1984 : Amie Zysset - La grande aventure
Par Eliane Stallybrass
19/08/2021
Amie Zysset était le cœur et l'âme des conférences internationales sur la famille qui ont eu lieu à Caux de 1978 jusque dans les années 80. Elle est décédée - à l'âge de 60 ans seulement - après de longs mois d'hospitalisation, le dernier jour de la conférence de 1984. « Si je meurs avant la conférence des familles, je veillerai sur vous d'en haut », avait-elle annoncé.
Pendant sa formation d'enseignante en économie domestique, à la fin des années 40, Amie avait séjourné dans une pension pour jeunes femmes appelée « La Grande Aventure » à Lausanne. Sa directrice, Frida Nef, avait participé à la création du centre de conférences de Caux et faisait partager à ses pensionnaires son enthousiasme pour ce lieu. C'est ainsi qu'Amie a découvert sa vocation.
Tout a commencé par l'apprentissage du suisse allemand dans une famille bernoise. La famille Flütsch avait quatre enfants et la mère partait parfois avec son mari en mission avec le Réarmement moral (plus tard Initiatives et Changement).
Ils passaient tous les étés à Caux et emmenaient Amie et les enfants avec eux. Elle s'est impliquée dans la vie du centre de conférence, en aidant d'abord à la cuisine. Avec sa formation, c'était tout naturel.
Mais deux passions vont se développer et lui donner d'autres pistes d'activités.
Amie s'intéresse énormément au développement et au bien-être des enfants. En 1969, il y avait beaucoup de familles à Caux. Amie décide de prendre en charge les enfants de 7 à 12 ans, tandis que Monika Flütsch (aujourd'hui Bodmer), dont elle s'était occupée 14 ans plus tôt, crée le jardin d'enfants dans le Grand Hôtel.
Plus d'une fois, nos enfants et nous-mêmes avons bénéficié de cette aide extérieure désintéressée qui manque aujourd'hui à tant de familles.
Amie savait écouter les enfants et, à côté des jeux, de la cuisine et d'autres activités, leur proposait des discussions sur des thèmes qui leur tenaient à cœur, comme la bonne entente avec leurs frères et sœurs, la vie de famille ou encore les divisions entre leurs parents. Ces discussions ont abouti à la création d'un petit journal, où les enfants pouvaient exprimer leurs pensées et ainsi aider d'autres enfants.
Amie n'était pas dactylo, n'avait pas de formation journalistique et ne connaissait rien à l'édition, mais elle avait le don d'utiliser ses limites pour développer les talents des autres. C'est ainsi qu'est né Éléphant et Souris, publié en français et en allemand, rempli de questions, de réflexions, d'histoires personnelles, de jeux et de dessins. Il sort tous les deux mois, et l'aventure dure 15 ans. Le tirage atteint 400 exemplaires.
Elle se préoccupe aussi des parents et, comme l'écrit Jean-Jacques Odier, les prend parfois à part pour leur donner un conseil. « Plus d'une fois, nos enfants et nous-mêmes avons bénéficié de cette aide extérieure désintéressée qui manque aujourd'hui à tant de familles. »
Un Noël, Amie et Monika ont mis en scène le spectacle pour enfants Give a Dog a Bone, à Caux, avec une distribution composée uniquement d'enfants.
Son autre passion est la vie et l'avenir de sa région, le Jura, où les tensions entre catholiques et protestants sont devenues violentes. En tant que citoyenne de la petite ville de Reconvilier, elle compte parmi ses amis de nombreuses personnes impliquées dans les problèmes politiques et sociaux de la région.
Elle a emmené de Caux des amis de communautés divisées du Canada et d'Irlande, ainsi que de Papouasie-Nouvelle-Guinée, pour visiter sa région et partager leurs expériences de réconciliation. Elle a également emmené des amis jurassiens dans d'autres pays. Lors d'un voyage en Inde, elle et un ami se sont retrouvés assis à côté de Mère Teresa dans l'avion !
Elle avait le don d'utiliser ses limites pour développer les talents des autres.
Malheureusement, c'est en Inde qu'elle a contracté une maladie qui n'a jamais été complètement diagnostiquée et qui lui a coûté la vie. Elle écrivait souvent des poèmes personnalisés, comme cadeaux pour ses amis. Beaucoup d'entre eux ont été publiés dans un petit livre après sa mort.
Alors que nous travaillons sur ces histoires de personnes autour du 75e anniversaire du centre de conférence de Caux, nous sommes frappés par le nombre de femmes relativement peu connues - comme Amie Zysett - qui méritent tout à fait de figurer ici. La grande aventure de Caux n'aurait pas été possible sans cette armée de l'ombre qui a travaillé dans tant de domaines du centre de conférence de Caux et du travail d'Initiatives et Changement en général, donnant du temps et de l'argent, de la créativité et des soins attentifs aux autres.
Lire le recueil de poésie d'Amie Amie pour toujours (par Amie Zysset et Marielle Thiebaud, 1987)
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Regardez une production de 1965 de la pièce Give a Dog a Bone.
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Give a Dog a Bone: Initiatives et Changement
- Amie pour toujours: Amie Zysset et Marielle Thiebaud, 1987)
- Toutes les photos (sauf Monica): Initiatives et Changement
- Photo Monica Flütsch: Lars Rengfelt
- Relecture: Claire Martin-Fiaux