10 conseils pour créer un espace sûr
Par Brigitt Altwegg, Chargée de programmes pour le renforcement de la confiance, I&C Suisse
09/09/2019
Disposer d’un espace sûr est la condition sine qua non pour favoriser le dialogue et bâtir une relation de confiance. Pourtant, j'ai participé à de nombreux événements qui se disaient sûrs, mais où je ne me sentais pas très à l'aise. Qu'est-ce donc qu'un espace sûr et que faut-il faire pour en créer un et s’assurer qu’il reste sûr ?
D’après l’Oxford Dictionary un espace sûr est « un lieu ou un environnement dans lequel une personne ou une catégorie de personnes peut être certaine qu'elle ne sera exposée ni à la discrimination, ni à la critique, ni au harcèlement, ni à toute autre blessure d’ordre émotionnel ou physique ». Pour créer un espace sûr, voici 10 conseils qui sont directement inspirés de mon expérience en matière de renforcement de la confiance au sein d'Initiatives et Changement Suisse :
1. Choisissez le lieu de la rencontre avec le plus grand soin. Ce lieu doit garantir la sécurité physique de tous et toutes les participant-e-s, être situé sur un territoire neutre et être approprié par rapport aux valeurs culturelles de chacun. Idéalement, cet espace doit également être dans un environnement naturel inspirant afin d‘aider les participant-e-s à se détendre et à se connecter avec eux/elles-mêmes et avec les autres. Le Centre de conférences et de séminaires de Caux, avec sa vue imprenable sur le Lac Léman et sur les Alpes suisses, est un exemple d’un tel espace.
2. Ayez conscience d’accueillir et de recevoir des individu-e-s. Prenez soin des participant-e-s pour qu'ils et elles se sentent chez eux/elles et puissent se concentrer sur le dialogue en cours. Pour notre événement annuel, le Caux Forum, c’est une équipe toute entière qui est chargée d’accueillir les participant-e-s à la gare et de mettre tout en œuvre pour répondre à leurs besoins, notamment ceux relevant d’un régime alimentaire particulier.
3. Assurez-vous que le groupe des participant-e-s soit inclusif et diversifié en termes de sexe, d'âge, de race, de religion, d'opinions politiques et de tout ce qui compte aux yeux des personnes présentes dans la salle, et cela afin qu’un grand nombre d’opinions puissent être partagées et acceptées. Il est utile de savoir à l'avance d'où viennent les participant-e-s et quelles sont leurs attentes ou leurs espérances. Il est également utile de s’appuyer sur des représentants locaux, des équipes et des partenaires de confiance. Initiatives et Changement Suisse a ainsi accès à un réseau mondial très ancré localement, grâce à Initiatives et Changement International.
4. Lorsque vous préparez l'événement ou le dialogue, n’oubliez pas d’en planifier soigneusement l'ouverture. Celle-ci doit être dénuée de tout préjugé et utiliser un langage et des concepts simples, accessibles et inclusifs qui parlent à l’humanité des participant-e-s et les incluent activement dès le début de la session. L’ouverture donne le ton et pose les bases pour permettre aux participant-e-s de construire des relations résilientes qui sauront résister aux tempêtes. De manière générale, Initiatives et Changement fait appel à des équipes de facilitatrices et de facilitateurs qui reflètent une certaine diversité et qui ont déjà participé ensemble à un processus de renforcement de la confiance. Cela leur permet de répondre aux différentes personnes présentes dans la salle, et de leur rappeler qu’il est possible de créer une relation de confiance entre des individus qui ont des personnalités et des origines différentes.
5. Posez des règles de base ou des lignes directrices qui seront ensuite de la responsabilité du groupe. Voici quatre catégories de règles à définir : le mode d'interaction et de communication entre les participant-e-s, la manière dont l'information est partagée à l’extérieur du groupe (en particulier pour ce qui concerne la confidentialité), les aspects pratiques qui rendront la réunion productive et les règles de prise de décision.
6. Prévoyez suffisamment de temps pour le dialogue ou l’événement. Il faut du temps pour que se développent des relations humaines et que la confiance s’installe. A une époque où les contraintes liées au programme et aux budgets tendent à rendre les réunions, les événements et les formations de plus en plus courts, des programmes de quatre semaines comme le Programme de Caux pour la paix et le leadership et le Programme Caux Scholars permettent aux participant-e-s de nouer des liens profonds qui durent des années, si ce n‘est toute une vie.
7. Amenez les conversations sur le terrain personnel afin d’éviter les généralisations, de favoriser l'empathie et de sensibiliser à l'interconnectivité humaine. En vous concentrant sur le relationnel vous pourrez bâtir une relation de confiance, laquelle pourra ensuite vous aider à avancer au niveau des enjeux. Initiatives et Changement utilise les outils de la réflexion silencieuse et du partage d'histoires pour créer un climat de compréhension et de confiance.
8. Créez un espace pour reconnaître le passé et endosser la responsabilité de l'avenir afin que les participant-e-s ne s'enlisent pas dans les vieux paradigmes et puissent aller de l'avant. Il est important de non seulement laisser de l'espace aux participant-e-s pour qu’ils ou elles puissent dire ce qu’ils ou elles ont à dire, mais aussi de paraphraser ou de « traduire » lorsqu’ils ou elles s'expriment d'une manière qui pourrait heurter les autres.
9. Accompagnez chaque participant-e individuellement avant, pendant et après l'événement. Cela signifie prendre le temps de marcher à côté d’une autre personne ; créer un espace où cette personne peut réfléchir à ses expériences et aux leçons qu’elle en a tirées et partager ses sentiments ; la soutenir dans des moments difficiles et célébrer avec elle ses succès.
10. Enfin et surtout, soyez conscient de votre propre posture et approche de la facilitation. Outre les compétences, les méthodes, l’ambition ou la motivation personnelles, ce qui compte est la capacité à être pleinement présent-e et à tenir l'espace avec amour, au service des participant-e-s. Il s'agit d'être plutôt que de faire, et cela exige un haut degré de conscience de soi et de désintéressement personnel, deux qualités qui ne peuvent se développer qu'avec le temps. Outre les quatre valeurs cardinales (l’honnêteté, l’intention pure, le désintéressement et l’amour) qui peuvent servir de guides à la facilitation, l'un des outils clés préconisés par Initiatives et Changement pour accomplir ce type de mission est la réflexion silencieuse.
Si vous voulez en savoir plus sur la facilitation de dialogues, reportez-vous à nos prochaines formations dans ce domaine qui se tiendront du 28 au 31 octobre 2019 à Genève.
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