1997 : La Reine māorie - « Nous devons laisser la tristesse derrière nous »
Par Campbell Leggat
12/10/2021
Depuis les années 30, un thème apparaît régulièrement dans le travail d'Initiatives et Changement, c'est le soutien aux peuples indigènes dans leur quête de justice et de reconnaissance.
Parmi les 450 personnes réunies à Caux en 1997 pour une conférence intitulée « Guérir le passé et forger l'avenir », la reine māorie, Dame Te Atairangikaahu, et l'épouse du Premier ministre néo-zélandais, Joan Bolger, étaient présentes avec une délégation de Māoris et de Pakeha (non-Māoris). Elles ont parlé aux participants des progrès réalisés par la Nouvelle-Zélande pour réparer les torts causés au peuple Māori depuis la colonisation.
Le document fondateur de la Nouvelle-Zélande est le traité de Waitangi, signé en 1840 entre la reine Victoria et le peuple maori. Il était censé jeter les bases d'un gouvernement par consentement plutôt que par conquête, et protéger les Māoris des acheteurs de terres sans scrupules.
Cependant, en quelques années, les colons exploitèrent la situation, et lorsque les Māoris finirent par s'unir pour protester, leur action fut considérée comme une rébellion et brutalement écrasée par l'armée britannique. Des millions d'hectares furent confisqués.
La perte des terres avait fortement affaibli l'identité maorie et les politiques ultérieures d'assimilation aggravèrent encore la destruction de la culture māorie. Bien qu'une renaissance ait commencé à s'opérer, la question de la terre restait un grief majeur. Le tribunal de Waitangi, créé en 1975, commença à traiter cette question, mais les progrès étaient lents et il était nécessaire de trouver une nouvelle approche.
En 1990, le nouveau gouvernement néo-zélandais, dirigé par Jim Bolger, annonça son intention de tenter de régler toutes les revendications des Māoris devant le tribunal avant l'an 2000. Bien que cet objectif n'ait pas été atteint, d'énormes progrès furent réalisés.
L'accord conclu en 1994 avec la confédération tribale Waikato Tainui, qui a permis d'indemniser les Māoris pour les vastes étendues de terres confisquées dans les années 1860, constitua une étape importante. En 1995, lors d'une visite à Wellington, la reine Elizabeth en personne donna son assentiment royal à l'accord et présenta des excuses pour la violation initiale du traité de Waitangi.
Nous devons laisser la tristesse du passé derrière nous.
« Une certaine restitution a eu lieu, et notre peuple va de nouveau de l'avant », a déclaré Dame Te Atairangikaahu à la conférence de Caux. « Nous devons laisser la tristesse du passé derrière nous et passer du mode de la doléance au mode du développement afin de ne plus transmettre la doléance à une autre génération ». Les progrès accomplis ont apporté une foi et un espoir nouveaux « pour l'unité et la paix chez les Māoris, les Pakeha et chez tous les peuples de notre pays bien-aimé, Aotearoa ».
Nous devons passer du mode de la doléance au mode du développement.
Joan Bolger a déclaré que la signature de l'accord avec les Tanui avait été « l'un des jours les plus inoubliables de ma vie ». Elle a évoqué le grand courage du peuple Tanui qui a conclu cet accord, non seulement pour le présent mais aussi pour les générations à venir. « Aujourd'hui, nous prions Dieu de nous accorder la grâce de poursuivre le processus de règlement de l'accord, afin que les générations futures puissent vivre dans la dignité et l'harmonie ».
En 1999, le ministre du gouvernement qui avait été chargé de ces négociations, Douglas Graham, est également venu à Caux. « C'est une chose honorable de dire que ce que nous vous avons fait est mal et que nous nous excusons sans réserve », a-t-il déclaré. « Les gouvernements ne sont pas doués pour admettre leurs erreurs ».
La relation de Dame Te Atairangikaahu avec Initiatives et Changement (I&C) remonte à son adolescence, lorsqu'en 1956 son père, le roi Koroki, avait accueilli Frank Buchman, l'initiateur d'I&C, sur son marae. Des représentant-e-s māori-e- ont pris part à de nombreuses campagnes internationales d'I&C au cours des décennies suivantes.
Lorsque la reine māorie et Joan Bolger se sont rencontrées pour la première fois dans la résidence du premier ministre en 1991, un aîné māori et conseiller de la reine a exprimé sa gratitude pour le rôle qu'Initiatives et Changement avait joué en permettant aux valeurs et à la culture Māori d'être plus largement connues et appréciées dans le monde.
C'est une chose honorable de dire que ce que nous vous avons fait est mal et que nous nous excusons sans réserve.
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Découvrez l'histoire d'un autre Māori qui a visité Caux : 1971 : Canan Wi Te Tau Huata - « C'est comme si une tonne était tombée de mon dos ».
Pour en savoir plus sur Initiatives et Changement et son travail en Nouvelle-Zélande, lisez le livre de Mick Lennon, The Whole Round Earth to Span.
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Photos (à l'exception de la bannière supérieure et de la photo avec la princesse Helen) : Initiatives et Changement
- Photo du haut : Rob Lancaster (Whatumoana Paki, la reine māorie, Prof Timoti Karetu, Joan Bolger, Rosa Birch)
- Photo avec la Princesse Helen : de Mick Lennon, The Whole Round Earth to Span, distribué par Grosvenor Books, 1999 (p.65)
- Relecture: Claire Fiaux-Martin