Promouvoir la confiance à l’ère numérique : défis et opportunités
Cérémonie d’ouverture du Caux Forum 2018
20/08/2018
« La société ne peut pas fonctionner sans la confiance, » a affirmé Christine Beerli, membre du conseil d’Initiatives et Changement Suisse et modératrice d'une table ronde, lors du lancement du Caux Forum 2018. Les avancées et innovations technologiques émergentes créent un impact sur la société et redéfinissent le monde tel que nous le connaissons aujourd’hui. Les crises récentes telles que l’affaire Volkswagen, le piratage des données d’Uber et l’utilisation frauduleuse des données personnelles par Facebook sont des exemples de la méfiance croissante associée à la technologie de rupture.
Plus de 200 personnes se sont rassemblées dans le grand hall du Centre de conférences et de séminaires de l’historique Caux Palace pour la cérémonie d’ouverture de la 72ème série de conférences de Caux. Un panel formé d’intervenant-e-s représentant le monde des entreprises, le secteur informatique et le secteur humanitaire a discuté des défis et des opportunités qu’offrent les nouvelles technologies, et de ce que signifie la confiance à l’époque de la technologie de rupture.
Les avancées technologiques, telles que les drones ou la surveillance, affectent le travail du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) sur le terrain, selon le directeur général de l’organisation, Yves Daccord. Selon lui, il existe un nouveau type de vulnérabilité, « une vulnérabilité numérique », dans le contexte de la protection des données personnelles des victimes de conflits et de la guerre. Dans le contexte humanitaire, la connexion humaine reste un élément essentiel dans la promotion de la confiance avec des personnes en conflit.
« La baisse de la confiance affecte les entreprises de manière négative, » a déclaré l’ancienne directrice générale d’Edelman.ergo Allemagne, Susanne Marell. Il est possible qu’il n’y ait aucun impact sur la réputation de l’entreprise à court terme, – « Volkswagen a connu ses meilleurs résultats en plein scandale » – mais à long terme, cela pourrait causer « d’importants dommages économiques ». Experte en matière de confiance et de réputation, elle est d’avis que le monde des affaires peut ouvrir la voie en matière de promotion de la confiance, même si le chemin peut être long et difficile. « Les données sont le nouveau pétrole, » a-t-elle déclaré. « Le pétrole est sur-commercialisé et mal utilisé. Je serai toujours en faveur d’une discussion éthique sur l’utilisation frauduleuse des données. »
En 2018, le baromètre de confiance Edelman a classé pour la première fois les médias comme l’institution la moins fiable. Marell a expliqué que sept personnes interrogées sur 10 s’inquiétaient du problème des fausses informations et que la confiance envers les moteurs de recherche et les réseaux sociaux était également sur le déclin. L’utilisation croissante des réseaux sociaux affecte également le travail du CICR. Au cours des six derniers mois, l’organisation a reçu entre 80 000 et 90 000 vidéos de personnes en train d’être torturées ou violées en Syrie. La vérification de ces informations ralentit l’effort humanitaire et rend les interventions plus difficiles.
« Internet et les réseaux sociaux sont des technologies à double tranchant, » a déclaré Béla Hatvany, entrepreneur visionnaire et inventeur de l’écran tactile. « Internet est un très bon esclave mais aussi un très mauvais maître ». La technologie offre cependant également des opportunités, a-t-il insisté. Internet a, par exemple, accéléré l’acquisition des connaissances d’une manière qui rend possible la transition d’une économie de croissance basée sur les bénéfices à une économie solidaire basée sur la solidarité envers la planète et les personnes. La technologie peut également aider à favoriser la confiance. « Nous recevons des informations au-delà des frontières nationales, ce qui va progressivement éliminer les lignes imaginaires qui séparent nos nations, » a-t-il expliqué, attendant avec impatience l’arrivée d’une génération pour qui le monde sera « l’humanité et non pas des peuples séparés ».
Le CICR vise également à « transformer la vulnérabilité numérique en opportunité numérique », explorant des moyens de maîtriser l’expertise technologique pour s’occuper des victimes de conflits armés, par exemple en utilisant un logiciel de reconnaissance faciale pour réunir des familles séparées par la guerre.
Dans son discours d’ouverture, prononcé plus tôt ce jour-là, Antoine Jaulmes, président d’Initiatives et Changement (I&C) Suisse a rappelé au public que l’approche d’I&C donne toujours priorité à l’être humain et à la responsabilité personnelle. Tous les membres de la table ronde ont reconnu cette approche comme fondamentale pour promouvoir la confiance à une époque de technologie de rupture.
« Malgré l’existence de toutes ces technologies, ce sont toujours les individus qui doivent créer la base de la confiance, par leur professionnalisme, leur honnêteté (...) ou la transparence, » a conclu Christine Beerli. « Si nous appliquons vraiment ces valeurs dans l’utilisation de ces technologies, nous devrions alors pouvoir consolider la confiance. »
La cérémonie d’ouverture s’est avérée être la transition parfaite pour le premier événement du Caux Forum 2018, Leadership éthique dans le business, au cours duquel nous nous sommes penchés sur les façons de diriger à une époque marquée par les innovations de rupture.