Ce que le COVID-19 m'apprend : Andrew Stallybrass
11/05/2020
La crise COVID-19 est un défi mondial pour les personnes du monde entier et de tous horizons. Découvrez l’entretien que nous a consacré Andrew Stallybrass (Royaume-Uni/Suisse). Il nous parle de la façon dont il vit la situation actuelle et les leçons qu'il a tirées de son confinement. Andrew travaille pour Initiatives et Changement depuis de nombreuses années et vit actuellement à Caux, en Suisse, avec sa femme Eliane.
Quel impact la pandémie de COVID-19 a-t-elle sur votre vie ?
Cela peut paraître surprenant, mais la pandémie n’a que peu d’impact. Ma femme, Eliane, et moi avons plus de 70 ans et faisons donc partie des personnes dites « à risque ». Mais Caux est un bien bel endroit pour être confiné.
Décrivez en trois mots comment vous vous sentez en ce moment ?
Je suis préoccupé, inquiet, mais aussi optimiste.
Quel est votre plus grand défi actuellement ?
Poser des priorités. Que devrais-je faire maintenant ? Je suis censé être à la retraite, mais j'ai tellement de choses à faire, de livres à lire, de travail. Ma femme et moi sommes tous deux très impliqués dans la mise en place d’une nouvelle plateforme consacrée à l'histoire du Réarmement moral et d’I&C, une sorte de Wikipédia. Et ça, c’est un sacré défi !
Qu’est-ce que cette période vous a appris ?
Nous avons été pendant longtemps épargnés et sommes aujourd’hui encore privilégiés. Depuis deux ou trois générations, dans notre petit coin de paradis, nous avons vécu sans menace majeure qui ne puisse être contrôlée. Actuellement, nous sommes revenus à une situation plus classique : la plus grande partie de l'humanité a longtemps dû vivre avec la peur de la peste, de la guerre, des catastrophes naturelles… Notre richesse et nos connaissances scientifiques, aussi grandes soient-elles, ne peuvent pas toujours nous protéger de tous les dangers.
Pratiquez-vous la réflexion en silence ? Le cas échéant, comment faites-vous, et comme cette pratique vous aide-t-elle ?
Oui, je m’adonne à la réflexion en silence presque tous les matins, et ce depuis plus de 50 ans. Une lecture quotidienne d'un livre ou d'un texte qui m'inspire, m'encourage, m’interpelle. Des moments d'inspiration très rares : le sentiment que quelque chose de plus grand que moi, qui me dépasse, essaie de me donner de nouvelles pensées, idées, inspiration. Beaucoup plus souvent, un simple sens des priorités de la journée. Un ami que je souhaite contacter. Une lettre ou un e-mail à écrire.
Quels sont vos meilleurs conseils pour lutter contre l'anxiété, la solitude, l'incertitude (selon ce qui vous préoccupe le plus) ?
Penser aux autres et se remettre au travail.
Comment se rapprocher des autres et les soutenir alors que nous devons vivre reclus ?
Il suffit de se connecter. Quels outils étonnants nous avons de nos jours à notre disposition, avec Skype et Zoom, le courrier électronique et les téléphones portables !
Qu'est-ce qui vous a fait rire aujourd'hui ?
Je n'ai pas encore ri aujourd'hui. Mais il y a eu beaucoup de rires et de moments amusants. Nous avons appris que l'un de nos deux chats aime se promener avec nous (une promenade de 35 minutes dans la forêt près de chez nous). Hier, nous avons croisé une famille qui a été absolument étonnée de rencontrer un chat suivant ses maîtres...
Comment aimeriez-vous sortir de cette crise ?
Plus en paix avec moi-même et avec le monde. Plus optimiste pour l'avenir de cette précieuse et fragile planète.
De quoi êtes-vous reconnaissant ?
Je suis reconnaissant du message d’I&C : « Bâtir la confiance au-delà des divisions du monde. » Je n'étais pas un grand fan de ce slogan lorsqu’il a été lancé. Pour moi, il ne saisissait pas l'essence de ce que nous sommes censés être. Maintenant, je suis beaucoup plus convaincu ! La confiance est tellement indispensable à la démocratie et au bon fonctionnement de la société humaine. Et la confiance est menacée, partout dans le monde. Les fausses nouvelles, les rumeurs, les mensonges... On entend souvent dire : « Ils ne nous disent pas la vérité... Ils nous cachent des choses... Nous ne savons pas vraiment... » J'ai de la chance de vivre dans une démocratie, avec une presse libre, alors oui, j'ai confiance en notre gouvernement. J'ai confiance en Alain Berset, notre ministre de la Santé. J'ai confiance dans le gouvernement fédéral. J'ai confiance en ce qu'ils me disent ou nous disent. Je leur fais d'autant plus confiance quand ils disent ne pas tout savoir, que nous sommes tous confrontés à une maladie et à une situation nouvelles, inattendues. J'ai confiance que collectivement, nous apprendrons comment nous aurions pu mieux faire, et comment nous ferons mieux la prochaine fois - parce qu'il y aura probablement une prochaine fois. J'ai confiance de pouvoir, en tant qu’individu, au même titre que notre pays, notre continent, notre monde, compter sur une sagesse et un amour plus grands et rassembleurs, capables de nous amener dans une communauté plus large, où chaque personne compte, est chérie et respectée, et peut avoir un rôle dans la construction d'un avenir meilleur pour nous toutes et tous.
Entretien par Karina Cheah