Dialogue de Caux sur l'environnement et la sécurité
1 - 4 juillet 2020 (panels) / 5 - 19 July 2020 (ateliers)
30/07/2020Si vous prenez soin de la nature, elle prend soin de vous
Le Dialogue de Caux sur l'environnement et la sécurité a frappé fort pour sa première édition en ligne, avec plus de 15 sessions et 450 participant-e-s cumulé-e-s. Les expert-e-s ont discuté des liens entre les problématiques liées à la sécurité et à l'environnement, en mettant l'accent sur les conflits entre agriculteurs et éleveurs et sur l'importance d'impliquer la population locale et ses connaissances ancestrales dans les projets de restauration des terres. Des visionnaires ont présenté leurs initiatives et un groupe d'artistes, les Bardes d’I&C, a aidé les participant-e-s à réfléchir sur la conférence et à se détendre. Les conversations fructueuses se poursuivront par des appels téléphoniques mensuels. Nous sommes impatient-e-s de découvrir et de soutenir les collaborations et les initiatives qui découleront de ce Dialogue !
La plupart des sessions ont été enregistrées et vous pouvez regarder les rediffusions ici.
Donner aux populations locales les moyens de restaurer leurs terres ancestrales
La conférence a débuté par quatre séances plénières, dont trois en direct sur Facebook et sur notre site web, qui étaient en commun avec l'Académie d'été sur la terre, la sécurité et le climat. La première séance plénière, intitulée "Anticiper les risques de sécurité liés à la dégradation des terres et au climat", a eu lieu le 1er juillet. Elle a commencé par une introduction, courte mais stimulante et incroyablement instructive, du thème de la conférence par Oli Brown, chercheur associé à Chatham House et au Centre de politique de sécurité de Genève.
Le Dr Bishnu Raj Upreti, conseiller au Centre de recherche contemporaine du Népal, a ensuite expliqué que, bien que la science et les technologies modernes soient importantes, il était essentiel d'apprendre des communautés pour lutter contre la dégradation des terres. Des solutions durables ne peuvent être développées qu'avec la collaboration des populations locales et en intégrant leur sagesse ancestrale.
Le deuxième panel sur "l'action communautaire : point d'entrée vers des solutions holistiques" a exploré des solutions concrètes à la dégradation des terres à travers des études de cas. Tony Rinaudo, conseiller principal en matière d'action climatique à World Vision Australia, le "créateur de forêts" qui a contribué à la restauration de 200 millions d'arbres au seul Niger grâce à la régénération naturelle gérée par les agriculteurs (FMNR), a expliqué comment une grande partie de son travail au Niger consistait à "façonner les esprits". "Tout ce dont vous avez besoin est déjà dans le paysage", a-t-il dit. "Il suffit de faire en sorte que les gens deviennent des amis des arbres". Une fois que vous prenez soin de la nature, elle prend soin de vous. Même les plus pauvres peuvent mettre en œuvre cette technique qui va changer leur vie. Découvrez l'histoire de Tony Rinaudo ici.
Le Dr Himanshu Kulkarni, directeur exécutif du Centre avancé pour la gestion et le développement des ressources en eau (ACWADAM) en Inde, a insisté sur l'importance de restaurer les pratiques traditionnelles et de donner aux communautés les moyens de participer. Il a déclaré : "Les communautés ont les réponses à leurs défis et avec un soutien approprié et des mesures incitatives, ces réponses peuvent être mises en œuvre et apporter des résultats positifs".
Les deux dernières séances plénières ont approfondi les problèmes pratiques de l'industrie pharmaceutique et de la finance liée au climat, et ont discuté des projets qui aident à surmonter les problèmes actuels, comme l'Initiative sur la Chaîne d'Approvisionnement Pharmaceutique.
Ateliers et renforcement de la communauté
Après les quatre séances plénières, dix autres ateliers étaient proposés, dont le tout premier Dialogue de Caux sur l'océan. Plus interactifs que les séances plénières, ils consacraient du temps aux discussions avec les intervenant-e-s. De nombreux ateliers avaient une structure proche de celle des séances plénières, avec des intervenant-e-s de haut niveau tel-le-s que Larry Gbevlo-Lartey, PDG du Centre de recherche sur la sécurité humaine du Ghana et ancien haut représentant de l'UA pour la lutte contre le terrorisme ; la Dr Raphaëla le Gouvello, experte en gestion des zones côtières marines ; et Mukhtar Ogle, Secrétaire aux initiatives stratégiques au sein du Bureau du Président de la République du Kenya.
Ils et elles ont chacun-e fait une courte présentation avant de répondre aux questions. Les problématiques des conflits entre agriculteurs et éleveurs et l'importance de collaborer avec les populations locales et d'intégrer leurs connaissances et pratiques traditionnelles ont été des préoccupations récurrentes.
Le seul atelier en français s'est tenu le 10 juillet. Il était organisé en collaboration avec le Département fédéral des affaires étrangères, sur le thème de la Terre et la Sécurité en Afrique subsaharienne. Les intervenant-e-s, dont Oumar B. Samake, anthropologue et coordinateur de programme à l'Association malienne pour l'éveil au développement durable, et le Dr Mahamadou Savadogo, consultant sur les questions liées à l'extrémisme violent au Burkina Faso, ont expliqué comment la dégradation des terres est directement en lien avec la montée des groupes armés et à quel point il est crucial de restaurer les terres et de les rendre accessibles aux femmes et aux jeunes. (Lire le rapport complet ici).
Un autre moment fort a été la session sur "La dégradation et la restauration des terres : derniers développements et bonnes pratiques", qui était pleine d'espoir. Les quatre orateurs et oratrices ont inspiré les participant-e-s avec leurs réussites en matière de restauration des terres. Par exemple, Neal Spackman, fondateur et PDG de Regenerative Resources Co, a expliqué comment il a réussi, avec la population locale, à transformer des terres désertes en savane en Arabie Saoudite. Josef Garvi, fondateur et PDG de Sahara Sahel Foods, a ouvert une entreprise alimentaire qui vend des aliments traditionnels du Sahel afin de les réintégrer dans les habitudes de la population, car ils poussent plus facilement dans ces régions que les céréales et sont nutritifs.
Les participant-e-s ont également eu l'occasion de faire un apprentissage pratique. L'atelier "Entrepreneuriat et Innovation : construire le monde dans lequel vous voulez vivre" leur a appris à planifier les actions futures en cadrant les enjeux du monde dans lequel ils souhaitent vivre, en "rétropédalant" pour déterminer les étapes nécessaires à la réalisation de ce monde et en créant un plan d'action de 90 jours.
Enfin, le dialogue de Caux sur l'océan a été lancé avec une première conversation sur l'importance de s'intéresser au rôle que jouent les écosystèmes marins dans l'environnement, et sur les actions principales qui doivent être mises en place.
Environnement, sécurité et arts
La conférence a également exploré les liens entre l'art et l'environnement. Les Bardes d’Initiatives & Changement, un réseau d'artistes (poètes et poétesses, compositeurs et compositrices et musicien-ne-s), ont assisté au Dialogue et ont traduit leurs impressions en œuvres d'art inspirantes.
L'une d'entre elles, Lisa Yasko, membre du Parlement ukrainien, fondatrice de Yello Blue Strategy, a dirigé un atelier sur "L'art et l'amour en politique". Elle y a partagé son expérience de la création d'œuvres d'art politiquement engagées et sa conviction que l'art peut être utilisé comme outil de communication. Un atelier de deux jours sur "La créativité au service de la durabilité" a également été proposé, conduisant les participant-e-s à établir un lien plus profond avec la durabilité dans leur vie quotidienne par le biais d'exercices pratiques et de discussions de groupe. Enfin, les participant-e-s ont pu se détendre grâce à une méditation sonore interactive dirigée par le flûtiste Žofie Kašparová.
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