Le 1er avril, Rainer Gude et Stephanie Buri sont devenus les co-directeur et co-directrice général-e d'Initiatives et Changement (I&C) Suisse, après un processus de passation de pouvoirs de deux mois avec la secrétaire générale sortante, Barbara Hintermann. Rainer est directeur des partenariats stratégiques d'I&C Suisse depuis 2018, après avoir commencé à travailler avec IofC international en 2012. Stephanie est directrice de la communication et de la gestion des connaissances chez I&C Suisse depuis 2014.

Comme de nombreuses institutions fondées après la Seconde Guerre mondiale, I&C Suisse se trouve à un tournant de son histoire, cherchant de nouvelles façons de fonctionner afin de poursuivre sa mission – répondre aux besoins du monde – tout en maintenant sa viabilité financière. Dans un souci de continuité en cette période de changement, notre Conseil a décidé d'opter pour une nomination collaborative interne pour succéder à Barbara Hintermann.

« Au milieu de tous les troubles de ce printemps, des choses très positives se sont produites autour de nous », déclare la présidente d'I&C Suisse, Christine Beerli. Barbara Hintermann, qui nous a montré pendant cinq ans ce que signifie en pratique un leadership éthique fort, a été élue directrice générale de Terre des Hommes Suisse. Nous sommes tristes de la perdre, mais aussi heureux-euses de la voir évoluer dans une direction aussi idéale. Merci, Barbara, pour tout ce que tu as fait pour nous - tu vas nous manquer !

« Il est également très positif que nous ayons pu trouver deux personnes pour la remplacer parmi nos collègues en interne. Stephanie Buri et Rainer Gude sont des professionnel-le-s jeunes, polyglottes et motivé-e-s qui connaissent bien le mouvement I&C. Je me réjouis de notre collaboration. Avec leur engagement et celui du Conseil, I&C Suisse se tourne vers l’avenir. »

Le modèle de codirection est nouveau pour I&C Suisse, bien que nous ayons promu l’idée que « nous sommes toutes et tous des leaders » depuis des années. La codirection est une tendance croissante parmi les organisations à but non lucratif, les entreprises et les partis politiques. Il a été démontré qu'elle permet d'accroître la productivité, la collaboration en équipe, la coordination et l'innovation.

Stephanie et Rainer, conscients des défis à relever lorsqu'ils ont accepté cette nouvelle tâche ensemble, ne s'attendaient pas à ce qu'une crise sanitaire mondiale en fasse partie.

« Avec la crise du COVID-19, c'est un moment particulier pour prendre la tête d'une organisation », déclare Stephanie. « Parmi toutes les incertitudes, le modèle de codirection nous a déjà apporté une force et un soutien réels. L'approche collaborative - non seulement entre nous deux, mais aussi avec notre équipe, le Conseil et le réseau – permet de faire émerger le meilleur de nous-même et d’encourager la créativité, les commentaires honnêtes et l'adaptabilité. « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde » n'a jamais été aussi pertinent. Nous sommes impatient-e-s de voir ce qui nous attend. »

Rainer ajoute : « Notre première action majeure, en plus de prendre soin de notre équipe, a été de nous adapter à COVID-19. Concrètement, toute notre équipe est désormais en sécurité chez elle et peut travailler à distance et, bien sûr, notre programme d'été, le Caux Forum , a été radicalement transformé. Ce n'était pas une petite liste de choses à faire pour nos premières semaines ! Nous ne pouvons que remercier chaleureusement notre équipe, notre Conseil et Barbara qui nous ont énormément soutenu-e dans cette transition. »

Rainer et Stephanie apportent une expérience variée à leur nouveau rôle commun.

Rainer travaille pour I&C depuis 2012, d'abord comme Chargé de Mission pour I&C International, puis, depuis 2018, comme Responsable des Partenariats Stratégiques pour I&C Suisse. Il a grandi à New York, avec un père espagnol et une mère allemande, et est un orateur, un modérateur et un facilitateur talentueux. Titulaire d'un master en affaires internationales de l'Institut des Hautes Etudes Internationales et du Développement (IHEID) à Genève, il parle cinq langues et s'est constitué un vaste réseau international.

Stephanie dirige le département de communication d'I&C Suisse depuis 2014. Elle a fait sa première expérience de codirection lorsqu'elle a codirigé le rafraîchissement de l'identité visuelle globale d'Initiatives et Changement en 2018. Elle a grandi en France, avec une mère suisse et un père américain. Elle est titulaire d'un master en anthropologie culturelle et études du développement de la KU Leuven en Belgique et a étudié, vécu et travaillé dans neuf pays. Elle parle couramment quatre langues.

Si la communication ouverte est le secret d'un co-leadership réussi, ils plaisantent, leur passé leur donne une longueur d'avance : « Nous avons quatre langues différentes dans lesquelles nous pouvons nous parler, donc aucune excuse pour ne pas se comprendre. »

Quelle est leur vision de l'avenir d'I&C Suisse ?

« Alors que nous développons la stratégie d’I&C Suisse pour 2021-2024, nous souhaitons nous concentrer sur la sagesse collective de l'équipe et de notre réseau », disent-ils. « Avec toutes les incertitudes qui règnent dans le monde et chez nous, nous pensons que le message d'I&C est plus pertinent que jamais. Nous continuerons à inspirer, équiper et mettre en relation les acteurs et actrices du changement pour qu'ils soient le changement qu'ils veulent voir dans le monde. Avec notre réseau, nos partenaires et toutes celles et ceux qui travaillent pour le changement, nous pensons pouvoir saisir les opportunités cachées que COVID-19 nous offre pour apporter les changements importants dont notre monde a désespérément besoin.  Nous ne connaissons peut-être pas encore le chemin exact pour y parvenir, mais nous savons que le point de départ se trouve en chacun de nous. Nous sommes enthousiastes à l'idée de franchir cette nouvelle étape avec notre formidable équipe. »

Photo en haut : Photo prise le 20 février 2020 à Caux de quelques membres du groupe qui développe le nouveau cadre stratégique 2021-2024 pour I&C Suisse.

Photo dans le texte : Rainer et Stephanie avant que la distanciation sociale ne devienne la nouvelle norme.

Dana Salama a 24 ans et vit en Syrie. En 2019, elle faisait partie du Programme de Caux pour la paix et de leadership de Caux. Elle venait de commencer un nouveau travail lorsque les crises COVID-19 ont commencé. La crise COVID-19 est un défi global pour les personnes du monde entier et de tous horizons.

Quelle est votre situation actuelle ? Quel est l'impact de la propagation de COVID-19 sur votre vie ?

Je m'appelle Dana Salama. Je venais de commencer un nouveau travail lorsque les crises COVID-19 ont commencé. Nous avons dû fermer les bureaux de la société pour notre sécurité. Ce n'est pas évident de travailler à distance, surtout lorsqu'il s'agit d'un nouvel emploi. C'est un défi, mais je suis heureuse de vivre cette nouvelle expérience de travail en ligne. 

Décrivez en 3 mots ce que vous ressentez en ce moment ?

Inquiète mais optimiste.

Quel est votre plus grand défi en ce moment ?

Le travail à domicile nécessite, à mon avis, une grande capacité de contrôle du temps. Surtout lorsqu'il s'agit de me lever tôt le matin et de mener à bien mes activités quotidiennes à la maison. Une mauvaise connexion Internet et l'électricité peuvent aussi se révéler être des défis, alors j'essaie de trouver des moyens pour tout garder sur la bonne voie.

Quelles sont les leçons que vous avez déjà tirées de cette période ?

Le temps est précieux, j'ai appris à l'apprécier davantage et à consacrer plus de temps à ma santé mentale en pratiquant des sports de l'esprit comme les échecs (en tant que débutante).

A la maison, je suis en communication constante avec ma famille. Cela me donne vraiment beaucoup de joie et de satisfaction dans ma vie de tous les jours.

Pratiquez-vous des moments de tranquillité ? Si oui : quelle est votre pratique et en quoi vous aide-t-elle ?

L'un de mes moments préférés de la journée réside dans ma période de calme. Je la pratique le soir, quand je peux écouter mes propres pensées et sentiments et les mettre par écrit. Cela m'aide à mieux me connaître et me guide pour résoudre mes problèmes de la bonne manière.

Quels sont vos meilleurs conseils et astuces pour lutter contre l'anxiété/l'incertitude/la lenteur (celle avec laquelle vous luttez le plus) ?

Je lutte contre la routine en faisant une nouvelle chose par jour. Lire, cuisiner, danser et changer certains décors de la maison peuvent m'aider à combattre tous les sentiments inutiles et peuvent me tenir à l'écart des mauvaises nouvelles. Tout ce que j'ai à faire, c'est de rester chez moi. 

Comment pouvons-nous nous connecter avec les autres et les soutenir quand nous devons nous barricader ?

Les médias sociaux peuvent tout faire ! Je reste en contact avec tous et toutes mes ami-e-s grâce à des conversations régulières et des appels vidéo. Il n'y a pas de câlins et de caresses quand il faut les soutenir, mais je sais que les âmes peuvent se rencontrer par des mots chaleureux.

Qu'est-ce qui vous a fait rire aujourd'hui ?

J'ai vu des photos sur Facebook avec des animaux marchant sur les routes dans toute la ville et des gens les regardant de leur fenêtre (à cause de la quarantaine). Tout peut changer dans ce monde !

Comment aimeriez-vous (en tant que personne) sortir de cette crise ?

J'espère me voir plus responsable de ce qui se passe dans le monde et être plus forte qu'avant.

De quoi êtes-vous reconnaissante ?

Je suis reconnaissante d'avoir une grande famille qui m'entoure d'amour. La famille d’Initiatives et Changement joue aussi un rôle important ; je lui suis reconnaissante de m’avoir aidée à devenir la personne que je suis maintenant. 

Entretien par Karina Cheah

Le quatrième objectif de développement durable des Nations unies concerne l'accès à une éducation de qualité et à l'apprentissage tout au long de la vie - deux éléments essentiels pour apporter des changements positifs dans le monde.

Nous vivons à une époque de changements constants, rapides et profonds, déclenchés par le changement climatique et la transformation numérique. Pour trouver les bonnes réponses à ces nouvelles questions, nous devons apprendre davantage, et peut-être différemment. La curiosité, la créativité et l'esprit critique sont aussi importants que les compétences en mathématiques, en informatique, en langues, etc. Nous devons faire preuve d'innovation et d'ingéniosité pour construire un monde juste, pacifique et durable pour nous et nos enfants.

L'apprentissage a besoin de systèmes d'éducation bien gérés, mais il vient de chacun-e d’entre nous, de notre propre intérieur. Apprendre peut être amusant, mais parfois aussi douloureux. En préparation du prochain événement « Leadership éthique dans le business » en juin 2020, nous avons invité diverses personnes du monde entier à partager des récits de leurs parcours d'apprentissage. Ces récits offrent des aperçus inspirants et nous invitent à réfléchir sur notre éducation et notre apprentissage tout au long de la vie.

"Mon expérience d'apprentissage" (My Learning Story) espère devenir une expérience d'apprentissage globale, reliant des personnes du monde entier qui partagent leurs histoires sur ce que nous faisons toutes et tous chaque jour : apprendre à construire un avenir meilleur.

Entretien avec Christine Beerli, présidente de la fondation I&C Suisse

Christine, vous avez choisi la phrase : J'apprends tous les jours ! Qu'avez-vous appris jusqu'à présent de l'actuelle épidémie du coronavirus ?

J'apprends ce que beaucoup d'entre nous sont obligés d'apprendre : comment vivre avec un agenda vide et comment communiquer avec ma famille, mes ami-e-s et mes contacts professionnels sans les rencontrer. Cela m'a montré ce que j'ai toujours su : que j'aime (la plupart) des gens. J'attends avec impatience le moment où nous pourrons nous retrouver face à face.

Nous sommes très honorés de vous avoir comme présidente du Conseil de la Fondation Initiatives et Changement. Qu'avez-vous appris de surprenant dans ce rôle ?

Je ne m'attendais pas à ce que le réseau international soit aussi grand et solide, comme il semble l'être. Il est impressionnant de voir que tant de personnes dans le monde s'appuient sur les mêmes valeurs et promeuvent un leadership éthique dans les affaires, par exemple.

Quelle est la chose la plus importante que vous ayez apprise en tant que membre d'un cabinet d'avocats ?

Que l'État de droit et un système judiciaire indépendant sont aussi importants pour le bien-être et le développement d'un pays que la démocratie.

On dit que la politique est une "école dure" : quelle a été la leçon la plus difficile que vous ayez apprise lorsque vous étiez au Parlement en Suisse ?

Ce n'est peut-être pas la leçon la plus difficile, mais c'était une leçon intéressante : les politicien-ne-s que vous entendez et voyez le plus dans les médias ne sont pas ceux qui travaillent le plus pour le bien-être du pays.

Quelle a été votre meilleure expérience d'apprentissage en tant que vice-président du Comité international de la Croix-Rouge ?

Les personnes qui se trouvent dans des situations de guerre très difficiles, voire apparemment sans espoir, ne sont pas de simples "victimes". Ce sont des personnalités extrêmement fortes qui veulent juste avoir l'espace et la possibilité de s'occuper de leur famille.

Vous avez également été enseignante ; de quelle manière le système éducatif suisse devrait-il être modifié pour répondre aux opportunités et aux défis du 21e siècle ?

La crise actuelle et la fermeture des écoles poussent le système scolaire suisse vers beaucoup plus de numérisation. Cela aura un effet positif durable.

En raison des changements démographiques et de l'innovation technologique, 33 % des employeurs suisses ont des difficultés à recruter. Comment pouvons-nous accélérer l'apprentissage tout au long de la vie et le recyclage des compétences en Suisse ?

Je pense que l'attitude des gens a beaucoup changé ces dernières années. Chacun-e sait qu'il ou elle devra investir dans l'apprentissage tout au long de sa vie pour être au courant des nouveaux développements et préserver son employabilité.

Comment suivre la transformation numérique ?

Je ne sais pas si je suis à la hauteur. J'utilise mon ordinateur et ma tablette car il n'est pas possible de travailler sans eux. Je ne sais pas vraiment comment ils fonctionnent : mais c'est la même chose pour ma voiture !

Vous êtes officiellement à la retraite, mais en réalité, vous êtes très active. Comment partagez-vous vos leçons de vie ?

Je n'ai pas de leçons à partager : je suis très heureuse si je peux être utile.

Quel est votre meilleur-e professeur-e ?

La vie et mon chien.

Qu'est-ce que la vie vous a appris ?

Que si vous essayez de donner le meilleur de vous-même dans n'importe quelle situation, cela vous permet de rester enraciné-e et calme. Mais les choses les plus importantes de la vie peuvent à peine être influencées.

Que voulez-vous apprendre que vous n'avez pas encore osé faire ?

Le tango.