1980 – Su Riddel et « Un soleil en pleine nuit »
29/07/2021
C'est en juillet 1980 qu'un one-man-show sur St François d'Assise, Un Soleil en Pleine Nuit, est créé à Caux. Ecrit par le dramaturge britannique Hugh Steadman Williams, sur une musique de Kathleen Johnson, également britannique, il était interprété par le mime français Michel Orphelin. Il présentera ce spectacle - dans sa version française ou anglaise (Rich Man Poor Man) - dans de nombreux pays au cours de la décennie suivante.
En juin 1980, à 21 ans, Su Riddell quitte son emploi de secrétaire à Paris pour rejoindre l'équipe des coulisses en tant qu'assistante régisseur. Elle accompagnera le spectacle en tournée en Europe et en Amérique du Nord pendant les trois années suivantes. Ces extraits de ses lettres à ses parents décrivent le début de l'aventure.
Lundi 30 juin 1980
Nous sommes six dans le minibus qui quitte Paris, dont Michel Orphelin, acteur, chanteur et mime français ; Annie (française) qui projettera les diapositives de fond de scène ; François, le fils de Michel qui sera à la sonorisation; et Peter, le pianiste britannique.
C'est une belle journée ensoleillée. Nous nous arrêtons pour prendre un café le matin, puis nous piqe-niquons dans un champ après avoir quitté l'autoroute; après un autre café près d'une rivière violente et gonflée, nous roulons dans un Jura sauvage et accidenté, nous traversons de vieilles villes douces et charmantes jusqu'à la frontière suisse. En longeant le lac Léman, nous pouvons voir Caux de loin, mais les montagnes sont cachées par la brume.
Dès notre arrivée à Caux, nous rencontrons le reste de notre équipe : Claude, un français, qui s'occupe de l'administration du spectacle, Gunnar et Christian, techniciens suédois. Nous sommes plutôt internationaux pour un spectacle en français.
Nous sommes plutôt internationaux pour un spectacle en français.
Mardi 17 juillet 1980
Je vais vous parler de la première représentation. Nous avons dîné tous ensemble mais nous étions plutôt calmes (c'est-à-dire normaux par rapport aux autres personnes de Caux). Nous avons d'abord eu une réunion dans les coulisses, nous avons prié puis nous sommes allés à nos places. Le public a afflué, j'ai fait entrer l'orchestre sur scène, (les hommes en smoking, Kathleen en robe longue) et c'était parti. Je me suis calmée et tout s'est bien passé, du point de vue du public en tout cas.
En fait, nous avions tous fait des erreurs. Les miennes sont rarement visibles, mais sont une question de timing. Le public ne sait pas ce qui doit se passer, mais nous le savons tous et surtout moi.
Je n'ai compté que trois ou quatre mauvaises répliques, et John D, le metteur en scène, était très content. J'ai apprécié ma « première mondiale ». Oh, mais la suite...
Marketta avait préparé un repas froid, beaucoup de boissons gazeuses et du café, et nous nous sommes tous assis dans la cuisine à une longue table fleurie et décorée, entourés de casseroles et de poêles et d'énormes fours en acier. Michel, en entrant, a été ovationné.
Après le repas, on a amené un piano (directement dans la cuisine) et nous avons chanté et joué à des jeux (nous étions 14). Vers 1h30 du matin, la fête s'est achevée, nous avons remis la cuisine dans son état impeccable habituel et nous sommes allés nous coucher. C'était formidable.
Entretemps je découvre le peu de connaissances que j'ai de la foi et je réalise la longueur du chemin que j'ai à parcourir. J'ai peur de commencer avec enthousiasme, et de me fatiguer rapidement. J'espère qu'en gardant une vision des choses dans une perspective mondiale, je pourrai équilibrer la perspective personnelle.
J'espère qu'en gardant une vision des choses dans une perspective mondiale, je pourrai équilibrer la perspective personnelle.
Tout cela est terriblement facile ici à Caux. De retour à Paris, à la vie urbaine et à mes amis, il sera trop facile d'oublier, de perdre de vue l'objectif, et le sens de l'importance de l'œuvre de Dieu. Les montagnes sont des endroits inspirants. S'il vous plaît, pouvez-vous m'aider à me souvenir ? Je sais que Dieu me gardera dans le droit chemin, mais j'ai tellement peur de perdre la joie, la fraîcheur, la paix, que j'ai trouvées ici.
En été 1983, lorsque la tournée initiale de la pièce s'achève, la troupe est de retour à Caux. Su écrit :
Un Soleil en Pleine Nuit a signifié pour moi un nouveau départ dans la vie. J'ai donné ma vie à Dieu, et il sait ce dont j'ai besoin, il en sait plus sur moi que je n'en sais moi-même. Il a aussi un plan pour le monde, et je veux en faire partie. Alors, jour après jour, j'irai là où Il me mènera.
Lire le scénario d'Un soleil en pleine nuit
Découvrez le programme d'Un soleil en pleine nuit
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Regardez une vidéo de la pièce (1985)
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Video Soleil en pleine nuit (Poor man, Rich man), Westminster Productions, 1985: Initiatives et Changement
- Photos top, portrait et Su à Paris: Su Riddell
- Distribution de photos et dépliant: Initiatives et Changement
- Relecture: Claire Martin-Fiaux