Semaine de la paix 2019 de Genève : Promouvoir la confiance à Genève et en Europe
07/12/2019
Genève regorge d'organisations qui œuvrent pour la paix, les droits de l'homme et le bien-être, mais elles se réunissent rarement. Chaque année, la Semaine de la paix cherche à briser les cloisonnements entre ces acteurs et à souligner le fait que « chaque personne, chaque acteur et chaque institution a un rôle à jouer dans la construction de la paix et la résolution des conflits ».
Initiatives & Changement (I&C) a animé trois événements lors de la Semaine de la paix 2019, qui s'est déroulée du 4 au 8 novembre.
Deux d'entre eux étaient axés sur le travail en réseau et visaient à encourager la collaboration entre les organisations genevoises d'aide humanitaire, de défense des droits de l'homme et de développement, ainsi qu’avec le secteur privé, le gouvernement, le monde universitaire et les médias. L'autre était une bibliothèque humaine sur le thème "Construire la confiance en Europe et autour de l'Europe".
Le premier événement axé sur le travail en réseau abordait la question suivante : « Qu'y a-t-il de prospère et que manque-t-il dans le domaine de la vérité et de la confiance ? » Il a été construit autour des questions des participants et des sujets qu'ils souhaitaient voir abordés.
La deuxième manifestation, sur le thème « Qui est qui à la Semaine de la paix de Genève ? » a eu lieu juste avant l'ouverture officielle, le deuxième jour de la semaine. Cet événement d'une heure était vibrant d'énergie, puisqu'environ 120 personnes ont pu se rencontrer et échanger. Les groupes nouvellement formés sont partis ensemble pour assister à la cérémonie d'ouverture.
Comme les années précédentes I&C a organisé une bibliothèque humaine, en collaboration avec le Centre pour le dialogue humanitaire, l'Hospice général de Genève, la Fondation Kofi Annan, Lake Aid, le Centre genevois de politique de sécurité et la Bibliothèque des Nations Unies à Genève. Environ 80 personnes y ont participé, choisissant deux "livres humains" parmi cinq possibilités :
- L'Hospice général de Genève est le principal service d'aide sociale du canton. Son directeur général, Christoph Girod, et son coordinateur de projet, Brice Ngarambe, se sont concentrés sur l'intégration des réfugiés et des demandeurs d'asile en Suisse. Brice a raconté sa propre histoire de demandeur d'asile, désormais bien intégré et aidant les nouveaux arrivants. « Ne pas avoir peur d'aller vers l'autre et d'apprendre la langue est la chose la plus importante », a-t-il déclaré. Il a parlé de la difficulté qu’il y a à établir la confiance lorsque l’on n'est pas sûr d'être autorisé à rester. Le fait d’aller à l'université, de partager un appartement avec d'autres étudiants et de faire du bénévolat l’a aidé à s'intégrer. Christoph Girod a évoqué les difficultés causées par des décisions prises au loin, à Berne. Il s'est réjoui d'une nouvelle loi sur l'asile qui, a-t-il dit « permettra aux centres d'accueil pour réfugiés et demandeurs d'asile de prendre des décisions sur place, et de raccourcir ainsi le processus de demande ».
- Yevhen Shybalov, qui travaille pour le Centre pour le dialogue humanitaire en Ukraine, a raconté comment la guerre a éclaté dans sa région natale de Donbas. La moitié des déchets toxiques de l'Ukraine y est stockée, ce qui constitue une menace pour toutes les personnes concernées par le conflit. Il a décrit comment il a contribué à rendre possible les discussions officieuses entre les experts des deux côtés de la ligne de front, dans l'espoir que les questions écologiques deviennent un élément essentiel de tout accord à venir. « Les problèmes communs unissent les gens », a-t-il affirmé.
- Muna Ismail, une scientifique et écologiste d'origine somalienne vivant en Grande-Bretagne, est passionnée par la restauration des terres dans les États sortant d'un conflit. Au cours des quatre dernières années, elle a développé le programme de formation d’I&C Grande-Bretagne Refugees as Rebuilders™ pour les réfugiés de la Corne de l'Afrique et d'autres régions affectées par les conflits. Elle dirige le module du programme portant sur les moyens d'existence durables. Elle développe également un important projet de réintroduction du Yeheb, une plante résistante à la sécheresse, originaire de Somalie et du Somaliland, qui fournit de la nourriture aux animaux comme aux humains.
- La cinéaste indépendante Manuela Fresil a présenté des extraits de son documentaire, Le bon grain de l’ivraie, dans lequel joue Burim, un jeune demandeur d'asile de 14 ans originaire de Macédoine. Puis elle a demandé à Burim, arrivé en France à l'âge de quatre ans, de faire part de son expérience personnelle. Pour lui, la partie la plus difficile de ces dix années « dans les limbes » ce furent les nuits passées par terre. Sa famille a vécu les deux dernières années dans un "centre d'accueil d'urgence" et son plus grand rêve désormais est de vivre dans un appartement et d'être « normal », comme les autres enfants de son école. Manuela a réalisé ce documentaire car elle ne pouvait pas « vivre en sachant que des enfants dorment dans la rue dans mon propre pays ». La combinaison de la timidité de Burim et de l'activisme de Manuela a rendu ce « livre humain » très émouvant.
- Le cinquième « livre humain » était Hajer Sharief, co-fondatrice de l'ONG libyenne Together We Build It et membre de l'initiative Extremely Together de la Fondation Kofi Annan. Elle a souligné que ce qui se passe en-dehors de l'Europe affecte le continent, et vice versa. Son travail se concentre principalement sur le renforcement des capacités en Libye et sur la sensibilisation de la communauté internationale. Elle estime que le processus de paix actuel est traité comme s'il s'agissait d'un accord commercial, et que les femmes et les enfants, en particulier, ne sont pas suffisamment représentés. « Si les gens ne se sentent pas concernés par le processus, la paix ne sera pas durable », a-t-elle affirmé. Elle a demandé l'interdiction de fournir des armes aux groupes armés. En Libye, elle organise des ateliers où elle décortique les concepts formels de paix et de sécurité et les rapproche des membres de la communauté, leur montrant ainsi que nous avons tous un rôle à jouer.
Après avoir écouté deux histoires, les participants se sont retrouvés dans la salle principale pour échanger sur ce qu'ils avaient entendu. Les « livres humains » ont ensuite été invités à partager quelques réflexions finales sur la manière dont la confiance pourrait être promue en Europe.
Comme le dialogue intergénérationnel est un problème en Europe, Manuela a suggéré, en plaisantant à moitié, un programme d'échange linguistique pour les grands-parents. Elle pensait également que la remise en service des trains de nuit dans toute l'Europe pourrait stimuler les échanges interculturels. Burim a déclaré espérer voir le jour où personne n'aurait à attendre dix ans pour obtenir ses papiers.
Brice et Christoph ont invité le public à envisager le volontariat pour aider les réfugiés et les demandeurs d'asile à s'intégrer et à se faire confiance.
L'événement faisait partie de la série Rencontres enrichissantes d'I&C Suisse.