Les droits de l'homme au cœur de l'action
Un blog par Christoph Spreng, Suisse
20/11/2024
Christoph Spreng travaille avec Initiatives et Changement depuis de nombreuses années dans différentes fonctions. Il représente Initiatives et Changement au Conseil de l'Europe depuis 2006 et, à ce titre, s'est vu confier une grande variété de missions spécifiques, notamment la vice-présidence de CINGO et la coordination de la boîte à outils de dialogue pour les OING (INGO Dialogue Toolkit Hub). En juin 2017, il a été nommé conseiller spécial des OING pour les droits de l'homme et les entreprises et représente CINGO au Centre Nord-Sud du CdE depuis 2018. Il est également membre de l'équipe d'organisation du Caux Forum pour la démocratie , codirigeant un axe de travail sur « La société civile favorisant le dialogue : De la polarisation à la participation - Un guide pour l'action ».
Le 25 octobre 2024, la Table ronde de Caux (CRT) - Japon a accueilli la 13e Conférence sur les entreprises et les droits de l'homme à Tokyo, avec la participation en ligne de 225 chef.fe.s d'entreprise, cadres et expert.e.s de plusieurs pays asiatiques.
Le directeur exécutif de la Table ronde de Caux - Japon, Hiroshi Ishida, a planté le décor de l'événement avec les remarques suivantes : « En 2011, les principes directeurs relatifs aux entreprises et aux droits de l'homme (UNGP) ont été approuvés par le Conseil des droits de l'homme des Nations unies, établissant un cadre pour le respect des droits de l'homme dans les activités des entreprises. Les principes directeurs reposent sur trois piliers - devoir de protection, responsabilité de respecter et accès aux voies de recours - et appellent les gouvernements et les entreprises à prendre des mesures concrètes. Au cours des 13 années qui se sont écoulées depuis l'approbation des principes directeurs, la législation et la réglementation exigeant des entreprises qu'elles mettent en œuvre et divulguent leurs pratiques de gestion de la chaîne d'approvisionnement se sont accélérées dans le monde entier. Dans ces circonstances, il est important pour les entreprises de promouvoir des initiatives basées sur les principes directeurs, non seulement pour se conformer aux lois et règlements, mais aussi pour améliorer la crédibilité de l'entreprise, la gestion des risques et la croissance durable ».
Ces trois derniers domaines d'amélioration ont été au cœur des discussions du panel de la CRT de Tokyo avec des expert.e.s étranger.e.s, des exemples d'initiatives d'entreprises et des échanges de vues entre les expert.e.s et les partenaires.
Il convient de mentionner dans ce contexte le principe japonais du kaizen (en japonais : 改善, « amélioration »), qui fait référence aux activités commerciales visant à améliorer en permanence toutes les fonctions et à impliquer tous les employé.e.s, du PDG aux ouvrier.e.s de la chaîne de montage. Dans les usines japonaises, ces principes sont pratiqués depuis 70 ans, tandis que les approches occidentales, telles que les principes directeurs des Nations unies ou la norme européenne CS3D plus récente, établissent des règles sur l'obligation de rendre des comptes et la responsabilité par le biais d'instruments juridiques.
Il y a exactement 30 ans, l'approche unique des principes de l'entreprise de la Table ronde de Caux (CRT) reposait sur le fait que ces principes étaient fondés sur des approches à la fois orientales et occidentales. Ces sept principes ont fait l'objet d'un article dans le Financial Times, sous le titre « The search for universal ethics » (La recherche d'une éthique universelle). Le rédacteur en chef du journal, Tim Dickson, a déclaré que c'était peut-être la première fois qu'« un document de ce type attirait des partisans influents d'Europe, du Japon et des États-Unis ».
Tim Dickson écrit : « Les principes sont censés être tirés de deux traditions éthiques : la philosophie japonaise du kyosei, décrite par Ryuzaburo Kaku du Canon comme “vivre et travailler ensemble pour le bien commun de l'humanité”, et la “dignité humaine” qui fait référence au caractère sacré ou à la valeur de chaque personne en tant que fin, et non pas simplement en tant que moyen de réaliser les objectifs d'autrui ou même la prescription de la majorité ».
Traduits par la suite en 12 langues, les principes mettent l'accent sur l'identification des valeurs communes, la réconciliation des valeurs divergentes et le développement d'une perspective commune sur le comportement des entreprises, acceptable et respecté par tous.
En savoir plus sur les années pionnières des Tables rondes de Caux
La conférence de Tokyo a eu lieu cette année. Onze entreprises japonaises se sont associées à la CRT-Japon à cette occasion, représentant une variété de secteurs, tels que l'industrie lourde, l'industrie manufacturière, les transports ainsi que les assurances et l'industrie alimentaire.
Voici quelques points saillants :
- B. Ling, Taiwan: a expliqué que le modèle d'orientation (apprentissage collaboratif entre pairs par la CRT-Japon, éd.) peut aider le processus juridique de l'Europe (...) à atteindre un mélange intelligent.
- Lailani Tolentino, Philippines, a fait remarquer que le secteur maritime et de l'expédition est encore oublié et a souligné qu'ici, l'engagement des détenteur.e.s de droits nécessite des réunions préparatoires d'habilitation.
- La société Kubota Corp. Farming & Water Machinery, qui existe depuis 134 ans, a traduit sa politique en matière de droits de l'homme en 23 langues. Elle a également amélioré les conditions des employé.e.s étranger.e.s.
- Les conditions des employé.e.s étranger.e.s ont également été abordées par la Worlding Inc. et en particulier la pratique abusive des frais de courtage excessifs.
- Yokohama Rubber s'engage auprès des petit.e.s exploitant.e.s de caoutchouc naturel dans le sud de la Thaïlande, en régularisant les conditions des travailleurs locaux à un niveau plus élevé.
- Nissin Foods a des fournisseurs indonésiens d'huile de palme et a expliqué qu'ils avaient procédé à une évaluation des risques dans un rayon de 50 km avec chacun.e. d'entre eux et elles et qu'ils avaient commencé leur travail de réparation à l'endroit le moins bien noté.
- La présentation d'ANA Holdings a été faite par Mme C. Miyata, EVP & Chief Sustainability Officer, qui a expliqué comment le groupe a commencé avec des politiques B-HR en 2015 et a ajouté les objectifs de développement durable de l'ONU à ses perspectives. À ce jour, 180 fournisseurs alimentent un système d'évaluation central.
- Talya Swissa a expliqué comment la World Benchmarking Alliance a agi pour obtenir le remboursement de frais de recrutement excessifs. Elle fait remarquer que dans des pays du Sud global, les questions environnementales ont un impact sur le droit à la vie.
- Rishi Sher Singh a souligné que CRT-Japon permet aux entreprises de disposer d'un espace sûr où elles peuvent apprendre les unes des autres.
Il s'agit là d'aperçus d'une session de 4 heures et demie, sans compter les nombreuses diapositives des présentateur et présentatrices, qui détaillaient leurs processus de gestion. Les diapositives ont donné un aperçu de l'apprentissage des politiques des entreprises multinationales, qui est en cours avec le soutien de cet événement à Tokyo. L'un des principaux enseignements à en tirer est « l'engagement avec les détenteur.e.s de droits », qui incarne aujourd'hui la double origine des idéaux exprimés dans l'article du Financial Times cité plus haut.
Caux Initiatives et Changement est honoré d'avoir été invité à participer à la 13e conférence sur les entreprises et les droits de l'homme à Tokyo et se réjouit des nombreuses années de collaboration fructueuse avec CRT-Japon. Une séquence de cette collaboration s'est déroulée pendant dix ans sous le titre de « Responsabilité sociale personnelle » (RSP) pour des groupes de cadres japonais en milieu de carrière qui se sont joints aux conférences au Caux Palace. En Suisse, sur ses terres d'origine, Caux Initiatives et Changement a repris son soutien à l'Initiative civique suisse pour des multinationales responsables.
Lire le rapport complet de la conférence
Nous espérons que cette conférence contribuera à la réalisation d'une croissance durable des entreprises et de la responsabilité sociale.
Hiroshi Ishida, directeur exécutif, CRT-Japon, à propos de la Conférence sur les entreprises et les droits de l'homme qui se tiendra à Tokyo en 2024.
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