1973: Kim Beazley – « La qualité essentielle d'un homme d'Etat »
Par John Bond
05/07/2021
En 1973, les élections nationales australiennes avaient porté au pouvoir un gouvernement travailliste, et Kim Beazley - un visage familier à Caux - avait été nommé ministre de l'éducation. Il était déterminé à faire en sorte que chaque enfant australien reçoive la meilleure éducation possible, et lança une transformation des écoles australiennes.
Les écoles étaient alors gérées soit par les églises, soit par l'État, et le ressentiment était immense face aux inégalités de leur financement par l'État. Sous la direction de Beazley, le ministère de l'éducation entreprit de financer toutes les écoles en fonction de leurs besoins, en accordant les subventions les plus importantes aux écoles les plus pauvres.
Lorsque l'Australian National University décerna un doctorat honorifique à Beazley en 1976, l'éloge qui fut prononcée indiquait que son action avait "guéri un ulcère qui suppurait dans notre société depuis près de 200 ans". « Les préjugés et l'amertume qui visaient les écoles et leur financement ont reçu un coup mortel grâce à un financement basé sur les besoins ».
Beazley considère sa première visite à Caux en 1953 comme fondamentale pour son approche politique. C'est là qu'il a découvert l'idée de prendre du temps, seul, pour chercher la direction de Dieu, sans avoir « rien à prouver, rien à justifier et rien à gagner pour soi-même ».
Il s'est alors rendu compte qu'il avait « pris l'habitude de ne pas être absolument précis dans ses déclarations politiques ». Comme il l'a dit lors d'une conférence, « j'ai analysé les erreurs du gouvernement, mais jamais ses vertus ». « C'est là une des formes les plus sournoises du mensonge en politique. J'ai décidé de rechercher chaque jour la manière de vivre la volonté de Dieu, de braquer le projecteur de l'honnêteté absolue sur mes motivations et d'essayer de voir le monde dans la clarté de la pureté absolue... et de l'amour absolu ».
Son regard, sa voix et son approche des gens étaient différents. Sa nouvelle approche m'a montré les possibilités de changement.
La première étape pour lui a été de « s'asseoir et d'écrire une lettre honnête à ma femme ». Et lorsqu'il est rentré chez lui, elle a constaté à son regard et à sa voix que son approche des gens était différente. La vie n'était pas facile pour elle, avec trois enfants et un mari occupé au Parlement à l'autre bout de l'Australie pendant de longues périodes. Elle a déclaré : « J'avais vu de nombreuses ruptures de mariage dans la vie politique. Sa nouvelle approche m'a montré les possibilités de changement ».
Certains de ses collègues parlementaires sont hostiles. « Actuellement, le jeune Kim Beazley est confronté à la perspective d'une destruction politique », écrit un chroniqueur politique de premier plan plus tard cette année-là. « Des personnes puissantes et avides de pouvoir craignent que son idéalisme et sa détermination actuelle à rechercher la vérité, quel qu'en soit le prix, puissent coûter au parti travailliste les prochaines élections. L'histoire que ces personnes s'efforcent de colporter et avec un certain succès est la suivante : « Beazley a perdu le sens de la mesure. » Le mot d'ordre est donc « Détruisez-le ».
Ils ne l'ont pas détruit. Il a été reconduit au Parlement à chaque élection pendant 32 ans. Lorsqu'il a pris sa retraite, le Melbourne Herald a écrit qu'il était « sans conteste l'un des meilleurs membres du Parlement que l'Australie ait jamais eu ».
Il a notamment joué un rôle important dans la promotion des droits fonciers aborigènes, du droit de vote, des soins de santé et de l'enseignement dans 22 langues aborigènes. L'éloge reçu lors de la remise de son doctorat honorifique disait : « Il est devenu populaire ces récentes années de reconnaître les injustices faites aux Aborigènes. Mais au cours du demi-siècle dernier, c'était loin d'être populaire. Au cours de cette période, peu de personnes ont fait autant, et aucune n'a fait plus que Kim Beazley pour susciter ce changement d'attitude ». À sa mort en 2007, trois anciens Premiers ministres ont assisté à ses funérailles.
Kim Beazley a résumé son approche : « Les pensées de Dieu, lorsque elles recoivent la primauté dans la vie d'une personne, apportent aux motivations les plus profondes la vertu de la miséricorde et, avec elle, le remède à la haine qui peut renverser le cours de l'histoire. C'est là l'essence même de ce qui fait la qualité d'un homme d'état ».
Regardez un court métrage sur Kim Beazley tiré de nos archives.
Regardez une interview de Kim Beazley sur ses idées et ses visions de l'avenir, 1981 (Musique : David Mills)
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Cette histoire fait partie de notre série « 75 ans de récits » qui célèbre le 75ème anniversaire de l'I&C Suisse avec une histoire pour chaque année, de 1946 à 2021. Chaque histoire raconte comment une personne a trouvé l'inspiration et une nouvelle direction à Caux. Si vous souhaitez raconter votre histoire ou celle d'une personne que vous connaissez, merci d’envoyer vos idées par e-mail à John Bond ou Yara Zhgeib. Si vous souhaitez savoir plus sur les premières années d'Initiatives et Changement et sur le centre de conférence de Caux, cliquez ici et visitez la plateforme For A New World.
- Photos (sauf photo Kim et Betty Beazley): Initiatives et Changement
- Photo Kim et Betty Beazley: Danielle Maillefer
- Court métrage Kim Beazley: Initiatives et Changement
- Interview As We Want the World to Live: Interview with Dr Kim Beazley: Initiatives of Change
- Relecture: Claire Fiaux-Martin