1997 : La Reine māorie - « Nous devons laisser la tristesse derrière nous »

Par Campbell Leggat

12/10/2021
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Par Campbell Leggat

 

Depuis les années 30, un thème apparaît régulièrement dans le travail d'Initiatives et Changement, c'est le soutien aux peuples indigènes dans leur quête de justice et de reconnaissance.

 

Maori Queen surrounded by her elders and councillors listen to a song from 25 of the cast of Anything to Declare. The venue is the Turangawaewae Marae, or royal courtyard, at Ngaruawahia, in 1970.
La reine māorie, entourée de ses aîné-e-s et de ses conseillers et conseillères, écoutant une chanson de Anything to Declare ? à la Turangawaewae Marae, ou la cour royale, à Ngaruawahia, en 1970.

 

Parmi les 450 personnes réunies à Caux en 1997 pour une conférence intitulée « Guérir le passé et forger l'avenir », la reine māorie, Dame Te Atairangikaahu, et l'épouse du Premier ministre néo-zélandais, Joan Bolger, étaient présentes avec une délégation de Māoris et de Pakeha (non-Māoris). Elles ont parlé aux participants des progrès réalisés par la Nouvelle-Zélande pour réparer les torts causés au peuple Māori depuis la colonisation.

Maori Queen being introduced to cast members of Anything declare by Queen of Romania, 1970,
La princesse Hélène de Roumanie présente la reine māorie
aux membres de la distribution de Anything to Declare, 1970
 

Le document fondateur de la Nouvelle-Zélande est le traité de Waitangi, signé en 1840 entre la reine Victoria et le peuple maori. Il était censé jeter les bases d'un gouvernement par consentement plutôt que par conquête, et protéger les Māoris des acheteurs de terres sans scrupules. 

Cependant, en quelques années, les colons exploitèrent la situation, et lorsque les Māoris finirent par s'unir pour protester, leur action  fut considérée comme une rébellion et brutalement écrasée par l'armée britannique. Des millions d'hectares furent confisqués.

La perte des terres avait fortement affaibli l'identité maorie et les politiques ultérieures d'assimilation aggravèrent encore la destruction de la culture māorie. Bien qu'une renaissance ait commencé à s'opérer, la question de la terre restait un grief majeur. Le tribunal de Waitangi, créé en 1975, commença à traiter cette question, mais les progrès étaient lents et il était nécessaire de trouver une nouvelle approche.

En 1990, le nouveau gouvernement néo-zélandais, dirigé par Jim Bolger, annonça son intention de tenter de régler toutes les revendications des Māoris devant le tribunal avant l'an 2000. Bien que cet objectif n'ait pas été atteint, d'énormes progrès furent réalisés.

L'accord conclu en 1994 avec la confédération tribale Waikato Tainui, qui a permis d'indemniser les Māoris pour les vastes étendues de terres confisquées dans les années 1860, constitua une étape importante. En 1995, lors d'une visite à Wellington, la reine Elizabeth en personne donna son assentiment royal à l'accord et  présenta des excuses pour la violation initiale du traité de Waitangi.

Nous devons laisser la tristesse du passé derrière nous.

 

left to right: Maori Queen husband, Maori Queen, Rosa Birch. Behind the queen, Campbell Leggat, author of the story.
De gauche à droite : Whatumoana Paki (le mari de la reine), Jeroen Gunning, la reine māori, Campbell Leggat, Rosa Birch (épouse du ministre néo-zélandais des Finances), Edward Peters et Mick Lennon.

 

« Une certaine restitution a eu lieu, et notre peuple va de nouveau de l'avant », a déclaré Dame Te Atairangikaahu à la conférence de Caux. « Nous devons laisser la tristesse du passé derrière nous et passer du mode de la doléance au mode du développement afin de ne plus transmettre la doléance à une autre génération ». Les progrès accomplis ont apporté une foi et un espoir nouveaux « pour l'unité et  la paix chez les Māoris, les Pakeha et chez tous les peuples de notre pays bien-aimé, Aotearoa ».

Nous devons passer du mode de la doléance au mode du développement.

Joan Bolger a déclaré que la signature de l'accord avec les Tanui avait été « l'un des jours les plus inoubliables de ma vie ». Elle a évoqué le grand courage du peuple Tanui qui a conclu cet accord, non seulement pour le présent mais aussi pour les générations à venir. « Aujourd'hui, nous prions Dieu de nous accorder la grâce de poursuivre le processus de règlement de l'accord, afin que les générations futures puissent vivre dans la dignité et l'harmonie ».

 

Maori Queen 4:  Prof. Timoti Karetu leads a seminar in Caux. Right: the Queen, second left, Mrs Joan Bolger.
Le professeur Timoti Karetu dirige un séminaire à Caux, en 1997. A droite : la reine māorie. Deuxième à partir de la gauche : Joan Bolger.

 

En 1999, le ministre du gouvernement qui avait été chargé de ces négociations, Douglas Graham, est également venu à Caux. « C'est une chose honorable de dire que ce que nous vous avons fait est mal et que nous nous excusons sans réserve », a-t-il déclaré. « Les gouvernements ne sont pas doués pour admettre leurs erreurs ».

La relation de Dame Te Atairangikaahu avec Initiatives et Changement (I&C) remonte à son adolescence, lorsqu'en 1956 son père, le roi Koroki, avait accueilli Frank Buchman, l'initiateur d'I&C, sur son marae. Des représentant-e-s māori-e- ont pris part à de nombreuses campagnes internationales d'I&C au cours des décennies suivantes.

Lorsque la reine māorie et Joan Bolger se sont rencontrées pour la première fois dans la résidence du premier ministre en 1991, un aîné māori et conseiller de la reine a exprimé sa gratitude pour le rôle qu'Initiatives et Changement avait joué en permettant aux valeurs et à la culture Māori d'être plus largement connues et appréciées dans le monde.

 C'est une chose honorable de dire que ce que nous vous avons fait est mal et que nous nous excusons sans réserve.

Welcome to Frank Buchman and party by King Koroki on Turangawaewae Marae 1956
Frank Buchman et son groupe sont accueillis par le roi Koroki au marae Turangawaewae, 1956.

 

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Découvrez l'histoire d'un autre Māori qui a visité Caux : 1971 : Canan Wi Te Tau Huata - « C'est comme si une tonne était tombée de mon dos ».

Pour en savoir plus sur Initiatives et Changement et son travail en Nouvelle-Zélande, lisez le livre de Mick Lennon, The Whole Round Earth to Span.

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photos (à l'exception de la bannière supérieure et de la photo avec la princesse Helen) : Initiatives et Changement
  • Photo du haut : Rob Lancaster (Whatumoana Paki, la reine māorie, Prof Timoti Karetu, Joan Bolger, Rosa Birch)
  • Photo avec la Princesse Helen : de Mick Lennon, The Whole Round Earth to Span, distribué par Grosvenor Books, 1999 (p.65)
  • Relecture: Claire Fiaux-Martin

 

 

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Yousef Khanfar: L'art de voir

Un événement artistique à l'occasion du 75e anniversaire

10/10/2021
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Un événement artistique à l'occasion du 75e anniversaire

Par Elisabeth Tooms

 

Comment voyons-nous la réalité qui nous entoure ? Et comment les photos peuvent-elles aider à montrer l'humanité de chaque personne, même de celles en marge de la société ?

Des participant-e-s venu-e-s d'aussi loin que de Kuala Lumpur et de Finlande ont eu le privilège de passer une heure et demie avec le photographe Yousef Khanfar dont la renommée n’est plus à faire. 

Yousef Khanfar est palestinien d’origine et vit aux États-Unis. Il a commencé à prendre des photos alors qu’il n’était encore qu’un tout jeune garçon qui avait du mal à s’exprimer correctement. Son père lui a alors offert un appareil photo. C'est grâce à lui que Yousef a commencé à voir le monde et ses habitant-e-s d'une manière différente.

Yousef a d'abord précisé que son art consistait à « voir ». Pour lui, être photographe ne signifie pas simplement devenir un spécialiste des paysages ou des portraits. « Nous, photographes, disons aux personnes ce qu'elles doivent regarder. Mais aucunement ce qu'elles doivent voir, » explique-t-il.Yousef.

 Nous, photographes, disons aux personnes ce qu'elles doivent regarder. Mais aucunement ce qu'elles doivent voir. 

Hands Yousef Khanfar

Il est convaincu qu’en étant passionné par quelque chose, on ne crée pas de l'art mais on le libère. C'est pour cette raison que Yousef utilise la photographie pour libérer l'art en chacun-e de nous,  tel un courant électrique. Pour Yousef, la photographie consiste à capturer une ambiance et à y faire plonger celles et ceux qui la regardent. Le photographe prend le temps de voir et d’aller au-delà des apparences. Il a conseillé de rester simple et a partagé de nombreux clichés de paysages magnifiques, montrant comment les ombres peuvent être utilisées pour améliorer l'image et les reflets pour l'agrandir. 

Yousef Khanfar utilise également la photographie pour faire évoluer les attitudes et les comportements. Il est convaincu qu’il est impossible de changer les lois sans changer d’abord l’esprit et le cœur des êtres humains. L'un des projets auquel il a collaboré s’intitulait Invisible Eve, une série de photographies de femmes dans une prison américaine. Ce projet a duré cinq ans et son objectif était non seulement d'humaniser ces femmes en marge de la société, mais aussi de les aider à changer le regard qu’elles portaient sur elles-mêmes. « J'essaie de mettre le doigt sur les failles de l'humanité, explique Yousef. Mon travail consiste à guérir ces fissures ». 

J'essaie de mettre le doigt sur les failles de l'humanité. Mon travail consiste à guérir ces fissures.

Yousef a pris le temps de répondre aux questions sur le choix de ses sujets et sur la technique employée. Il a expliqué n’avoir recours à aucun filtre et ne jamais retoucher ses photos. Il préfère d’ailleurs utiliser un appareil photo classique plutôt que de photographier avec un téléphone portable. Pour Yousef, il s'agit de voir et de prendre le temps car, comme il aime à le dire lui-même : « pour raconter une histoire, il faut avoir les reins solides pour lui donner une voix et un cœur. Nous (les photographes) ne faisons qu'emprunter aux dieux ! ».

Nous tenons à remercier Yousef pour avoir partagé avec nous son merveilleux travail et son engagement auprès d’Initiatives et Changement. Nous espérons vivement pouvoir prochainement le rencontrer à nouveau à Caux. 

 

Yousef Khanfar screenshot photography workshop 2021
Yousef Khanfar pendant l'atelier

 

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Ce que les participant-e-s ont pensé de cet événement

 

    Superbe !

 

    Merci pour cet événement magnifique ! Vos photos sont une véritable source d'inspiration.

 

Un partage franc, de belles images et des histoires honnêtes.

 

    Une source d'inspiration !

 

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Yousef Khanfar

Yousef Khanfar est un photographe et auteur palestino-américain de renom. Il figure parmi les 35 photographes les plus connus au monde et a reçu de nombreux prix. Il est l’auteur de trois livres et ses œuvres photographiques ont été publiées, exposées et collectionnées à travers le monde.  Son travail a été récompensé par la Maison Blanche, la Cour suprême des États-Unis, la Chambre des Lords du Royaume-Uni et bien d'autres. Le Centre Fulbright pour la paix à Washington  DC a sélectionné son livre In Search of Peace pour célébrer le Global Symposium of Peaceful Nations. Il a également été sélectionné comme artiste de l'année pour promouvoir l'alphabétisation avec l'UNICEF. La mission de la Palestine auprès des Nations unies a honoré Yousef Khanfar pour son «  engagement  extraordinaire pour la promotion de la paix et de la justice en Palestine à travers l'art ». 

 

Suivre Yousef sur Instagram: Yousef.Khanfar ou sur son site web

 

 

 

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Photos (sauf impressions d'écran): Yousef Khanfar

 

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1996: Le Cardinal Franz König - « À chaque visite, j'apprends quelque chose de nouveau »

Par Georg Hartl

07/10/2021
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Par Georg Hartl

 

L'une des images les plus marquantes du 50e anniversaire du centre de conférences Initiatives et Changement en 1996 est celle du Dalaï Lama saluant le cardinal Franz König, alors âgé de 90 ans.

Le Cardinal Franz König, archevêque de Vienne entre 1956 et 1985, avait participé avec enthousiasme aux conférences de Caux depuis le début des années 1970. « À chacune de mes visites à Caux, j'apprends quelque chose de nouveau, grâce à la grande ouverture d'esprit de chaque personne que je rencontre », a-t-il déclaré lors d'une conférence en 1979. « Même en tant qu'évêque, j'ai moi aussi besoin de changement, d'une « révision de vie ». L'exemple vivant de ceux que je vois ici m'inspire ».

Même en tant qu'évêque, j'ai moi aussi besoin de changement.

Cardinal König greets Dalai Lama in Caux in 1996, watched by Heinrich Rusterholz, President of the Federation of Protestant Churches in Switzerland. Credit: G. Williams
Le Cardinal König salue le Dalaï Lama à Caux en 1996, sous le regard de Heinrich Rusterholz,
Président de la Fédération des Eglises Protestantes de Suisse. (photo : Greg Williams)

 

À l'époque, M. König était à la tête des efforts de l'Église catholique pour jeter des ponts vers les pays communistes d'Europe de l'Est et portait le titre de secrétaire pour les non-croyants. Mais ce n'est pas la raison pour laquelle il est venu à Caux

Je suis convaincu que l'esprit de Dieu est à l'œuvre ici.

« Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, Caux a été un lieu où des personnes de races, d'opinions politiques et de classes différentes se sont réunies, souvent à partir de foyers de conflits qui menaçaient la paix du monde », a-t-il déclaré en 1987. « Encore et encore, des percées se sont produites. Je suis convaincu que l'esprit de Dieu est à l'œuvre ici »

 

Father Bots, Michael Gonzi, Don Cardinal, Franz König 1973 in Caux, credit: Danielle Maillefer
Avec (au premier rang, à gauche) Michael Gonzi, archevêque de Malte, et (au deuxième rang, au centre) Don Cardinal, chef des Premières nations canadiennes, à Caux, en 1973.

 

En tant qu'archevêque de Vienne, il était connu pour ses efforts visant à rétablir les relations entre les sociaux-démocrates autrichiens et l'Église catholique, qui avaient été rompues à l'époque du nazisme. Lui et Bruno Kreisky, chancelier fédéral de 1970 à 1983, ont entretenu un dialogue empreint du plus grand respect, malgré de sérieuses divergences sur certaines questions.

Il a également été actif dans le mouvement œcuménique mondial après le Concile Vatican II, et a notamment jeté des ponts vers les églises orthodoxes orientales. Son engagement dans l'établissement de relations avec les autres religions a été reconnu par les théologiens musulmans lorsqu'il a été invité à donner des conférences à l'université Al-Azhar du Caire, un centre d'érudition islamique.

 

Franz König, Jean-Marc Duckert, Andrew Stallybrass, Sydney Cook, 1973 , Caux
Discours du Cardinal Franz König à Caux, 1973

 

Dans les années 1960 et 1970, certains responsables de l'Église catholique considéraient le Réarmement moral (aujourd'hui Initiatives et Changement) avec un certain scepticisme, mais König acceptait avec intérêt les invitations à Caux. Il s'y sentait manifestement chez lui, servant du café au petit-déjeuner à des participants très surpris et s'engageant profondément avec ses interlocuteurs. Sa vocation pastorale transparaissait dans toutes ses rencontres.

Tant de choses dépendent du changement de notre cœur et de notre façon de penser.

Un matin où il prenait le petit-déjeuner avec un groupe de jeunes gens, il entend le récit d'une des participantes qui venait d'un milieu familial extrêmement difficile, avait eu une jeunesse troublée mais avait trouvé un nouveau départ dans sa vie. König est profondément impressionné par son histoire. Après le petit-déjeuner, à la surprise de ses hôtes, il demande s'il peut prendre les roses qui ornent la table et les offre à cette jeune femme, avec ses meilleurs vœux pour son avenir.

 

Franz König and Philippe Mottu in Caux 1986, credit: Danielle Maillefer
Avec l'un des pionniers de Caux, Philippe Mottu (à gauche), à Caux, 1986

 

Dans les années 1980, le cardinal a fait appel à Caux pour rassembler des gens afin de relever les défis environnementaux auxquels le monde était confronté. Cette première rencontre a conduit à une série de dialogues à Caux sur la préservation de la création, auxquels ont participé des scientifiques et des théologiens ainsi que des voix venues de la politique, de l'industrie et du journalisme environnemental.

« Dieu a mis le désir de créer dans sa créature », a déclaré König lors de la séance d'ouverture du dialogue en 1989. « Serait-ce une clé pour l'avenir que d'éveiller en chaque individu le désir de devenir créatif dans la préservation de la Création ? »

 

Victor Weisskopf, Eduard Kellenberger, Franz König, 1989, Caux
Le Cardinal König (à droite) avec les participants au dialogue de 1989 sur la préservation de la création à Caux :
(à gauche) le physicien nucléaire américain Victor Weiskopf et (au centre) Eduard Kellenberger, le père de la microbiologie en Suisse.

 

Il est revenu sur le thème de l'environnement dans son discours pour le 50e anniversaire de Caux. « Le danger est sérieux que les progrès de la technologie et des communications détruisent l'humanité et son monde. Tant de choses dépendent du changement de notre cœur et de notre façon de penser ».

« En dernier ressort, a-t-il dit à Caux en 1993, nous en revenons toujours à l'être humain et à sa quête spirituelle. Nous n'avons pas seulement un côté sombre, nous avons aussi un côté lumineux. Nous pouvons viser le bien comme le mal ».

 

 

Franz König in Caux, 1993
Célébration de son anniversaire à Caux, 1973

 

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Andrew Stallybrass 2017

Andrew Stallybrass ajoute :

Un soir, je suis descendu pour dîner dans la salle à manger de Caux avec un ami protestant irlandais. Il venait de rencontrer un groupe de Britanniques et était plein de tristesse, de colère et d'amertume car ils avaient discuté de leurs problèmes nationaux sans mentionner une seule fois l'Irlande, et ceci à un moment où les troubles battaient leur plein.

Je n'avais pas assisté à cette rencontre et j'avais prévu un dîner avec des gens, mais je me demandais si je devrais annuler pour essayer de réparer un cœur en colère et meurtri. Mon ami irlandais s'est éloigné et s'est assis seul à une petite table contre le mur.

J'étais conscient que le Cardinal König, tout juste arrivé de Vienne, se tenait près de moi, et je pouvais voir une table où des personnes importantes l'attendaient dans la grande baie vitrée. Juste avant qu'ils ne le voient, il s'est dirigé vers mon ami irlandais.

Ils ont dîné ensemble et le groupe qui l'attendait a estimé, à juste titre, qu’ils ne pouvaient pas l'interrompre ! Le lendemain, l'ami irlandais m'a dit que cette soirée avait représenté pour lui un miracle de guérison.

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo avec le Dalaï Lama en 1986 : Greg Williams
  • Photos avec le Père Bots etc + Philippe Mottu : Danielle Maillefer
  • Toutes les autres photos : Initiatives et Changement
  • Photo du haut avec Karl Mitterdörfer à Caux, 1979
  • Relecture: Claire Fiaux-Martin
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Caux 1995 : Marta Dąbrowska – « Voilà l'été et voiià Caux ».

Par Mary Lean

06/10/2021
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Par Mary Lean

 

Au début des années 1990, après la chute du mur de Berlin, un grand nombre d'Européens de l'Est et d'Europe centrale sont venus aux conférences d'Initiatives et Changement (I&C) à Caux. Beaucoup, telle Marta Dąbrowska venue de de Pologne, étaient des jeunes qui avaient grandi derrière le rideau de fer et qui étaient désireux d'explorer le monde.

Marta Dabrowska.jpeg

Marta, aujourd'hui professeur associé à l'Institut d'études anglaises de l'Université Jagellonne de Cracovie, est venue pour la première fois à Caux en tant qu'interprète en 1992.

« Je ne connaissais rien au travail d'interprète », dit-elle.  « Mais je savais qu'il y avait beaucoup de Polonais à Caux et que leur anglais était probablement moins bon que le mien. J'ai fait beaucoup d'erreurs, mais c'était un bon environnement pour apprendre le métier. Sauf que le fait d'être en cabine de traduction ou de traduire lors des repas ne m'a pas permis de saisir pleinement l'essence de Caux. Je voulais en savoir plus ».

Elle a du mal à mettre le doigt sur ce qui l'a ramenée à Caux après que son travail d'interprète ne soit plus nécessaire. La beauté du paysage ? Les résonances avec sa foi chrétienne et l'esprit de service que lui ont inculqué ses années de scoutisme ? Les amitiés qu'elle a nouées ? Le sentiment de faire partie de quelque chose de plus grand ?

Quelle que soit la raison, Marta est retournée à Caux chaque été depuis lors, à l'exception de 2003, 2007 et des années de pandémie. « Pour moi, l'été arrive et Caux ouvre ses portes ; les deux choses sont inséparables », dit-elle.

Caux est depuis toujours un endroit où je peux respirer, où je peux être moi-même .

Au fil des ans, elle s'est portée volontaire en tant qu'interprète, assistante de bureau, responsable et membre de l'équipe chargée d'attribuer les chambres. Elle a participé à l'organisation de conférences, notamment celles axées sur les arts créatifs  et a fait partie pendant trois ans du groupe de préparation, chargé de coordonner le programme d'été de Caux. En 2020, elle a été élue au Conseil international d'IofC.

« Caux est devenu ma deuxième maison et ma famille, un lieu dont je me sentais responsable », dit-elle. « C'est depuis toujours un endroit où je peux respirer, où je peux être moi-même et ne pas me sentir sous pression afin d'être à la hauteur comme dans mon rôle de professeur. La beauté de l'endroit, sa sérénité, sont extrêmement puissantes pour moi ».

 

Marta Dabrowska group
Le groupe qui a escaladé la Dent de Jaman en 1995 (Marta est à droite)

 

En 1995, les participants à la conférence se virent offrir une journée libre pour se promener dans les montagnes. Marta se retrouva seule femme dans un groupe qui comprenait des journalistes russes. « Ayant été élevée sous le communisme, j'avais une sorte de haine inconsciente des Russes, un sentiment de malaise à leur égard. J'ai appris le russe à l'école, mais je n'avais pas envie de l'utiliser, donc nous nous sommes à peine parlés ».

J'ai réalisé qu'ils étaient humains, comme nous tous.

Alors qu'ils montaient toujours plus haut, Marta se rendit compte avec effroi qu'ils allaient escalader la Dent de Jaman, une montagne à pic en forme de dent. C'était si raide qu'elle devait grimper à quatre pattes. « J'avais vraiment peur. Ces Russes m'ont aidée à atteindre le sommet. J'ai réalisé qu'ils étaient humains, comme nous tous. »

Heinz und Gisela Krieg, credit Ivo Krieg
Heinz et Gisela Krieg

Une autre rencontre importante a été celle de Heinz et Gisela Krieg. « Pour moi, en tant que Polonaise, rencontrer un Allemand qui avait participé à la guerre a été une expérience unique. Heinz faisait tout ce qui était en son pouvoir pour réconcilier nos deux pays. Nous nous sommes rendus visite et, pendant de nombreuses années, régulièrement, ils me téléphonaient le 1er septembre, date anniversaire de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne en 1939, juste pour me dire qu'ils se souvenaient». En 1998, avec d'autres personnes, ils ont réuni Polonais et Allemands pour une conférence à Krzyżowa.Another important encounter was with Heinz and Gisela Krieg. 

En 1993, Marta s'est engagée dans l'ONG  « Fondations pour la liberté » (Foundations for Freedom), qui organisaient des cours pour les jeunes d'Europe centrale et orientale sur les valeurs personnelles qui sont au fondement de la démocratie. Elle a été une des organisatrices de la première réunion régionale à Cracovie en 1995. 

« À l'époque, beaucoup de jeunes Européens de l'Est s'étaient impliqués », dit-elle. Certains ont poursuivi leur engagement avec IofC, mais d'autres ne l'ont pas fait. Elle se demande pourquoi.

« Ils étaient jeunes, ils avaient de l'énergie, ils étudiaient ou venaient d'obtenir leur diplôme, ils étaient curieux de voir le monde. Ils étaient attirés par la nouveauté de Caux, c'était excitant. Mais ensuite, la vie a pris le dessus : trouver un emploi, fonder une famille ». L'argent a également été un obstacle, une fois que Caux a commencé à faire payer la participation, au lieu de simplement encourager les dons. «Ceux qui continuent à venir travaillent dans les coulisses  et fournissent un travail qui leur permet de loger à Caux ».

Alors, pourquoi a-t-elle continué à venir ? Elle parle de l'attention qu'elle a reçue, de la part de personnes venues du monde entier. « Ils ne se contentaient pas de parler d'amour et de désintéressement, ils le vivaient. Quand les gens se comportent avec vous comme des anges, vous ressentez qu'il y a du bon dans le monde et vous avez envie de le transmettre ».

 

Marta à Caux, 2017

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo en haut, Heinz et Gisela Krieg : Initiatives de changement
  • Photo portrait et 1995 : Marta Dabrowska
  • Photo Marta à Caux 2017 : Ismar Villavicencio
  • Relecture: Claire Fiaux-Martin

 

 

 

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1994 : La Table Ronde de Caux - Des principes pour l'entreprise

Par Maarten de Pous

30/09/2021
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Par Maarten de Pous

 

Olivier Giscard d'Estaing Caux Round Table, photo Rob Lancaster
Olivier Giscard
d'Estaing
Frits Philips, photo Rob Lancaster
Frits Philips

En juillet 1994, la Table Ronde de Caux (CRT), un forum international de chefs et cheffes d'entreprise qui se réunissait à Caux depuis 1986, lançait un ensemble de Principes pour les entreprises.

Les Principes firent l'objet d'un article dans le Financial Times, sous le titre « The search for universal ethics » (recherche pour une éthique universelle). Le rédacteur en chef du journal, Tim Dickson, dit dans son commentaire que c'est peut-être la première fois qu'un document de ce type a été soutenu par des hommes et femmes influent-e-s d'Europe, du Japon et des États-Unis.

Neuf ans plus tôt, l'éventualité d'une telle action commune semblait lointaine. En 1985, un article paru dans un grand journal néerlandais, le NRC Handelsblad, prévenait que le Japon allait ruiner l'industrie électronique européenne en offrant ses produits bien en dessous de la valeur du marché, de la même manière qu'il avait bradé l'industrie automobile américaine. L'article était intitulé « Le faux sourire du Japon ».

 

Olivier Giscard d'Estaing - unknown - Frits Philips, 1989
Olivier Giscard d'Estaing (à gauche), Noboru Okamura, ancien président de Honda (au centre) et Frits Philips (à droite)
lors des 4èmes Dialogues mondiaux annuels de la Table Ronde de Caux, 1989

 

Frits Philips, ancien PDG de Philips Electronics, et Olivier Giscard d'Estaing, vice-président de l'institut de management INSEAD en France, avaient tous deux participé aux conférences industrielles annuelles qui se tenaient à Caux depuis le début des années 1970. Ils étaient tellement préoccupés par la menace d'une guerre commerciale qu'ils écrivirent aux chefs et cheffes d'entreprises japonais qu'ils et elles avaient rencontré-e-s lors de ces conférences et les invitèrent à une réunion informelle avec des chefs et cheffes d'entreprises d'Europe et d'Amérique.

Les Japonais-e-s répondirent positivement et, à l'été 1986, une délégation arriva à Caux. Elle comprenait le président de Canon, Ryuzaburo Kaku, l'ancien président de Matsushita Electronics, Toshihiko Yamashita, et l'éditeur du Japan Times, Toshiaki Ogasawara.

 

Kaku Caux Round Table
Ryuzaburo Kaku à Caux

 

La première réunion des 30 participant-e-s faillit se terminer en catastrophe. On avait dit aux Japonais-e-s que Caux était connu pour instaurer la confiance et la compréhension, et pour encourager les gens à chercher ce qui est juste plutôt que qui a raison. Mais les participant-e-s européen-ne-s et américain-e-s étaient tellement frustré-e-s par les pratiques commerciales japonaises qu’ils exprimèrent leurs sentiments en termes très clairs. Comme à l'accoutumée, les participant-e-s japonais-e-s écoutèrent, attendant patiemment qu'on leur donne l'occasion de répondre, mais ils et elles étaient alors tellement offensé-e-s qu'ils et elles n'étaient pas d'humeur à poursuivre la session.

Caux est connu pour sa capacité à instaurer la confiance et la compréhension, et à encourager les gens à chercher ce qui est juste plutôt que qui a raison.  

Heureusement, pendant la pause déjeuner, il fut convenu d'essayer une nouvelle approche. Les discussions de l'après-midi commencèrent en petits groupes, les participant-e-s japonais-e-s prenant la parole en premier. L'atmosphère s'améliora et des conversations fructueuses se poursuivirent pendant le reste de la réunion de deux jours. À la fin, les participant-e-s convinrent de se réunir chaque année à Caux.

 

Image
Table ronde de Caux 1989 avec : Yvonne van Rooy, ministre du Commerce extérieur des Pays-Bas (1ère en partant de la gauche),
Olivier Giscard d'Estaing (6ème en partant de la gauche), Frits Philips (8ème en partant de la gauche), Ryuzaburo Kaku (4ème en partant de la droite)

 

Ces rencontres ont été baptisées « Dialogues mondiaux de la Table ronde de Caux ». Entre-temps, des réunions plus restreintes eurent lieu au Japon, aux Etats-Unis, à Taiwan, à Singapour, en Chine, au Mexique et dans divers pays européens, organisées avec l'aide de collègues d'IofC au Japon et aux Etats-Unis.

Au cours de ces dialogues, il apparut clairement qu'il était nécessaire d'élaborer des principes d'entreprise qui tiennent compte des intérêts et des responsabilités de toutes les parties prenantes.

Il était nécessaire d'avoir des principes d'affaires qui incluraient les intérêts et les responsabilités de toutes les parties prenantes. 

En utilisant les principes du Minnesota (développés par le Minnesota Center for Corporate Responsibilty) comme base utile, la CRT a élaboré ses propres principes pour les entreprises

Dans les semaines qui suivirent la publication de l'article de Tim Dickson dans le Financial Times, le secrétariat de la CRT à La Haye fut inondé de commandes pour les Principes de la part d'écoles de commerce, de cadres d'entreprises, de médias et d'universitaires du monde entier. En tant que coordinateur européen de la CRT, il m'a incombé de répondre à cette avalanche d'intérêt.

 

Olivier Giscard d'Estaing Caux Round Table
Oliver Giscard d'Estaing s'exprimant à la table ronde de Caux

 

Traduits par la suite en 12 langues, les Principes mettent l'accent sur l'identification de valeurs communes, la conciliation de valeurs divergentes et le développement d'une « perspective commune sur le comportement des entreprises, acceptable et respectée par tous ». Tim Dickson écrit : « On dit que les Principes s'inspirent de deux traditions éthiques : la philosophie japonaise du kyosei, décrite par Ryuzaburo Kaku de Canon comme « vivre et travailler ensemble pour le bien commun de l'humanité » et de la « dignité humaine », qui fait référence au caractère sacré ou à la valeur de chaque personne en tant que fin, et non pas simplement en tant que moyen de réaliser les objectifs d'autres personnes ou même ceux prescrits par la majorité ».

Businesses should protect.

En 1994, la responsabilité sociale des entreprises était déjà un concept accepté. Mais les Principes précisaient ce que cela signifie pour une entreprise d'aller au-delà des intérêts des actionnaires pour s'intéresser à ceux de toutes les parties prenantes : client-e-s, employé-e-s, propriétaires ou investisseurs, fournisseurs, concurrent-e-s, communautés. Ils soulignaient également que les entreprises devaient protéger et, si possible, améliorer l'environnement, promouvoir le développement durable et éviter le gaspillage des ressources naturelles.

Aujourd'hui, la Table Ronde de Caux continue sous le nom de Caux Round Table Japan et de Caux Round Table for Moral Capitalism, basée aux Etats-Unis. Initiatives et Changement Suisse continue à promouvoir l'héritage des Tables Rondes de Caux, en soutenant et en accueillant des événements sur le leadership éthique dans les entreprises.

 

____________________________________________________________________________________________

 

Olivier Giscard d'Estaing Caux Round Table

Alors que nous étions sur le point de publier cet article, nous avons reçu la triste nouvelle qu'Olivier Giscard d'Estaing, l'un des cofondateurs de la Table Ronde de Caux, était décédé à l'âge de presque 94 ans le 13 septembre 2021. C'était un homme d'affaires et un homme politique français, connu pour son rôle dans la fondation et la direction de l'école de management INSEAD à Fontainebleau.

Lors d'une visite au Japon pour une réunion de la CRT en 1987, il a déclaré à ses hôtes japonais : « Nous croyons aux miracles. Le Japon en a déjà accompli deux : celui de sa reconstruction après la guerre et celui de sa percée au rang de deuxième économie mondiale. Ensemble, nous devons maintenant en accomplir un troisième : celui du partenariat dans la résolution des tensions existantes ».

 

____________________________________________________________________________________________

 

 

Les 7 principes de la table ronde de Caux pour une entreprise responsable


Principe 1 :

Respecter les parties prenantes au-delà des actionnaires. Une entreprise responsable a des responsabilités au-delà de ses investisseurs et de ses dirigeants.

Principe 2 :

Contribuer au développement économique et social.

Principe 3 :

Instaurer la confiance en allant au-delà de la lettre de la loi.

Principe 4 :

Respecter les règles et les conventions.

Principe 5 :

Soutenir une mondialisation responsable.

Principe 6 :

Respecter l'environnement.

Principe 7 :

Éviter les activités illicites.

 

 

____________________________________________________________________________________________

 

Découvrez la vidéo 25 ans de table ronde de Caux (2012).

 

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo portrait Frits Philips et Oliver Giscard d'Estaing : Rob Lancaster
  • Toutes les autres photos : Photographe inconnu
  • Vidéo : 25 Years Caux Round Table (2012), créé par www.keystoneprod.com
  • Relecture: Claire Fiaux-Martin

 

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Un événement de Tools for Changemakers

Par Hajar Bichri

 

Le deuxième épisode de la série « Stories for Changemakers » s’inscrivant dans le programme Des outils pour les acteurs et actrices du changement s’est tenu le 25 août dernier, avec une interview de Patrick Magee. En 1984, il posait une bombe au Brighton Grand Hotel dont l’explosion allait coûter la vie à cinq personnes. Cette série d’entretiens vise à encourager les dialogues difficiles en laissant la place à des perspectives moins connues qui explorent les deux faces d'un conflit.

Soixante-cinq personnes originaires d'Afrique, d'Asie, d'Europe et du continent américain ont écouté Patrick Magee s’entretenir avec Neil Oliver à propos de ses mémoires Where Grieving Begins - Building Bridges after the Brighton Bomb. L'entretien a été suivi d'une discussion en petits groupes et de questions-réponses.

 

Patrick Magee (à gauche) et Neil Oliver (à droite). Photo : Jeremy Le Fèvre

 

Patrick Magee a rejoint l'Armée républicaine irlandaise provisoire (IRA) à l'âge de 19 ans. Il a passé 14 ans en prison pour son rôle dans l'attentat de Brighton et a été libéré en 1999 dans le cadre de l'accord du Vendredi saint. 

Dans son livre, Patrick Magee décrit l'étiquette de « poseur de bombe de Brighton » comme un « cliché qui rend toute réflexion impossible », et qui, en mettant l'accent sur lui, a empêché de comprendre le contexte de cet attentat. 

Le titre de son livre, explique Patrick, est tiré d'un poème de l'écrivain et homme politique chilien Pablo Neruda : 

 

Le voyageur se demande : s'il a vécu toute une vie

une vie, en repoussant la distance,

revient-il à l'endroit où son deuil a commencé :

perdre à nouveau une part d'identité,

faire ses adieux et repartir ?

Patrick Magee interview

Ce que je n'avais pas compris, c'est que Jo avait un besoin semblable de poursuivre la discussion.

Pour Patrick, poser cette bombe relevait de l’« obligation politique ». Dix-sept mois après sa sortie de prison, il a rencontré Jo Berry, la fille d’une des victimes de l’attentat, et a été bouleversé par l'ampleur de la situation. « Vous êtes sur le point d'entrer dans une pièce et de rencontrer une femme dont vous avez tué le père. Rencontrer une personne que j’avais blessée et ne déceler chez elle aucune animosité a été un point de basculement. Deux semaines plus tard, Jo a repris contact avec moi. Ce que je n'avait pas compris, c'était que Jo avait le même besoin de continuer à parler », a confié Patrick. 

En réponse à une question sur ce qu'il avait appris de Jo, Patrick a parlé de la nécessité d'examiner le passé sous différents angles et de la prise de conscience que, tout comme son camp avait été diabolisé, elles et eux aussi avaient diabolisé celles et ceux considérés comme l’ennemi. Il se souvient avoir pensé, alors que Jo parlait de son père : « La bonté et les valeurs de cette femme doivent, quelque part, provenir de cet homme, et je l'ai tué. J’ai tué une personne d’une grande humanité. » 

 

Patrick Magee Neil Oliver Jo Berry screenshot

 

Répondant aux questions du public, il a exprimé les lacunes de l'histoire telle qu’enseignée dans les écoles britanniques et le manque de compréhension des répercussions de la partition de l'Irlande en 1921 sur les hommes et les femmes.

On lui a demandé si, au moment de poser la bombe, il avait pensé aux victimes innocentes. « Nous avons pris en compte les conséquences possibles de cet attentat », a-t-il répondu. Par exemple, la bombe a été posée à un moment où nous pensions que les civil-e-s avaient le moins de chance d'être touché-e-s par l'explosion... Nous visions ceux et celles qui nous semblaient les plus coupables du conflit, ceux qui donnaient les ordres qui alimentaient le terrorisme dans nos rues. »

Serait-il prêt à recourir à nouveau à la violence pour l'unification de l'Irlande ? « Non, si l'on excepte le fait que j'ai 70 ans et que je ne suis peut-être plus en mesure de contribuer de cette manière, je ne crois pas que la violence soit nécessaire pour parvenir à nos fins... Je soutiens pleinement le processus de paix et sa poursuite, et je crois qu'au bout du compte, c'est ce processus qui prévaudra.»

Jo, qui avait pris la parole lors d'un événement Des outils pour les acteurs et actrices du changement, faisait partie du public à cette occasion. Vers la fin de la session, Jo et Patrick sont arrivés à la conclusion que l'empathie jouait un rôle crucial dans leur processus de dialogue et de pardon. « Pour progresser, il faut arriver à une situation d'empathie où l'on essaie au moins de comprendre et d'expliquer, » a déclaré Patrick. Et Jo d’ajouter : « Pour moi, l'empathie est plus importante que le pardon. »

L'empathie est plus importante que le pardon.

Jo Berry Patrick Magee
Jo Berry et Patrick Magee à Caux, 2018

 

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Témoignages du public

 

Je suis originaire de Cork et j'ai vécu la majeure partie de ma vie en Irlande. Ce que vous avez à dire est également très important pour la République d'Irlande. Je ne pensais pas vivre assez longtemps pour entendre parler quelqu'un comme vous. Je vous en remercie. 

Elaine Gordon

J'ai été tellement émue par leur parcours et leur courage de vouloir continuer le cheminement. J'ai énormément appris de leurs témoignages qui m’ont inspirée. 

Barbara 

Je pense qu'il est nécessaire d'approfondir les discussions sur ce sujet. J'ai été vraiment soutenue dans mon domaine où j'ai des difficultés et de l’insécurité à gérer.

Olga

 

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Regardez la rediffusion de l'événement ici.

 

 

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Organisations partenaires

 

L'événement a été proposé dans le cadre du programme des jeunes ambassadeurs, dans le cadre du Caux Forum Online 2021, en partenariat avec Movetia, Edventure : Frome et Beyond Boundarieshttps://jeremylefevre.com/home/.

Tools for Changemakers poursuit le développement de la série Stories for Changemakers, qui aborde différents aspects des conflits. Pour en savoir plus sur les événements à venir, gardez un œil sur notre site web.

 

 

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1993 : Somalie - « Si on peut avoir la paix à Galkayo, on peut l'avoir partout »

Par John Bond

27/09/2021
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Par John Bond

 

Parmi les Somalien-ne-s présent-e-s à Caux en 1993 se trouvaient Hassan Mohamud et Ahmed Egal, tous deux originaires de Galkayo, l'une des villes les plus violentes de Somalie.

Ahmed Egal
Ahmed Egal
Hassan Mohamud
Hassan Mohamud

Depuis des décennies, les deux clans qui dominent Galkayo - les Hawiye et les Darood - sont en guerre. La dernière flambée de conflit - au cours de laquelle plus de 40 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées - remonte à 2016. Mais depuis lors, Galkayo n'a connu aucun affrontement. « Les relations et le bon voisinage se sont considérablement améliorés », a rapporté le Puntland Post en juin de cette année. C'est en partie grâce au travail des Somalien-ne-s inspiré-e-s par Caux.

Hassan Mohamud appartient au clan des Hawiye, Ahmed Egal à celui des Darood. Tous deux se sont opposés au régime du dictateur Siad Barre, qui a dirigé la Somalie de 1969 à 1991. Contraints de fuir, ils ont tous deux trouvé asile en Suède. C'est là qu'Egal a rencontré Initiatives et Changement. Son propre changement d'attitude a tellement frappé Mohamud que, bien qu'il soit ennemi par leur clan, il a téléphoné à Egal et a demandé à le rencontrer. De longues discussions ont abouti à leur décision de travailler ensemble à la réconciliation de Galkayo.

À Caux, en 1993, avec d'autres Somalien-ne-s, ils ont dressé une liste de potentiels artisans de paix, issus de différents clans, qu'ils voulaient inviter à Caux. Parmi eux se trouvait Yusuf Al-Azhari, également originaire de Galkayo. 

 

Somalia
Les artisans de la paix africains à Caux en 2000 : (de gauche à droite) Fesseha Fre, Erythrée ; Mammo Wudneh, Ethiopie ; Hassan Mohamud (devant) ; Bethuel Kiplagat, Kenya ; Abdulrahman El Khatib, Egypte ; Yusuf Al-Azhari ; Ahmed Egal

 

Dans les années 1960, Al-Azhari avait épousé la fille du Premier ministre somalien et avait été favorisé par de hautes fonctions publiques et diplomatiques. Puis est survenu le coup d'État qui a porté Siad Barre au pouvoir. Al-Azhari est emprisonné et torturé jusqu'à en devenir fou : « J'étais plein de colère, de haine et de dépression. J'étais complètement déshydraté, je n'avais plus que la peau sur les os. J'ai perdu la moitié de mon poids.

Une nuit, je me suis agenouillé, trempé de larmes, et j'ai supplié le Créateur tout-puissant de me donner la paix et une vision pour me guider. Cette nuit-là, dans ma cellule, j'ai été transporté spirituellement. Lorsque je me suis enfin levé, huit heures s'étaient écoulées. Ma voix intérieure m'a dit que je m'étais fait des illusions sur moi-même. « Sois honnête envers toi-même et envers ceux qui t'entourent, et tu seras la personne la plus heureuse sur terre ». Depuis ce jour, j'ai été libéré de la peur et du désespoir. L'amour avait été planté dans mon cœur. La haine s'est évaporée. J'ai compris que j'étais responsable de mes actes passés. J'ai fait le serment de servir mes concitoyens, pauvres et riches. »

Sois honnête envers toi-même et envers ceux qui t'entourent, et tu seras la personne la plus heureuse sur terre.

À l'époque, la Somalie dégénérait dans le chaos et la pauvreté, et après six ans, Al-Azhari et ses compagnons de détention ont été libérés. On avait dit à sa femme qu'il était mort, et elle s'est évanouie lorsqu'il est arrivé chez lui, émacié et avec une barbe qui lui tombait sur les genoux.

Au cours des années suivantes, il tenta d'accomplir son vœu de servir. Lorsque l'invitation d'Egal lui parvint, il répondit immédiatement. Ils se rencontrent et Al-Azhari accepte l'invitation d'aller à Caux. Sa conviction grandit que la Somalie a besoin d'une « révolution massive et fondamentale, où le renouveau moral est un véhicule pour réformer la politique, encourageant les clans à vivre ensemble en paix ». Au cours des années suivantes, lui et ses collègues ont fait venir aux rencontres de Caux d'autres dirigeants somaliens, et leur réseau s'est agrandi.

 

Somali president Abdullahi Yusuf Ahmed (left, Ali Abdullah Saleh (president Republic of Yemen, right). Yusuf Al-Azhari centre (advisor to Somali president 2004-2008)
Yusuf Al-Azhari a été conseiller du président de la Somalie, Abdullahi Yusuf Ahmed, de 2004 à 2008. On le voit ici avec le président somalien (à gauche) et Ali Abdullah Saleh, président de la République du Yémen (à droite).

 

En 2001, Mohamud a rejoint Al-Azhari à Galkayo, et Egal a suivi peu après. Au cours des années suivantes, avec leur équipe grandissante, ils ont organisé des forums et des ateliers sur les qualités d'un artisan et d'une artisanne de paix, ainsi que des cours de formation permettant aux hommes et aux femmes de trouver un emploi. Ils ont demandé le soutien de la diaspora somalienne et ont ouvert 22 nouvelles écoles.

Le conflit s'est poursuivi à Galkayo, mais les efforts des artisans de la paix ont fait de même. Après les violences de 2016, une trêve a été négociée - et elle a tenu. Depuis lors, les agences internationales sont mieux à même de fournir un soutien au développement, et l'emploi se développe.

 

Egal and Mohamud visiting 5 cities in Somalia, Galkayo 2019
En 2019, Egal et Mohamud ont emmené leur expérience de pardon et de transformation dans cinq villes somaliennes. Voici une rencontre à Galkayo.

 

Aujourd'hui, les gens peuvent se déplacer librement dans la ville, et les mariages mixtes entre les clans se multiplient. Aujourd'hui, Mohamud et Egal élaborent des programmes de paix pour les écoles primaires de Galkayo. 

La violence n'est pas le seul défi dans cette région aride. En 2017, Al-Azhari a sauvé un groupe de plus de 140 petit-e-s enfants de la sécheresse et de la famine et les a amenés à Galkayo. Lorsqu'il est mort en juin de cette année, à l'âge de 80 ans, il s'occupait encore de 90 de ces enfants. Mohamud s'est maintenant arrangé pour que l'un de ses hommes de clan continue à s'occuper de ces enfants.

Lors d'une visite à Galkayo en 2018, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Somalie, Michael Keating, a déclaré : « Si vous pouvez avoir la paix à Galkayo, vous pouvez avoir la paix partout en Somalie. » Tel est l'objectif des artisans de paix somaliens inspirés par Caux. 

J'ai compris que j'étais responsable de mes actes passés. J'ai fait le serment de servir mes concitoyens, pauvres et riches.

 

 

Egal, Mohamud with Khadija Mohamed, Somali Minister of Youth and Sports, during their campaign 2019
Egal et Mohamud avec Khadija Mohamed, ministre somalienne de la jeunesse et des sports, pendant leur campagne de 2019.

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo du haut et teaser : Lul Kulmiya
  • Photo avec Khadija Mohamed : Bashir Mohamed
  • Toutes les autres photos : photographes non connus
  • Relecture: Jean Fiaux

 

 

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1992 : L'espoir dans les villes - « Là où la guérison peut avoir lieu »

Par Rob Corcoran

24/09/2021
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Par Rob Corcoran

 

En juillet 1992, 80 Américain-e-s sont arrivé-e-s au centre de conférence d'Initiatives et Changement Suisse à Caux avec une question urgente : comment aborder le racisme, la pauvreté et l'aliénation dans les villes américaines. Rob Corcoran, qui travaillait pour Initiatives et Changement à Richmond, en Virginie, à l'époque, s'en souvient :

Trois mois plus tôt, Los Angeles avait explosé après l'acquittement par un jury majoritairement blanc de quatre policiers blancs qui avaient été filmés en train de frapper un automobiliste noir, Rodney King. Quatre jours d'émeutes, de violences et de pillages avaient fait plus de 50 morts et 1'100 propriétés détruites.  

Un mois à peine avant les événements de Los Angeles, un groupe d'habitant-e-s de plusieurs villes américaines s'était réuni à Richmond, en Virginie, et avait convenu de travailler à l'organisation d'un événement public qui aborderait directement la question raciale, sous les auspices de Hope in Cities. Encore à ses débuts, Hope in the Cities (Espoir dans les villes) était une initiative populaire, basée à Richmond - capitale des États confédérés pendant la guerre civile américaine - et inspirée par Initiatives et Changement. Ma femme, Susan, et moi étions les hôtes d'une maison où le groupe se réunissait souvent. 

 

Hope in the Cities team at Caux: l to r: Audrey Burton, Collie Burton, Cricket White, Walter Kennedy, Cleiland Donnan, Tee Turner, Rob Corcoran (photo Karen Greisdorf)
L'équipe de Hope in the Cities (de gauche à droite) : Audrey Burton, Collie Burton, Cricket White, Walter Kenney, Cleiland Donnan, Tee Turner, Rob Corcoran.

 

 Le maire de Richmond, Walter Kenney, conduisit une délégation de 22 dirigeant-e-s de communautés à la conférence de Caux. Parmi eux se trouvaient Howe Todd, un administrateur municipal blanc de haut rang, et Collie Burton, un organisateur communautaire noir qui s'était fortement opposé à Todd sur des questions de politique générale. Les deux hommes avaient noué une amitié inattendue et leur nouvelle approche avait suscité l'intérêt de toute la ville. 

À Caux, les Richmondois ont rencontré de jeunes militant-e-s communautaires, des responsables de l'égalité raciale du Royaume-Uni, des dirigeant-e-s de favellas de Rio de Janeiro et d'anciens membres de gangs de Los Angeles. Ils et elles ont entendu Bernard Gauthier, l'ancien chef de la police du Nord de la France, et John Smith, un pasteur méthodiste australien dont le gang de motards, God Squad, s'adressait aux enfants des rues, aux toxicomanes et aux autres membres des sous-cultures de jeunes.

Si cela ne peut pas se passer à Caux, où cela peut-il se faire ?

Les sessions de la conférence ont parfois été conflictuelles. De nombreux participant-e-s avaient encore les nerfs à vif de leurs expériences de racisme. Audrey Brown Burton, qui travaillait dans le département correctionnel de New York, n'a pas mâché ses mots à ce sujet. « Notre système de justice pénale est criminel », a-t-elle déclaré, notant que les Noir-e-s américain-e-s recevaient, en moyenne, des peines plus longues que les Blanc-he-s pour les mêmes crimes.

Face à un discours aussi franc, de nombreux Blanc-he-s se taisent. Des groupes de Noir-e-s se sont formés et il y a même eu des gens qui ont quitté la salle pour protester contre un orateur. Un Britannique blanc qui s'en alarmait m'a dit : « Cela ne devrait pas se passer à Caux ». J'ai répondu : « Si cela ne peut pas se passer à Caux, où cela peut-il se faire ? ».

 

Unveiling of reconciliation statue Richmond 2007 (photo Karen Greisdorf)
Dévoilement de la statue de la réconciliation
réconciliation à Richmond, 2007
Tee Turner at the reconciliation statue (photo Rob Corcoran)
Tee Turner à la statue de la réconciliation

Au fil des jours, le silence et la confrontation ont fait place à une conversation honnête. Melanie Trimble, une étudiante blanche originaire du sud des États-Unis, a déclaré : « Je veux demander pardon pour mes préjugés et mon indifférence ». Elle a déclaré qu'elle avait eu de bon-e-s ami-e-s noir-e-s à l'école « mais que nous ne parlions pas beaucoup des solutions raciales et que je n'avais jamais été moi-même dans un endroit où les Blanc-he-s et les Noir-e-s travaillaient directement sur la question raciale et étaient honnêtes à ce sujet ».

Un jour, de nombreux et nombreuses Américain-e-s se sont réuni-e-s pour réfléchir à ce qu'ils et elles avaient vécu. Melanie a incité le groupe à se concentrer sur les thèmes du « racisme, de la réconciliation et de la responsabilité ». À la fin de la réunion, nous avons formé un cercle et nous nous sommes engagés à guérir le racisme en Amérique. Beaucoup d'entre nous savaient qu'il s'agissait d'un engagement à vie. »

Le maire Kenney a invité les délégués de la conférence à Richmond l'année suivante. Les Américain-e-s ont déclaré leur engagement à faire face à « la torture du problème racial qui découle du péché originel de notre âme nationale - l'esclavage ».

En juin 1993, 500 personnes venues de villes de tous les États-Unis, ainsi que des Africain-e-s, des Asiatiques, des Latino-Américain-e-s, des Australien-ne-s et des Européen-e-s, ont rejoint les habitant-e-s de Richmond pour une conférence au sujet de « Healing the Heart of America : Une conversation honnête sur la race, la réconciliation et la responsabilité ». Melanie Trimble a assumé la formidable tâche d'organiser la logistique du point culminant de la conférence : La première marche de Richmond à travers son histoire de racisme et d'esclavage.

Beaucoup d'entre nous savaient qu'il s'agissait d'un engagement à vie.

Hope in the Cities - Richmond's first walk through its history of slavery, 1993 (photo Rob Lancaster)
La première promenade de Richmond à travers son histoire de l'esclavage, 1993

 

Au cours des années suivantes, Hope in the Cities a développé une approche du dialogue qui a été reprise par plusieurs villes dans toute l'Amérique. Richmond a créé une commission sur le sentier des esclaves et développe actuellement un musée et un centre du patrimoine sur le site de son ancien marché aux esclaves. En 2007, le gouverneur Tim Kaine a fait de la Virginie le premier État à présenter des excuses pour son rôle dans la promotion et la défense de l'esclavage, et 5 000 personnes, dont des représentant-e-s de pays africains impliqués dans la traite des esclaves, ont célébré l'inauguration d'une statue de réconciliation réalisée par le sculpteur de Liverpool, Steven Broadbent. Les universités, les musées et les bibliothèques ont formé un consortium pour raconter l'histoire de Richmond de manière honnête et inclusive.

 

Tee Turner leading a group along the Richmond Slave Trail (photo Guy Woodland)
Tee Turner dirige un groupe le long de la piste des esclaves de Richmond.

 

J'ai travaillé en étroite collaboration avec le Dr Gail Christopher, de la Fondation WK Kellogg, alors qu'elle développait le concept d'une initiative nationale Vérité, guérison et transformation raciales. En 2013, elle a fait venir à Caux 20 dirigeant-e-s d'organisations de guérison raciale et de justice raciale. Alors que nous marchions le long de la terrasse, elle m'a dit : « C'est un endroit où la guérison peut avoir lieu ».

C'est un endroit où la guérison peut avoir lieu.

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Rob Corcoran

Rob Corcoran est un formateur, un facilitateur, un écrivain et un praticien de la guérison raciale. Son livre Trustbuilding : An Honest Conversation on Race, Reconciliation, and Responsibility a été décrit comme un « récit visionnaire et convaincant de la guérison et du changement ».

 

Pour en savoir plus sur Hope in the Cities, cliquez ici.

 

 

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Regardez l'enregistrement de l'initiative « Guérir le cœur de l'Amérique » (1993).

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo du haut montrant le Dr Robert Tayor (à gauche), John Smith, Audrey Burton à Caux, 1992: Rob Corcoran
  • Photo première marche de Richmond: Rob Lancaster
  • Photo Tee Turner à la statue  Rob Corcoran
  • Photo de l'équipe et dévoilement de la statue: Karen Greisdorf
  • Vidéos Guérir le cœur de l'Amérique: Initiatives et Changement International
  • Relecture: Jean Fiaux

 

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1991 : Anna Abdallah Msekwa - Femmes Artisans de Paix

Par Mary Lean

19/09/2021
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Par Mary Lean

 

Les 680 femmes - et quelques hommes - qui ont rempli la grande salle du palace de Caux pour le lancement de Femmes Artisans de Paix (Creators of Peace/CoP) en 1991 venaient de 62 pays et d'horizons très divers : une mère de clan mohawk et un contralto russe, la reine mère du Lesotho et une actrice de télévision chypriote devenue politicienne, les premières dames du Botswana et de l'Ouganda, une psychologue pour enfants du Salvador, un expert américain en résolution de conflits. 

 

Anna Abdallah with Josi Meer and Ahunna Eziakonwa
Anna Abdallah Msekwa (à droite) avec Josi Meer (à gauche) et Ahunna Eziakonwa (au centre), 1991

 

Les unes après les autres, ces femmes ont évoqué les défis auxquels leur pays est confronté - guerre, pauvreté, décès d'indigènes en détention, violence domestique - et leur détermination à faire la différence, que ce soit au niveau du gouvernement ou de la base. Les participant-e-s ont créé des écoles, des programmes d'alimentation, des initiatives pour encourager les femmes à voter, des efforts pour jeter des ponts entre les communautés d'accueil et d'immigrants. 

Anna Abdallah
Anna Abdallah Msekwa
Creators of Peace conference 2005  credit: Isabelle Merminod
Creators of Peace conference, 2005

L'initiatrice de ce bouillonnement de visions du monde, d'expériences et d'actions était une ministre tanzanienne et leader des femmes, Anna Abdallah Msekwa. Elle avait été l'une des premières femmes commissaires de district de son pays. Lors d'une interview en 1990, elle a raconté à Ailsa Hamilton comment les gens se plaignaient au commissaire régional que le commissaire de district était absent du bureau. Il répondait : « Le commissaire est là », et les gens répliquaient : « Mais il n'y a qu'une femme ! ».

Plus tard, en tant que première femme commissaire régionale du pays, elle s'est présentée comme un « support visuelle » encourageant, dans les communautés où les filles n'étaient pas envoyées à l'école. « Dans plus d'un quart de la région, j'allais à pied, parce qu'il n'y avait pas de routes, et lorsque les pluies rendaient de grandes zones impraticables, nous allions en canoë. Parfois, j'emmenais mes enfants avec moi, juste pour prouver que j'étais une vraie femme ! » raconte-t-elle. 

J'emmenais mes enfants avec moi, juste pour prouver que j'étais une vraie femme !

En tant que commissaire régionale, elle a défendu les coopératives de femmes et leurs droits fonciers, et a recruté des femmes pour l'administration du district. « Comme les femmes pouvaient désormais s'adresser directement au commissaire régional, elles ont pris l'habitude de ne plus craindre le gouvernement. »

 

Launch of Creators of Peace in Caux 1991
Lancement de Créateurs de Paix à Caux, 1991

 

En 1989, lorsqu'elle est venue pour la première fois à Caux, elle occupait le premier d'une longue série de postes ministériels, le dernier étant celui de ministre de la santé, qu'elle a quitté en 2005.

« J'ai toujours été une personne franche », a-t-elle déclaré à Ailsa Hamilton, « mais parfois je me taisais alors que je savais que je devais m'exprimer. Je me disais : « Pourquoi devrais-je me disputer avec untel ou untel ? ». Puis je suis allée à une conférence du Réarmement moral (maintenant Initiatives et Changement), et j'ai réalisé que j'avais le devoir d'utiliser mon talent. S'il y a des choses à dire, il faut les dire ». 

J'ai réalisé que j'avais le devoir d'utiliser mon talent. S'il y a des choses à dire, il faut les dire.

 

Participants first Creators of Peace conference 1991 credit Philip Carr
Participants à la première conférence des Créateurs de paix, 1991

 

L'idée de Femmes Artisans de Paix est née de son expérience des conférences internationales de femmes pendant la décennie des Nations unies pour les femmes (1975 à 1985). Elle en était ressortie avec le sentiment qu'elles n'allaient pas assez loin. « Nous avions oublié que nous étions des femmes », a-t-elle déclaré. « Nous ne parlions pas beaucoup de la paix, nous nous contentions d'exprimer les opinions politiques de notre pays ».

La paix, a-t-elle réalisé, est plus que l'absence de guerre. « Quelle paix peut exister dans un environnement de pauvreté abjecte ? Nous devons créer l'élément positif appelé « paix ». Et cela signifie commencer par nous-mêmes. Les femmes sont le chaînon manquant. Nous voyons les choses différemment des hommes. Même si vous êtes du côté des vainqueurs, si vous avez perdu vos enfants, votre mari, il n'y a aucune raison pour une femme de se réjouir ».

Les femmes sont le chaînon manquant. Nous voyons les choses différemment des hommes.

Creators of Peace Asia Regional meeting 2020 India
Réunion régionale des Créateurs de paix pour l'Asie en Inde, 2020

 

Lors de cette première visite à Caux, Anna Abdallah Msekwa a présenté sa vision d'une initiative des femmes pour créer la paix, en commençant par une conférence en 1991. Des femmes de nombreux pays se sont ralliées à elle, déterminées à faire de ce projet une réalité. Amina Dikedi Ajakaiye, aujourd'hui présidente de Creators of Peace International, se souvient d'avoir travaillé avec d'autres jeunes femmes de Lagos pour collecter des fonds pour la conférence grâce à un défilé de mode et un concours de chant. Une fois à Caux, elles ont dirigé de nombreuses réunions de la conférence.

Depuis 1991, Femmes Artisans de Paix a organisé dix conférences internationales en Suisse, en Inde, en Australie, en Ouganda, au Kenya et en Afrique du Sud. Aujourd'hui, son principal outil est constitué par les cercles de paix, de petits groupes de femmes qui se réunissent le temps d'un week-end ou d'une série de réunions hebdomadaires pour explorer leur potentiel de créatrices de paix, partager leurs histoires et planifier des actions individuelles ou communes.

 

Peace circle in Baringo County, Kenya
Cercle de paix, organisé par Femmes Artisans de Paix, dans le comté de Baringo, Kenya

 

Au Kenya, des femmes issues de communautés en guerre se sont réunies ; au Burundi, les cercles de paix incluent l'éducation au développement et aident les femmes (et les hommes) à faire face aux traumatismes du passé ; au Népal, ils touchent les jeunes des zones les moins développées du pays ; en Syrie, ils ont offert un refuge pendant la guerre et se concentrent maintenant sur la reconstruction. Les cercles de paix de Femmes Artisans de Paix ont eu lieu dans plus de 50 pays - et de plus en plus en ligne, depuis la pandémie. 

Lors de cette première conférence à Caux, Anna Abdallah Msekwa a mis les femmes présentes au défi de "créer la paix où que nous soyons, dans nos cœurs, nos maisons, nos lieux de travail et nos communautés. Nous prétendons toutes que quelqu'un d'autre est la pierre d'achoppement... Ce quelqu'un pourrait-il être moi-même ?

 

 

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Regardez la vidéo célébrant les 30 ans de Femmes Artisans de Paix (2021)

 

 

Découvrez une vidéo des créatrices de paix pour la Journée internationale de la femme 2019.

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo en noir et blanc, Kenya, Népal : Initiatives et Changement
  • Photo conférence CoP 2005 : Isabelle Merminod
  • Photo participant-e-s 1991 : Philip Carr
  • Photos création de CoP 1991 : Philip Carr
  • Vidéos : Femmes Artisans de Paix/Initiatives de changement
  • Relecture: Jean Fiaux

 

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