Le pardon, l’écoute et le dialogue au cœur des cercles de paix au Mali
La gouvernance équitable pour la sécurité humaine 2019
13/08/2019
Jeudi 4 juillet 2019, je rencontre au Caux Forum un groupe de quatre femmes engagées dans les cercles de paix au Mali : Boye Diallo, Mamou Soucko, Kadidia Djenepo et Kadidiatou Mint Hanka. Les cercles de paix sont un projet lancé par l’organisation Femmes Droit et Développement en Afrique (FeDDAF/WILDAF) et soutenu par le Département Fédéral des Affaires Etrangères Suisse (DFAE) depuis 2015.
Boye est assise à côté de moi. Elle prend la parole et me parle des groupes de discussion qu’elles organisent dans le cadre du programme de renforcement de la cohésion sociale ; un programme dont elle est responsable depuis un peu plus de deux ans. Elle utilise le modèle des rencontres des cercles de paix des « Femmes artisans de paix », un programme d’Initiatives et Changement.
Pendant trois jours, une dizaine de femmes se rencontrent pour explorer leur contribution à la paix, tant au niveau familial qu’aux niveaux de leur communauté et de leur nation. Ce modèle de rencontres – les cercles de paix – est aujourd’hui global. L’expression « femmes artisans de paix » me plait beaucoup. Elle souligne l’engagement dans la durée, le travail quotidien de ces femmes pour la réconciliation et la paix.
Boye, Mamou, Kadidia et Kadidiatou sont au Caux Forum pour la conférence « La gouvernance équitable pour la sécurité humaine » pour partager leurs expériences et écouter d’autres histoires d’hommes et femmes engagés pour la paix et la justice sociale. Il s’agit aussi de renforcer leurs compétences et connaissances dans certains domaines comme le leadership, le travail d’équipe, la tolérance et l’inclusion sociale.
« Apprendre des autres. » C’est ainsi que Mamou Soucko résume sa motivation principale. Engagée depuis 2016 dans le programme de renforcement de la cohésion sociale et dans les cercles de paix, elle découvre pendant la conférence que les problèmes qu’elles rencontrent dans leur pays ne sont pas isolés. « En échangeant avec d’autres participants, je comprends que c’est un problème à la fois de gouvernance, de violence et de paix sociale », poursuit-elle.
Kadidia Djenepo met également en avant l’organisation du programme et la tranquillité du lieu. « Tout est naturel ici. J’aimerais revenir y passer mes vacances chaque année ! »
Kadidiatou Mint Hanka nous parle des discussions qui la marquent, notamment l’histoire des peuples indigènes, discutée dans un documentaire, ainsi que les valeurs énoncées par le Ministre du Bonheur en Inde. Pendant la conférence, elle apprend à se dépasser à la fois en termes de pardon, de paix, d’acceptation de l’autre et d’engagements. Il s’agit d’un engagement qu’elle souhaite renforcer au sein de sa communauté.
Boye Diallo parle ensuite de la situation du Mali et de l’insécurité qui impacte négativement leurs actions. L’exemple des difficultés pour relier le Sud du Nord est frappant. En raison des problèmes de sécurité et des routes minées, elles doivent utiliser les vols intérieurs de la Mission des Nations Unies au Mali ou passer par les pays frontaliers : le Burkina Faso et le Niger… Ce sont des obstacles parfois déprimants et décourageants, « au XXIème siècle ! »
La gouvernance intérieure, qui passe par le silence, le pardon, la sensibilisation des autres, est pour Kadidia le seul moyen de travailler pour la paix. Elle commence ainsi ses journées par un moment de silence pour libérer son esprit et se concentrer ensuite. Elle s’assied sur son toit, écoute les oiseaux et l’eau qui coule.
Texte: Apolline Foedit
Photos: Apolline Foedit, Paula Mariane