nos deux pays pouvaient coopérer plus étroitement à la consolidation de la paix dans les pays en développement » . Son discours a inspiré de jeunes Japonais et Coréens à lancer un projet visant à promouvoir le dialogue entre leurs contemporains.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
Photos reproduites avec l'aimable autorisation de Yeonyuk Jeong, Kiyoshi Nagano et de la Vénérable Mère Park Chung-Soo Won Buddhist Relief Foundation.
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
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CPLP Talks 7 – La paix intérieure en temps de crise
06/09/2021
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CPLP Talks 7 – La paix intérieure en temps de crise
Un an après l'explosion dévastatrice de Beyrouth, nous rencontrons Zeinab Dilati (également connue sous le nom de Zee) qui a participé au Programme de Caux pour la paix et le leadership en 2017, 2018 et 2019 en tant que participante, thérapeute et membre de l’équipe. Zee, dont la famille est originaire du Liban et de la Côte d'Ivoire, nous parle depuis Beyrouth.
Parlez-nous de la situation actuelle au Liban.
Honnêtement, les choses ne s'améliorent pas. La situation se dégrade de plus en plus, les besoins fondamentaux tels que l'électricité, les médicaments, les transports et les produits de première nécessité ne sont pas accessibles. La vie normale me manque. Quand on se promène en ville, on voit que les habitant-e-s sont déprimé-e-s. La plupart ont perdu l'espoir et doivent se contenter de peu. Nous nous sommes habitué-e-s à faire la queue pendant de longues heures à la station-service ou à la boulangerie. Pourquoi cette situation est-elle normalisée ? L'explosion a été le début de nombreux problèmes. Les choses se sont effondrées et nous sommes depuis pris-es dans une spirale.
Cela semble vraiment difficile. Comment gérez-vous personnellement cette crise ?
Je me sens fatiguée à plusieurs niveaux. Je ne dors pas bien, car les coupures de courant sont fréquentes pendant les canicules. Par conséquent, je ne suis pas aussi productive que je pourrais l'être au travail. Je me sens également un peu détachée de tout. Avant l’explosion, j'avais l'habitude de rendre visite à ma famille dans le sud du Liban chaque week-end. Dernièrement, je n'ai pas pu le faire aussi souvent parce que les transports sont chaotiques. Mentalement, je me sens dans un trou noir, comme coincée. Tous mes rêves, mes plans et mes ambitions semblent irréalisables pour le moment. Comment pouvons-nous poursuivre nos rêves si nous devons nous demander chaque jour comment nous rendre sur notre lieu de travail ?
Au milieu de tout ce chaos, parvenez-vous à trouver quelque paix intérieure ? Qu’est-ce qui vous procure un sentiment de paix ?
La semaine dernière, nous avons eu une coupure de courant de 36 heures. Nous étions dans le noir, nous ne pouvions pas recharger nos téléphones et nous avons dû jeter toute la nourriture qui se trouvait dans le réfrigérateur. Mon partenaire et moi avons allumé des bougies et fait de l'art, car il n'y avait rien d'autre à faire. À un moment, nous nous sommes regardés et avons réalisé que c'était plutôt romantique ! C'était un moment agréable qui a contribué à me remonter le moral.
Au quotidien, la méditation et des techniques de respiration m’aident à faire face aux événements. J’essaie également de dormir le plus possible. J’essaie aussi de m’accorder des « temps calmes ». Récemment, j’ai vécu des moments de profonde quiétude. C'était extraordinaire. D'un autre côté, regarder des séries télévisées m'aide aussi beaucoup. Elles me changent les idées et me font rire. C'est toujours important de rire !
Je dois être cohérente avec ces pratiques, car même lorsque je suis remplie d'espoir ou inspirée, il ne faut parfois pas bien longtemps pour que la réalité ne me rattrape. Il est si difficile de rester positive et de maintenir une paix intérieure tout en traversant cette crise. Je me demande également si nous pouvons réellement atteindre la paix intérieure. J'ai l'impression que c'est un voyage plus qu’une destination que je suis en train de faire.
Y a-t-il des expériences de votre séjour à Caux qui vous aident à rester en paix ?
Je me souviens d'une conversation avec Rainer Gude à Caux. Je lui ai dit que j'avais peur de prendre des décisions lorsque je ne savais pas ce qui m'attendait. Il m’a répondu quelque chose qui m'a marquée. Il m'a montré que la Zee d'aujourd'hui marchait sur le chemin de la vie. Elle veut atteindre une destination précise. Pour y parvenir, elle peut emprunter le chemin le plus court et le plus facile, mais il arrive parfois que des événements l'obligent à prendre un chemin plus long et parsemé d’embûches. Cela ne signifie pas qu'elle n'atteindra pas la destination qu'elle s’était fixée au départ. Je vois maintenant que les chemins difficiles peuvent donner un goût meilleur à notre accomplissement et me construire en tant que personne.
Avez-vous des réflexions ou des leçons à tirer sur la paix intérieure dans les périodes troublées ?
J'ai appris à faire de mon mieux, à être présente, à prendre soin de moi et à m'assurer que je vais bien, car ce n'est qu'alors que je peux sortir et aider les autres. Un arbre malade ne portera pas de bons fruits. Atteindre la paix intérieure dans cette situation de crise signifie consacrer beaucoup plus de temps et d'efforts à soi-même et répandre cette paix par la suite.
Zeinab Dilati, alias Zee, est une militante féministe, mentor, et qui œuvre au soutien psychosocial. Elle fait partie de l'équipe CPLP depuis deux ans. Pour elle, Caux est l'un des meilleurs endroits au monde capable d’offrir un espace sûr à des personnes d'horizons différents afin qu'elles puissent partager, écouter et finalement comprendre et apprendre davantage les unes des autres. Elle est convaincue que la clé pour devenir un grand leader est l'empathie et la prise d'initiative, que ce soit à un niveau personnel ou dans le monde qui nous entoure.
Si vous voulez écouter des jeunes du monde entier partager leur expérience sur la paix intérieure en temps de crise et vous engager auprès de ces jeunes , rejoignez-nous lors des prochains CPLP Talks le samedi 18 septembre 2021 à 13h00 GMT.
Découvrez les initiatives inspirantes des ancien-ne-s participant-e-s du Programme de Caux pour la paix et le leadership, originaires du Mexique, de la Colombie et d'Allemagne....
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1986 - Semaine de travail : Un lifting pour le palace de Caux
06/09/2021
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Alors que l'on s'apprête à célébrer le 40e anniversaire du centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, Eliane Stallybrass se prend à rêver. En 1946, les pionniers de Caux avaient donné leur temps et leur énergie pour préparer l'hôtel désaffecté en vue des premières conférences. Les jeunes générations pourraient-elles revivre cette expérience en aidant à mettre la maison en état pour l'été 1986 ?
Les deux hommes responsables de l'entretien de la maison, Werner Fankhauser et Christoph Keller, ont répondu avec enthousiasme à cette idée, et à Pâques 1986, 63 personnes sont arrivées à Caux pour se mettre au travail. L'initiative a connu un tel succès que ces Semaines de travail se sont poursuivies pendant de nombreuses années avec des participants venus de toute l'Europe.
Helene Schäfer (née Pick) se souvient :
En 1986, le Caux Palace - une dame distinguée à l'âme profonde - se faisait vieille. Pendant des décennies, elle avait été le témoin de l'histoire en marche. Elle offrait des coins intimes propres à la réflexion et à l'épanouissement. Et elle proposait un espace ouvert pour des discussions et parfois des décisions qui changeaient la vie des gens. Et maintenant, elle avait besoin d'aide pour retrouver sa dignité.
J'étais dans mes dernières années d'internat, avec assez de temps et d'énergie pour consacrer mes vacances à prendre part à cette mission. J'ai rejoint cinq camarades de classe et nous sommes parties. Nous n'avions aucune expérience, mais beaucoup d'enthousiasme. Nous avons grimpé à des échelles, nous avons percé et peint, nous avons gratté, décapé et vissé. Et nous nous sommes beaucoup amusées.
Nous avons parlé avec des gens de cultures différentes. Mes parents avaient travaillé à plein temps avec le Réarmement moral (RAM / maintenant Initiatives et Changement) pendant plus de 20 ans, donc je savais ce que je faisais. Mais mes amies se sont retrouvées à avoir de vraies conversations dans des langues qu'elles ne pensaient pas pouvoir utiliser un jour en dehors de la salle de classe. L'esprit de Caux a donc fonctionné même si nous n'étions pas assises sur la terrasse à siroter des tasses de thé.
L'esprit de Caux a donc fonctionné même si nous n'étions pas assises sur la terrasse à siroter des tasses de thé.
Bien sûr, toutes mes amies n'ont pas adhéré aux idées du RAM. Mais être à Caux vous met au défi de faire un peu d'introspection, peu importe où cela vous mène. Il est toujours bon de le faire dans un cadre magnifique où l'on peut laisser son esprit s'envoler. Nous avons besoin de ces lieux inspirants où vous pouvez trouver la paix pour se poser des questions sur la vie, essayer de trouver des réponses et avoir des échanges francs et ouverts. Plus je vieillis, plus je le constate.
Ulrike Chanu (née Ott) se souvient :
J'ai grandi dans un petit village de la campagne allemande. Mes parents n'ont jamais appris de langue étrangère et n'ont jamais vraiment ressenti le besoin de voyager, mais j'avais l'habitude de m'asseoir et de faire tourner notre globe terrestre, en rêvant de tous les endroits et de toutes les personnes exotiques qui s'y trouvaient.
À 18 ans, l'une de mes meilleures amies d'école, Helene, m'a parlé de ce centre de conférence dans les montagnes suisses où ses parents travaillaient et où nous pouvions aller gratuitement pour préparer les bâtiments pour l'été. L'étranger, c'était bien, la gratuité, c'était bien, alors nous sommes parties en avril 1986.
Lors de ma première nuit là-bas, je suis resté éveillé pendant des heures. Mon cerveau était en ébullition - l'incroyable beauté du palace de Caux, la vue imprenable, tant de gens sympathiques, parlant différentes langues. Et moi au milieu de tout cela. J'avais l'impression qu'un tout nouveau monde s'était ouvert à moi.
La semaine de travail a été un véritable travail. Nous avons poncé et peint ce qui semblait être des centaines de chaises en fer de la terrasse. Mais nous avons aussi passé beaucoup de moments agréables à discuter en brandissant nos pinceaux.
Même s'il y avait une belle équipe de jeunes et que nous nous amusions bien, c'est une rencontre avec un Suisse âgé qui a vraiment façonné ma vision de Caux.
De l'extérieur, il n'avait pas grand-chose en commun avec nous. Il avait des problèmes de santé et je ne pense pas qu'il faisait partie des équipes de travail « officielles ».
Mais il était toujours là, en retrait, prenant le temps de discuter avec nous. Nous avons senti son intérêt profond et sincère pour ce que nous avions à dire. Avec le recul, je me rends compte du cadeau précieux qu'il a fait à une bande de jeunes de 18 ans. Il a continué à nous écrire pendant de nombreuses années, jusqu'à sa mort.
Cette première semaine de travail à Caux a marqué le début de nombreux chapitres différents dans ma vie. Elle a élargi mon esprit et m'a permis de nouer des amitiés extraordinaires. J'ai continué à travailler comme interprète depuis les cabines de traduction, dans les coulisses des conférences d'été et Caux est toujours très important pour moi. Trente-cinq ans plus tard, ce lieu dans la montagne continue de m'inspirer chaque fois que j'y monte en voiture.
C'est aussi l'endroit où j'ai rencontré mon mari ! Et croyez-le ou non, la région de France où nous vivons maintenant s'appelle le « Pays de Caux » !
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.T
Photo top, couturières et bancs : Eliane Stallybrass
Lorsque nous avons lancé la série 75 ans de récits en février 2021 au sujet des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux, nous n'avions aucune idée de l'aventur...
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25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
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1985 : Renée Pan - Abandonner le fardeau de la vengeance
Par Mary Lean
03/09/2021
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Par Mary Lean
Renée Pan, une réfugiée cambodgienne vivant aux Etats-Unis, est venue à Caux en 1985 avec une mission : apprendre à pardonner.
Renée avait fui le Cambodge avec ses deux jeunes enfants en 1975, cinq jours avant que les Khmers rouges ne prennent le contrôle du pays. Son mari, qui était vice-premier ministre, est resté sur place. Elle ne l'a jamais revu. Elle n'a pu que supposer qu'il faisait partie des quelque deux millions de Cambodgiens tués par les Khmers rouges entre 1975 et 1979.
Aux États-Unis, Renée étudie les statistiques et l'informatique et trouve du travail. Elle s'associe également aux exilés cambodgiens qui œuvrent pour la libération de leur pays, mais elle est découragée par les querelles qui les opposent. Ses efforts pour promouvoir l'unité ne semblent créer que davantage de méfiance.
« Mon énergie ne se régénérait pas », se souvient-elle. « Mon cerveau était vide et mon cœur était engourdi et insensible. Je me mettais très facilement en colère, je détestais les gens méchants, j'étais malheureuse, égoïste et je faisais des choses stupides ».
C'est en 1985, à Minneapolis-St Paul, que Renée a l' occasion de voir « Pour l'amour de demain », un film sur le travail de réconciliation d'Irène Laure après qu'elle ait perdu sa haine des Allemands à Caux en 1947. Renée décide de se rendre à Caux cet été-là pour la rencontrer.
A Caux elle se plonge dans la vie du centre, mais se débat avec le défi que cela représente pour sa vie. « Chaque nuit, je luttais avec moi-même », dit-elle. Finalement, elle rencontre Irène Laure (alors âgée de 87 ans) et lui demande comment pardonner. Irène lui répond que la clé c'est de prendre le temps de réfléchir en silence, seule.
Je voulais tellement aider les autres que je n'avais jamais pensé à me libérer moi-même.
« Je voulais tellement aider les autres que je n'avais jamais pensé à me libérer moi-même », se souvient Renée. « Et c'est la première fois, grâce à ces moments de silence, que les enseignements de Bouddha sont devenus réels pour moi. J'ai réalisé que mon esprit était consumé par les « trois feux du monde » - l'avidité, la colère et la folie. » Elle décide de prendre du temps dans le calme chaque jour, comme « un aliment indispensable pour nourrir mon esprit ».
Elle parle depuis la tribune de Caux de sa décision de pardonner aux Khmers rouges. « On aurait pu entendre une épingle tomber », se souvient Catherine. « Pardonner aux Khmers rouges était une décision naturellement controversée à l'époque ».
La première chose qu'elle fait à son retour aux États-Unis est de s'excuser auprès de ses amis pour les avoir dénigrés. Elle présente des excuses personnelles et publiques à un dirigeant du mouvement de libération cambodgien qui les accepte. « J'ai ressenti un tel soulagement », dit-elle.
En 1988, Renée et ses amis de Minneapolis-St Paul fondent le Cambodian Children's Education Fund (CCEF). Gerry Kozberg, un administrateur scolaire de Saint Paul, l'aide à concevoir un programme novateur visant à créer des centres informatiques dans les villages cambodgiens. Pour Gerry, d'origine juive russe, c'était une façon de contribuer à la reconstruction de la société après l'expérience du génocide d'un autre peuple, mais semblable à l'Holocauste.
Le Vietnam a occupé le Cambodge en 1979 et chassé les Khmers rouges. Les combats se poursuivant, le CCEF se concentre sur la formation des enseignants dans les camps de réfugiés à la frontière thaïlandaise et cambodgienne.
Avec beaucoup de courage, Renée va parler parler à 40 enseignants dans le camp réservé aux réfugiés khmers rouges, donnant suite à sa décision prise à Caux de pardonner et de demander pardon. « J'étais calme et paisible. Je savais que j'avais surmonté ma haine à ce moment-là ». Plus tard, l'un des officiers lui demande : « Le monde pourra-t-il jamais nous pardonner ? ».
En 1991, l'accord de Paris a mis fin à l'occupation du Cambodge par le Vietnam. Renée est retournée dans son pays pour le reconstruire, travaillant avec l'opération de maintien de la paix des Nations unies à l'approche des élections démocratiques de 1993 - et promouvant la réconciliation avec l'aide de collègues inspirés par les idées de Caux. L'un de leurs outils était une traduction en khmer du film « Pour l'amour de demain ». Elle a ensuite contribué à la création du Centre national de calcul du Cambodge. Cependant, les conditions politiques ont rendu impossible la poursuite du programme du CCEF.
J'étais calme et paisible. Je savais que j'avais surmonté ma haine à ce moment-là.
En 1994, Renée et d'autres Cambodgiens inspirés par les idées d'Initiatives et Changement ont invité David Channer (réalisateur de Pour l'amour de demain) et son fils Alan à réaliser des films pour favoriser la guérison des blessures et un renouveau des coeurs au Cambodge. Plus de 1 000 copies de deux films, The Serene Smile et The Serene Life, pour lesquels Renée a servi de consultante, ont été distribuées dans tout le pays.
En 1998, Renée est devenue une nonne bouddhiste, prenant le nom monastique d'Ajahn Bodhipālā. Elle est maintenant membre du monastère bouddhiste d'Amaravati au Royaume-Uni.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
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La Fondation a reçu la triste nouvelle du décès soudain, le samedi 21 août, de Marianne Spreng, qui a été un pilier du centre d’I&C à Caux pendant un demi-siècle.
Des milliers de personnes de tous les coins du monde ont franchi les portes du Caux Palace, en Suisse, pour être accueillies chaleureusement par Marianne, toujours avec une parole aimable et encourageante sur les lèvres. Marianne s'est avouée introvertie, mais nonobstant sa voix était claire et forte, qu'il s'agisse d'accueillir les gens depuis la scène, de leur parler à table ou de bavarder au soleil sur la terrasse.
Son nom saute à l’esprit de très nombreux participants et membres des équipes de conférence lorsqu’ils se souviennent des rencontres importantes faites à Caux. Aucunement gênée par le passage au virtuel provoqué par la pandémie, elle a été une présence constante et fiable dans les réunions et événements internationaux en ligne, offrant sa sagesse et son vif intellect à travers tous les défis de ces deux dernières années.
Marianne a incarné la chanson de Muriel Smith et d’Ann Buckles, « The world walked into my heart », et sa passion pour les gens et les situations dans le monde entier est restée intacte à l'âge de 74 ans. L'Inde, l'Italie, l'Ukraine, l'Égypte et le Japon ne sont que quelques-uns des pays qu'elle s'est engagée à soutenir et qu'elle visitait fréquemment. Le flot de messages exprimant le choc et le chagrin à l'annonce de sa mort ne donne qu'un aperçu de l'impact de son dévouement désintéressé et persistent à Initiatives et Changement – les amitiés qu'elle a nouées, les programmes qu'elle a soutenus, les événements qu'elle a rendus possibles. Sa sagesse, son amour des langues (et son endurance en tant qu'interprète), son esprit et ses instincts sûrs nous manqueront cruellement.
Mais peut-être avant tout, elle était une Suissesse fière et joyeuse. Elle et son mari, Christoph, formaient un formidable partenariat d'amour et d'action. Leur relation espiègle était un phare de lumière et d'espoir pour ceux qui, autour d'eux, souhaitaient trouver un partenariat de vie fort et sain. En reconnaissant son incroyable contribution et l'immense vide qu'elle laisse derrière elle, nous pensons particulièrement à Christoph et à sa sœur, Monica, en ce moment très triste.
Le Conseil de la Fondation I&C Suisse, qu'elle a servi fidèlement pendant de nombreuses années, salue Marianne et Christoph, et honore le merveilleux héritage qu'elle, et eux, ont créé.
Repose en paix, Marianne.
Marianne Spreng
19.07.1947 - 21.08.2021
Service commémoratif :
10 septembre 2021 à 13h30
Lukaskirche, Morgartenstr. 16, 6003 Luzern (derrière la gare centrale)
Occupation maximale de 100 personnes en raison des restrictions Covid-19
Amie Zysset était le cœur et l'âme des conférences internationales sur la famille qui ont eu lieu à Caux de 1978 jusque dans les années 80. Elle est décédée - à l'âge de 60 ans seulement - après de longs mois d'hospitalisation, le dernier jour de la conférence de 1984. « Si je meurs avant la conférence des familles, je veillerai sur vous d'en haut », avait-elle annoncé.
Pendant sa formation d'enseignante en économie domestique, à la fin des années 40, Amie avait séjourné dans une pension pour jeunes femmes appelée « La Grande Aventure » à Lausanne. Sa directrice, Frida Nef, avait participé à la création du centre de conférences de Caux et faisait partager à ses pensionnaires son enthousiasme pour ce lieu. C'est ainsi qu'Amie a découvert sa vocation.
Tout a commencé par l'apprentissage du suisse allemand dans une famille bernoise. La famille Flütsch avait quatre enfants et la mère partait parfois avec son mari en mission avec le Réarmement moral (plus tard Initiatives et Changement).
Ils passaient tous les étés à Caux et emmenaient Amie et les enfants avec eux. Elle s'est impliquée dans la vie du centre de conférence, en aidant d'abord à la cuisine. Avec sa formation, c'était tout naturel.
Mais deux passions vont se développer et lui donner d'autres pistes d'activités.
Amie s'intéresse énormément au développement et au bien-être des enfants. En 1969, il y avait beaucoup de familles à Caux. Amie décide de prendre en charge les enfants de 7 à 12 ans, tandis que Monika Flütsch(aujourd'hui Bodmer), dont elle s'était occupée 14 ans plus tôt, crée le jardin d'enfants dans le Grand Hôtel.
Plus d'une fois, nos enfants et nous-mêmes avons bénéficié de cette aide extérieure désintéressée qui manque aujourd'hui à tant de familles.
Amie savait écouter les enfants et, à côté des jeux, de la cuisine et d'autres activités, leur proposait des discussions sur des thèmes qui leur tenaient à cœur, comme la bonne entente avec leurs frères et sœurs, la vie de famille ou encore les divisions entre leurs parents. Ces discussions ont abouti à la création d'un petit journal, où les enfants pouvaient exprimer leurs pensées et ainsi aider d'autres enfants.
Amie n'était pas dactylo, n'avait pas de formation journalistique et ne connaissait rien à l'édition, mais elle avait le don d'utiliser ses limites pour développer les talents des autres. C'est ainsi qu'est né Éléphant et Souris, publié en français et en allemand, rempli de questions, de réflexions, d'histoires personnelles, de jeux et de dessins. Il sort tous les deux mois, et l'aventure dure 15 ans. Le tirage atteint 400 exemplaires.
Elle se préoccupe aussi des parents et, comme l'écrit Jean-Jacques Odier, les prend parfois à part pour leur donner un conseil. « Plus d'une fois, nos enfants et nous-mêmes avons bénéficié de cette aide extérieure désintéressée qui manque aujourd'hui à tant de familles. »
Un Noël, Amie et Monika ont mis en scène le spectacle pour enfants Give a Dog a Bone, à Caux, avec une distribution composée uniquement d'enfants.
Son autre passion est la vie et l'avenir de sa région, le Jura, où les tensions entre catholiques et protestants sont devenues violentes. En tant que citoyenne de la petite ville de Reconvilier, elle compte parmi ses amis de nombreuses personnes impliquées dans les problèmes politiques et sociaux de la région.
Elle a emmené de Caux des amis de communautés divisées du Canada et d'Irlande, ainsi que de Papouasie-Nouvelle-Guinée, pour visiter sa région et partager leurs expériences de réconciliation. Elle a également emmené des amis jurassiens dans d'autres pays. Lors d'un voyage en Inde, elle et un ami se sont retrouvés assis à côté de Mère Teresa dans l'avion !
Elle avait le don d'utiliser ses limites pour développer les talents des autres.
Malheureusement, c'est en Inde qu'elle a contracté une maladie qui n'a jamais été complètement diagnostiquée et qui lui a coûté la vie. Elle écrivait souvent des poèmes personnalisés, comme cadeaux pour ses amis. Beaucoup d'entre eux ont été publiés dans un petit livre après sa mort.
Alors que nous travaillons sur ces histoires de personnes autour du 75e anniversaire du centre de conférence de Caux, nous sommes frappés par le nombre de femmes relativement peu connues - comme Amie Zysett - qui méritent tout à fait de figurer ici. La grande aventure de Caux n'aurait pas été possible sans cette armée de l'ombre qui a travaillé dans tant de domaines du centre de conférence de Caux et du travail d'Initiatives et Changement en général, donnant du temps et de l'argent, de la créativité et des soins attentifs aux autres.
Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
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Alors que notre série de 75 histoires pour les 75 ans du centre de conférence d'Initiatives et Changement à Caux touche à sa fin, la présidente d'Initiatives et Changement Suisse, Christine Beerli, et...
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Lorsque Wael Boubaker, diplômé tunisien en économie, a rejoint le Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP) en 2018, il s'attendait à une conférence qui ferait bien sur son CV, et à de be...
Tanaka Mhunduru, originaire du Zimbabwe, est l'un des organisateurs du Programme de Caux pour la paix et le leadership (CPLP), un programme d'un mois destiné aux jeunes du monde entier. Il y a partici...
La rencontre de l'hiver 2016 à Caux a représenté une expérience particulière pour Diana Damsa - non seulement parce qu'elle a fait l'expérience de Caux en hiver, mais aussi parce que, pour la première...
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L'année 2013 a été marquée par les premiers Dialogues de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ces événements, qui ont eu lieu au Centre de conférences et de séminaires de Caux, portent sur les lie...
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Pendant de nombreuses années, la Suissesse Lucette Schneider a organisé l'équipe qui se réunissait tôt le matin pour nettoyer, éplucher et couper les légumes destinés aux cuisines du centre de confére...
Mohan Bhagwandas n'est que trop conscient de son empreinte carbone. Au cours des 13 années allant de 2006 à 2019, il a pris 17 fois l'avion depuis sa ville natale de Melbourne, en Australie, jusqu'en...
25 dignitaires Indien-ne-s et Pakistanais-es sont venu-e-s à Caux en 2009 dans le but de lancer des ponts entre leurs pays. L'homme qui a pris l'initiative de cette rencontre est Rajmohan Gandhi, un p...
L'année 2008 a vu le lancement d'un cours inhabituel sur l'approche de l'Islam en matière de rétablissement de la paix, conçu par l'imam Ajmal Masroor du Royaume-Uni. Le coordinateur du cours, Peter R...