La gouvernance équitable pour la sécurité humaine 2019
La promotion de la confiance : un facteur essentiel pour une paix durable
01/08/2019
La conférence « Gouvernance équitable pour la sécurité humaine » du Caux Forum était centrée sur la bonne gouvernance, l’inclusion sociale et la guérison de la mémoire. Ces trois piliers de la sécurité humaine sont associés aux objectifs de développement durable suivants : la réduction de l’inégalité, l’égalité hommes-femmes et les partenariats pour la réalisation des objectifs. Les participant-e-s représentaient de nombreux pays, notamment le Mali, avec une délégation soutenue par le DFAE, l’Ukraine et le Japon. Au cours de ces cinq jours, les panels ont inspiré les participant-e-s, les ateliers et les formations les ont équipé-e-s, les groupes communautaires leur ont permis d’être connectés et les séances de réflexion en silence leur ont permis de réfléchir. Dominique de Buman, ancien président du Conseil national, a inauguré la conférence le mardi 2 juillet.
« Les personnes qui atteignent un état de bonne gouvernance ont confiance en elles-mêmes, et la confiance est le résultat naturel d’une bonne gouvernance intérieure » a déclaré Iqbal Singh Bains.
Le panel du 3 juillet s’est penché sur la bonne gouvernance. Iqbal Singh Bains, du Ministère du Bonheur de Madhya Pradesh, en Inde, a présenté la gouvernance intérieure comme un niveau de bien-être. Avec l’aide d’Initiatives et Changement, il a établi un programme pour le bonheur basé sur la gratitude, la responsabilité, l’acceptation et le pardon.
Christiane Agboston Johnson, du Centre de Hautes Etudes Études de Défense et de Sécurité, a souligné que les femmes ne font souvent pas confiance aux forces de sécurité de l’armée, et que pour lutter contre ce problème il est nécessaire de donner à des femmes fortes des postes de leadership. Achim Wennmann, coordinateur exécutif de la Plateforme de consolidation de la paix de Genève, et Jonathan Rudy, de l’Alliance pour la consolidation de la paix, ont souligné l’importance du dialogue entre les individus en conflit afin de favoriser la compréhension et la confiance.
Le thème de la séance interactive du troisième jour était l’inclusion sociale comme condition pour la promotion de la confiance, en particulier dans le cas des femmes, des communautés indigènes et des jeunes. La première intervenante, Nicole Pitter Patterson, co-fondatrice de SheLeadsIt, a raconté comment son organisation aide les filles à créer des applications et des podcasts, et à prendre part à des hackathons, afin de pouvoir également faire partie de la révolution technologique. Md Mozahidul Islam, chargé de la programmation et la défense des droits pour HEKS/EPER Bangladesh, a souligné l’importance de protéger les communautés marginalisées telles que les peuples indigènes. Enfin, Tinotenda Mhungu, militant pour la justice sociale et économique originaire du Zimbabwe, a expliqué comment et pourquoi il encourage la participation des jeunes dans la politique.
La plénière du 5 juillet était centrée sur la guérison de la mémoire comme condition pour un avenir commun en paix. Pour cela, une justice équitable pour tous, des espaces sûrs pour s’exprimer, ainsi qu’une mémoire collective commune, sont nécessaires. Sunny Mawiong, un des jeunes leaders d’I&C Inde, a grandi dans un environnement raciste et a parlé de sa transformation intérieure. Il s’est débarrassé de sa profonde amertume grâce à la réflexion lors d’un programme d’I&C. Il a compris l’importance « d’être ouvert pour pardonner mais aussi de chercher le pardon ». Laurent Munyandilikirwa, défenseur des droits de l’homme, a parlé de l’escalade des conflits dans la Région des Grands Lacs, causée par un manque de justice en raison d’un jugement partiel des coupables.
En dehors des plénières, les participant-e-s ont pris part aux formations et ateliers aux différents thèmes spécifiques : par exemple sur la façon d’utiliser le théâtre pour réduire les inégalités. Les six ateliers ont offert aux participant-e-s une compréhension plus profonde de la sécurité humaine. Dans un des ateliers, Jonathan Rudy a expliqué comment les processus à multiples parties prenantes déclenchent des actions collaboratives incluant la société civile. Dans un autre atelier, Hiroshi Ishida, directeur exécutif de la Table ronde de Caux, a présenté de manière interactive l’approche alternative du Japon en matière de leadership, qui laisse place à l’incomplétude. Grâce à un groupe d’expert-e-s de divers pays africains, les participant-e-s ont également pu avoir un aperçu de la gouvernance en Afrique.
Au fur et à mesure du déroulement de la conférence, les participant-e-s ont commencé à réaliser que leur pays n’était pas le seul à avoir des problèmes et que tout le monde avait à la fois des histoires douloureuses et des histoires de succès à raconter. Assister aux ateliers et parler les uns avec les autres leur a donné l’énergie et la motivation d’aborder les questions qui les préoccupent. Revigoré-e-s, les participant-e-s passeront sûrement à l’action dès leur retour dans leurs communautés, en commençant par partager les outils proposés par le Forum.
Plusieurs idées de projets ont par ailleurs émergé pendant ces cinq jours. Se basant sur l’idée que l’exclusion engendre l’extrémisme, un participant souhaite créer un programme pour lutter contre l’exclusion en Afrique centrale. Un autre, ayant sympathisé avec des musulman-e-s pendant le Forum, propose de rassembler les musulman-e-s et les chrétien-ne-s dans sa communauté au Royaume-Uni. Enfin, Ishida organisera des échanges à l’étranger pour apprendre aux enfants japonais l’importance de la diversité. Ces idées et projets visent à améliorer la confiance dans les communautés participantes, ce qui permettra ensuite d’établir une bonne gouvernance, de guérir les mémoires et de favoriser l’inclusion sociale.
Par Nicole Walther
Photos: Paula Mariane