1994 : La Table Ronde de Caux - Des principes pour l'entreprise

Par Maarten de Pous

30/09/2021
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Par Maarten de Pous

 

Olivier Giscard d'Estaing Caux Round Table, photo Rob Lancaster
Olivier Giscard
d'Estaing
Frits Philips, photo Rob Lancaster
Frits Philips

En juillet 1994, la Table Ronde de Caux (CRT), un forum international de chefs et cheffes d'entreprise qui se réunissait à Caux depuis 1986, lançait un ensemble de Principes pour les entreprises.

Les Principes firent l'objet d'un article dans le Financial Times, sous le titre « The search for universal ethics » (recherche pour une éthique universelle). Le rédacteur en chef du journal, Tim Dickson, dit dans son commentaire que c'est peut-être la première fois qu'un document de ce type a été soutenu par des hommes et femmes influent-e-s d'Europe, du Japon et des États-Unis.

Neuf ans plus tôt, l'éventualité d'une telle action commune semblait lointaine. En 1985, un article paru dans un grand journal néerlandais, le NRC Handelsblad, prévenait que le Japon allait ruiner l'industrie électronique européenne en offrant ses produits bien en dessous de la valeur du marché, de la même manière qu'il avait bradé l'industrie automobile américaine. L'article était intitulé « Le faux sourire du Japon ».

 

Olivier Giscard d'Estaing - unknown - Frits Philips, 1989
Olivier Giscard d'Estaing (à gauche), Noboru Okamura, ancien président de Honda (au centre) et Frits Philips (à droite)
lors des 4èmes Dialogues mondiaux annuels de la Table Ronde de Caux, 1989

 

Frits Philips, ancien PDG de Philips Electronics, et Olivier Giscard d'Estaing, vice-président de l'institut de management INSEAD en France, avaient tous deux participé aux conférences industrielles annuelles qui se tenaient à Caux depuis le début des années 1970. Ils étaient tellement préoccupés par la menace d'une guerre commerciale qu'ils écrivirent aux chefs et cheffes d'entreprises japonais qu'ils et elles avaient rencontré-e-s lors de ces conférences et les invitèrent à une réunion informelle avec des chefs et cheffes d'entreprises d'Europe et d'Amérique.

Les Japonais-e-s répondirent positivement et, à l'été 1986, une délégation arriva à Caux. Elle comprenait le président de Canon, Ryuzaburo Kaku, l'ancien président de Matsushita Electronics, Toshihiko Yamashita, et l'éditeur du Japan Times, Toshiaki Ogasawara.

 

Kaku Caux Round Table
Ryuzaburo Kaku à Caux

 

La première réunion des 30 participant-e-s faillit se terminer en catastrophe. On avait dit aux Japonais-e-s que Caux était connu pour instaurer la confiance et la compréhension, et pour encourager les gens à chercher ce qui est juste plutôt que qui a raison. Mais les participant-e-s européen-ne-s et américain-e-s étaient tellement frustré-e-s par les pratiques commerciales japonaises qu’ils exprimèrent leurs sentiments en termes très clairs. Comme à l'accoutumée, les participant-e-s japonais-e-s écoutèrent, attendant patiemment qu'on leur donne l'occasion de répondre, mais ils et elles étaient alors tellement offensé-e-s qu'ils et elles n'étaient pas d'humeur à poursuivre la session.

Caux est connu pour sa capacité à instaurer la confiance et la compréhension, et à encourager les gens à chercher ce qui est juste plutôt que qui a raison.  

Heureusement, pendant la pause déjeuner, il fut convenu d'essayer une nouvelle approche. Les discussions de l'après-midi commencèrent en petits groupes, les participant-e-s japonais-e-s prenant la parole en premier. L'atmosphère s'améliora et des conversations fructueuses se poursuivirent pendant le reste de la réunion de deux jours. À la fin, les participant-e-s convinrent de se réunir chaque année à Caux.

 

Image
Table ronde de Caux 1989 avec : Yvonne van Rooy, ministre du Commerce extérieur des Pays-Bas (1ère en partant de la gauche),
Olivier Giscard d'Estaing (6ème en partant de la gauche), Frits Philips (8ème en partant de la gauche), Ryuzaburo Kaku (4ème en partant de la droite)

 

Ces rencontres ont été baptisées « Dialogues mondiaux de la Table ronde de Caux ». Entre-temps, des réunions plus restreintes eurent lieu au Japon, aux Etats-Unis, à Taiwan, à Singapour, en Chine, au Mexique et dans divers pays européens, organisées avec l'aide de collègues d'IofC au Japon et aux Etats-Unis.

Au cours de ces dialogues, il apparut clairement qu'il était nécessaire d'élaborer des principes d'entreprise qui tiennent compte des intérêts et des responsabilités de toutes les parties prenantes.

Il était nécessaire d'avoir des principes d'affaires qui incluraient les intérêts et les responsabilités de toutes les parties prenantes. 

En utilisant les principes du Minnesota (développés par le Minnesota Center for Corporate Responsibilty) comme base utile, la CRT a élaboré ses propres principes pour les entreprises

Dans les semaines qui suivirent la publication de l'article de Tim Dickson dans le Financial Times, le secrétariat de la CRT à La Haye fut inondé de commandes pour les Principes de la part d'écoles de commerce, de cadres d'entreprises, de médias et d'universitaires du monde entier. En tant que coordinateur européen de la CRT, il m'a incombé de répondre à cette avalanche d'intérêt.

 

Olivier Giscard d'Estaing Caux Round Table
Oliver Giscard d'Estaing s'exprimant à la table ronde de Caux

 

Traduits par la suite en 12 langues, les Principes mettent l'accent sur l'identification de valeurs communes, la conciliation de valeurs divergentes et le développement d'une « perspective commune sur le comportement des entreprises, acceptable et respectée par tous ». Tim Dickson écrit : « On dit que les Principes s'inspirent de deux traditions éthiques : la philosophie japonaise du kyosei, décrite par Ryuzaburo Kaku de Canon comme « vivre et travailler ensemble pour le bien commun de l'humanité » et de la « dignité humaine », qui fait référence au caractère sacré ou à la valeur de chaque personne en tant que fin, et non pas simplement en tant que moyen de réaliser les objectifs d'autres personnes ou même ceux prescrits par la majorité ».

Businesses should protect.

En 1994, la responsabilité sociale des entreprises était déjà un concept accepté. Mais les Principes précisaient ce que cela signifie pour une entreprise d'aller au-delà des intérêts des actionnaires pour s'intéresser à ceux de toutes les parties prenantes : client-e-s, employé-e-s, propriétaires ou investisseurs, fournisseurs, concurrent-e-s, communautés. Ils soulignaient également que les entreprises devaient protéger et, si possible, améliorer l'environnement, promouvoir le développement durable et éviter le gaspillage des ressources naturelles.

Aujourd'hui, la Table Ronde de Caux continue sous le nom de Caux Round Table Japan et de Caux Round Table for Moral Capitalism, basée aux Etats-Unis. Initiatives et Changement Suisse continue à promouvoir l'héritage des Tables Rondes de Caux, en soutenant et en accueillant des événements sur le leadership éthique dans les entreprises.

 

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Olivier Giscard d'Estaing Caux Round Table

Alors que nous étions sur le point de publier cet article, nous avons reçu la triste nouvelle qu'Olivier Giscard d'Estaing, l'un des cofondateurs de la Table Ronde de Caux, était décédé à l'âge de presque 94 ans le 13 septembre 2021. C'était un homme d'affaires et un homme politique français, connu pour son rôle dans la fondation et la direction de l'école de management INSEAD à Fontainebleau.

Lors d'une visite au Japon pour une réunion de la CRT en 1987, il a déclaré à ses hôtes japonais : « Nous croyons aux miracles. Le Japon en a déjà accompli deux : celui de sa reconstruction après la guerre et celui de sa percée au rang de deuxième économie mondiale. Ensemble, nous devons maintenant en accomplir un troisième : celui du partenariat dans la résolution des tensions existantes ».

 

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Les 7 principes de la table ronde de Caux pour une entreprise responsable


Principe 1 :

Respecter les parties prenantes au-delà des actionnaires. Une entreprise responsable a des responsabilités au-delà de ses investisseurs et de ses dirigeants.

Principe 2 :

Contribuer au développement économique et social.

Principe 3 :

Instaurer la confiance en allant au-delà de la lettre de la loi.

Principe 4 :

Respecter les règles et les conventions.

Principe 5 :

Soutenir une mondialisation responsable.

Principe 6 :

Respecter l'environnement.

Principe 7 :

Éviter les activités illicites.

 

 

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Découvrez la vidéo 25 ans de table ronde de Caux (2012).

 

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo portrait Frits Philips et Oliver Giscard d'Estaing : Rob Lancaster
  • Toutes les autres photos : Photographe inconnu
  • Vidéo : 25 Years Caux Round Table (2012), créé par www.keystoneprod.com
  • Relecture: Claire Fiaux-Martin

 

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« Là où commence le deuil - Construire des ponts après la bombe de Brighton » : Un enteretien avec Patrick Magee

Un événement de Tools for Changemakers

29/09/2021
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Un événement de Tools for Changemakers

Par Hajar Bichri

 

Le deuxième épisode de la série « Stories for Changemakers » s’inscrivant dans le programme Des outils pour les acteurs et actrices du changement s’est tenu le 25 août dernier, avec une interview de Patrick Magee. En 1984, il posait une bombe au Brighton Grand Hotel dont l’explosion allait coûter la vie à cinq personnes. Cette série d’entretiens vise à encourager les dialogues difficiles en laissant la place à des perspectives moins connues qui explorent les deux faces d'un conflit.

Soixante-cinq personnes originaires d'Afrique, d'Asie, d'Europe et du continent américain ont écouté Patrick Magee s’entretenir avec Neil Oliver à propos de ses mémoires Where Grieving Begins - Building Bridges after the Brighton Bomb. L'entretien a été suivi d'une discussion en petits groupes et de questions-réponses.

 

Patrick Magee (à gauche) et Neil Oliver (à droite). Photo : Jeremy Le Fèvre

 

Patrick Magee a rejoint l'Armée républicaine irlandaise provisoire (IRA) à l'âge de 19 ans. Il a passé 14 ans en prison pour son rôle dans l'attentat de Brighton et a été libéré en 1999 dans le cadre de l'accord du Vendredi saint. 

Dans son livre, Patrick Magee décrit l'étiquette de « poseur de bombe de Brighton » comme un « cliché qui rend toute réflexion impossible », et qui, en mettant l'accent sur lui, a empêché de comprendre le contexte de cet attentat. 

Le titre de son livre, explique Patrick, est tiré d'un poème de l'écrivain et homme politique chilien Pablo Neruda : 

 

Le voyageur se demande : s'il a vécu toute une vie

une vie, en repoussant la distance,

revient-il à l'endroit où son deuil a commencé :

perdre à nouveau une part d'identité,

faire ses adieux et repartir ?

Patrick Magee interview

Ce que je n'avais pas compris, c'est que Jo avait un besoin semblable de poursuivre la discussion.

Pour Patrick, poser cette bombe relevait de l’« obligation politique ». Dix-sept mois après sa sortie de prison, il a rencontré Jo Berry, la fille d’une des victimes de l’attentat, et a été bouleversé par l'ampleur de la situation. « Vous êtes sur le point d'entrer dans une pièce et de rencontrer une femme dont vous avez tué le père. Rencontrer une personne que j’avais blessée et ne déceler chez elle aucune animosité a été un point de basculement. Deux semaines plus tard, Jo a repris contact avec moi. Ce que je n'avait pas compris, c'était que Jo avait le même besoin de continuer à parler », a confié Patrick. 

En réponse à une question sur ce qu'il avait appris de Jo, Patrick a parlé de la nécessité d'examiner le passé sous différents angles et de la prise de conscience que, tout comme son camp avait été diabolisé, elles et eux aussi avaient diabolisé celles et ceux considérés comme l’ennemi. Il se souvient avoir pensé, alors que Jo parlait de son père : « La bonté et les valeurs de cette femme doivent, quelque part, provenir de cet homme, et je l'ai tué. J’ai tué une personne d’une grande humanité. » 

 

Patrick Magee Neil Oliver Jo Berry screenshot

 

Répondant aux questions du public, il a exprimé les lacunes de l'histoire telle qu’enseignée dans les écoles britanniques et le manque de compréhension des répercussions de la partition de l'Irlande en 1921 sur les hommes et les femmes.

On lui a demandé si, au moment de poser la bombe, il avait pensé aux victimes innocentes. « Nous avons pris en compte les conséquences possibles de cet attentat », a-t-il répondu. Par exemple, la bombe a été posée à un moment où nous pensions que les civil-e-s avaient le moins de chance d'être touché-e-s par l'explosion... Nous visions ceux et celles qui nous semblaient les plus coupables du conflit, ceux qui donnaient les ordres qui alimentaient le terrorisme dans nos rues. »

Serait-il prêt à recourir à nouveau à la violence pour l'unification de l'Irlande ? « Non, si l'on excepte le fait que j'ai 70 ans et que je ne suis peut-être plus en mesure de contribuer de cette manière, je ne crois pas que la violence soit nécessaire pour parvenir à nos fins... Je soutiens pleinement le processus de paix et sa poursuite, et je crois qu'au bout du compte, c'est ce processus qui prévaudra.»

Jo, qui avait pris la parole lors d'un événement Des outils pour les acteurs et actrices du changement, faisait partie du public à cette occasion. Vers la fin de la session, Jo et Patrick sont arrivés à la conclusion que l'empathie jouait un rôle crucial dans leur processus de dialogue et de pardon. « Pour progresser, il faut arriver à une situation d'empathie où l'on essaie au moins de comprendre et d'expliquer, » a déclaré Patrick. Et Jo d’ajouter : « Pour moi, l'empathie est plus importante que le pardon. »

L'empathie est plus importante que le pardon.

Jo Berry Patrick Magee
Jo Berry et Patrick Magee à Caux, 2018

 

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Témoignages du public

 

Je suis originaire de Cork et j'ai vécu la majeure partie de ma vie en Irlande. Ce que vous avez à dire est également très important pour la République d'Irlande. Je ne pensais pas vivre assez longtemps pour entendre parler quelqu'un comme vous. Je vous en remercie. 

Elaine Gordon

J'ai été tellement émue par leur parcours et leur courage de vouloir continuer le cheminement. J'ai énormément appris de leurs témoignages qui m’ont inspirée. 

Barbara 

Je pense qu'il est nécessaire d'approfondir les discussions sur ce sujet. J'ai été vraiment soutenue dans mon domaine où j'ai des difficultés et de l’insécurité à gérer.

Olga

 

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Regardez la rediffusion de l'événement ici.

 

 

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Organisations partenaires

 

L'événement a été proposé dans le cadre du programme des jeunes ambassadeurs, dans le cadre du Caux Forum Online 2021, en partenariat avec Movetia, Edventure : Frome et Beyond Boundarieshttps://jeremylefevre.com/home/.

Tools for Changemakers poursuit le développement de la série Stories for Changemakers, qui aborde différents aspects des conflits. Pour en savoir plus sur les événements à venir, gardez un œil sur notre site web.

 

 

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1993 : Somalie - « Si on peut avoir la paix à Galkayo, on peut l'avoir partout »

Par John Bond

27/09/2021
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Par John Bond

 

Parmi les Somalien-ne-s présent-e-s à Caux en 1993 se trouvaient Hassan Mohamud et Ahmed Egal, tous deux originaires de Galkayo, l'une des villes les plus violentes de Somalie.

Ahmed Egal
Ahmed Egal
Hassan Mohamud
Hassan Mohamud

Depuis des décennies, les deux clans qui dominent Galkayo - les Hawiye et les Darood - sont en guerre. La dernière flambée de conflit - au cours de laquelle plus de 40 personnes sont mortes et des centaines ont été blessées - remonte à 2016. Mais depuis lors, Galkayo n'a connu aucun affrontement. « Les relations et le bon voisinage se sont considérablement améliorés », a rapporté le Puntland Post en juin de cette année. C'est en partie grâce au travail des Somalien-ne-s inspiré-e-s par Caux.

Hassan Mohamud appartient au clan des Hawiye, Ahmed Egal à celui des Darood. Tous deux se sont opposés au régime du dictateur Siad Barre, qui a dirigé la Somalie de 1969 à 1991. Contraints de fuir, ils ont tous deux trouvé asile en Suède. C'est là qu'Egal a rencontré Initiatives et Changement. Son propre changement d'attitude a tellement frappé Mohamud que, bien qu'il soit ennemi par leur clan, il a téléphoné à Egal et a demandé à le rencontrer. De longues discussions ont abouti à leur décision de travailler ensemble à la réconciliation de Galkayo.

À Caux, en 1993, avec d'autres Somalien-ne-s, ils ont dressé une liste de potentiels artisans de paix, issus de différents clans, qu'ils voulaient inviter à Caux. Parmi eux se trouvait Yusuf Al-Azhari, également originaire de Galkayo. 

 

Somalia
Les artisans de la paix africains à Caux en 2000 : (de gauche à droite) Fesseha Fre, Erythrée ; Mammo Wudneh, Ethiopie ; Hassan Mohamud (devant) ; Bethuel Kiplagat, Kenya ; Abdulrahman El Khatib, Egypte ; Yusuf Al-Azhari ; Ahmed Egal

 

Dans les années 1960, Al-Azhari avait épousé la fille du Premier ministre somalien et avait été favorisé par de hautes fonctions publiques et diplomatiques. Puis est survenu le coup d'État qui a porté Siad Barre au pouvoir. Al-Azhari est emprisonné et torturé jusqu'à en devenir fou : « J'étais plein de colère, de haine et de dépression. J'étais complètement déshydraté, je n'avais plus que la peau sur les os. J'ai perdu la moitié de mon poids.

Une nuit, je me suis agenouillé, trempé de larmes, et j'ai supplié le Créateur tout-puissant de me donner la paix et une vision pour me guider. Cette nuit-là, dans ma cellule, j'ai été transporté spirituellement. Lorsque je me suis enfin levé, huit heures s'étaient écoulées. Ma voix intérieure m'a dit que je m'étais fait des illusions sur moi-même. « Sois honnête envers toi-même et envers ceux qui t'entourent, et tu seras la personne la plus heureuse sur terre ». Depuis ce jour, j'ai été libéré de la peur et du désespoir. L'amour avait été planté dans mon cœur. La haine s'est évaporée. J'ai compris que j'étais responsable de mes actes passés. J'ai fait le serment de servir mes concitoyens, pauvres et riches. »

Sois honnête envers toi-même et envers ceux qui t'entourent, et tu seras la personne la plus heureuse sur terre.

À l'époque, la Somalie dégénérait dans le chaos et la pauvreté, et après six ans, Al-Azhari et ses compagnons de détention ont été libérés. On avait dit à sa femme qu'il était mort, et elle s'est évanouie lorsqu'il est arrivé chez lui, émacié et avec une barbe qui lui tombait sur les genoux.

Au cours des années suivantes, il tenta d'accomplir son vœu de servir. Lorsque l'invitation d'Egal lui parvint, il répondit immédiatement. Ils se rencontrent et Al-Azhari accepte l'invitation d'aller à Caux. Sa conviction grandit que la Somalie a besoin d'une « révolution massive et fondamentale, où le renouveau moral est un véhicule pour réformer la politique, encourageant les clans à vivre ensemble en paix ». Au cours des années suivantes, lui et ses collègues ont fait venir aux rencontres de Caux d'autres dirigeants somaliens, et leur réseau s'est agrandi.

 

Somali president Abdullahi Yusuf Ahmed (left, Ali Abdullah Saleh (president Republic of Yemen, right). Yusuf Al-Azhari centre (advisor to Somali president 2004-2008)
Yusuf Al-Azhari a été conseiller du président de la Somalie, Abdullahi Yusuf Ahmed, de 2004 à 2008. On le voit ici avec le président somalien (à gauche) et Ali Abdullah Saleh, président de la République du Yémen (à droite).

 

En 2001, Mohamud a rejoint Al-Azhari à Galkayo, et Egal a suivi peu après. Au cours des années suivantes, avec leur équipe grandissante, ils ont organisé des forums et des ateliers sur les qualités d'un artisan et d'une artisanne de paix, ainsi que des cours de formation permettant aux hommes et aux femmes de trouver un emploi. Ils ont demandé le soutien de la diaspora somalienne et ont ouvert 22 nouvelles écoles.

Le conflit s'est poursuivi à Galkayo, mais les efforts des artisans de la paix ont fait de même. Après les violences de 2016, une trêve a été négociée - et elle a tenu. Depuis lors, les agences internationales sont mieux à même de fournir un soutien au développement, et l'emploi se développe.

 

Egal and Mohamud visiting 5 cities in Somalia, Galkayo 2019
En 2019, Egal et Mohamud ont emmené leur expérience de pardon et de transformation dans cinq villes somaliennes. Voici une rencontre à Galkayo.

 

Aujourd'hui, les gens peuvent se déplacer librement dans la ville, et les mariages mixtes entre les clans se multiplient. Aujourd'hui, Mohamud et Egal élaborent des programmes de paix pour les écoles primaires de Galkayo. 

La violence n'est pas le seul défi dans cette région aride. En 2017, Al-Azhari a sauvé un groupe de plus de 140 petit-e-s enfants de la sécheresse et de la famine et les a amenés à Galkayo. Lorsqu'il est mort en juin de cette année, à l'âge de 80 ans, il s'occupait encore de 90 de ces enfants. Mohamud s'est maintenant arrangé pour que l'un de ses hommes de clan continue à s'occuper de ces enfants.

Lors d'une visite à Galkayo en 2018, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies pour la Somalie, Michael Keating, a déclaré : « Si vous pouvez avoir la paix à Galkayo, vous pouvez avoir la paix partout en Somalie. » Tel est l'objectif des artisans de paix somaliens inspirés par Caux. 

J'ai compris que j'étais responsable de mes actes passés. J'ai fait le serment de servir mes concitoyens, pauvres et riches.

 

 

Egal, Mohamud with Khadija Mohamed, Somali Minister of Youth and Sports, during their campaign 2019
Egal et Mohamud avec Khadija Mohamed, ministre somalienne de la jeunesse et des sports, pendant leur campagne de 2019.

 

____________________________________________________________________________________________

 

Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo du haut et teaser : Lul Kulmiya
  • Photo avec Khadija Mohamed : Bashir Mohamed
  • Toutes les autres photos : photographes non connus
  • Relecture: Jean Fiaux

 

 

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1992 : L'espoir dans les villes - « Là où la guérison peut avoir lieu »

Par Rob Corcoran

24/09/2021
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Par Rob Corcoran

 

En juillet 1992, 80 Américain-e-s sont arrivé-e-s au centre de conférence d'Initiatives et Changement Suisse à Caux avec une question urgente : comment aborder le racisme, la pauvreté et l'aliénation dans les villes américaines. Rob Corcoran, qui travaillait pour Initiatives et Changement à Richmond, en Virginie, à l'époque, s'en souvient :

Trois mois plus tôt, Los Angeles avait explosé après l'acquittement par un jury majoritairement blanc de quatre policiers blancs qui avaient été filmés en train de frapper un automobiliste noir, Rodney King. Quatre jours d'émeutes, de violences et de pillages avaient fait plus de 50 morts et 1'100 propriétés détruites.  

Un mois à peine avant les événements de Los Angeles, un groupe d'habitant-e-s de plusieurs villes américaines s'était réuni à Richmond, en Virginie, et avait convenu de travailler à l'organisation d'un événement public qui aborderait directement la question raciale, sous les auspices de Hope in Cities. Encore à ses débuts, Hope in the Cities (Espoir dans les villes) était une initiative populaire, basée à Richmond - capitale des États confédérés pendant la guerre civile américaine - et inspirée par Initiatives et Changement. Ma femme, Susan, et moi étions les hôtes d'une maison où le groupe se réunissait souvent. 

 

Hope in the Cities team at Caux: l to r: Audrey Burton, Collie Burton, Cricket White, Walter Kennedy, Cleiland Donnan, Tee Turner, Rob Corcoran (photo Karen Greisdorf)
L'équipe de Hope in the Cities (de gauche à droite) : Audrey Burton, Collie Burton, Cricket White, Walter Kenney, Cleiland Donnan, Tee Turner, Rob Corcoran.

 

 Le maire de Richmond, Walter Kenney, conduisit une délégation de 22 dirigeant-e-s de communautés à la conférence de Caux. Parmi eux se trouvaient Howe Todd, un administrateur municipal blanc de haut rang, et Collie Burton, un organisateur communautaire noir qui s'était fortement opposé à Todd sur des questions de politique générale. Les deux hommes avaient noué une amitié inattendue et leur nouvelle approche avait suscité l'intérêt de toute la ville. 

À Caux, les Richmondois ont rencontré de jeunes militant-e-s communautaires, des responsables de l'égalité raciale du Royaume-Uni, des dirigeant-e-s de favellas de Rio de Janeiro et d'anciens membres de gangs de Los Angeles. Ils et elles ont entendu Bernard Gauthier, l'ancien chef de la police du Nord de la France, et John Smith, un pasteur méthodiste australien dont le gang de motards, God Squad, s'adressait aux enfants des rues, aux toxicomanes et aux autres membres des sous-cultures de jeunes.

Si cela ne peut pas se passer à Caux, où cela peut-il se faire ?

Les sessions de la conférence ont parfois été conflictuelles. De nombreux participant-e-s avaient encore les nerfs à vif de leurs expériences de racisme. Audrey Brown Burton, qui travaillait dans le département correctionnel de New York, n'a pas mâché ses mots à ce sujet. « Notre système de justice pénale est criminel », a-t-elle déclaré, notant que les Noir-e-s américain-e-s recevaient, en moyenne, des peines plus longues que les Blanc-he-s pour les mêmes crimes.

Face à un discours aussi franc, de nombreux Blanc-he-s se taisent. Des groupes de Noir-e-s se sont formés et il y a même eu des gens qui ont quitté la salle pour protester contre un orateur. Un Britannique blanc qui s'en alarmait m'a dit : « Cela ne devrait pas se passer à Caux ». J'ai répondu : « Si cela ne peut pas se passer à Caux, où cela peut-il se faire ? ».

 

Unveiling of reconciliation statue Richmond 2007 (photo Karen Greisdorf)
Dévoilement de la statue de la réconciliation
réconciliation à Richmond, 2007
Tee Turner at the reconciliation statue (photo Rob Corcoran)
Tee Turner à la statue de la réconciliation

Au fil des jours, le silence et la confrontation ont fait place à une conversation honnête. Melanie Trimble, une étudiante blanche originaire du sud des États-Unis, a déclaré : « Je veux demander pardon pour mes préjugés et mon indifférence ». Elle a déclaré qu'elle avait eu de bon-e-s ami-e-s noir-e-s à l'école « mais que nous ne parlions pas beaucoup des solutions raciales et que je n'avais jamais été moi-même dans un endroit où les Blanc-he-s et les Noir-e-s travaillaient directement sur la question raciale et étaient honnêtes à ce sujet ».

Un jour, de nombreux et nombreuses Américain-e-s se sont réuni-e-s pour réfléchir à ce qu'ils et elles avaient vécu. Melanie a incité le groupe à se concentrer sur les thèmes du « racisme, de la réconciliation et de la responsabilité ». À la fin de la réunion, nous avons formé un cercle et nous nous sommes engagés à guérir le racisme en Amérique. Beaucoup d'entre nous savaient qu'il s'agissait d'un engagement à vie. »

Le maire Kenney a invité les délégués de la conférence à Richmond l'année suivante. Les Américain-e-s ont déclaré leur engagement à faire face à « la torture du problème racial qui découle du péché originel de notre âme nationale - l'esclavage ».

En juin 1993, 500 personnes venues de villes de tous les États-Unis, ainsi que des Africain-e-s, des Asiatiques, des Latino-Américain-e-s, des Australien-ne-s et des Européen-e-s, ont rejoint les habitant-e-s de Richmond pour une conférence au sujet de « Healing the Heart of America : Une conversation honnête sur la race, la réconciliation et la responsabilité ». Melanie Trimble a assumé la formidable tâche d'organiser la logistique du point culminant de la conférence : La première marche de Richmond à travers son histoire de racisme et d'esclavage.

Beaucoup d'entre nous savaient qu'il s'agissait d'un engagement à vie.

Hope in the Cities - Richmond's first walk through its history of slavery, 1993 (photo Rob Lancaster)
La première promenade de Richmond à travers son histoire de l'esclavage, 1993

 

Au cours des années suivantes, Hope in the Cities a développé une approche du dialogue qui a été reprise par plusieurs villes dans toute l'Amérique. Richmond a créé une commission sur le sentier des esclaves et développe actuellement un musée et un centre du patrimoine sur le site de son ancien marché aux esclaves. En 2007, le gouverneur Tim Kaine a fait de la Virginie le premier État à présenter des excuses pour son rôle dans la promotion et la défense de l'esclavage, et 5 000 personnes, dont des représentant-e-s de pays africains impliqués dans la traite des esclaves, ont célébré l'inauguration d'une statue de réconciliation réalisée par le sculpteur de Liverpool, Steven Broadbent. Les universités, les musées et les bibliothèques ont formé un consortium pour raconter l'histoire de Richmond de manière honnête et inclusive.

 

Tee Turner leading a group along the Richmond Slave Trail (photo Guy Woodland)
Tee Turner dirige un groupe le long de la piste des esclaves de Richmond.

 

J'ai travaillé en étroite collaboration avec le Dr Gail Christopher, de la Fondation WK Kellogg, alors qu'elle développait le concept d'une initiative nationale Vérité, guérison et transformation raciales. En 2013, elle a fait venir à Caux 20 dirigeant-e-s d'organisations de guérison raciale et de justice raciale. Alors que nous marchions le long de la terrasse, elle m'a dit : « C'est un endroit où la guérison peut avoir lieu ».

C'est un endroit où la guérison peut avoir lieu.

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Rob Corcoran

Rob Corcoran est un formateur, un facilitateur, un écrivain et un praticien de la guérison raciale. Son livre Trustbuilding : An Honest Conversation on Race, Reconciliation, and Responsibility a été décrit comme un « récit visionnaire et convaincant de la guérison et du changement ».

 

Pour en savoir plus sur Hope in the Cities, cliquez ici.

 

 

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Regardez l'enregistrement de l'initiative « Guérir le cœur de l'Amérique » (1993).

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo du haut montrant le Dr Robert Tayor (à gauche), John Smith, Audrey Burton à Caux, 1992: Rob Corcoran
  • Photo première marche de Richmond: Rob Lancaster
  • Photo Tee Turner à la statue  Rob Corcoran
  • Photo de l'équipe et dévoilement de la statue: Karen Greisdorf
  • Vidéos Guérir le cœur de l'Amérique: Initiatives et Changement International
  • Relecture: Jean Fiaux

 

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1991 : Anna Abdallah Msekwa - Femmes Artisans de Paix

Par Mary Lean

19/09/2021
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Par Mary Lean

 

Les 680 femmes - et quelques hommes - qui ont rempli la grande salle du palace de Caux pour le lancement de Femmes Artisans de Paix (Creators of Peace/CoP) en 1991 venaient de 62 pays et d'horizons très divers : une mère de clan mohawk et un contralto russe, la reine mère du Lesotho et une actrice de télévision chypriote devenue politicienne, les premières dames du Botswana et de l'Ouganda, une psychologue pour enfants du Salvador, un expert américain en résolution de conflits. 

 

Anna Abdallah with Josi Meer and Ahunna Eziakonwa
Anna Abdallah Msekwa (à droite) avec Josi Meer (à gauche) et Ahunna Eziakonwa (au centre), 1991

 

Les unes après les autres, ces femmes ont évoqué les défis auxquels leur pays est confronté - guerre, pauvreté, décès d'indigènes en détention, violence domestique - et leur détermination à faire la différence, que ce soit au niveau du gouvernement ou de la base. Les participant-e-s ont créé des écoles, des programmes d'alimentation, des initiatives pour encourager les femmes à voter, des efforts pour jeter des ponts entre les communautés d'accueil et d'immigrants. 

Anna Abdallah
Anna Abdallah Msekwa
Creators of Peace conference 2005  credit: Isabelle Merminod
Creators of Peace conference, 2005

L'initiatrice de ce bouillonnement de visions du monde, d'expériences et d'actions était une ministre tanzanienne et leader des femmes, Anna Abdallah Msekwa. Elle avait été l'une des premières femmes commissaires de district de son pays. Lors d'une interview en 1990, elle a raconté à Ailsa Hamilton comment les gens se plaignaient au commissaire régional que le commissaire de district était absent du bureau. Il répondait : « Le commissaire est là », et les gens répliquaient : « Mais il n'y a qu'une femme ! ».

Plus tard, en tant que première femme commissaire régionale du pays, elle s'est présentée comme un « support visuelle » encourageant, dans les communautés où les filles n'étaient pas envoyées à l'école. « Dans plus d'un quart de la région, j'allais à pied, parce qu'il n'y avait pas de routes, et lorsque les pluies rendaient de grandes zones impraticables, nous allions en canoë. Parfois, j'emmenais mes enfants avec moi, juste pour prouver que j'étais une vraie femme ! » raconte-t-elle. 

J'emmenais mes enfants avec moi, juste pour prouver que j'étais une vraie femme !

En tant que commissaire régionale, elle a défendu les coopératives de femmes et leurs droits fonciers, et a recruté des femmes pour l'administration du district. « Comme les femmes pouvaient désormais s'adresser directement au commissaire régional, elles ont pris l'habitude de ne plus craindre le gouvernement. »

 

Launch of Creators of Peace in Caux 1991
Lancement de Créateurs de Paix à Caux, 1991

 

En 1989, lorsqu'elle est venue pour la première fois à Caux, elle occupait le premier d'une longue série de postes ministériels, le dernier étant celui de ministre de la santé, qu'elle a quitté en 2005.

« J'ai toujours été une personne franche », a-t-elle déclaré à Ailsa Hamilton, « mais parfois je me taisais alors que je savais que je devais m'exprimer. Je me disais : « Pourquoi devrais-je me disputer avec untel ou untel ? ». Puis je suis allée à une conférence du Réarmement moral (maintenant Initiatives et Changement), et j'ai réalisé que j'avais le devoir d'utiliser mon talent. S'il y a des choses à dire, il faut les dire ». 

J'ai réalisé que j'avais le devoir d'utiliser mon talent. S'il y a des choses à dire, il faut les dire.

 

Participants first Creators of Peace conference 1991 credit Philip Carr
Participants à la première conférence des Créateurs de paix, 1991

 

L'idée de Femmes Artisans de Paix est née de son expérience des conférences internationales de femmes pendant la décennie des Nations unies pour les femmes (1975 à 1985). Elle en était ressortie avec le sentiment qu'elles n'allaient pas assez loin. « Nous avions oublié que nous étions des femmes », a-t-elle déclaré. « Nous ne parlions pas beaucoup de la paix, nous nous contentions d'exprimer les opinions politiques de notre pays ».

La paix, a-t-elle réalisé, est plus que l'absence de guerre. « Quelle paix peut exister dans un environnement de pauvreté abjecte ? Nous devons créer l'élément positif appelé « paix ». Et cela signifie commencer par nous-mêmes. Les femmes sont le chaînon manquant. Nous voyons les choses différemment des hommes. Même si vous êtes du côté des vainqueurs, si vous avez perdu vos enfants, votre mari, il n'y a aucune raison pour une femme de se réjouir ».

Les femmes sont le chaînon manquant. Nous voyons les choses différemment des hommes.

Creators of Peace Asia Regional meeting 2020 India
Réunion régionale des Créateurs de paix pour l'Asie en Inde, 2020

 

Lors de cette première visite à Caux, Anna Abdallah Msekwa a présenté sa vision d'une initiative des femmes pour créer la paix, en commençant par une conférence en 1991. Des femmes de nombreux pays se sont ralliées à elle, déterminées à faire de ce projet une réalité. Amina Dikedi Ajakaiye, aujourd'hui présidente de Creators of Peace International, se souvient d'avoir travaillé avec d'autres jeunes femmes de Lagos pour collecter des fonds pour la conférence grâce à un défilé de mode et un concours de chant. Une fois à Caux, elles ont dirigé de nombreuses réunions de la conférence.

Depuis 1991, Femmes Artisans de Paix a organisé dix conférences internationales en Suisse, en Inde, en Australie, en Ouganda, au Kenya et en Afrique du Sud. Aujourd'hui, son principal outil est constitué par les cercles de paix, de petits groupes de femmes qui se réunissent le temps d'un week-end ou d'une série de réunions hebdomadaires pour explorer leur potentiel de créatrices de paix, partager leurs histoires et planifier des actions individuelles ou communes.

 

Peace circle in Baringo County, Kenya
Cercle de paix, organisé par Femmes Artisans de Paix, dans le comté de Baringo, Kenya

 

Au Kenya, des femmes issues de communautés en guerre se sont réunies ; au Burundi, les cercles de paix incluent l'éducation au développement et aident les femmes (et les hommes) à faire face aux traumatismes du passé ; au Népal, ils touchent les jeunes des zones les moins développées du pays ; en Syrie, ils ont offert un refuge pendant la guerre et se concentrent maintenant sur la reconstruction. Les cercles de paix de Femmes Artisans de Paix ont eu lieu dans plus de 50 pays - et de plus en plus en ligne, depuis la pandémie. 

Lors de cette première conférence à Caux, Anna Abdallah Msekwa a mis les femmes présentes au défi de "créer la paix où que nous soyons, dans nos cœurs, nos maisons, nos lieux de travail et nos communautés. Nous prétendons toutes que quelqu'un d'autre est la pierre d'achoppement... Ce quelqu'un pourrait-il être moi-même ?

 

 

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Regardez la vidéo célébrant les 30 ans de Femmes Artisans de Paix (2021)

 

 

Découvrez une vidéo des créatrices de paix pour la Journée internationale de la femme 2019.

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photo en noir et blanc, Kenya, Népal : Initiatives et Changement
  • Photo conférence CoP 2005 : Isabelle Merminod
  • Photo participant-e-s 1991 : Philip Carr
  • Photos création de CoP 1991 : Philip Carr
  • Vidéos : Femmes Artisans de Paix/Initiatives de changement
  • Relecture: Jean Fiaux

 

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Au fil de la vie - Quand la fresque de la salle à manger de Caux invite à la réflexion

Un événement artistique à l'occasion du 75e anniversaire

15/09/2021
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Un événement artistique à l'occasion du 75e anniversaire

 

Lorsque vous entrez dans la salle à manger du Centre de conférences et de séminaires de Caux, la première chose qui frappe aux yeux est sans doute la vue magnifique qui s’offre à vous à travers la baie vitrée. La seconde est la fresque colorée qui orne un pan entier de mur.

On s’habitue à sa présence. Mais c’est un grand privilège que d'avoir reçu cette magnifique œuvre, généreusement offerte par le grand artiste finlandais Lennart Segestråle (vous pouvez lire son histoire dans la série 75 ans de récits)

 

Connection fresco Morenike

Cela m'a vraiment fait penser à la chaîne sans fin dans laquelle tout le monde est connecté d'une manière ou d'une autre.

- Morenike Onajobi, Royaume-Uni -

Cette année, les célébrations des 75 ans de rencontres au centre de conférences d'Initiatives et Changement à Caux ont été l'occasion de regarder de plus près ce magnifique chef-d'œuvre, sa symbolique et ce qui nous touche, lui qui a été le témoin de tant de dîners et de discussions profondes au fil des ans. 

Segerstråle a intitulé cette fresque « Au fil de la vie ».  Elle représente ce qu’est pour lui le centre de conférences de Caux : un lieu où l’on vient se ressourcer.

 

Help fresco Lotty

Nous pouvons nous juger dans les ténèbres ou nous pouvons lever les yeux vers la lumière et nous pouvons laisser l'eau vive nous trouver, couler à travers nous, nous purifier, nous libérer. Où et quoi est ma source d'eau vive ? Suis-je prêt à la partager avec les autres ?

- Lotty Wolvekamp, Pays-Bas -

Les arts ont toujours eu le pouvoir de défier, de transformer et de subvertir. Des artistes de toutes disciplines ont participé aux célébrations de cette année, inspire-e-s par la fresque de Segerstråle et le thème de cette dernière. 

Lors de l’ouverture de la Journée de la gratitude, le 1er août 2021, cinq hommes et femmes de différents horizons ont partagé leurs réflexions sur des sections spécifiques de la fresque. Au fur et à mesure que chaque personne s'exprimait, les participant-e-s pouvaient voir apparaître la partie concernée de la peinture sur leurs écrans via Zoom. 

 

Family fresco Vivek

La force d'une famille réside dans la combinaison de la diversité des personnes qui la composent.
La colle qui maintient l'unité d'une famille, malgré tous ses hauts et ses bas, est l'amour.

- Vivek Asrani, Inde -

Nous avons eu la chance de pouvoir écouter les interventions de Vivek Asrani (Inde) et Morenike Onajobi (Royaume-Uni), tous deux membres du Conseil de la Fondation I&C Suisse, ainsi que celle de Lotty Wolverkamp (Pays-Bas), qui a siégé à ce Conseil et qui est membre du réseau I&C depuis de nombreuses années. Liz Weeks (Australie), qui a passé de nombreux étés dans les cuisines de Caux, et Hamza Ghandour (Liban), un ancien participant du Programme de Caux pour la paix et le leadership et qui a travaillé dans la salle à manger de Caux nous ont également apporté leur témoignage et interprétation de cette fresque.

 

Blessing fresco Liz Weeks

Nous avons tous un passé, nous vivons dans le présent, et le futur est là pour être exploré, expérimenté, découvert, imaginé, renaissant. Et puis au-delà, il y a le grand inconnu spirituel, peut-être une bénédiction qui attend l'humanité.

- Liz Weeks, Australie -

À l’issue de chaque réflexion, les intervenant-e-s ont pu poser quelques questions auxquelles les participant-e-s ont pris le temps de répondre lançant des ponts entre le message de la fresque et leur expérience personnelle. Une musique créée par le compositeur norvégien Sveinung Nygaard accompagnait cet événement.

 

Youth fresco Hamsa

Je crois que pour créer un monde meilleur, pour créer la paix (...) chaque contribution peut être un élément de soutien pour pouvoir aller de l'avant.

- Hamza Ghandour, Liban -

 

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Regardez le replay ici

 

 

 

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1990 : Le roi Michel de Roumanie - « Le mal ne peut durer indéfiniment ».

Par Andrew Stallybrass

14/09/2021
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Par Andrew Stallybrass

 

Au cours de l'été 1990, six mois après le renversement du régime communiste dans leur pays, 30 jeunes Roumain-e-s sont venu-e-s à Caux. C'était la première fois qu'ils et elles sortaient du bloc de l'Est, et le groupe avait hésité à venir, ne sachant pas trop ce qu'ils et elles allaient trouver. Le groupe a été bouleversé par l'endroit. 

 

King Michael of Romania, Queen Anne and young Romanians in Caux 1990
La reine Anne et le roi Michel de Roumanie avec de jeunes Roumain-e-s à Caux, 1990

 

Quelques jours après leur arrivée, nous leur avons demandé s'ils et elles souhaitaient rencontrer le roi de Roumanie en exil, qui avait souvent visité Caux avec sa femme, la reine Anne, et leurs filles. Leur réponse enthousiaste nous a montré à quel point le roi Michel était populaire parmi ceux qui avaient grandi sous le communisme. Plusieurs de ces jeunes sont revenu-e-s année après année pour aider dans divers départements des conférences à Caux.

 

Family of King Michael of Romania
La famille dans les années 1950

 

Les liens de la famille royale de Roumanie avec le Réarmement moral (maintenant Initiatives et Changement) remontent à bien avant la Seconde Guerre mondiale, lorsque Frank Buchman a rencontré la grand-mère du roi Michel, la reine Marie, à Bucarest. 

Le roi Michel rencontra à nouveau Buchman dans les années 1950, après qu'il eut été déposé par les communistes. « Avec ma tristesse et mon malheur d'avoir perdu mon pays, mon amertume s'était accrue en raison d'un sentiment de non-appartenance », a-t-il déclaré. « Après notre rencontre, j'ai senti que mon esprit et mon âme étaient soulagés d'un grand poids. J'ai compris qu'aucun problème n'était trop grand ou trop petit pour Frank. Le plus grand ou le plus petit problème dans la vie de quelqu'un d'autre recevait la même attention affectueuse de sa part ». 

J'ai senti que mon esprit et mon âme étaient soulagés d'un grand poids.

Par la suite, lui et sa famille se rendent fréquemment à Caux depuis leur domicile près de Genève et participent à diverses activités du Réarmement moral. La Reine Anne se sentait plus à l'aise dans la cuisine de Caux que dans les réunions et il existe un certain nombre d'histoires sur le choc de ses collègues cuisiniers lorsqu'ils ont réalisé qui elle était. 

Michel est devenu roi de Roumanie en 1940, à l'âge de 18 ans, lorsque le Premier ministre, Ion Antonescu, eu forcé son père, le roi Carol, à abdiquer pour rallier le pays à l'Allemagne nazie. Le roi Michel n'a pas pu empêcher cette manoeuvre, mais son opposition à toute rafle systématique des Juifs a permis à l'importante communauté juive de Roumanie de moins souffrir que dans n'importe quelle autre puissance de l'Axe.

 

King's Palace in Sinaia, 1990
Le palais du roi à Sinaia, 1990

 

En août 1944, le jeune roi pluttôt timide accède soudainement à la célébrité internationale lors d'un coup d'État qui fait basculer la Roumanie du côté des Alliés. Sachant que l'armée roumaine était loyale au roi, même si elle était commandée par Antonescu, le roi Michel convoqua Antonescu au palais et exigea sa démission. Devant son refus, la garde du palais l'arrêta. 

« Antonescu poussa des hurlements à faire trembler le palais », m'a dit le roi Michael dans une interview en 1992. « Ils l'ont emmené au premier étage, alors qu'il les menaçait d'être exécutés, et ils l'ont enfermé dans la chambre-forte qui avait été construite pour abriter la collection de timbres de mon père ». 

Les membres du gouvernement fasciste ont été convoqués un par un, et arrêtés à leur arrivée. L'armée a reçu l'ordre de cesser les combats, et un gouvernement provisoire fut formé. Le pays est en partie sauvé de la destruction, mais une autre lutte s'engage. Après la guerre, dans le cadre de la division de l'Europe décidée par Churchill et Staline, un gouvernement communiste prend le pouvoir. En 1947, il exige l'abdication du roi Michel, menaçant de fusiller 1 000 étudiants et jeunes gens s'il refuse.

Il quitta la Roumanie sans aucune ressource et dut travailler pour subvenir aux besoins de la reine Anne et de leurs cinq filles. Il a créé une exploitation maraîchère en Angleterre, puis travailla pour une entreprise aéronautique américaine, avant de s'installer à Genève, où il monta une entreprise d'électronique. Il a également travaillé comme agent de change. 

« Je ne pouvais pas imaginer que l'exil durerait si longtemps », dit-il. « Je pensais que ce ne serait qu'une question de mois. L'Ouest m'a laissé tomber comme une patate chaude. Mais je n'ai jamais perdu espoir. Le mal ne peut pas durer indéfiniment ».

Je ne pouvais pas imaginer que l'exil durerait si longtemps. Mais je n'ai jamais perdu espoir.

University Square Bucharest 1990
Place de l'université à Bucarest, 1990

 

À Genève, la famille reçoit un flux constant de visiteurs roumains. Puis, soudainement, en décembre 1989, le flot se transforme en inondation, et les médias veulent savoir ce que le roi pense de la révolution qui se déroule dans son pays. Des millions de personnes regardent à la télévision le renversement du régime communiste. 

Dans la nouvelle Roumanie, le roi Michel est reconnu comme un ancien chef d'État et reçoit une pension. Les biens royaux sont restitués à la famille. Un sondage d'opinion réalisé en janvier 2012 le place comme la personnalité publique la plus digne de confiance en Roumanie, loin devant les dirigeants politiques. En octobre de la même année, une place de Bucarest est rebaptisée à son nom, pour célébrer son 91e anniversaire. Il est décédé en 2018.

 

Lisez un article de la princesse Margarita de Roumanie : La Roumanie était notre maison

 

Street in Bucharest 1990
Scène de rue à Bucarest, 1990

 

Ulrike Ott Chanu a visité Bucarest avec Andrew et Eliane Stallybrass en 1990, 11 mois après la chute du communisme.

 

Ma première impression de Bucarest est l'obscurité. Les ampoules électriques ne sont pas disponibles pour le moment. Parfois, l'ampoule orange est absente des feux de signalisation - un citoyen débrouillard l'a « privatisée ».

Romanian food
Les pique-niques roumains - les meilleurs !
Romanian Church
Une église dans les montagnes

Une visite d'une semaine ne fait pas de nous des experts de la Roumanie, mais au moins nous commençons à comprendre ce que cela signifie d'y vivre : les files d'attente devant les magasins, les allusions lâchées dans les conversations. La crainte des parents que la jeune génération quitte la Roumanie pour vivre à l'étranger. La frustration d'un jeune dirigeant parce que le changement est lent. La désillusion d'une rédactrice en chef de journal confronté à la corruption. « Nous, les personnes âgées, sommes un peu fatiguées », dit mon hôtesse. 

Nous rencontrons trois hommes âgés qui ont assisté à une conférence du Groupe d'Oxford (plus tard Réarmement moral et maintenant Initiatives et Changement) à Lausanne en 1937. Ce n'est que maintenant qu'ils ont pu rétablir le contact. L'un d'entre eux nous raconte dans un français parfait (« Je ne l'ai pas parlé depuis 50 ans ») l'impact que cette conférence à Lausanne a eu sur sa vie. 

 

Visiting Liana Stanescus Family in Romania 1990
Avec la famille d'accueil d'Ulrike à Bucarest (Ulrike est la quatrième à partir de la gauche, Eliane et Andrew Stallybrass sont assis à droite).

 

Au moment de mon départ, je suis bloquée à l'aéroport de Bucarest pendant plus de 6 heures en raison d'un épais brouillard. J'ai tout le temps de réfléchir à la semaine écoulée - pleine de nouvelles expériences, de conversations, de découvertes et de rencontres.

Nous avons été accueillis avec une hospitalité sans limite, chaleureuse et généreuse, nous avons beaucoup ri et beaucoup appris. Je sais que ce ne sera pas ma dernière visite en Roumanie. Un pays n'est pas seulement une entité géographique ou politique : ce sont des personnes.  

Ulrike, Eliane et Andrew sont retournés en Roumanie plusieurs fois après cette première visite. Ils sont toujours en contact avec les ami-e-s qu'ils se sont faits en 1990.

 

Adapté de Caux-Information, 1990/91

Invitation in Romania 1990
Rencontre avec de jeunes Roumain-e-s et leur familles à Bucarest - avec un drapeau britannique en notre honneur, octobre 1990

 

____________________________________________________________________________________________

 

Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  •  Photos en noir et blanc : Initiatives de changement (photo du haut : Rajmohan Gandhi, Dalai Lama, le roi Michel, la reine Anne
  • Photo King's Palace et amis roumains : Eliane Stallybrass
  • Photo place de l'université, scène de rue, pique-nique, église, famille d'accueil : Ulrike Ott Chanu
  • Relecture: Jean Fiaux

 

 

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1989: Michel Orphelin – Le théâtre du coeur

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13/09/2021
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Par Andrew Stallybrass

 

Au printemps 1946, lorsque le premier petit groupe de Suisses a visité l'hôtel abandonné de Caux qui allait devenir le centre de conférence d'Initiatives et Changement (I&C), ils ont réalisé que sa salle de bal pouvait devenir un théâtre. En quelques années, sa conversion était terminée, avec de la place pour stoker les décors, un atelier, une scène entièrement équipée, une galerie suspendue et dans la salle, des sièges en gradins.

 

Michel Orphelin photo: David Channer
Michel Orphelin (photo: David Channer)

 

De nombreuses pièces ont été produites dans le théâtre de Caux, et de petites armées d'acteurs et d'équipes de scène y ont oeuvré. En 1989, l'une de ses nombreuses vedettes, Michel Orphelin, est revenu de tournée avec son one-man-show sur saint François d'Assise, Poor Man, Rich Man. Sa version française, Un Soleil en Pleine Nuit, avait été mise en scène pour la première fois à Caux en 1980.

Je ne suis qu'un travailleur, je fais ce que je peux.

Michel est un mime, chanteur, cabarettiste et acteur français, engagé dans ce que son fils François appelle « le théâtre de la pauvreté ». Selon Orphelin, la véritable avant-garde réside dans la grande simplicité. « Ce qui manque souvent aux productions compliquées, c'est qu'elles ne savent plus parler au cœur ».

Michel and Marie-José Orphelin, 1972
Michel et Marie-José Orphelin, 1972

Le théâtre, selon lui, doit créer et transmettre une relation d'amour. Il doit traiter de la réalité, être simple, sans être simpliste. « Je ne suis qu'un travailleur », dit-il, «je fais ce que je peux. »

Jeune, il n'a jamais osé s'avouer à lui-même, ni à ses parents, qu'il voulait devenir artiste. Il est donc allé à l'école hôtelière. C'est là qu'il a formé avec deux amis un groupe, Les 3 Horaces, qui a fini par devenir professionnel. Pendant 12 ans, ils font des tournées ensemble et passent plus de 70 fois à la télévision. Mais Michel ressent toujours un manque de sens dans sa vie.

Les choses ont commencé à changer lors de vacances en Bretagne, où, alors qu'il était en plein bouleversement émotionnel, regardant le soleil se coucher dans la mer, il ressent une certitude qui l'envahit. « Dieu existe, dit-il. « Je l'ai rencontré. Il était là pour moi ». 

Il a découvert que sa nouvelle foi ne résolvait pas automatiquement les problèmes relationnels de longue date dans son travail, et avec sa mère qu'il aimait, mais avec laquelle il se disputait continuellement.

C'est en voyant une pièce de théâtre lors de sa première visite au centre de conférence de Caux qu'il a trouvé le but de sa vie. « C'est comme si j'avais vu la Croix sur scène. C'était un appel à transmettre une Croix lumineuse aux gens ». Il a reconstruit sa relation avec sa mère, qui a aussi trouvé une foi.

Puis des amis lui demandent de jouer dans la revue musicale Anything to Declare? qui l'emmène en Inde. Il accepte, même si ce n'est pas facile d'être loin de sa femme, violoniste, de son fils et de sa fille.

 

Image
Michel Orphelin (au centre à gauche) à Caux, 1974

 

Il se souvient très bien de cette tournée où, après une représentation, un jeune homme est venu dire à l'un des membres de la troupe qu'il avait renoncé à son projet de tuer la personne qu'il tenait pour responsable de la mort de son cousin. Il avait été ému par un sketch qui mettait en scène l'expérience réelle du pardon d'Irène Laure. Peu d'acteurs peuvent savoir, comme lui, qu'ils ont participé à une production qui a sauvé une vie.

Peu d'acteurs peuvent savoir, comme lui, qu'ils ont participé à une production qui a sauvé une vie.

Poor Man, Rich Man a été écrit spécialement pour lui par Hugh Steadman Williams, un dramaturge britannique engagé avec I&C. Michel a joué la pièce dans une douzaine de pays au cours des années 1980, la rejouant fréquemment à Caux pendant les rencontre d'été.

Hugh S Williams
Hugh S Williams
Michel Orphelin Poor man rich man programme
Leaflet of Poor Man,
Rich Man

Les tournées, avec leurs fréquents voyages et leurs nuits tardives, ont eu leurs moments plus légers. Dans une petite ville, le directeur musical commande un piano à un magasin de musique et découvre à la livraison que certaines cordes sont cassées. « Mais êtes-vous absolument sûr que vous avez besoin de jouer ces notes ? » lui demande demande le livreur.

Partout où elle est passée, la pièce a profondément touché les gens. Après une représentation, une religieuse a déclaré : « Vous m'avez aidée à redécouvrir ma vocation pour la pauvreté ». 

En Belgique, un couple est venu le voir avec un dilemme : ils avaient adopté trois enfants - devaient-ils en adopter un quatrième ? Quelques nuits plus tard, dans une autre ville située à plusieurs centaines de kilomètres de là, ils étainent à nouveau là. Ils avaient fait le grand saut, disaient-ils, mais au lieu d'un enfant, on leur avait demandé d'adopter un frère et une sœur. Ils allaient les nommer en l'honneur de saint François et de son homologue féminin, sainte Claire.

 

Michel Orphelin scene from Poor Man, Rich Man
Scène de Un Soleil en Pleine Nuit

 

« Qui suis-je pour toucher des gens comme ça ? » dit-il. « Je ne suis qu'un tuyau par lequel l'eau vive du Créateur coule vers un public assoiffé. Tout ce que je peux faire, c'est d'essayer d'être un tuyau propre. Il est essentiel d'avoir des tuyaux, mais ce ne sont que des tuyaux ».

Comme le saint qu'il incarne, Michel a toujours été clair sur la source de son don. C'est pourquoi il n'a jamais été assez fou, dit-il, pour s'imaginer qu'il est lui-même l'eau.

 

Lisez la pièce de théâtre Un Soleil en Pleine Nuit en français

Découvrez le programme de Un Soleil en Pleine Nuit

Lisez un article sur la pièce

 

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Regardez la vidéo (1985)

 

 

Regardez Michel Orphelin en train de mimer au théâtre à Caux (6"00')

 

 

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Cette histoire est la dernière de notre série 75 ans d'histoires parlant de personnes qui ont trouvé une nouvelle orientation et une nouvelle inspiration grâce à notre centre de conférence de Caux, une pour chaque année de 1946 à 2021. Si vous souhaitez en savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme Pour un Monde Nouveau (For a New World).

 

 

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1988: Joe Hakim et Marie Chaftari: « Je ne suis pas une victime »

Par Mary Lean

10/09/2021
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Par Mary Lean

 

L'été 1988 à Caux a commencé par un Dialogue méditerranéen, auquel ont participé des personnes de toute cette région, suivi d'une « session de formation pour les jeunes » de 10 jours. L'un des groupes les plus nombreux à participer à ces événements provenait des communautés chrétiennes et musulmanes du Liban, engagées dans une guerre civile depuis 1975.  

« Même se rendre à l'aéroport pour prendre l'avion pour la Suisse comportait des dangers. J'ai dû passer par plusieurs points de contrôle, dont certains appartenaient à nos soi-disant 'ennemis', se souvient Joe Hakim, alors âgé de 22 ans. Ce n'était pas très sûr pour moi. Mais j'étais convaincu que je devais y aller car Initiatives et Changement avait commencé à changer ma vie ».

 

Joe Hakim (troisième à partir de la gauche) avec des étudiants libanais et Ramez Salamé (à gauche) à Caux 

 

C'était le premier voyage de Joe hors du Liban. Il s'est fait des amis de nombreux pays. « Venant d'une situation de guerre, vous avez l'impression d'être le centre du monde. Mais j'ai commencé à voir les choses d'une manière différente : Le Liban et moi-même n'étions plus le centre. J'ai réalisé que je n'avais pas besoin de m'apitoyer sur mon sort. Je ne suis pas une victime. Au contraire, je suis responsable ».

J'ai réalisé que je n'avais pas besoin de m'apitoyer sur mon sort. Je ne suis pas une victime. Au contraire, je suis responsable. 

À Caux, Joe a fait la connaissance d'un Libanais musulman, Munir Al Khatib. « Une fois rentrés chez nous, nous avons commencé à construire des ponts avec mes amis et ses amis. C'était risqué à plusieurs niveaux. Nous avons rassemblé des personnes d'horizons et de communautés différents, pour découvrir l'autre qui avait été perçu, à un moment donné, comme l'ennemi. »

 

Joe Hakim 1988 Caux Joe in red pullover
Joe (à gauche) à Caux, 1988

 

Pour Marie Chaftari, la visite à Caux est arrivée à une période sombre de sa vie.  Pendant dix ans, elle avait été chargée de communication pour la milice chrétienne : son mari, Assaad, était le commandant en second de son unité de renseignement. Puis, en 1985, une scission au sein de la milice chrétienne les a contraints à quitter Beyrouth avec leur petit garçon. « En une nuit, nous sommes passés du statut de héros à celui de traîtres », dit-elle. Ils ont perdu leur maison et se sont retrouvés à vivre parmi des étrangers, dans la crainte constante d'être assassinés

En 1988, un prêtre a demandé à Marie quand elle s'était confessée pour la dernière fois. « Qu'est-ce que j'ai à confesser ? - rétorqua-t-elle - je suis la victime! » Elle lui raconta combien elle s'était sacrifiée pour la cause des chrétiens du Liban. Il répondit : « Et l'amour ? La seule cause est l'amour. » - « Quelque chose s'est transformé en moi, et je me suis mise à pleurer. »

Cette rencontre a conduit Marie à se rendre à Caux cet été-là, accompagnée de son fils de trois ans. « C'est là que je suis revenue à moi, dit-elle. Je me suis demandé comment je pouvais être chrétienne et haïr ? J'ai commencé à réexaminer mes opinions ».

De retour au Liban, le changement de Marie a eu un impact sur son mari, Assaad. Il s'est rendu à une réunion d'IofC avec un pistolet caché sous sa ceinture et deux gardes du corps qui attendaient dehors. La réunion l'a poussé à faire le point sur sa vie. « Tout ce que j'ai vu, c'est un chemin plein de sang ».

 

Assaad Chaftari Fighters of Peace
Assaad Chaftari s'adresse aux jeunes lors d'un événement organisé par Fighters for Peace.

Deux ans plus tard, Assaad a pris part à son premier dialogue avec des musulmans. Il y est allé armé d'une liste de doléances - et a été déconcerté de voir qu'un musulman avait apporté une liste encore plus longue. « J'ai découvert beaucoup de choses lors de ces réunions. J'ai découvert que les musulmans avaient de vrais noms, qu'ils avaient des familles, des rêves et des attentes, et que si nous n'avions pas les mêmes opinions politiques, nous pouvions au moins nous respecter les uns les autres ».

J'ai découvert beaucoup de choses lors de ces réunions. J'ai découvert que les musulmans avaient de vrais noms, qu'ils avaient des familles, des rêves et des attentes, et que si nous n'avions pas les mêmes opinions politiques, nous pouvions au moins nous respecter les uns les autres. 

En 2000, Assaad a écrit une lettre ouverte d'excuses dans les médias libanais pour son rôle dans les atrocités commises pendant la guerre civile. Le New York Times l'a décrit comme le seul participant majeur à la guerre civile libanaise à s'être « vraiment excusé ». Avec d'autres anciens non-combattants, musulmans et chrétiens, il a fondé Fighters for Peace (« Combattants pour la Paix »), qui s'efforce de convaincre les jeunes que la guerre n'est pas une solution.

 

Image
Marie (au centre) et Lina Hamade (deuxième à gauche) avec des femmes de Linaltaki et Mary Lean (deuxième à droite)

 

Avant 1988, dit Marie, « l'autre » pour elle était le musulman. Aujourd'hui, l'une de ses amies les plus proches est une musulmane chiite, Lina Hamade. Ensemble, elles ont fondé Linaltaki (« rencontrons-nous »), une organisation qui rassemble des femmes et organise des camps d'été pour les enfants de différentes communautés. 

Joe Hakim, lui aussi, a consacré sa vie à construire des ponts. Aujourd'hui directeur des opérations d'une grande entreprise spécialisée dans la propriété intellectuelle, il affirme que le volontariat dans la salle à manger de Caux lui a appris le sens du leadership serviable.

 

Joe Hakim addressing students in Lebanon in 2019
Joe s'adressant à des étudiant-e-s au Liban, 2019

 

« J'ai appris à soutenir, à aider, à servir, à écouter, à comprendre, à apprécier - à travailler ensemble avec des personnes de milieux, de communautés, de perspectives, d'âges et de générations différents. » Il se sent particulièrement appelé à aider les jeunes à trouver leur but dans la vie. « J'offre mon amitié, ma camaraderie - et cela m'aide en même temps. »

Dans les jours sombres que traverse à nouveau le Liban, des flammes comme celles-ci, allumées à Caux au fil des ans, apportent des étincelles de chaleur, d'espoir et de lumière.

J'ai appris à soutenir, à aider, à servir, à écouter, à comprendre, à apprécier. J'offre mon amitié, ma camaraderie - et cela m'aide en même temps.  

 

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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.

 

  • Photos Marie, Linaltaki, Fighters for Freedom : John Bond (photo du haut : Marie Chaftari (à droite) avec Iman Al Ghafari de Syrie et Lina Hamade)
  • Toutes les autres photos : Joe Hakim
  • Relecture: Jean Fiaux

 

 

 

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