Pourparlers de Genève pour la paix : la confiance, c’est essentiel
21 septembre 2019
10/10/2019
« Le travail en faveur de la paix, ce n'est ni pour les pessimistes, ni même pour les réalistes », a déclaré la médiatrice Antje Herrberg qui intervenait au Bureau des Nations Unies, le 21 septembre dernier (journée internationale de la paix), à l'occasion des Pourparlers de Genève pour la paix. « Pour œuvrer en faveur de la paix, il faut pouvoir donner de l'espoir aux gens et, pour cela, vous devez vous-même être convaincu-e que de l'espoir, il y en a. C’est pourquoi il est vital de toujours faire confiance à sa boussole intérieure. » Il faut du courage pour œuvrer en faveur de la paix et bâtir un climat de confiance, jour après jour, rencontre après rencontre.
Antje Herrberg, ancienne intervenante au Caux Forum et conseillère en médiation auprès du Service européen pour l’action extérieure, était l’une des huit personnes à témoigner lors de l’événement « La confiance, c’est essentiel », un événement co-animé par Rainer Gude d’Initiatives et Changement et par Sarah Noble, directrice et co-créatrice des Pourparlers pour la paix.
Comme l'a rappelé Dina Alami, une jeune militante suédoise, c'est l’absence d’espoir qui est dangereux, car, alors, on n'a plus rien à perdre ni nulle part où aller. On se sent désespéré-e quand on fait sans cesse partie du problème. Il faut du courage pour aller au-delà, décider de croire qu'il y a de l'espoir et faire à nouveau confiance à autrui.
Coronel Lurangeli Franco, une jeune policière originaire de Colombie, est d’accord avec une telle analyse : on fait toujours le premier pas avec un sentiment de crainte. Mais, comme Eleanor Roosevelt l'a dit autrefois, « faites chaque jour quelque chose qui vous fait peur ». Quand nous réussissons à dépasser nos craintes, nous prenons souvent conscience que finalement, celles-ci n’étaient pas vraiment fondées.
César Díaz, réalisateur guatémaltèque dont l’œuvre a déjà été primée, a lui-même confirmé que le manque de confiance entre les individus trouvait sa source principale dans l’absence de dialogue. « Nous n'avons pas besoin d'être d'accord les uns avec les autres, mais nous devrions au moins nous parler et être capables d'échanger nos pensées et nos opinions. » L'histoire personnelle est d’ailleurs souvent un reflet de l'histoire collective et sociétale. César Díaz a aussi rappelé que le dialogue pouvait être amorcé de différentes manières, notamment par l'art et le cinéma. Il a enfin présenté son film sur les conflits non résolus du Guatemala, dans l’espoir de susciter des discussions qui contribueront in fine à la guérison de la mémoire personnelle et collective. Son message est le même que celui de Duo Pososhok, qui fait de la musique un outil de catharsis et de communication et qui a chanté deux fois à l’ONU, faisant applaudir l’assistance, pas toujours en rythme d’ailleurs.
Dépasser sa peur, c’est aussi prendre la parole à l’ONU pour raconter son histoire personnelle. Dina Alami était persuadée que son histoire n’intéresserait personne jusqu’au jour où elle l’a racontée en public et a pu mesurer son impact. Zainab Nankya et Salama Ibrahim œuvrent à combler les fossés interreligieux, l’une en Ouganda et l’autre au Nigeria. Elles ont elles aussi dû surmonter leur peur de parler ici - tout comme elles l'ont fait lorsqu'elles ont décidé d’aller l’une vers l’autre et de se faire confiance, posant là un véritable acte de foi et d’espérance, à l’encontre des discours sur « les autres » avec lesquels elles avaient grandi.
Un appel à l'action a été lancé par Mo Ibrahim, à l’origine de la Fondation Mo Ibrahim qui soutient la bonne gouvernance et le leadership en Afrique. Mo Ibrahim a notamment rappelé aux jeunes d'aujourd'hui : « c'est votre avenir, pas le nôtre. Agissez. Votez. » Il faut du courage pour changer et façonner de nouveaux systèmes, mais d’après Mo Ibrahim, les temps actuels sont propices au changement.
À l’occasion des Pourparlers de Genève pour la paix, organisés par l'Office des Nations Unies à Genève, Interpeace et la Plateforme genevoise de consolidation de la paix, huit histoires ont été racontées dans des langues différentes au sein même du bâtiment de l'ONU à Genève. Chacune de ces histoires était bien préparée et chronométrée. Comme nous le savons déjà à Initiatives et Changement, un partage d'histoires, s’il est authentique et bien préparé, est un outil particulièrement puissant qui peut faciliter le passage à l’action. Le partage d’histoires permet non seulement de renforcer le rôle que nous pouvons tous et toutes jouer en faveur de la confiance et de la paix durable, mais également de rappeler clairement le lien entre le personnel et le global ou le collectif.
Texte: Stephanie Buri
Photos: Antoine Tardy pour Interpeace