Surmonter les défis des groupes de dialogue en ligne
Dialogue de Caux sur l'environnement et la sécurité 2020
28/07/2020Par Karina Cheah
Je n'ai jamais été à Caux. C'était la pensée qui me revenait à l’idée de co-animer un groupe de parole en ligne dans le cadre du Dialogue de Caux sur l'Environnement et la Sécurité. Et je n'avais jamais animé aucun groupe de parole avant, au Caux Forum ou ailleurs. Alors comment pourrais-je, n’ayant jamais fait l'expérience de Caux, ne serait-ce qu’essayer de recréer le bel espace sûr que tant de personnes ont connu dans les groupes de dialogue du Caux Forum – et en plus le faire dans un format en ligne ?
Les groupes de dialogue font partie intégrante du Dialogue de Caux sur l'Environnement et la Sécurité : un petit nombre de participant-e-s se réunissent pour discuter des événements de la journée ou partager leurs histoires. Le nombre réduit de personnes, et la modération faite par un-e membre de l'équipe organisatrice, permet de disposer d'un espace plus intime pour ces réflexions. Comme je faisais partie de l'équipe organisatrice et que je suis nouvelle au Caux Forum, on m'a demandé de co-animer un groupe de dialogue, afin de pouvoir participer à la conférence et d’aider à la mettre sur pied.
J'ai eu la chance d'avoir le soutien de Benjamin Callison en tant que co-facilitateur. Il avait déjà animé plusieurs groupes de dialogue à Caux, et le voir utiliser ses compétences et son expérience pour faire de la conférence Zoom un espace sûr, guider la conversation et encourager nos participant-e-s à s'ouvrir et à partager leurs histoires et leurs préoccupations a été une expérience d'apprentissage vraiment inestimable. L'une des nombreuses choses qu'il a faites, et que j'ai appréciées, a été d'ouvrir notre première session en demandant à nos participant-e-s "Qui êtes-vous ?" au lieu de "Que faites-vous ?". Cela a éliminé la gêne des débuts et nous a permis de nous connaître immédiatement en tant que personnes ayant des centres d’intérêts, et non à travers nos métiers.
Les groupes de dialogue se sont réunis chaque jour pendant une heure, du 1er au 4 juillet. Benjamin a animé les deux premiers jours et m'a passé la main pour le troisième. Je me sentais beaucoup mieux préparée pour ce rôle, simplement en ayant intégré ce que j'avais vu de lui. La modération n’était finalement pas aussi effrayante que je le pensais - et, pour quelqu'un qui n'est pas fan de la prise de parole en public, même dans un petit cadre, j'ai été quelque peu surprise de constater que cela me plaisait. Dans ces conférences Zoom nous avons réussi à atteindre un niveau de conversation honnête et non filtrée, à offrir un espace pour des histoires et des opinions différentes, de la même manière que nous l’aurions fait, j'aime à le penser, en présentiel. Notre groupe de dialogue était composé de personnes de cinq pays différents qui avaient en commun la participation à des luttes régionales, comme la question de l'industrie de l'huile de palme en Indonésie ou le scepticisme persistant de beaucoup aux États-Unis. Elles ont partagé des histoires profondément personnelles qui nous ont rapprochés.
Il reste toujours de nombreuses différences entre une rencontre en personne et une réunion en ligne. Il y a un élément organique à la conversation physique qui se perd en ligne : il est beaucoup plus difficile d'intervenir lorsque quelque chose attire votre attention, de sorte que le dialogue devient un peu comme un panel où les gens partagent leurs pensées pendant quelques minutes. La connectivité peut être un inconvénient : les gens peuvent quitter les réunions à l'improviste, et il y a toujours des problèmes de volume et de blocage des vidéos… Nous avons connu tout cela pendant nos réunions.
Malgré cela, notre groupe de dialogue en ligne a pu établir des liens solides, à tel point que nous sommes toujours en contact via un groupe WhatsApp. Cette expérience m’a permis d’acquérir des leçons pratiques sur l'animation de conversations, des points d'action sur la façon d'aider notre environnement, cinq bons amis et un fort sentiment de connexion avec l'esprit de Caux. La technologie qui nous a séparé-e-s est aussi finalement ce qui nous a réuni-e-s, et pour cela je suis profondément reconnaissante.
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Karina Cheah est une jeune diplômée de l'université Colgate (Hamilton, NY, USA) et travaille actuellement pour Initiatives et Changement Suisse en tant que stagiaire en communication et pour le Dialogue de Caux sur l'environnement et la sécurité. Elle poursuit une licence en relations internationales avec des options en français et en création littéraire et prévoit de continuer dans ces trois domaines dans le cadre de ses études de troisième cycle. Ses domaines d'intérêt académique comprennent l'intersection entre la politique étrangère et intérieure et la politique de l'Asie du Sud-Est. En plus de son travail avec Initiatives et Changement Suisse, elle met la dernière main à un recueil de nouvelles intitulé This Side of the Veil, qui sera disponible à la vente en juillet 2020.