Lutter contre le changement climatique au Mali
Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité
09/09/2019
C’est après avoir participé en 2014 au Dialogue de Caux sur la terre et la sécurité (CDLS) que le climatologue allemand Hartmut Behrend a eu le courage de sortir de la bulle d’activisme international bien intentionné dans laquelle il vivait pour aller travailler sur le terrain au Mali.
À l’origine, Hartmut Behrend était venu au Caux Forum pour parler des liens entre l'adaptation au changement climatique et la résolution des conflits. Jusque-là, il avait toujours travaillé au niveau global en tant que membre d'une communauté internationale de scientifiques et d'activistes. Aujourd’hui, il dirige deux projets majeurs au Mali pour le compte de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ). Ces deux projets ont pour objectif de mettre la question de l’adaptation au changement climatique sur l’agenda régional et local, et cela dans le cadre de l'engagement du Mali à respecter l'Accord de Paris de 2016 sur le changement climatique.
En effet, le Mali est un pays stratégique pour constater l'impact du changement climatique sur la sécurité. La principale préoccupation du pays en matière de sécurité réside dans le conflit entre éleveurs et agriculteurs sédentaires, lequel est étroitement lié à la problématique des ressources impactées par les changements climatiques et la dégradation des terres.
Lorsqu’il est arrivé au Mali, Hartmut Behrend a commencé par calculer la vulnérabilité de la masse terrestre de ce pays, tout en tenant compte de la densité de population et du mode de vie. Son intention était d’identifier les communautés les plus exposées au changement climatique, et il est effectivement apparu que les populations les plus vulnérables étaient celles qui vivaient en marge, entre l'agriculture sédentaire et l'élevage. Les conclusions de cette étude ont conforté l’hypothèse que Hartmut Behrend avait présentée à Caux, et selon laquelle la vulnérabilité causée par le changement climatique constituait une menace immédiate pour la sécurité.
Cette cartographie a permis à Hartmut Behrend et à son équipe de présenter au gouvernement et aux donateurs une stratégie proposant d'orienter les fonds disponibles pour la lutte contre le changement climatique vers les zones où les risques sont les plus importants.
Aujourd’hui, Hartmut Behrend cherche à promouvoir l'agroforesterie et l'agriculture durable dans les zones rurales du Mali, car, comme Patrick Worms du Centre mondial d'agroforesterie et lui-même l’avaient montré à Caux, il s’agit de deux réponses efficaces au changement climatique. Il sensibilise également la communauté internationale à l’impact des actions qu’il mène dans le pays. Il partage ainsi les solutions qu’il a développées en collaboration étroite avec les communautés locales, comme par exemple la construction de murs de pierre le long des courbes de niveau, ce qui prévient le ruissellement des eaux de pluie et l'érosion des sols ; ou encore la distribution de petits générateurs d'électricité dans les villages, pour éviter que les arbres ne soient coupés pour servir de bois de chauffage.
Le CDLS a été indispensable à la formation de l’approche qu’utilise Hartmut au Mali. En fait il est tellement occupé par la mise en œuvre de ce qu’il a appris à Caux, qu’il dit qu’il n’a même pas eu le temps d’y retourner. A court terme les objectifs d’Hartmut Behrend sont d'orienter le financement climatique vers les régions rurales, et d’accélérer la mise en œuvre de l'Accord de Paris par le Mali. Cette ambition se nourrit des travaux du CDLS, qui rappelle en permanence l'importance de la décentralisation et la nécessité de résoudre les conflits locaux afin de trouver des solutions régionales et, à terme, de développer une approche durable à la résolution des conflits à l’échelle nationale.