Il n’y a pas que des solutions dans la vie…
21/06/2019Ben Callison est le directeur général de Borneo Orangutan Survival UK (BOS-UK), une fondation qui œuvre pour la protection des orangs-outans menacés d'extinction et de leur habitat en Indonésie. Avant cela, Ben Callison a été le président de la Humane Society Wildlife Land Trust aux États-Unis, où il s’engageait sans relâche pour la protection des terres sauvages. Il a également dirigé le Cleveland Amory Black Beauty Ranch, une réserve de 607 hectares où vivent quelque 1000 animaux de plus de 40 espèces différentes. Sa longue expérience professionnelle dans le domaine de la protection de l'environnement et des initiatives citoyennes l'a amené à s'attaquer aux causes profondes de l’absence d’une écologie durable dans notre environnement naturel et bâti. Il a travaillé pendant 13 ans en tant qu’architecte à la tête du cabinet spécialisé dans la planification de constructions durables qu’il a cofondé.
C’est un ami de longue date et défenseur de l’environnement qui m'a encouragé à participer en 2018 au Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS). Ayant déjà assisté à de nombreuses conférences dans le domaine, j’étais plutôt sceptique et je me demandais en quoi cette conférence pouvait être différente des précédentes.
Non seulement le CDLS a prouvé que je me trompais, mais le Dialogue de Caux est allé bien au-delà de ce que j’avais vécu lors de tous les autres événements de réseautage auxquels j’avais pu participer. Le cadre à lui seul faisait déjà la différence !
A peine arrivé au Caux Palace, j’ai tout de suite été saisi par cet esprit de communauté qui régnait et dans laquelle on se sent immédiatement accueilli. Les journées suivantes, des conversations individuelles ou en groupes, toujours très intenses, se sont succédées. Je n’aurais jamais cru qu’une telle intensité d’échange soit possible avec des personnes que je venais alors tout juste de rencontrer. Les conférenciers et conférencières avaient toutes et tous des profils très différents. Le Dialogue de Caux est l'un des seuls endroits au monde où vous pouvez entendre le directeur d'un département de l'Université d'Oxford intervenir aux côtés d'une Syrienne à l’origine de cercles de paix pour aider les victimes à faire face à la tyrannie de la guerre. Une véritable leçon d’humilité.
Mais les nouvelles connaissances acquises sont toutes relatives comparées aux rencontres que j’ai pu faire à Caux. J’ai appris à aller vers les autres et à me constituer un réseau. Je suis maintenant beaucoup plus à l’aise pour rencontrer des personnes, quelle que soit leur origine. Il est facile de tomber dans l’isolement, dans sa vie privée tout comme dans sa vie professionnelle, et ce sans même s’en rendre compte. Le Dialogue de Caux m'a aidé à mettre le doigt sur ce problème et à y remédier.
Au cours de l'année qui a suivi, j'ai découvert que les relations personnelles étaient des plus précieuses. Je savais que mon réseau allait s’élargir, mais je ne m’attendais pas à ce que ces mêmes personnes deviennent des ami-e-s proches. Le Caux Forum crée une atmosphère de travail unique dans laquelle des relations se nouent comme nulle part ailleurs.
Mon expérience au Caux Forum m'a aidé à repenser mon approche de la résolution de problèmes. J'ai appris à « aimer les problèmes » ou du moins à les regarder en face plutôt que d'aimer exclusivement les solutions. Dans le passé, lors de séances de stratégie, nous nous concentrions principalement sur la manière de développer les solutions à notre disposition, ce qui, à mon avis, est une entrave à l'innovation.
Notre travail de prévention de la déforestation, par exemple, excluait le développement des communautés, puisque c’était justement ces communautés qui étaient responsable de la déforestation illégale. Nous nous concentrions davantage sur la prévention des activités illégales, que sur l'inclusion de ces mêmes communautés. Après avoir réévalué la problématique, nous travaillons désormais à développer et à accompagner les communautés sur la voie d’une exploitation durable. Cette approche apporte aux villages un revenu régulier sans nuire toutefois aux forêts.